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From Wash <wash@ecn.org>
Date Thu, 12 Apr 2001 15:20:21 +0200
Subject globe_l: libertÈ de la presse en Russie:rapport RSF


RUSSIE
Un rapport de RSF recense les atteintes ý la libertÈ de la presse en
Russie :

La prise de contrÙle de la chaÓne de tÈlÈvision NTV par l'Etat russe, ý
travers la compagnie d'Etat Gazprom, intervient aprËs des mois d'une
dÈgradation continue de la situation de la libertÈ de la presse,
constatÈe tout au long de l'annÈe 2000 et sur tout le territoire de la
fÈdÈration de Russie.

LíÈlection prÈsidentielle du 26 mars 2000 a ÈtÈ marquÈe par un parti
pris Èvident des chaÓnes de tÈlÈvision díEtat ORT (semi-publique) et RTR
(publique) en faveur du candidat Vladimir Poutine, alors prÈsident par
intÈrim. La moitiÈ du temps d'antenne de la campagne lui a ÈtÈ accordÈe,
les onze autres candidats se partageant le reste. Le 21 fÈvrier,
Guennadi Ziouganov, principal adversaire de Vladimir Poutine ý
l'Èlection prÈsidentielle, a dÈnoncÈ l'"arbitraire" rËgnant dans les
mÈdias publics.

 Le contrÙle de l'information sur la TchÈtchÈnie a ÈtÈ trËs sensiblement
accru, le gouvernement et l'armÈe cherchant ý Èviter un retournement de
l'opinion contre l'action russe dans la RÈpublique indÈpendantiste. En
janvier 2000, le Kremlin a crÈÈ un poste de coordinateur des mÈdias pour
la TchÈtchÈnie et un centre de presse qui diffuse quotidiennement
l'information officielle et organise des voyages dans la zone de guerre,
sous Ètroite surveillance d'officiers russes. Le 15 mars, le ministËre
russe de líInformation a interdit aux mÈdias de rapporter les propos des
principaux leaders tchÈtchËnes, dont le prÈsident Aslan Maskhadov. En
cas de non-respect de cette rËgle, le ministËre de l'Information retire,
aprËs deux avertissements,  la licence du mÈdia en faute et suspend,
voire menace d'interdire, sa diffusion en Russie. Les organes de presse
Ètrangers connaissent parallËlement des difficultÈs croissantes ý
exercer leur activitÈ et les accrÈditations pour la TchÈtchÈnie sont,
dans les faits, impossibles ý obtenir.

Les autoritÈs russes ont, ý plusieurs reprises, rappelÈ leur intention
de mieux maÓtriser le "secteur stratÈgique" de l'information. AnnoncÈe
et thÈorisÈe dans la "doctrine sur la sÈcuritÈ de l'information",
approuvÈe par le prÈsident Poutine le 13 septembre 2000, cette politique
de "renforcement des mÈdias d'Etat" en charge de "la diffusion d'une
information fiable aux citoyens russes" a ÈtÈ mise en úuvre de faÁon
systÈmatique. L'Èpreuve de force mise en scËne par les pouvoirs publics
russes avec les "oligarques" du secteur de l'information, s'est ainsi
soldÈe par la prise de contrÙle pure et simple par l'Etat de la seule
chaÓne privÈe d'audience nationale, NTV, et semble t-il Ègalement de la
chaÓne de tÈlÈvision semi publique ORT,  chaÓne de tÈlÈvision disposant
de la plus forte audience sur tout le territoire de la FÈdÈration de
Russie. Son propriÈtaire, Boris Berezovski, avait dÈnoncÈ, en aošt 2000,
la volontÈ de l'Etat, de prendre le contrÙle de l'ORT et annoncÈ sa
dÈcision de confier la gestion des parts de la chaÓne qu'il contrÙlait
(49%) ý un groupe de personnalitÈs attachÈes ý l'indÈpendance de la
chaÓne. Ces parts auraient semble t-il ÈtÈ finalement vendues au groupe
pÈtrolier Sibneft, une entreprise publique. L'ancienne chaÓne de
tÈlÈvision de l'Union soviÈtique, partiellement privatisÈe en 1993, et
qui s'Ètait montrÈe particuliËrement critique envers le prÈsident
Poutine au moment de l'affaire du sous-marin Koursk, pourrait ainsi
rejoindre la chaÓne publique RTR, sous tutelle complËte de l'Etat.


