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"samizdat.net" <samizdat@ecn.org>
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Date
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Thu, 30 Sep 1999 18:09:35 +0200
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Subject
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globe_l: Quebec - Mouvement dans le secondaire
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QuÈbec, mardi, 28 septembre 1999
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LA POLICE VEUT ŠCRASER LES MANIFS SPONTANŠES
DES ŠL»VES DES ŠCOLES SECONDAIRES !!!
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UNE MILITANTE CIBLŠE PAR LES FLICS
PASSE QUATRE JOURS EN PRISON !!!
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Le QuÈbec connaÓt un mouvement sans prÈcÈdent de protestation des
Ècoles secondaires. AprËs deux semaines de manifs spontanÈes dans de
nombreuses villes de la province, la rÈpression policiËre s’est
abattue brutalement sur le mouvement : 288 arrestations pour la seule
journÈe du 23 septembre, ý MontrÈal!
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Tout le monde parle depuis un certain temps de la perspective d’un
´automne chaud ª en prÈvision d’une incontournable grËve gÈnÈrale des
fonctionnaires de l’Ètat. Comme on pouvait tous s’y attendre, les boss
des principales centrales syndicales (CSN, CEQ, FTQ) avancent ý
reculons, corrompus qu’ils sont de part leurs liens incestueux
historiques avec le Parti QuÈbÈcois au pouvoir et leur adhÈsion sans
critique ý l’Èconomie de marchÈ capitaliste.
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Dans ces conditions de capitulation et de trahison sociale permanente
des gros joueurs des syndicats, rien de plus normal que le mouvement
qui se soient le plus distinguÈ dans ce dÈbut d’ ´ automne chaud ª ne
soit ni syndiquÈ par le haut, ni organisÈ en structure bureaucratique,
ou mÍme dans quelconque structure de reprÈsentation que ce soit dans
le cas des Ècoles secondaires.
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(Il existe quatre niveaux de scolaritÈ dans le systËme d’enseignement
du QuÈbec : le primaire, le secondaire (les polyvalentes), le
collÈgial (CŠGEP), et l’universitÈ.)
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Si le mouvement est indissociable des moyens de pression des
enseignant-es, il exprime nÈanmoins un ras-le-bol beaucoup plus
profond. Ce n’est pas d’hier qu’il a y a crise dans les Ècoles
secondaires. Depuis plus de dix ans, les adolescent-es dÈcrochent
massivement, le taux d’abandon des Ètudes se situe entre 30 et 40% des
ÈlËves dans la rÈgion montrÈalaise. Et ce, quand on ne choisit pas de
dÈcrocher de la vie tout court : le suicide est la 2iËme cause de
mortalitÈ chez les jeunes au QuÈbec, triste champion des suicide chez
les jeunes dans le monde dÈveloppÈ industriellement.
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Les jeunes sont aussi durement frappÈs par le phÈnomËne d’
appauvrissement qui touche l’ensemble de la sociÈtÈ. Toujours ý
MontrÈal, 40% des familles survivent sous les seuil officiel de la
pauvretÈ (65% chez les monoparentales). Dans les quartiers pauvres,
les ÈlËves victimes de malnutrition sont lÈgion.
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Les manifs spontanÈes dans les Ècoles secondaires n’ont rien de
nouveau. Il y a deux ans, l’expulsion d’une jeune de son Ècole parce
qu’elle s’Ètait teinte les cheveux en bleu avait provoquÈe des
manifestations de solidaritÈ de ce genre. Ce qui est inhabituel depuis
septembre, c’est l’ampleur du mouvement, qui a rapidement fait tache d
’huile. Initialement, c’est la dÈcision des profs de ne plus
participer aux activitÈs parascolaires (comme le bal des finissant-es)
qui provoque les premiers dÈbrayages sauvages dans les Ècoles.
