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From LPSG-France <lpsg-france@bigfoot.com>
Date Thu, 12 Apr 2001 00:49:09 +0200
Subject globe_l: Terres indiennes en pÈril aux USA (et partout ailleurs...)

Bonjour ý toutes et ý tous,

Nous vous proposons la traduction d'un texte rÈdigÈ le mois dernier par
Carter Camp, Indien Ponca originaire de l'Oklahoma et leader depuis le
dÈbut des annÈes 70 de l'AIM (American Indian Movement). Il dÈcrit une
rÈalitÈ Èconomique bien ÈloignÈe du clichÈ de tribus indiennes prospÈrant
aux Etats-Unis gr’ce aux casinos.

La situation qu'il dÈnonce n'est pas nouvelle et n'est pas non plus limitÈe
ý la communautÈ de Rosebud. Ni mÍme aux Etats-Unis.

Dans l'Ètat de l'Arizona, les Dineh (Navajo) continuent d'assister au
saccage de leur communautÈ et de leur territoire par des extractions
d'uranium et des mines de charbon ý ciel ouvert. 

Dans l'Utah, la petite tribu Goshute de Skull Valley risque d'ouvrir son
territoire au stockage de quelques 40,000 tonnes de rÈsidus hautement
radioactifs.

Il y a bien d'autres communautÈs indiennes qui sont ý la merci du chantage
Èconomique des grosses corporations et des risques de corruption de leurs
conseils tribaux.

Deux jours avant la fusillade du 26 juin 1975 sur la rÈserve de Pine Ridge,
ý l'issue de laquelle un jeune membre de l'AIM et deux agents du FBI ont
perdu la vie, Dick Wilson, le prÈsident du conseil tribal, a nÈgociÈ dans
le plus grand secret ý Washington le transfert d'une portion importante du
territoire de la rÈserve au gouvernement fÈdÈral. Un territoire riche en
uranium et en minerais. 
La fusillade est considÈrÈe par beaucoup comme un "incident" dÈclenchÈ par
les fÈdÈraux pour faire diversion tout en rÈprimant brutalement
l'opposition au rÈgime de terreur de Wilson. 
Leonard Peltier ne sert pas seulement de bouc Èmissaire pour le FBI. Il est
aussi et surtout l'otage d'un systËme qui protËge les intÈrÍts des grosses
corporations au dÈtriment de tout le reste.

CÈline
pour le LPSG-France

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Mars 2001

Comment les terres indiennes sont en passe de devenir les dÈpotoirs de
l'AmÈrique
par Carter Camp, Nation Ponca (Oklahoma)

Beaucoup de circonstances propres aux contrÈes indiennes conduisent nos
terres ý devenir les cibles des pourvoyeurs des dÈchets de l'AmÈrique. Dans
ma tribu Ponca, nous avons dš nous opposer ý des projets d'implantation
d'un rÈservoir souterrain de stockage de produits par injection, de
plusieurs incinÈrateurs de dÈchets toxiques, de sites de stockage de
rÈsidus radioactifs de faible intensitÈ et de dÈcharges de dÈtritus. Mais
notre tribu et son territoire sont petits, les principales cibles Ètant de
vastes rÈserves telles Rosebud (Dakota du Sud) avec une superficie
permettant d'y enfouir de tels sites afin d'Èpargner leur toxicitÈ aux
citadins des mÈgapoles, ces amÈricains qui exigent des biens de
consommation au rabais sans accepter que leurs dÈchets soient entreposÈs ý
deux pas de chez eux. Rosebud est le territoire de la nation indienne
Sicangu Lakota qui hÈberge ý contrecoeur une gigantesque porcherie. Suite ý
l'action en justice perdue par la tribu et l'agence de protection de
l'environnement, il est envisagÈ que cet Èlevage en batterie se dÈveloppe
jusqu'ý devenir le plus important de la planËte! Ce qui entraÓnera le
dÈversement d'immondices aux substances toxiques dans quelques 33 lacs
souterrains couvrant plusieurs centaines d'hectares de terre vierge. 