Journalistes tuÈs
Quatre journalistes ont ÈtÈ tuÈs en 2000 pour avoir exprimÈ leurs
opinions ou dans l'exercice de leur fonction.
Le 20 fÈvrier 2000, le photographe de l'agence de presse russe
Itar-Tass, Vladimir Yatsina, est assassinÈ en TchÈtchÈnie, o˜ il Ètait
dÈtenu depuis le 19 juillet 1999 par les indÈpendantistes. Selon
plusieurs tÈmoins, dont l'homme d'affaires kazakh Alicher OrazaliÔev,
dÈtenu avec le photographe durant les quatre premiers mois de son
emprisonnement, ce dernier aurait ÈtÈ exÈcutÈ par les TchÈtchËnes parce
que ses blessures l'empÍchaient de suivre et retardaient l'avance des
soldats.
Le 12 mai, Alexander Yefremov et deux officiers russes sont tuÈs dans
leur vÈhicule, suite ý l'explosion d'une mine tÈlÈcommandÈe, prËs du
village de Kirov au sud-est de la TchÈtchÈnie. Alexander Yefremov Ètait
journaliste au quotidien Nache Vremia, basÈ ý Tioumen (SibÈrie).
Le 16 juillet, Igor Domnekov, journaliste pour le bihebdomadaire privÈ
NovaÔa Gazeta, dÈcËde des suites de ses blessures. Il avait ÈtÈ attaquÈ
devant l'entrÈe de son immeuble ý Moscou le 12 mai 2000, peu avant
minuit, par un inconnu qui l'avait frappÈ ý coups de marteau. BlessÈ ý
la tÍte, il avait ÈtÈ immÈdiatement hospitalisÈ et n'a jamais repris
connaissance. Selon le rÈdacteur en chef du journal, Dmitry Muratov, ses
agresseurs l'auraient confondu avec l'un de ses collËgues et voisin,
Oleg Soultanov, qui enquÍtait sur des affaires de corruption au sein
d'entreprises de mÈtallurgie. Un mois avant l'agression, ce dernier
aurait reÁu une lettre menaÁant de "le frapper ý la tÍte avec un objet
lourd". NovaÔa Gazeta a publiÈ, ý de nombreuses reprises, des enquÍtes
sur des affaires de corruption, mettant en cause des proches du pouvoir
et des services de sÈcuritÈ (FSB, ex-KGB). Le journal a notamment
critiquÈ l'action des forces russes en TchÈtchÈnie depuis la premiËre
guerre en 1994.
Le 21 novembre, Adam TepsourgaÔev, cameraman free-lance ayant travaillÈ
pour plusieurs mÈdias et notamment pour  l'agence Reuters, est tuÈ par
balles, alors qu'il se trouve dans une maison de la localitÈ
d'Alkhan-Kala, ý 10 km au sud de Grozny. D'aprËs les dÈclarations d'Ali
TepsourgaÔev, son frËre, blessÈ lors de l'attaque, des hommes armÈs
parlant en langue tchÈtchËne, ont fait irruption dans la maison et se
sont mis ý tirer. Le porte-parole du Kremlin sur le conflit tchÈtchËne,
SergueÔ Iastrjembski, dÈclare que "cet assassinat prouve encore une fois
qu'il est essentiel de prendre des mesures pour assurer la sÈcuritÈ des
journalistes en TchÈtchÈnie", ajoutant qu'Adam TepsourgaÔev n'Ètait pas
accrÈditÈ par les autoritÈs russes.

Trois autres journalistes ont trouvÈ la mort en 2000. Au 1er janvier
2001, il est impossible d'affirmer que leur mort a un lien avec leur
activitÈ professionnelle.
