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wash <wash@ecn.org>
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Date
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Tue, 14 Mar 2000 17:15:31 +0100
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Subject
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globe_l: [Fwd: Serbie: L'hÈritage du 9 mars (IWPR), 7-3-2000*]
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-------- Original Message --------
Objet: Serbie: L'hÈritage du 9 mars (IWPR), 7-3-2000*
Date: Mon, 13 Mar 2000 10:12:49 +0100
De: "cecile.fisler - Le Courrier des Balkans" <CECILE.FISLER@wanadoo.fr>
RÈpondre-A: "cecile.fisler - Le Courrier des Balkans"
<CECILE.FISLER@wanadoo.fr>
A: <balkans@cru.fr>
The Institute for War & Peace Reporting
Rapport sur la crise des Balkans Nƒ 122
7 mars 2000
(traduit par CÈcile Fisler)
LíHERITAGE DU 9 MARS.
Les Serbes sont dÈsespÈrÈs et amers ý la veille de líanniversaire de la
manifestation qui a failli renverser le rÈgime de Milosevic, il y a
presque
dix ans.
Par Petar Lukovic (important journaliste de Belgrade et rÈdacteur en
chef
de XZ, un magazine culturel que líon peut trouver sur :
www.beograd.com/xz)
Pour les Serbes ñ qui seraient, selon la tÈlÈvision díEtat, la nation la
plus heureuse, la plus courageuse et la plus libÈrÈe de la planËte ñ le
souvenir du 9 mars 1991, jour o˜ des manifestations anti-rÈgime sans
prÈcÈdent ont ÈbranlÈ Belgrade, semble aussi distant que la Voie LactÈe.
A cause de ce qui ne síest pas passÈ et aurait pu se passer, le 9 mars
est
devenu un mythe politique et le moment o˜ la Serbie a eu la possibilitÈ
dí
opter pour un avenir diffÈrent.
Il y a neuf ans, la RÈpublique fÈdÈrale socialiste de Yougoslavie de lí
Èpoque níen avait plus pour longtemps. Les RÈpubliques dÈclaraient leur
indÈpendance, les criminels affštaient leurs couteaux, et la guerre
níÈtait
pas loin.
Jour aprËs jour, les mÈdia contrÙlÈs par líEtat allongeaient la liste de
leurs ennemis. Et alors que les bruits de guerre síintensifiaient, le
Mouvement du Renouveau serbe (SPO), qui Ètait alors le plus important
parti
díopposition, avait organisÈ un grand rassemblement sur la place de la
RÈpublique de Belgrade.
Le 9 mars, les manifestations auraient pu changer le cours de líhistoire
dans les Balkans. On Ètait ý deux doigts de se dÈbarrasser de Slobodan
Milosevic et de conduire la Serbie sur la voie de la raison, de la
tolÈrance
et de la paix.
Malheureusement, tout cela síest terminÈ par une tragÈdie : deux morts,
des
centaines de personnes blessÈes et arrÍtÈes, et un modËle mythique de
souvenir auxquel nous les Serbes sommes attachÈs en tant que nation.
La police nerveuse et non prÈparÈe ý des ÈvËnements de ce genre a
rÈpondu
par une dÈmonstration de force : des milliers de policiers sont
descendus
dans la rue, appuyÈs par des centaines de vÈhicules blindÈs et des
dizaines
de vÈhicules spÈciaux.
Toute la ville a ÈtÈ transformÈe en champ de bataille. La police a
utilisÈ
des matraques, les manifestants ont ripostÈ avec des pierres. Des
centaines
de magasins ont ÈtÈ dÈtruits et il y avait du sang partout.
Une femme portant un T-shirt blanc síest bravement placÈe devant un
canon ý
eau. Sa photo a fait, le jour suivant, la une de tous les mÈdia
indÈpendants
et elle est devenue un symbole de la rÈsistance.
Alors que la manifestation prenait de líampleur, le rÈgime de Milosevic
a
envoyÈ des chars dans les rues de Belgrade. Jamais auparavant, ou
depuis, le
leader serbe níavait ÈtÈ si faible ou si effrayÈ.
