Bonjour,
je transmets un texte d'un nantais sur la situation au PÈrou.
Seb.
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Face au manque d'information, en France, sur la situation en AmÈrique
latine et particuliËrement au PÈrou, pays duquel je suis originaire, je me
permets d'Ècrire afin d'informer l'opinion publique franÁaise sur l'immense
fraude montÈ par l'actuel PrÈsident Alberto Fujimori et sa clique, qui se
prÈsente ý une deuxiËme rÈ-Èlection le 9 Avril prochain, jour choisi pour
que le peuple pÈruvien Èlise le PrÈsident et les parlementaires du CongrËs
de la RÈpublique.
C'est un fait que Fujimori, selon la Constitution que lui-mÍme avait imposÈ
aprËs son auto-coup d'Etat de 1992, ne pouvait pas prÈtendre ý une deuxiËme
rÈ-Èlection. Sa candidature est donc illÈgale. En plus, pour pouvoir
s'inscrire comme candidat, son groupe politique (PÈrou 2000) a falsifiÈ 1
million de signatures, fait dÈnoncÈ par deux citoyens qui ont participÈ ý
ce sale travail et qui ont dš quitter le pays par crainte de reprÈsailles.
Il faut savoir aussi que les membres des bureaux de vote sont nommÈs par le
Jury national des Šlections, nommÈs ý leur tour par le gouvernement, et non
choisis par tirage au sort comme en France. Et bien, on a dÈcouvert et
dÈnoncÈ comment des familles fujimoristes entiËres ont ÈtÈ dÈsignÈes pour
diriger les bureaux de vote. Face ý toute cette incurie, les organisations
internationales ne disent rien, l'Organisation des Štats AmÈricains (OEA)
laisse faire parce que Fujimori est un fidËle servant de l'impÈrialisme
nord-amÈricain.
Pendant les dix ans du gouvernement Fujimori, la pauvretÈ du peuple
pÈruvien a augmentÈ de 6 %, tandis que le PIB augmentait de 6% ý 7% (1995).
C'est ý dire, les pauvres sont devenus plus pauvres et les riches plus
riches ? Plus de 80 entreprises publiques ont ÈtÈ privatisÈes aux profits
d'entrepreneurs impÈrialistes, parfois en association avec des capitalistes
locaux. L'actuel projet de Fujimori c'est de poursuivre la privatisation
des deux ports en dÈpit de la rÈsistance acharnÈe qu'il trouve ý ses propos
ultra-libÈraux. 50% des familles pÈruviennes sont rÈduites ý la condition
de mendiantes car elles reÁoivent des aliments de la part du pouvoir
fujimoriste qui utilise cette aumÙne pour dÈvelopper une large clientËle
Èlectorale. La moitiÈ de la population pÈruvienne doit se contenter de
vivre avec un revenu d'un dollar par jour (6 francs).
Le conseiller principal de Fujimori s'appelle Vladimoro Montesinos, un
agent de la CIA qui contrÙle le tout puissant Service d'Intelligence. Ce
service, sous le nom du groupe Colina, a perpÈtrÈ de nombreux crimes, mÍme
contre deux de leurs membres quand ceux-ci ont eu le courage de dÈnoncer
ces agissements criminels. Pendant un moment le groupe Colina a ÈtÈ jetÈ en
prison en raison de la trop grande visibilitÈ de ses crimes, mais il a ÈtÈ
aussitÙt ÈtÈ amnistiÈ par le rÈgime et ses membres restituÈs ý l'armÈe. Si
bien que Fujimori a rÈcoltÈ des succËs dans sa lutte contre les guÈrilleros
de Sentier Lumineux et du MRTA. Ces succËs se sont rÈalisÈs au prix de
massacres contre les communautÈs indiennes, de tortures sans nom,
disparitions et condamnations en masse ý la prison ý vie. Actuellement on
dÈnombre plus de 5000 prisonniers politiques qui croupissent dans des
prisons dantesques d'o˜ on sort fou (ou folle) ou mort(e).