Le 26 juillet, SergueÔ Novikov, directeur de la station de radio privÈe
Vesna, dans la rÈgion de Smolensk, est tuÈ par balles, alors qu'il
regagne son domicile. Selon la police, ce meurtre pourrait Ítre liÈ ý
ses activitÈs en tant que reprÈsentant du comitÈ de direction d'une
usine de verre et le ministËre de l'IntÈrieur Èvoque l'hypothËse d'un
assassinat commanditÈ.
Le 21 septembre, Iskandar Khatloni, journaliste de Radio Liberty ý
Moscou, est retrouvÈ mort le cr’ne fracassÈ. Le lien entre ce meurtre et
l'activitÈ du journaliste, qui enquÍtait sur les violations des droits
de l'homme en TchÈtchÈnie, ne peut Ítre Ètabli avec certitude.
Le 3 octobre, SergueÔ Ivanov, directeur d'une chaÓne de tÈlÈvision
privÈe dans la rÈgion de Samara, est abattu par balles. La police
privilÈgie la piste d'un rËglement de comptes.

Journalistes incarcÈrÈs
Le 16 janvier 2000, AndreÔ Babitski, journaliste de Radio Svoboda
(antenne russe de Radio Free Europe) est arrÍtÈ par les forces fÈdÈrales
ý la sortie de Grozny. AndreÔ Babitski est dÈtenu dans un camp de
"filtration" ý Tchernokozovo (nord de la TchÈtchÈnie) o˜ il est
maltraitÈ. Le 3 fÈvrier, il est ìÈchangÈî contre plusieurs soldats
russes et remis ý des combattants tchÈtchËnes, probablement prorusses.
Ces derniers confient le journaliste ý un passeur, qui le libËre
finalement au Daghestan. Selon AndreÔ Babitsky, ses ravisseurs, qui
avaient l'intention de l'envoyer en AzerbaÔdjan, lui remettent de force
un faux passeport azÈri. Le 25 fÈvrier, il est de nouveau arrÍtÈ par les
forces fÈdÈrales russes et inculpÈ de ìpossession de faux passeportî.
Trois jours plus tard, il commence une grËve de la faim afin de
protester contre sa dÈtention. Il est finalement libÈrÈ le 29 fÈvrier,
mais assignÈ ý rÈsidence ý Moscou. Le journaliste est empÍchÈ de quitter
Moscou pour se rendre, le 7 mars, ý Strasbourg ý l'invitation de
l'AssemblÈe parlementaire du Conseil de l'Europe, puis, le 6 juillet, ý
Bucarest, pour recevoir le "Prix pour le journalisme et la dÈmocratie"
dÈcernÈ par l'OSCE  (Organisation pour la sÈcuritÈ et la coopÈration en
Europe) pour sa couverture du conflit tchÈtchËne. En octobre, AndreÔ
Babitski est condamnÈ en premiËre instance ý une amende de 8 350 roubles
(308 euros) pour "dÈtention de faux passeport". Il refuse de bÈnÈficier
d'une amnistie dÈcrÈtÈe pour les dÈlits mineurs et interjette appel pour
que son innocence soit reconnue. Mais, le 13 dÈcembre, la Cour suprÍme
du Daghestan (Caucase russe) confirme la condamnation de la premiËre
instance. AndreÔ Babitski avait rÈalisÈ plusieurs reportages critiques
sur l'action des forces fÈdÈrales en TchÈtchÈnie. Il avait notamment
dÈnoncÈ les mauvais traitements subis par les prisonniers des camps de
"filtration". "Il est clairement au service de l'ennemi. Ce qu'il fait
est bien plus dangereux que de tirer des rafales d'armes automatiques",
avait dit de lui Vladimir Poutine dans une interview accordÈe ý
l'hebdomadaire moscovite Kommersant, en mars.
Le 1er juin, Tassia Issaeieva, journaliste indÈpendante tchÈtchËne, est
arrÍtÈe lors d'un contrÙle de police dans le village de Zaramaga, en
OssÈtie du Nord. Sa camÈra et son ordinateur portable sont saisis. La
journaliste est accusÈe de travailler pour une agence de presse
tchÈtchËne. Elle est libÈrÈe le 7 juin.
