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Date Sat, 27 Nov 1999 00:56:09 +0100
Subject globe_l: Dernier arret pour la globalisation: Seattle 99

´Dernier arrÍt pour la globalisation: Seattle 99ª

par Mark Weisbrot

(Directeur de la Recherche au Preamble Center ý Washington D.C.)


Traduit de Znet par Jean-RenÈ David


Elle est qualifiÈe d'avance de " manifestation du siËcle." On s'attend ý e
qu'un millier d'organisations non-gouvernementales (ONG) et des dizaines de
milliers de personnes manifestent leur opposition ý l'Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) ý Seattle ý partir du 29 novembre.

Comment une chose aussi aride et apparemment ÈloignÈe de la vie des gens
que " la troisiËme confÈrence ministÈrielle de l'Organisation Mondiale du
Commerce " fait-elle pour mobiliser une telle opposition ?


Le mauvais endroit, au mauvais moment

La majeure partie des Štats-Unis - incluant plusieurs membres du CongrËs
qui ont ratifiÈ la participation amÈricaine - dormait pendant la naissance,
il y a cinq ans, de cet organisme regroupant 134 nations. ¿ l'automne 1994,
Public Citizen, l'organisme de Ralph Nader, a offert 10 000$ ý n'importe
quel membre du CongrËs qui lirait le traitÈ de 500 pages et qui rÈpondrait
ý dix questions simples pour prouver qu'il l'avait fait. Le sÈnateur Hank
Brown du Colorado, un RÈpublicain qui avait votÈ pour l'Accord de
Libre-Šchange Nord-AmÈricain (ALENA) et qui planifiait de voter pour l'OMC,
a relevÈ le dÈfi. Il a passÈ le quiz avec une note parfaite, ramassÈ le
prix (destinÈ ý une organisation de charitÈ de son choix) et annoncÈ
qu'aprËs l'avoir lu, il se sentait maintenant obligÈ de voter contre
l'accord.

L'accord fut tout de mÍme ratifiÈ mais si on devait voter aujourd'hui, il
ne le serait probablement pas. Pourquoi en faire une telle montagne? L'OMC
a assurÈment moins de pouvoir dans l'Èconomie internationale que d'autres
institutions similaires dans lesquelles notre gouvernement joue un rÙle de
premier plan. Le Fond MonÈtaire International et son institution sur la
Banque Mondiale, par exemple, font probablement plus de dommages ý
l'HumanitÈ et ý l'environnement dans un mois typique que l'OMC n'en a fait
depuis sa naissance.

Mais l'OMC se rÈunit au mauvais endroit, au mauvais moment. Le public
amÈricain est de plus en plus exaspÈrÈ et suspicieux de tout le processus
de "globalisation " dans lequel la capacitÈ des multinationales de profiter
de l'Èlargissement des Èchanges et du commerce est prÈsumÈe Èquivalente ý
l'intÈrÍt public.

L'OMC protectionniste

Il est important de rÈaliser que la dispute n'est pas autour du choix "
libre Èchange vs protectionnisme ", comme la prÈsente les partisans de la
globalisation en mal d'un bouc Èmissaire. L'OMC est mÍme plutÙt
protectionniste et n'est pas l'amie du libre marchÈ lorsqu'il s'agit de "
droits de propriÈtÈ intellectuelle " - brevets, droits d'auteurs et autres
monopoles crÈÈs au profit des grandes corporations.

Bien sšr il est vrai que les profits de monopole reÁus par les compagnies
pharmaceutiques ayant des mÈdicaments brevetÈs, par exemple, sont parfois
rÈ-investis dans la recherche et le dÈveloppement. Mais ce n'est pas
nÈcessairement lý la faÁon la plus efficace de financer cette recherche et
les lois qui Èquilibrent les diffÈrents intÈrÍts sur cette question varient
beaucoup d'un pays ý l'autre. Pourtant l'OMC en a fait sa mission de
protÈger et d'Ètendre ces monopoles pour les transnationales.

