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"Gotson Pierre" <gotson.crad@rehred-haiti.net>
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Date
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Mon, 29 May 2000 18:07:28 -0700
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Subject
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globe_l: Haiti-Correspondance # 65, 29 mai 2000
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HA¦TI-CORRESPONDANCE serie 2 / No 65 / 29 mai 2000
E-bdo d actualite haitienne et de perspective democratique et populaire
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* HA¦TI : CRISE POST-ELECTORALE
* JUSTICE: PREMIER ANNIVERSAIRE DU MASSACRE DE CARREFOUR-FEUILLES
* DŠC»S DE L'HISTORIEN ROGER GAILLARD
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HA¦TI : CRISE POST-ELECTORALE
HaÔti est entrÈe dans une nouvelle phase de sa crise politique depuis
les Èlections lÈgislatives, municipales et locales du 21 mai. Les divers
secteurs de la sociÈtÈ haÔtienne n'arrivent pas ý se mettre d'accord sur
le processus et les rÈsultats du scrutin.
Des rÈsultas partiels non-officiels commencent a Ítre connus et
confirment les rumeurs qui ont circulÈ a travers le pays. Selon l'AHP,
les candidats de Lavalas au sÈnat dans le Sud, Yvon FeuillÈ et Victor
Magloire, auraient gagnÈ avec respectivement 80,79% et 79,79% des
suffrages exprimÈs. Dans le Nord-Ouest, le candidat au sÈnat de Fanmi
Lavalas, Ferdner Pierre-Louis et l'indÈpendant Luc Fleurinor seraient
sortis victorieux avec respectivement 67,40% et 53,87% des votes. Dans
ces deux cas, l'OPL viendrait en gÈnÈral en troisiËme position et
l'Espace de Concertation en 4Ëme position.
Les partis d'opposition, notamment l'Organisation du peuple en Lutte
(OPL) et le Rassemblement des DÈmocrates Nationaux Progressistes (RDNP)
se refusent a toute considÈration sur ces rÈsultats. Ils s'en tiennent a
leur demande d'annulation pur et simple de ces Èlections, jugÈes
"frauduleuses". D'ailleurs, le prÈsident du SÈnat, Edgar Leblanc, membre
de l'OPL, a annoncÈ ce 29 mai qu'il n'Ètait pas prÍt a accueillir les
parlementaires qui seraient issus de ce scrutin.
Les partis de l'opposition n'ont pas cessÈ de dÈnoncer une fraude
massive en faveur du parti au pouvoir Fanmi Lavalas. Ils envisageraient
mÍme de ne pas se rendre au second tour, prÈvu pour le 25 juin, si les
responsables ne prennent pas des dispositions pour effectuer une
Èvaluation des Èlections du 21 mai.
Le Parti Louvri BaryË (PLB), qui se rÈclame du mouvement lavalas,
souscrit Ègalement a la demande d'Èvaluation du scrutin. Tout en
prÈcisant qu'il ne pouvait s'allier a certains partis, dont les
responsables devaient Ítre en prison, le PLB a aussi dÈnoncÈ des cas de
fraude dans plusieurs rÈgions du pays.
Les critiques de l'opposition se sont surtout accentuÈes aprËs la
dÈcouverte le 22 mai dans la rue, prËs du Bureau Šlectoral Communal
(BEC) de Port-au-Prince, d'une masse de documents Èlectoraux, en
majoritÈ des bulletins de vote. Les responsables Èlectoraux indiquent
que les bulletins jetÈs sur la chaussÈe ont dÈjý ÈtÈ comptÈs. Mais
aucune explication officielle n'a ÈtÈ fournie a la population.
Tout au cours de la semaine ÈcoulÈe, Fanmi Lavalas a organisÈ a
plusieurs reprises des manifestations pour proclamer sa victoire. Ce 29
mai encore, des chars musicaux ont dÈambulÈ au cour de la capitale et
dans ses environs, faisant jouer le thËme musical de la campagne de
Fanmi Lavalas.
Le CNO rejoint les missions internationales d'observation
Les missions d'observation nationales et internationales ont dÈclarÈ que
les cas d'irrÈgularitÈs constatÈs ne nÈcessitent pas l'annulation du
scrutin. Une Coalition IndÈpendante d'observateurs internationaux a
cependant fait part de son "impression que les missions internationales
d'observation n'ont pu touchÈ que les rÈgions les plus accessibles". Or,
le prÈsident du Conseil National d'Observation (CNO), Leopold Berlanger,
a dÈclarÈ en milieu de semaine qu'il ne peut non plus parler de "fraude
massive". Les divers rÈseaux du CNO ont totalisÈ plus de 22000
observateurs accrÈditÈs.
Le prÈsident de l'Association des Industries d'HaÔti (ADIH) Richard
Coles, a exprimÈ ce 29 mai a la radio sa comprÈhension de la frustration
des partis politiques. NÈanmoins, il a mis en garde contre "un processus
de blocage" qui "n'est pas dans l'intÈrÍt du pays". Il a invitÈ
l'opposition a "rester dans la course, a documenter et argumenter leurs
plaintes". Quant au CEP, il doit "publier rapidement les rÈsultats et
trancher la question de maniËre Èquitable".