Le 27 juillet, Irina Grebneva, rÈdactrice du journal d'opposition
ArsenievskiÈ Vesti, est arrÍtÈe ý Vladivostok, pour avoir publiÈ des
extraits de conversations tÈlÈphoniques de responsables de
l'administration locale laissant supposer des irrÈgularitÈs dans
l'organisation des Èlections municipales de juin 2000. Elle est accusÈe
d'"utilisation de mots grossiers dans des lieux publics". La journaliste
est incarcÈrÈe cinq jours dans une prison de Vladivostok rÈputÈe pour
ses conditions de dÈtention difficiles. Selon ses collËgues, son
arrestation serait un "acte de vengeance des autoritÈs locales face ý la
ligne Èditoriale du journal". Elle entame une grËve de la faim dËs son
premier jour de dÈtention. Elle est remise en libertÈ le 1er aošt.

Journalistes interpellÈs
DÈbut fÈvrier 2000, Evgueny Rukin, rÈdacteur en chef du bureau de NovaÔa
Gazeta ý Perm (centre de la Russie), est arrÍtÈ et mis en accusation
pour "abus d'autoritÈ". Selon Evgueny Rukin, cette mesure est liÈe ý ses
publications critiques envers le pouvoir. Il est rel’chÈ peu de temps
aprËs.
Le 2 fÈvrier, le journaliste du Times, Giles Whittell, est arrÍtÈ ý
Grozny et interrogÈ au camp militaire de Khankala par les services
spÈciaux russes. Il n'est pas en possession de l'accrÈditation
obligatoire dÈlivrÈe par le commandement russe pour travailler dans
cette rÈgion. Il est finalement rel’chÈ et reconduit ý Moscou, le 3
fÈvrier.
En mai, les forces de sÈcuritÈ russes arrÍtent Vakha Dadulagov,
rÈdacteur en chef du journal tchÈchËne Ichkeria, considÈrÈ comme
"l'organe officiel du gouvernement rebelle". Vakha Dadulagov est accusÈ
"d'incitation ý la haine raciale". Les imprimeries du journal sont
dÈtruites.
Le 5 aošt, un journaliste japonais, Masaaki Hayachi, et une collËgue
russe, Kheda Saratova, sont arrÍtÈs par les forces fÈdÈrales russes lors
du contrÙle du vÈhicule qui les transporte de Nazran, en Ingouchie, vers
Grozny. Le journaliste japonais est priÈ de regagner Moscou pour dÈfaut
d'accrÈditation. Sa collËgue russe est libÈrÈe aussitÙt.
Le 5 septembre, Rouslan MoussaÔev, cameraman tchÈtchËne pour l'agence
Associated Press, est arrÍtÈ lors d'un contrÙle, au motif qu'il n'est
pas enregistrÈ comme rÈsident de Grozny, puis conduit ý la base
militaire de Khankala. Il est violemment frappÈ par des soldats russes
et dÈtenu toute une nuit au fond d'un puits situÈ prËs de la base
militaire de Khankala avec quatre autres prisonniers tchÈtchËnes. Il est
reconduit le lendemain par l'armÈe ý la frontiËre avec l'Ingouchie, o˜
il est rel’chÈ.

Journalistes agressÈs
Le 26 janvier 2000, Dmitry Bykov, correspondant de l'hebdomadaire
Sobesednik, est brutalement agressÈ prËs de son lieu de travail par deux
individus non identifiÈs. Quelques jours plus tard, il reÁoit des
menaces de mort par tÈlÈphone. Le journaliste et ses collËgues lient
cette agression aux articles politiques qu'il a publiÈs.
Le 3 mars, Roman Perevezentsev, journaliste de la chaÓne publique russe
ORT, est contraint, par des hommes en armes masquÈs, de remettre une
cassette vidÈo tournÈe ý Mozdok (OssÈtie du Nord) lors de l'arrivÈe de
cadavres de policiers russes tuÈs dans une embuscade, la veille, ý
Grozny. Le cameraman qui l'accompagne est frappÈ et la cassette brisÈe.