Cependant, le mouvement n’est aucunement coordonnÈ au niveau
revendicatif, faisant en sorte que certain-es ÈlËves affirment prendre
la rue pour appuyer leurs profs, d’autres pour les dÈnoncer, s’
estimant injustement pÈnalisÈ-es par leurs moyens de pression, d’
autres encore diront : ´ On fait la grËve pour que nos profs ne la
fassent pas ª.
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Au gouvernement, le ministre de l’Èducation, FranÁois Legault,
intervient dans les organes d’information pour supplier les ÈlËves de
retourner en classe. Son ton est aussi clairement menaÁant puisqu’il
martËle obstinÈment que ces manifs sont ´ dangereuses ª. Legault, de
mÍme que la FÈdÈration des Commissions Scolaires du QuÈbec et la
FÈdÈration des ComitÈs de Parents, bl’ment tous en chœur les profs,
les accusant d’utiliser les jeunes pour leur propre cause.
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Mais en fait, au fur et ý mesure que se gÈnÈralise le mouvement il
devient limpide que, non seulement les ados prennent gošt aux
manifestations, mais qu’en plus on s’y joint pour le simple plaisir de
crier ý tue-tÍte, et celui de faire entendre, de sentir la force du
nombre, et bien sšr, pour fuir l’incontournable ennui que gÈnËre une
salle de classe.
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CHRONOLOGIE DES PLUS RŠCENTES MANIFESTATIONS
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16 septembre : dans la rÈgion de QuÈbec, des milliers de jeunes
perturbent fortement la circulation automobile. Trois jeunes reÁoivent
une contravention de 100$ pour ´ dÈsordre ª. ¿ Laval, des centaines d’
Ècolier-es descendent dans la rue et vont visiter quelques Ècoles pour
inciter les ÈlËves ý les suivre. Un adolescent est arrÍtÈ pour
mÈfait ª (avoir lancÈ un casque de moto dans la fenÍtre d’une
polyvalente).
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17 septembre : malgrÈ le temps de chien, des centaines de jeunes
participent ý des manifestations dans les villes deVerdun,
Pointe-aux-Trembles, Boucherville, Boisbriand, Sainte-Agathe,
Sainte-Jovite et Beauport.
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21 septembre : le pont Jacques-Cartier qui relie MontrÈal ý Longueuil
est prit en sandwich par des centaines d’ÈlËves des ces deux villes,
qui le bloque ý tour de rÙle ý plusieurs reprises dans la journÈe. L’
escouade anti-Èmeute de la SšretÈ du QuÈbec est dÈployÈe pour mettre
fin ý un embouteillage monstre. AprËs avoir ÈtÈ refoulÈ, un groupe de
jeune fait du vandalisme dans un centre commercial de Longueuil. L’
autoroute 20 a due Ítre fermÈe dans les deux sens pendant prËs d’une
heure. Les flics font trois arrestations.
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22 septembre : une manifestation de centaines d’ÈlËves de trois
polyvalentes montrÈalaises est g’chÈe par l’intervention de la police
anti-Èmeute. AprËs un long face ý face, les flics dispersent les
jeunes, qui, en rebroussant leur chemin, brisent des vitres de
voitures, de commerces et de rÈsidences et lancent plusieurs
projectiles aux hommes en uniformes. 36 jeunes sont arrÍtÈs ( sur
lesquels trois seront formellement accusÈs). ¿ Vaudreuil, deux Ècoles
sont fermÈes aprËs un dÈbrayage spontanÈ. PrËs d’un milliers de jeunes
tentent de bloquer le pont Taschereau et l’autoroute 20. ¿
Sainte-Jovite, des centaines de jeunes manifestent pour la 3iËme fois
en une semaine.