Cela Ètait Èvident lorsquíil síest adressÈ devant les camÈras de
tÈlÈvision
aux Ètudiants qui manifestaient: sa voix tremblait, il a promis de punir
ceux qui les avaient frappÈs, il a mÍme proposÈ de dÈmissionner.
Líopposition serbe de líÈpoque, encouragÈe par les ÈvËnements et le
soutien
populaire, se sentait forte ý juste titre. Le renversement de Milosevic
Ètait, disait-on, une simple question de temps.
Mais durant les mois qui ont suivi, Milosevic a adroitement retournÈ la
situation aux dÈpends de líopposition en dÈtournant líattention du
public de
la Serbie vers la situation dÈsespÈrÈe des Serbes en Bosnie et en
Croatie. L
íopposition a fait marche arriËre, prÈfÈrant le nationalisme ý la
dÈmocratie.
Alors que le 9 mars est proche, de nombreux protagonistes du soulËvement
de
91 sont toujours prÈsents sur la scËne politique.
Vuk Draskovic, instigateur des manifestations et leader incontestÈ du
Mouvement du Renouveau Serbe, a changÈ ý plusieurs reprises díallÈgeance
en
se rangeant tour ý tour du cÙtÈ des autoritÈs et de ses opposants.
Le leader estudiantin, Zarko Jokanovic, est devenu un des chefs du parti
de
la Nouvelle DÈmocratie, partenaire de la coalition dirigeante pendant de
nombreuses annÈes.
Le GÈnÈral Momcilo Perisic, aujourdíhui homme politique de líopposition,
pilonnait Zadar en 1991, et a quelque temps plus tard ´libÈrȪ Mostar
en la
rasant complËtement.
Líactuel leader du parti díopposition, Alternative DÈmocratique, Nebojsa
Covic, Ètait ý líÈpoque un membre fidËle du parti Socialiste de Serbie
de
Milosevic.
Vuk Obradovic, aujourdíhui gÈnÈral ý la retraite et chef du parti dí
opposition Social DÈmocrate, Ètait en uniforme en 1991 et dÈfendait,
avec
des mots enflammÈs, la vision de la Yougoslavie de Milosevic.
Alors que ces personnes sont toujours lý, le souvenir du 9 mars a un
gošt
amer.
Puis jíai crš naÔvement que líadhÈsion ý líEurope Ètait ý notre portÈe,
que
je níaurais pas besoin de visa pour aller ý líÈtranger et que je
pourrais me
rendre sur la cÙte croate chaque ÈtÈ.
Ce qui síest passÈ en fait cëest que je ne me suis pas rendu en Croatie
depuis dix ans. Jíai besoin díun visa pour aller presque partout dans le
monde et, en tant que Serbe, je suis toujours coupable tant que líon a
pas
prouvÈ que je suis innocent.
Aujourdíhui en Serbie, nous tentons de survivre en oubliant le monde que
nous admirions jadis. Obtenir un visa pour líAngleterre est comme gagner
ý
la loterie. Partir faire de la contrebande en Roumanie est quelque chose
dí
excitant.
Gr’ce au rÈgime de Milosevic, la Serbie síest transformÈe en un camp de
concentration gÈant, gardÈ ý la fois par la communautÈ internationale et
nos
autoritÈs patriotiques. La Serbie est en train de mourir lentement.
Bien entendu on ne cÈlËbrera pas le 9 mars cette annÈe. De toute faÁon,
quí
aurions-nous ý cÈlÈbrer? Plusieurs guerres, autant de dÈfaites, lí
isolement et les sanctions. Ou alors les files díattente pour acheter du
sucre et du pain, la dÈpression, le silence et la peur. Cette Serbie est
trËs ÈloignÈe de celle dont nous avions naÔvement rÍvÈ il y a presque
dix
ans.
Le 9 mars 1991 síest avÈrÈ Ítre le dÈbut de notre chute. Vaincus ý
Belgrade,
nous avons ensuite ÈtÈ vaincus dans toute líex Yougoslavie.
Il níy a aucune raison de marquer cet anniversaire. Il fait partie du
passÈ
qui devrait Ítre enfoui ý jamais.
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