En juillet, Andrei Bars, du journal Uralsky rabochy, est agressÈ alors
qu'il effectue un reportage dans la ville de Kachkanar. Le journaliste
interrogeait les habitants, victimes d'un gangster local, lorsque deux
hommes, qui l'avaient suivi toute la journÈe, l'ont attaquÈ. Uralsky
rabochy avait publiÈ, dÈbut juillet, une lettre ouverte des habitants de
Kachkanar qui se plaignaient que le bandit soit toujours en libertÈ.
Le 23 aošt, Oleg Safonov, rÈdacteur en chef adjoint de NovaÔa Gazeta
connu pour ses articles critiques envers les autoritÈs locales, est
agressÈ ý son domicile par deux inconnus qui le frappent ý la tÍte avec
un objet lourd.
Le 30 septembre, Sergey Amelin, journaliste d'investigation qui avait
publiÈ plusieurs articles trËs critiques envers la gestion du gouverneur
de la RÈpublique de Khakassie (au nord de la Mongolie) et avait ÈtÈ
menacÈ ý plusieurs reprises, est attaquÈ ý l'arme blanche et griËvement
blessÈ.
Le 2 octobre, AlexeÔ Charovski, rÈdacteur en chef de la radio
indÈpendante Echo de Rostov, est agressÈ ý l'arme blanche par deux
inconnus ý Rostov-sur-le-Don (sud de la Russie). La radio fait partie du
groupe de presse privÈ Media-Most. Les causes de cette agression n'ont
pas ÈtÈ ÈlucidÈes.
Le 14 octobre, Magomet TekeÔev, rÈdacteur en chef du quotidien GorskiÔe
Vedomosti, est violemment frappÈ ý coups de massue et avec un sac rempli
de vis et d'Ècrous, devant son domicile de Tcherkesk, la capitale de la
RÈpublique de KaratchaÔevo-Tcherkessie. Les collËgues de M. TekeÔev
estiment que cette agression est directement liÈe ý son activitÈ de
journaliste, celui-ci ayant, ý plusieurs reprises, dÈnoncÈ dans ses
articles la corruption dans les sphËres dirigeantes de la RÈpublique.
Le 16 dÈcembre, Oleg LouriÈ, journaliste pour l'hebdomadaire NovaÔa
Gazeta, est agressÈ par des inconnus, devant son domicile ý Moscou. Le
journaliste dÈclare que ses agresseurs l'ont battu "mÈthodiquement ý
coups de pied". Il ajoute que, depuis la veille, il se sentait surveillÈ
car il avait exprimÈ son soutien au groupe Media-Most sur la chaÓne de
tÈlÈvision NTV, et accusÈ les autoritÈs de "faire pression sur le
groupe". Le journaliste a Ègalement publiÈ plusieurs articles dÈnonÁant
des affaires de corruption.

Journalistes menacÈs
En janvier 2000, Mikhail Eliseev, correspondant du Moskovsky
Komsomolets, reÁoit des menaces de mort, suite ý la publication
d'informations sur la corruption rÈgnant dans le district de Penza,
situÈ au sud-est de Moscou. Il avait ÈtÈ sauvagement battu le 30
dÈcembre 1999 par des miliciens locaux lui reprochant d'avoir dÈnoncÈ la
participation de leur organisation dans ce systËme de corruption.
En janvier, le journaliste Alexander Khinshtein, connu pour ses enquÍtes
sur la corruption du gouvernement et de la police dans le quotidien
Moskovski Komsomolets, est menacÈ d'enfermement dans un hÙpital
psychiatrique pour falsification d'un permis de conduire. Le 17 fÈvrier,
le ministËre de l'IntÈrieur annule les charges qui pËsent sur le
journaliste et Ècarte l'idÈe d'un possible internement.
