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Date
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Sat, 10 Jun 2000 15:43:02 +0200
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Subject
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globe_l: Contre l'Unice - C'est pas d'jeu - Matraque Chantilly
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Matraque Chantilly
by Bendy Glu 1:55am Sat Jun 10 '00
bendyglu@freegates.be
C'est pas d'jeu - Matraque Chantilly
Hier soir, 9/06, vers 19h30 une foule d'inoffensifs conjurÈs munis des
traditionnels fonds de tartes et des bombes de crËme chantilly bien connues
ont voulu pousser la tÈmÈritÈ p’tissiËre jusqu'ý offrir le dessert aux
membres de l'UNICE rÈunis pour un dÓner au Sablon. Si la Commission
europÈenne paraÓt prÍte depuis toujours ý passer les plats, tel n'est pas
le cas en effet d'un certain nombre d'artisans p’tissiers qui goštent peu
les ravages de la cuisine industrielle o˜ se mitonne, entre autres
Èdulcorants, une citoyennetÈ sans odeur ni saveur ni le moindre soupÁon de
libre-arbitre, prÈfÈrant en outre la cocotte-minute au mijotÈ.
Sšre de la justesse de sa cause, la foule, portÈe par la candeur de NoÎl
Godin, s'avanÁa dispersÈe et rigolarde, comme il convient, prÈcÈdÈe par
deux policiers en civil : aucun de ces vaillants belges, pour rien au
monde, n'aurait voulu ajouter au ridicule de ces professionnels qui
Èvoquaient irrÈsistiblement les Dupondt mandarins du Lotus Bleu, et
dilapider ainsi la prÈcieuse chantilly. Le plan Ètait d'une simplicitÈ
gauloise : "nous arrivons, nous entrons, nous saccageons p’tissiËrement et
repartons, justice faite, munis de victuailles que nous partagerons en un
banquet avec les SDF". Toute la ville Ètait au courant et commentait depuis
une semaine la puretÈ de ce plan au service d'une cause juste, tandis que
les stratËges de la police s'efforÁait d'en percer la subtilitÈ. Une fois
de plus les dÈs de l'absurde Ètaient jetÈs et on allait voir ce qu'on
allait voir.
On vit.
Comme prÈvu une colonne de fonctionnaires munis d'une combinaison EURO 2000
flambant neuve s'interposa gaillardement entre les masques sÈvËres des
maÓtres du monde et les zygomatiques des justiciers p’tissiers. On
discutait dans les rangs de l'opportunitÈ d'aller boire une biËre, oui mais
o˜ parce que dans le coin c'est un peu cher, lorsque, sans doute intoxiquÈs
par leur panoplie fabriquÈe ý Taiwan ý moindre frais, les hommes masquÈs se
jetËrent convulsivement sur les manifestants placides, matraquant devant
les camÈras de tÈlÈvision des jeunes femmes plaquÈes au sol et autres
galopins menottÈs, frappÈs, insultÈs en Ètat de parfaite non-violence. On
dÈcida prudemment qu'on dÈciderait plus tard o˜ boire ce pot et tournant le
dos aux forces de police qui menaient largement vingt ý zÈro contre une
Èquipe sous-ÈquipÈe et sous-entrainÈe, on prit un ami par le bras pour
descendre en fl’nant vers les terrasses. C'Ètait compter sans la meute
dÈchainÈe des hooligans mobilisÈs loin des stades qui en voulaient pour
leur argent et continuaient ý jouer tous seuls, plaquant, tabassant,
garotant (et, curieusement, s'archarnant ý casser les lunettes) : score
final 55 ý 0.
Le transfert en autocar s'avÈra digne de ce qu'on peut attendre de ce type
d'organisation mÍme si le chauffeur, aprËs avoir errÈ vainement pendant une
bonne heure dans la ville, retrouva heureusement son chemin (ce fut surtout
regrettable pour le plus tabassÈ de la soirÈe pour lequel il y a lieu de
craindre une fracture du cr’ne et qui ne fut conduit aux urgences que
plusieurs heures plus tard sous prÈtexte qu'il n'avait qu'ý rester chez lui
s'il ne voulait pas saigner de l'oreille). AprËs avoir Èmis diverses
hypothËses sur les prÈfÈrences sexuelles de l'Èquipe adverse, on empila ses
membres dans les vestiaires avant de les remettre en circulation six heures
plus tard. Les joueurs se ruËrent alors sur le JT pour dÈnombrer les
multiples fautes grossiËres commises par les forces de l'ordre : las, par
un miracle dont la RTBF est coutumiËre, si la montÈe pacifique vers le
Sablon et le tas de manifestants menottÈs sur le trottoir apparurent ý
l'Ècran, aucun hypothËse ne fut ÈvoquÈe sur le mode de transformation de
cette masse hilare d'un Ètat ý l'autreä
Heureusement, les images tournÈes par les amateurs permettront certainement
de disqualifier les forces de l'ordre qui ont une fois de plus dš dÈployer
beaucoup de bÍtise pour jouer contre leur camp, se trompant d'ailleurs
totalement de match.
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