L'Ètat du mouvement social est dÈplorable. Le taux de syndicalisation qui,
avant Fujimori, Ètait presque de 100% doit Ítre descendu ý 2 ou 3%.
L'explication ? D'abord, les licenciements en masse (1 million de
fonctionnaires, 47000 ouvriers, seulement en 1992). Les licenciements dans
le public et le privÈ ont ÈtÈ facilitÈs, d'o˜ un chÙmage total de 10 et un
sous-emploi de 77%. La grande majoritÈ des travailleurs sont contractuels.
Pour couvrir la forme dÈmocratique le rÈgime tolËre les Syndicats qui
regroupent 6 ou 7 ouvriers dans des usines de 200 ou 300 personnes ; les
syndicalisÈs ont la garantie de l'emploi, tout le reste sont des
contractuels sans aucuns droits d'organisation ni de revendication.
Ensuite, la rÈpression sauvage contre le mouvement syndical : des
dirigeants assassinÈs ou jetÈs en prison sous de fausses accusations de
"terrorisme". Aujourd'hui il y a un regain d'activitÈ syndicale, avec deux
centrales qui se disputent le maigre terrain : la CGT (communiste) et la
Central Unitaire des Travailleurs (CUT), plus indÈpendante des partis
politiques et de tendance progressiste. Ces deux centrales intËgrent deux
ou trois FÈdÈrations chacune, comme les mineurs, les professeurs, les
pÈtroliers, les chauffeurs, les travailleurs des ports et de la pËche, les
mÈdecins de la SÈcuritÈ Sociale, le b’timent, etc. En tous cas il s'agit de
FÈdÈrations affaiblies, mais elles sont dans un processus de
reconstruction, elles ont organisÈ dÈjý des journÈes nationales de
protestation contre la fraude Èlectorale et pour des revendications
concrËtes comme l'augmentation des salaires, contre la hausse de l'essence
et pour de meilleures conditions de travail et la restauration de la
libertÈ syndicale. En ce qui concerne la politique on peut dire que la
gauche traditionnelle a ÈtÈ laminÈe au point qu'elle ne prÈsente aucun
candidat aux Èlections du 9 Avril, ni ý la PrÈsidence, ni au Parlement.
Quant aux libertaires, ils ont signÈ le Manifeste Alternatif avec les MËres
de la Place de Mai (Argentine), le Collectif MalgrÈ To
qui essaient de s'ouvrir un espace politique en dehors du cirque Èlectoral.
Les intellectuels, les journalistes de bonne foi, les hommes de droit les
plus progressistes, qui ne se laissent pas intimider par la presse ý
sensation au service du rÈgime, qui ne cesse de les insulter et des
calomnier comme aux pires moments du fascisme hitlÈrien, rÈclament aux 8
candidats de l'opposition de se retirer pour ne pas avaliser la fraude
Èlectorale du fujimorismo autoritaire. Mais, les candidats de l'opposition
sont des hommes politiques improvisÈs ý la solde des diffÈrents groupes des
classes possÈdantes ; ils sont aussi des personnalitÈs gourmandes de gloire
qui veulent mettre en place, en vÈritÈ, un fujimorisme sans Fujimori. Ils
ne se retirent donc pas. C'est pour Áa que beaucoup de pÈruviens(ennes),
comme moi, envisageons de s'abstenir dans les Èlections du 9 avril, en
pensant que rien ne va changer au PÈrou, mÍme si un arriviste qui ne soit
pas Fujimori Ètait Èlu. Cas improbable Ètant donnÈ l'ampleur de la fraude
qui se prÈpare. J'appelle les pÈruviens(iennes) de France qui ont une carte
d'Èlecteur ý ne pas voter le 9 Avril, je crois que c'est la meilleure faÁon
de dire non ý la dictature. C'est prÈfÈrable de payer l'amende en cas
d'abstention, car, au PÈrou, le vote est obligatoire, chose qui dÈmontre le
caractËre autoritaire de la dÈmocratie au PÈrou.
Miguel.
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