Le 21 novembre, la section militaire de la Cour suprÍme russe dÈcide de
renvoyer Grigory Pasko devant le tribunal militaire de Vladivostok. Le
capitaine Grigory Pasko, correspondant du journal de la marine Boevaya
Vakhta, et collaborateur du quotidien japonais Asahi et de la chaÓne de
tÈlÈvision NHK, a ÈtÈ emprisonnÈ le 20 novembre 1997. Grigory Pasko
Ètait accusÈ "d'avoir recueilli des secrets d'Etat dans le but de les
transmettre ý des organisations ÈtrangËres". Alors correspondant de
Boevaya Vakhta ý bord du pÈtrolier russe TNT 27, il avait filmÈ des
scËnes de dÈversement de dÈchets radioactifs liquides en mer du Japon.
Ces images diffusÈes par la tÈlÈvision japonaise NHK sans son accord,
avaient suscitÈ de vives rÈactions au Japon. Le 20 juillet 1999 (cf.
rapport 1999 et 2000), il avait ÈtÈ condamnÈ par le tribunal militaire
de Vladivostok ý trois ans de prison pour "abus de fonctions". Ayant
purgÈ les deux tiers de sa peine, Grigory Pasko avait ÈtÈ remis en
libertÈ en vertu d'une loi d'amnistie. AccusÈ de "haute trahison" et
"d'espionnage", il risquait une peine de douze ý vingt ans de prison.

Pressions et entraves
Le 23 janvier 2000, une Èquipe de la chaÓne privÈe de tÈlÈvision NTV est
sanctionnÈe par le service de presse du gouvernement russe qui refuse
qu'elle se joigne ý un voyage en hÈlicoptËre en TchÈtchÈnie organisÈ
pour la presse. La chaÓne avait diffusÈ, la veille, un reportage de son
correspondant sur le front est, Iouri Lipatov, informant que les combats
pour la reprise d'Argoun (est du pays) avaient fait une cinquantaine de
morts dans le camp russe.
Le 10 fÈvrier, le FSB confisque le matÈriel d'Anne Nivat, envoyÈe
spÈciale en TchÈtchÈnie des quotidiens franÁais Ouest-France et
LibÈration. Le propriÈtaire de la maison o˜ elle logeait, ý Novye Atagui
(sud de Grozny), est arrÍtÈ. Le FSB procËde ý la saisie des notes, de
l'appareil photographique, du carnet d'adresses ainsi que des moyens de
communication de la journaliste. Anne Nivat est enregistrÈe auprËs du
ministËre des Affaires ÈtrangËres, mais ne dispose pas de
l'accrÈditation dÈlivrÈe par l'Ètat-major des troupes fÈdÈrales du
Caucase du Nord pour travailler en TchÈtchÈnie. InterrogÈe sur son
activitÈ en TchÈtchÈnie par un inspecteur du parquet gÈnÈral puis par un
autre du FSB, la journaliste se voit remettre un reÁu lui promettant que
ses documents lui seront rendus avant le 1er mai 2000. Elle est rel’chÈe
mais placÈe sous surveillance jusqu'ý son dÈpart pour Moscou le
lendemain.
Le 15 mars, la radio amÈricaine Radio Free Europe/Radio Liberty accuse
les autoritÈs russes de chercher ý intimider son antenne russe, Radio
Svoboda. Le ministËre russe de líInformation exige en effet de recevoir
le script de toutes les Èmissions du 15 fÈvrier au 15 mars.
Le 15 mars, en pleine campagne Èlectorale, un pirate informatique, ayant
accËs au disque dur des ordinateurs de líhebdomadaire NovaÔa Gazeta,
dÈtruit l'intÈgralitÈ du numÈro ý paraÓtre. Selon la rÈdaction, celui-ci
contenait des rÈvÈlations sur le financement de l'Èlection
prÈsidentielle.
Le 28 mai, la marionnette de Vladimir Poutine de l'Èmission satirique
"Koukly" de la chaÓne de tÈlÈvision privÈe NTV, est retirÈe ý la demande
du Kremlin. Selon M. Kisselev, l'un des dirigeants de la chaÓne, NTV
aurait reÁu l'assurance, en Èchange de ce retrait, de "pouvoir
travailler tranquillement".