Le principal facteur qui fait de nous des cibles avantageuses est la
situation d'extrÍme pauvretÈ et de chÙmage sÈvissant sur nos rÈserves. La
pauvretÈ entraÓne dans la communautÈ une quÍte dÈsespÈrÈe d'emplois qui
trouve un Ècho auprËs des leaders tribaux. AprËs une campagne Èlectorale
assortie d'une plateforme pour le dÈveloppement Èconomique, ces Èlus
prennent conscience rapidement de la quasi-impossibilitÈ de crÈer un nombre
substantiel d'emplois sur les rÈserves. Nos peuples ont jadis ÈtÈ confinÈs
ý vivre dans des rÈgions les plus ÈloignÈes possible et en marge du reste
de la population amÈricaine et nous avons ÈtÈ traitÈs comme des "pupilles
du gouvernement" jusqu'ý l'Ëre moderne. Du jour au lendemain, nos leaders
tribaux se voient confiÈs la responsabilitÈ de crÈer des emplois pour la
communautÈ en l'absence de toute structure de financement ou de systËme de
collecte de fonds. De surcroÓt, les membres de leur propre famille
connaissent le dÈnuement, ce qui engendre une vulnÈrabilitÈ que les
entreprises s'empressent d'exploiter pour le traitement de leurs dÈchets.

L'attrait de nos territoires est un autre facteur dÈterminant auprËs des
sociÈtÈs de traitement des dÈchets. Pourtant, nos rÈserves sont
gÈnÈralement la derniËre option pour l'implantation d'un site de stockage,
les choix se portant en prioritÈ sur des emplacements ý proximitÈ de la
production des dÈchets. Mais les sociÈtÈs ont ÈtÈ contraintes par les
manifestations d'opposition des AmÈricains ý renoncer et ý tenter de
s'implanter en terre indienne. La conjoncture de ces compagnies en quÍte de
sites et d'Èlus tribaux en quÍte de "dÈveloppement Èconomique" met nos
terres en pÈril. 

AprËs que nos tribus se soient battues pour obtenir la souverainetÈ limitÈe
qu'elles ont aujourd'hui, le Bureau des Affaires Indiennes (BIA) s'est
trouvÈ dÈpossÈdÈ de son pouvoir d'intendance qu'il exerÁait jusque lý avec
une poigne de fer sur les instances tribales. Dans un acte de reprÈsaille
terroriste ou par l'ironie du sort, ce BIA agonisant a reconnu les
gouvernements tribaux issus de la Loi sur la RÈorganisation Indienne (IRA)
de 1934 comme les entitÈs gouvernementales lÈgitimes de nos nations. Ces
prÈtendus gouvernements ne sont en aucune maniËre les instances
gouvernantes de quelque tribu indienne que ce soit. Ils ont ÈtÈ conÁus par
des bureaucrates blancs en poste au BIA pour servir d'instruments chargÈs
d'exÈcuter les politiques d'assimilation-dÈplacement-anÈantissement qu'ils
ont dÈveloppÈes de 1930 ý 1970. Les constitutions fantoches issues de l'IRA
remettent tous les pouvoirs du gouvernement sur un conseil tribal constituÈ
de 4 ý 20 membres. Un tel pouvoir reprÈsente une charge colossale investie
sur un aussi petit groupe d'Èlus. Quels amÈricains, au nombre de quatre,
seraient les plus aptes ý diriger convenablement l'AmÈrique une fois
investis des mÍmes pouvoirs opaques semblables ý ceux qui ont ÈtÈ attribuÈs
par l'IRA aux conseils tribaux? La situation de corruption et d'abus de
pouvoir endÈmiques, inhÈrente au systËme instaurÈ par l'IRA, est
inÈvitable. C'est une brËche que les compagnies de traitement de dÈchets
savent exploiter. Des nÈgociations conclues gr’ce ý des faveurs
personnelles sont monnaie courante en terre indienne et n'assurent aucune
protection ý la tribu sur le plan financier, ni sur ceux de la santÈ et de
l'environnement.
 
Les derniers et pires pourvoyeurs d'immondices ont lancÈ leur assaut sur
nos terres. Des porcheries!!! Sur la rÈserve de Rosebud, un gigantesque
Èlevage en batterie est maintenant opÈrationnel. Tous les facteurs que j'ai
mentionnÈs prÈcÈdemment ont ÈtÈ dÈterminants dans l'implantation de cet
Èlevage porcin gÈnÈrateur de merde en territoire indien. Le fait qu'un
habile escroc ait ÈtÈ autorisÈ ý nÈgocier un arrangement dont la tribu
devra faire les frais est dÈjý assez dÈplorable, mais ce type de business
viole de plus tout ce qui est sacrÈ dans notre culture. Nous, Indiens, nous
sommes toujours tournÈs vers certaines valeurs qui diffÈrencient nos
sociÈtÈs de celles des Wasicus(1). Notre conception de la Terre MËre comme
une entitÈ vivante qui doit Ítre respectÈe, notre perception de l'eau comme
Ètant sacrÈe pour tous les Ítres vivants et la marque de notre respect ý
l'Ègard de tout ce qui vit sur cette terre et ý quoi nous sommes liÈs, sont
toutes des valeurs tribales profanÈes par cet assaut rÈpugnant.