Ainsi le vrai dÈbat n'est pas ý propos de protectionnisme mais plutÙt qui
sera protÈgÈ des ravages d'une compÈtition incontrÙlÈe. Pour l'OMC, ce ne
sont certainement pas les travailleurs ou les pauvres. L'organisation n'a
aucun rËglement bÈnÈficiant ý ceux qui travaillent. Sans de telles normes,
comme le public le rÈalise de plus en plus, la majoritÈ de la population
peut Ítre perdante avec un Èlargissement des Èchanges. L'expansion rapide
de nos Èchanges avec le Mexique au cours des deux derniËres dÈcennies, par
exemple, a fait baisser le salaire rÈel des travailleurs des deux cÙtÈs de
la frontiËre en deÁý de leur niveau des annÈes 70.

L'environnement et la sÈcuritÈ publique ne mÈritent pas non plus la
protection de l'OMC. Dans chacun des cas menÈs devant l'organisation et
contestant la lÈgislation environnementale ou la lÈgislation sur la
sÈcuritÈ publique, les contestataires ont gagnÈ. Lorsque des intÈrÍts
Ètrangers de pÍche commerciale de crevettes ont contestÈ la protection des
tortues de mer gÈantes, incluse dans notre Loi sur la protection des
espËces en dangers de disparition, les pauvres tortues - qui nageaient dans
les ocÈans de la Terre depuis 150 millions d'annÈes - n'avaient aucunes
chances.

Lorsque ce furent des intÈrÍts pÈtroliers vÈnÈzuÈliens versus les " normes
de qualitÈ de l'air pour l'essence importÈ " de l'Agence amÈricaine de la
protection environnementale, les intÈrÍts pÈtroliers l'ont emportÈ. Lorsque
ce furent les producteurs de boeuf amÈricains contre l'embargo de l'Union
europÈenne sur le buf gÈnÈtiquement modifiÈ, les consommateurs europÈens
ont perdu.

La liste continue - et elle sera encore beaucoup plus longue si
l'administration Clinton rÈalise ses intentions ý Seattle. Un des premiers
items sur leur liste est " l'Accord global de libre exploitation des forÍts
" qui mËnerait ý une augmentation de la coupe non-durable ý travers le
monde et menacerait bon nombre d'initiatives visant ý protÈger les forÍts
domestiques.

Dernier arrÍt : Seattle

Ces rÈsultats ne sont pas surprenants, Ètant donnÈ les rËgles du jeu. Les
dÈcisions sont prises par des tribunaux dont les dÈlibÈrations sont gardÈes
secrËtes. Les juges ont tendance ý reprÈsenter un spectre d'opinion Ètroit
sur les questions Èconomiques et sociales et il n'y a aucun rËglement sur
les conflits d'intÈrÍts qui les empÍcherait de juger un cas dans le
rÈsultat duquel ils ont des intÈrÍts financiers.

Voilý le but de l'OMC: Èviter tout processus dÈmocratique et toute
responsabilitÈ (mÍme tÈnus) tel qu'il en existe dans les Ètats membres,
pour que les rËgles gouvernant les Èchanges internationaux et le commerce
soient faites par ceux qui font ces Èchanges.

Dans le dernier numÈro de Business Week, Jeffrey Garten, Doyen de la Yale
School of Management, averti que si on laisse les ONGs "dÈtourner les
pourparlers de l'OMC, ce sera un dangereux prÈcÈdent que chaque
gouvernement et chaque transnationale regrettera longtemps aprËs les
protestations ý Seattle". Mais c'est exactement lý le type de prÈcÈdent
dont le monde a besoin en ce moment. L'opposition demande qu'il n'y ait pas
de nouvelles nÈgociations, et il apparaÓt de plus en plus qu'ils vont
gagner. L'offre de l'administration Clinton de mettre en place des "groupes
de travail" ý l'intÈrieur de l'OMC pour discuter des droits des
travailleurs est trop peu, trop tard. Cette Organisation Mondiale du
Commerce ne crÈera jamais de rËgles qui lÈseraient les prÈrogatives des
entreprises transnationales au bÈnÈfice des travailleurs ou de
l'environnement. Elle s'autodÈtruira bien avant.

Le train de la globalisation - avec comme principe directeur "le commerce
d'abord, les gens ensuite" - se dirige dans la mauvaise direction depuis
longtemps. Avant de rebrousser chemin, il doit d'abord Ítre arrÍtÈ. Dernier
arrÍt: Seattle 1999.












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