Le 13 juin, Vladimir Goussinski, le propriÈtaire du groupe de presse
d'opposition Media-Most, est arrÍtÈ ý Moscou, alors qu'il est entendu
par le parquet dans le cadre d'une enquÍte concernant des Ècoutes
tÈlÈphoniques. Il est accusÈ "de vol et d'abus de pouvoir". Vladimir
Goussinski avait appelÈ ý voter pour le rÈformateur Grigori Iavlinski,
opposant ý Vladimir Poutine, ý l'Èlection prÈsidentielle de mars
dernier. La chaÓne de tÈlÈvision NTV et la station de radio Echos de
Moscou, appartenant au groupe, ont dÈnoncÈ ý plusieurs reprises la
corruption dans le pays et proposÈ un regard diffÈrent sur le conflit en
TchÈtchÈnie, en diffusant des tÈmoignages de victimes. Le quotidien
Sevodnia, Ègalement propriÈtÈ de Media-Most, a publiÈ une sÈrie
d'articles sur l'ascension politique de certains responsables du Service
fÈdÈral de sÈcuritÈ (FSB, ex-KGB). Le 16 juin, Vladimir Goussinski est
inculpÈ de "privatisation frauduleuse" et d'"escroquerie", incarcÈrÈ
puis libÈrÈ ý condition de ne pas quitter le pays. Le 28 juin, Igor
Malashenko, l'un des principaux collaborateurs de Vladimir Goussinski,
est interpellÈ puis rel’chÈ quelques heures plus tard. Le 11 juillet,
les locaux de NTV, ainsi que le siËge de Media-Most, sont de nouveau
perquisitionnÈs par le FSB. Le 27 juillet, le parquet gÈnÈral russe
annonce ý Vladimir Goussinski que l'enquÍte qui le concernait est close,
"en l'absence de charge". La mesure d'assignation ý rÈsidence et la mise
sous sÈquestre de ses biens sont levÈes. Vladimir Goussinski quitte la
Russie. Il aurait ÈtÈ libÈrÈ, suite ý la signature, en juillet, d'un
accord secret avec le groupe gazier public Gazprom, principal crÈancier
de Media-Most. Ce texte garantissait l'abandon des poursuites
judiciaires contre la cession du groupe de presse ý la compagnie d'Etat.
Vladimir Goussinski dÈnonce l'accord en septembre, et rend public
l'accord paraphÈ par le ministre russe de la Communication, MickaÔl
Lesin. Vladimir Goussinski est ý nouveau arrÍtÈ, le 12 dÈcembre, en
Espagne, suite ý l'Èmission d'un mandat d'arrÍt international par le
procureur gÈnÈral adjoint de Russie, pour "escroquerie ý grande
Èchelle", puis libÈrÈ quelques jours plus tard dans l'attente d'une
dÈcision de la justice espagnole sur son Èventuelle extradition.
Le 22 aošt, aprËs la diffusion par ORT díune Èmission critique sur les
opÈrations de sauvetage qui ont suivi le naufrage du sous-marin ´ Koursk
ª, les cassettes vidÈo de la chaÓne sont confisquÈes.
Le 31 aošt, le gÈnÈral Manilov, chef du commandement militaire unifiÈ de
Russie, annonce qu'il prend "personnellement la responsabilitÈ" de
priver deux journalistes de l'ORT, Vadim Chelikov et Vladimir Agafonov,
d'accrÈditation pour travailler sur le territoire tchÈtchËne.
Le 9 septembre, l'ORT supprime "Vremia", l'Èmission du journaliste
vedette SergueÔ Dorenko. Selon M. Dorenko, ce retrait est liÈ ý
l'affaire du sous-marin Koursk, le journaliste ayant vivement critiquÈ
l'attitude du pouvoir lors de cette tragÈdie.
Le 11 septembre, le district militaire de Vologodskaya reÁoit l'ordre du
ministËre de la DÈfense et du ministËre de l'IntÈrieur de contrÙler
toutes les informations publiÈes par la presse locale sur la
TchÈtchÈnie.
