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"samizdat.net" <samizdat@ecn.org>
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Date
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Sat, 18 Dec 1999 05:16:18 +0100
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Subject
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globe_l: Le droit des peuples a se nourrir eux-memes
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Le droit des peuples ý se nourrir eux-mÍmes
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Par JosÈ BovÈ (*)
Le procËs en appel de JosÈ Raina s'ouvre ce 13 dÈcembre. De tous les
continents, des hommes et des femmes ont les yeux tournÈs vers le BrÈsil
pour savoir si le mot " justice " a un sens dans ce pays, aprËs la
mascarade judiciaire qui a abouti, en 1997, ý la condamnation de JosÈ Raina
ý vingt-six ans et six mois de prison.
Je ne connais pas personnellement ce leader des sans-terre, mais j'ai eu le
privilËge de rencontrer ses amis de combat, dans le Para§a et ý Rio, en mai
1998, lors de la rencontre organisÈe par l'ONG brÈsilienne Dast sur la
rÈforme agraire. J'ai eu la " chance " d'assister aussi au procËs de Joo
Pedro Stedile, l'autre figure emblÈmatique du MST, accusÈ d'appeler ý
l'insurrection dans les villes, parce qu'il dÈfendait les sans-abri fuyant
les campagnes pour les " favelas ".
Peut-on appeler justice celle d'un pays qui pourchasse ceux qui dÈfendent
les plus faibles et les plus humbles ? Aujourd'hui, le BrÈsil est montrÈ du
doigt par la communautÈ internationale pour sa politique Èconomique. Quand
50 millions de personnes ont faim dans un pays, alors que 182 millions
d'hectares sont improductifs, gelÈs par des grands propriÈtaires sans
scrupule, o˜ se trouve la justice ? Quand le prÈsident de ce pays, M.
Cardoso, fait le choix dÈlibÈrÈ, avec l'appui des grandes multinationales,
d'utiliser les meilleures terres pour exporter du soja plutÙt que de
nourrir sa population, o˜ se trouve la justice ? Cette logique, appuyÈe par
le Fonds monÈtaire international et la Banque mondiale, est criminelle.
Elle doit Ítre dÈnoncÈe, elle doit Ítre condamnÈe.
Les peuples se sont levÈs ý Seattle le 30 novembre. Les pays les plus
pauvres ont dÈnoncÈ l'OMC. Plus rien ne sera comme avant. La solidaritÈ
doit l'emporter pour donner ý tous le droit de vivre. Le combat des
sans-terre du BrÈsil est exemplaire : il est local, mais il est aussi
global. Le droit ý la terre est un droit fondamental de l'humanitÈ. Le
nier, c'est commettre un crime imprescriptible, c'est se mettre au banc des
nations. Le combat pour la dÈfense de JosÈ Raina est donc un combat pour la
reconnaissance du droit des peuples ý se nourrir eux-mÍmes.
En relaxant ce leader paysan, la justice brÈsilienne ferait un premier pas
vers le XXIe siËcle : elle montrerait au monde qu'elle a compris qu'il faut
changer de cap. Le BrÈsil n'a pas d'avenir contre ses propres habitants.
Sans redistribution des terres, il n'y aura pas de justice ; sans rÈforme
agraire, il n'y aura pas d'avenir...
(*) Dirigeant de la ConfÈdÈration paysanne.
PubliÈ dans L'humanitÈ, 13 dÈcembre 1999 - Tribune Libre
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