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wash <wash@ecn.org>
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Date
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Fri, 09 Mar 2001 19:26:01 +0100
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Subject
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globe_l: procËs :SURVIE contre dictatures
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EnvoyÈ : vendredi 9 mars 2001 08:15
Objet : " LibÈration " du 09/03 : " L'Afrique trouble au tribunal " .
L'Afrique trouble au tribunal
Trois prÈsidents africains poursuivaient l'auteur du livre ´Noir
Silenceª
pour ´offense ý chef d'Etatª.
Par CHRISTOPHE AYAD
Le vendredi 9 mars 2001
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La loi de 1881 interdit au prÈvenu de prÈsenter la preuve de ce qu'il
avance. Des tÈmoins viennent donc assurer de sa ´bonne foiª.
vec sa moustache tombante, ses lunettes trÈbuchantes et sa voix de
tÍte,
FranÁois-Xavier Verschave a l'air d'un professeur Nimbus. Quelle que
soit
la question posÈe, il a toujours une fiche, une photocopie, un dossier.
Cet homme est un disque dur, une base de donnÈes. Rien de ce qui est
publiÈ sur les relations troubles entre la France et l'Afrique ne lui
Èchappe. Mais FranÁois-Xavier Verschave ne se contente pas d'archiver.
Dans le calme de son bureau,il croit dÈnouer l'Ècheveau des ´rÈseauxª
franco-africains. Le jour, il est un fonctionnaire ý la municipalitÈ de
Villeurbanne. Le soir, ý l'en croire, il dÈmasque barbouzes, trafiquants
d'armes, magnats du pÈtrole. De ses certitudes est nÈ Noir Silence, pavÈ
de 600 pages qui s'est dÈjý vendu ý 26 000 exemplaires.
C'est de cet ouvrage qu'il a ÈtÈ question deux jours durant ý la XVIIe
chambre du tribunal correctionnel de Paris. Son prÈsident, Jean-Yves
Montfort, s'est offert une plongÈe en Afrique trouble. Comme ý son
habitude, il a dirigÈ les dÈbats avec gourmandise, interrogeant les
tÈmoins ý la maniËre de Candide. Il faut dire que la plainte n'Ètait pas
banale: trois chefs d'Etat africains, Denis Sassou Nguesso du
Congo-Brazzaville, Idriss DÈby du Tchad et Omar Bongo du Gabon,
poursuivaient FranÁois-Xavier Verschave et son Èditeur Laurent Beccaria
pour ´offense ý chef d'Etatª, en vertu de la loi de 1881. Un
anachronisme
juridique auquel ont renoncÈ les prÈsidents franÁais depuis ValÈry
Giscard d'Estaing.
Compil. Tous les chefs d'Etat Ètrangers n'ont pas ces scrupules: BÈbÈ
Doc, Hassan II, la liste n'est pas exhaustive. Dans Noir Silence, Sassou
est accusÈ de ´crimes contre l'humanitȪ, DÈby de ´criminel invÈtÈrȪ et
Bongo de diriger une ´dÈmocrature prÈdatriceª. La loi, qui prÈvoit
jusqu'ý 300 000 francs d'amende, interdit au prÈvenu d'apporter la
preuve
de ce qu'il avance. Seul moyen de droit: montrer sa ´bonne foiª.
Verschave et son Èditeur ont donc fait comparaÓtre plusieurs dizaines de
tÈmoins, afin d'Ètayer les accusations contenues dans Noir Silence,
transformant le prÈtoire en tribune politique.
Lors de la premiËre audience, le tribunal s'est penchÈ sur la guerre
civile qui a dÈchirÈ le Congo-Brazzaville en 1997-1998. D'aprËs
Verschave, cette guerre a ÈtÈ financÈe par Elf qui a armÈ son poulain
Sassou, responsable de la mort de centaines de milliers d'habitants du
Poul, au sud du pays, fief de Pascal Lissouba et de Bernard KolÈlas, ses
adversaires. Verschave assure aussi que, dans sa fuite, Alfred Sirven
serait passÈ par le Congo. ´Vos sourcesª, demande le tribunal.
´L'Expressª, rÈpond-il. Et c'est bien le problËme d'un auteur dont les
ouvrages sont des compilations plus que des enquÍtes.
DÈballage. Jacques VergËs, l'avocat des trois chefs d'Etat africains,
n'a
pas manquÈ de souligner cette faiblesse. Tout comme le fait que
Verschave
ne s'est rendu en Afrique qu'ý trois reprises, pour de courts sÈjours:
en
AlgÈrie, au Gabon et au Rwanda. Maigre, pour un spÈcialiste. L'audience
consacrÈe ý Idriss DÈby a ÈtÈ l'occasion d'un dÈballage peu Èlogieux
pour
le rÈgime tchadien. ´Le prÈsident torture personnellement certains
opposants [...], il a fait massacrer des femmes et des enfantsª, a
affirmÈ NgarlÈjy Yorongar, ex-ministre du prÈsident HissËne HabrÈ qui
s'Ètait alliÈ ý DÈby pour le renverser en 1990. Depuis, Yorongar est
passÈ ý l'opposition, il a ÈtÈ incarcÈrÈ et se dÈplace en fauteuil
roulant ý la suite des ´torturesª infligÈes par les hommes de DÈby.
Concernant Omar Bongo, les dÈbats ont ÈtÈ plus dÈcousus, intÈgrant sa
vie
privÈe ou ses comptes en banque, suscitant ý plusieurs reprises
l'hilaritÈ d'une salle remplie de membres de l'association ´Survieª,
prÈsidÈe par Verschave, arborant des tee-shirts reproduisant la
couverture de Noir Silence.
Les parties civiles ont demandÈ un franc symbolique de dommages et
intÈrÍts, la censure des passages incriminÈs et la publication du
jugement. La dÈfense a plaidÈ l'incompatibilitÈ des poursuites avec la
Convention europÈenne des droits de l'homme (CEDH) qui prÈvoit la
libertÈ
d'expression. Le procureur, sans demander la relaxe, a recommandÈ ý la
cour de reconnaÓtre la ´bonne foiª des prÈvenus. Jugement le 25 avril.
(1) Noir Silence. Qui arrÍtera la FranÁafrique ?, F.-X. Verschave, les
ArËnes, 598 pp., 145 F.
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