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23 septembre : dans l’Est de MontrÈal, une foule de plus de mille
ÈlËves se rend ý l’Ècole Chomedey de Maisonneuve pour encourager leurs
camarades de la place ý prendre la rue avec eux et elles. La foule est
pacifique ce qui n’empÍche pas la police de dÈployer l’escouade
anti-Èmeute, qui leur ordonne de dÈcoller de lý. Au bout d’un certain
temps, la foule faiblit en nombre. En milieu d’aprËs-midi, les flics
encerclent 270 jeunes manifestant-es, qui tous et toutes sans
exception, mis-e en Ètat d’arrestation. Les jeunes, ’gÈ-es d’entre 12
et 15 ans, doivent monter dans les paniers ý salade, qui les
conduisent dans les quartiers de dÈtention de deux centre
opÈrationnels. La police de MontrÈal, nommÈment le SPCUM, touche un
nouveau fond dans la bassesse inhumaine de leur boulot de merde! (mais
leur journÈe est loin d’Ítre finie!) Les parents, la plupart bouillant
de colËre, doivent aller cueillir leurs enfants dans le lieux de leur
captivitÈ et discutent d’intenter un recours collectif. Les jeunes
’gÈ-es de plus 14 ans se font remettre une contravention de 118$
chacune.
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Toujours le 23 septembre : dans le centre-ville montrÈalais, ce sont
400 Ètudiant-es des CŠGEP qui manifestent bruyamment ý l’appel du
Mouvement pour le Droit ý l’Šducation (MDE). Une centaine de
protestataires pÈnËtrent ý l’intÈrieur du hall de la Bourse et l’
occupent en faisant un petit saccage. Un agent de sÈcuritÈ qui essaie
d’attraper un manifestant ayant emportÈ un drapeau est Ètroitement
entourÈ et crachÈ dessus (un incident qui fait beaucoup couler de
salive). Les manifestant-es bloquent une rue, allument un feu et
dansent autour au son de tam-tam… et de sirËnes de flics. Les
policiers arrivent par centaines, ferment d’autres rues, contribuant ý
leur faÁon ý crÈer un bouchon de circulation dans le quartier des
affaires de la mÈtropole. Au bout d’une opÈration de trois quart d’
heure, la police anti-Èmeute commet 18 arrestations, dont plusieurs
assez brutales. Les flics dÈcident de s’acharner sur le sort de
Valentina, une manifestante qu’ils ont dÈjý arrÍtÈ ý deux autres
reprises cette annÈe et que cette fois-ci ils sont bien dÈcidÈs ý ne
pas rel’cher jusqu’ý son procËs, est accusÈe de bris de probation.
Valentina passe toute la fin de semaine ý la prison pour femmes de
Tanguay. Le sergent-dÈtective Lemieux, un crÈtin sans envergure
affectÈ ý plusieurs enquÍtes sur des militant-es, veut convaincre le
tribunal que son otage est une meneuse. Quant aux autres
manifestant-es, l’un d’eux se voit libÈrÈ sous la condition
draconienne de ne pas frÈquenter un quadrilataire, qui englobe tout le
centre-ville, ainsi que de s’abstenir de consommer de l’alcool (!) et
des drogues (!!).
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Encore le 23 septembre : ý Sherbrooke, prËs de 5000 Ètudiant-es
prennent la rue. Les policiers confie aux joueurs de l’Èquipe de
football la t’che d’assurer le service d’ordre. Dans la municipalitÈ
de Marieville, 500 ÈlËves se dÈplace le long de la route 112. D’autres
dÈbrayages d’ÈlËves se dÈroulent ý LaSalle et Lachine. ¿ Saint-Hubert,
la direction fait avorter une manif et ý Sainte-ThÈrËse 300 ÈlËves
sont suspendu-es pour avoir manifestÈ-es la veille.
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27 septembre : Valentina est remise en libertÈ sous la condition de ne
pas participer ý des manifestations non-paisibles et non-lÈgales
(comme vous aurez pu le remarquer, les manifs ´ paisibles et lÈgales ª
se font de plus en plus rares ý MontrÈal).
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bobov@axess.com
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