Les cochons sont des Ítres intelligents et les amis de longue date des
EuropÈens, comme Shunka (le chien) l'est pour notre communautÈ. Dans ces
Èlevages intensifs, les porcs sont parquÈs et confinÈs ý rester nuit et
jour au mÍme endroit pour Ítre gavÈs d'Ènormes quantitÈs de p’ture,
d'hormones et d'antibiotiques. Ils ne voient jamais le soleil, ne sentent
jamais l'herbe et ne sont jamais effleurÈs par le vent. Ils vivent de
courtes existences faites d'interminables tortures. Des milliers de porcs,
placÈs cÙte ý cÙte dans des rangÈes de stalles individuelles, produisent
une Ènorme quantitÈ de lisier qui est ÈvacuÈe par des volumes importants
d'eau pure (fournie gr’cieusement par la tribu!) vers des champs d'Èpandage
ouverts, des fosses de vidange o˜ les fluides soit s'Èvaporent, s'Ècoulent
en aval ou s'inflitrent jusqu'ý la nappe phrÈatique. La puanteur, qui est
dÈjý intolÈrable sur plusieurs kilomËtres ý la ronde, est sur le point de
devenir 30 fois plus incommodante. Les porcs gavÈs d'hormones et
d'antibiotiques sont dÈbarquÈs puis emportÈs sans discontinuer, ne laissant
que leurs ordures non naturelles sur le territoire.

Maintenant, un juge fÈdÈral a accordÈ le droit d'expansion ý cette usine
d'immondices! Ils sont mÍme autorisÈs ý doubler ou tripler son volume
jusqu'ý la transformer en la plus immense porcherie des Etats-Unis! La
tribu (qui s'oppose dÈsormais ý cet Èlevage en batterie et fait face ý des
obligations d'indemnisation exorbitante qu'une rupture du contrat risque
d'entraÓner) ne parvient pas ý dÈterminer comment et mÍme si elle doit
s'engager dans cette voie. Leur souci majeur est que l'administration
tribale prÈcÈdente a "renoncÈ" au droit souverain de la tribu ý son
immunitÈ dans le cas de poursuites en justice. Avec l'arrivÈe du printemps,
l'Èlevage en batterie va rapidement entrer dans sa seconde phase consistant
ý doubler sa capacitÈ !

Ce n'est que par l'organisation populaire et l'activisme que ce projet
insensÈ pourra Ítre entravÈ dans son dÈveloppement. La communautÈ Sicangu
Lakota a dÈmontrÈ par le biais d'un rÈfÈrendum qu'elle souhaite
l'interruption de ce projet. L'agence de protection de l'environnement et
le bureau des affaires indiennes ont tentÈ tardivement et d'une maniËre
inefficace d'apporter leur assistance pour enrayer l'impact des dÈchets et
jusqu'ý maintenant, ils ont ÈchouÈ. Plusieurs organisations et un grand
nombre de personnes se sentant interpelÈes ont exprimÈ leur opposition ý
cet Èlevage et leur dÈsir d'y mettre un terme. Nous disposons maintenant
des ÈlÈments essentiels ý l'organisation d'une forte cohÈsion populaire
pour arrÍter cette abomination.

Durant l'hiver, cette affaire Ètait dÈbattue dans une cour de justice et
l'importance de son enjeu semble avoir ÈtÈ laissÈe de cÙtÈ par un grand
nombre d'entre nous. Mais avec le printemps arrive le dÈgel et on peut Ítre
sšr que la direction de l'usine porcine se tient prÍte dans ses plans
d'expansion.  Il est temps que la communautÈ indienne fasse front commun
pour protÈger cette terre, son eau et nos futures gÈnÈrations.

(traduction : LPSG-France)

==========
Notes :

(1) Le terme lakota " wasicu " dÈsigne les Blancs.

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Groupe de Soutien ý Leonard Peltier - LPSG-France
c/o CSIA
B.P 372 - 75526  Paris Cedex 11 - France
TÈl: 01.43.73.05.80
Fax: 01.43.72.15.77 (attn CSIA)
Email: lpsg-france@bigfoot.com
Lien: http://www.cosimapp-mumia.org/peltier.htm

Contact USA :
Leonard Peltier Defense Committee - LPDC
P.O Box 583, 
Lawrence, KS 66044, USA
TÈl: +001 (785) 842-5774
Fax: +001 (785) 842-5796
Site : http://www.freepeltier.org
Email: lpdc@idir.net





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