Le CEP admet que des irrÈgularitÈs ont entachÈ les opÈrations
Èlectorales du 21 mai et demandÈ aux responsables de partis politiques
de garder leur calme et de se rÈfÈrer a la loi Èlectorale en matiËre de
contestation. La loi Èlectorale prÈvoit des procÈdures et une pÈriode de
contestation aprËs la publication des rÈsultats.
tension post-Èlectorale, expression d'une crise plus profonde
La crise Èlectorale que vit actuellement le pays trouve sa source a
travers les diverses Ètapes du processus Èlectoral, soutient Jessi
Chancy Manigat, ancien membre du CEP de 1995. Pour elle, les causes de
cette crise se situent dans "la maniËre mÍme dont le CEP a ÈtÈ
constituÈ, la crÈation de la loi Èlectorale et la mise en place de la
machine Èlectorale".
Elle souligne aussi que "ce CEP, contrairement aux anciens conseils, n'a
pas de direction technique et a confiÈ tout le dossier technique a
l'assistance ÈtrangËre". Elle rappelle que le format de la carte
d'Èlecteur, le processus d'inscription des Èlecteurs, l'emplacement et
la composition des Bureaux de Vote (BV) et le calendrier Èlectoral,
maintes fois modifiÈ, avaient soulevÈ de nombreuses controverses.
"Il est absolument clair que nous sommes en crise et qu'il y a eu des
manouvres frauduleuses", poursuit Jessi Manigat. Mais la crise
Èlectorale est une manifestation de la crise plus profonde que connaÓt
le pays, conclut-elle.
Vague d'arrestations
Au fort de cette crise post-Èlectorale, la police a entrepris une sÈrie
d'arrestations particuliËrement dans les rangs de l'opposition. Selon
l'OPL et l'Espace de Concertation, au moins 34 de leurs membres ont ÈtÈ
interpellÈs, dont plusieurs candidats en vue, comme l'ancien sÈnateur
Paul Denis et Jean de Limongy.
Paul Denis candidat au sÈnat dans le sud a ÈtÈ remis en libertÈ le 26
mai ý la mi-journÈe, aprËs avoir ÈtÈ ramenÈ de Port-au-Prince ou il a
ÈtÈ incarcÈrÈ durant 3 jours. Denis a fait savoir le 29 mai qu'il a ÈtÈ
"enlevÈ" aux Cayes, "sÈquestrÈ" a Port-au-Prince et reconduit aux Cayes
pour Ítre remis en libertÈ.
"L'opposition peut dire ce qu'elle veut, mais on ne peut pas parler de
vague de rÈpression", a assurÈ le Premier ministre Jacques-Edouard
Alexis. Il a soulignÈ que des militants de Fanmi Lavalas avaient
eux-aussi ÈtÈ interpellÈs.
La MOE a exprimÈ le 27 mai, sa "vive prÈoccupation" a propos des
rÈcentes arrestations effectuÈes dans les rangs de l'opposition. selon
la MOE, ces arrestations, survenues pendant le comptage et compilation
des rÈsultats des Èlections, contrarient la loi et l'esprit dÈmocratique
et crÈent un climat de confusion, de mÈfiance et d'insÈcuritÈ qui
n'apportent aucune bÈnÈfice au bon dÈroulement du processus Èlectoral.
En ce qui concerne la Grand-Anse et les Nippes ou les Èlections n'ont
pas pu avoir lieu le 21 mai, aucune date n'est encore retenue. Mais, des
maintenant, les dirigeants de la coalition Effort de SolidaritÈ pour
Construire une Alternative Nationale Populaire (ESCANP) dÈnoncent des
tentatives de mise sous contrÙle des BV.
JUSTICE: PREMIER ANNIVERSAIRE DU MASSACRE DE CARREFOUR-FEUILLES
Les promesses de justice du gouvernement restent vaines, un an aprËs le
massacre de Carrefour-Feuilles ou la police avait abattu 11 personnes le
28 mai 1999. Les parents des victimes renouvellent leur demande de
justice et rÈparation pour leurs proches.
Les dirigeants d'une coordination des parents des victimes se montrent
trËs critiques vis-a-vis du gouvernement qui avait, entre autres, promis
de l'aide financiËre aux familles des victimes. Une seule tranche de
l'aide promise a ÈtÈ versÈe.
D'autre part, le ministre de la justice, Camille Leblanc, indique que le
dossier devra suivre son cours et recommande la publication du rapport
du juge d'instruction sur le dossier du massacre de Carrefour-Feuilles.
Mais il fustige le comportement de la population de ce quartier qui
avait exprime sa colËre par des manifestations violentes a l'occasion du
premier anniversaire du massacre.
Actuellement plusieurs anciens responsables de la police sont incarcÈrÈs
en rapport avec le dossier de Carrefour-Feuiles, dont Coles Rameau,
ancien commissaire de Port-au-Prince, et l'inspecteur Lucien Fabien.
Selon le ministre de la justice, la justice doit entendre une douzaine
de personnes dans cette affaire.
DŠC»S DE L'HISTORIEN ROGER GAILLARD
Les funÈrailles civiles du cÈlËbre historien haÔtien Roger Gaillard,
dÈcÈdÈ a l'age de 77 ans le 25 mai, auront lieu le mardi 30 mai. Les
voeux de l'historien y seront respectÈs : pas de discours, pas de
fleurs. Le professeur Gaillard fut particuliËrement le chroniqueur de
l'occupation amÈricaine d'Haiti (1915 a 1934).
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SICRAD - Service d'Information
du Centre de Recherche et d'Action pour le DÈveloppement
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