Le 27 octobre, ý Moscou, dÈbutent les auditions pour le procËs intentÈ
par le procureur gÈnÈral Vladimir Ustinov, contre le directeur gÈnÈral
de la chaÓne de tÈlÈvision privÈe NTV, Yevgeny Kiselyov, et patron de
l'hebdomadaire d'information Itogi. Yevgeny Kiselyov a programmÈ sur sa
chaÓne, en juillet et septembre 2000, des reportages sur le luxueux
appartement de Vladimir Ustinov qui lui est fourni par le gouvernement
et dont il ne paie pas le loyer. Le procureur gÈnÈral demande ý la cour
de "dÈfendre son honneur et sa dignitÈ," et d'enjoindre au journaliste
et ý la chaÓne NTV de retirer publiquement leurs accusations.
Durant la semaine du 10 au 17 novembre, les services de sÈcuritÈ russes
(FSB) interrogent le personnel de l'hebdomadaire privÈ Versiya ý propos
de photos publiÈes en octobre, qui montraient la collision du sous-marin
Koursk avec un sous-marin amÈricain. Le 17 novembre, des documents sont
saisis. Le 10 novembre, des employÈs du FSB avaient dÈjý confisquÈ
l'ordinateur du journaliste responsable des enquÍtes, Dmitri Filimonov,
qui avait ÈtÈ interrogÈ, pendant quatre heures, afin qu'il avoue de qui
il avait obtenu cette photo.
Le 5 dÈcembre, les employÈs du journal de Vladivostok Narodnoye Veche
sont empÍchÈs d'entrer dans leurs locaux par des fonctionnaires de la
ville, accompagnÈs d'agents de sÈcuritÈ d'une compagnie privÈe. La
rÈdactrice en chef, Maria Solovyenko, et trois journalistes rÈussissent
ý pÈnÈtrer dans les lieux en cassant une fenÍtre. Maria Solovyenko est
frappÈe, et du matÈriel informatique est endommagÈ. D'aprËs la
rÈdactrice en chef, l'administration municipale veut punir le journal
pour un article paru rÈcemment, accusant les dirigeants de la ville de
dÈtournement de fonds publics.
Le 30 dÈcembre, une Èquipe de la tÈlÈvision RTR est attaquÈe par des
inconnus alors qu'elle quitte l'aÈroport de Sheremetievo, ý Moscou. Elle
venait de faire un reportage sur les six cents touristes ý destination
de la ThaÔlande et Bali, retenus ý l'aÈroport pendant deux jours. Les
journalistes trouvent un pneu crevÈ quand ils retournent au parking.
Alors qu'ils partent, deux voitures les arrÍtent sur la route. Les
journalistes sont menacÈs avec des armes, le cameraman est frappÈ et une
camÈra, des bandes de films et des tÈlÈphones portables leur sont
dÈrobÈs.


Nouveaux ÈlÈments sur des journalistes tuÈs ou enlevÈs avant 2000
Le 13 janvier 2000, Dmitri Balbourov, un journaliste de l'hebdomadaire
russe Moskovskie Novosti est libÈrÈ aprËs avoir ÈtÈ retenu en otage plus
de trois mois en TchÈtchÈnie. Il avait ÈtÈ kidnappÈ, le 4 octobre 1999,
lors d'un reportage ý Nazran (Ingouchie), puis conduit en TchÈtchÈnie o˜
il a subi de mauvais traitements.
Le 21 janvier, le tribunal de Moscou acquitte les individus
comparaissant pour un attentat, en novembre 1995, dans le cimetiËre de
Kotliakovskoe, au cours duquel deux journalistes avaient ÈtÈ tuÈs.
Le 12 juin, Brice Fleutiaux, photographe franÁais free-lance dÈtenu en
TchÈtchÈnie depuis plus de huit mois, est libÈrÈ. Il indique avoir ÈtÈ
rel’chÈ ý l'issue de nÈgociations et sans opÈration militaire. Selon ses
dires, aucune ranÁon n'aurait ÈtÈ versÈe, mais il aurait ÈtÈ ÈchangÈ
contre la libÈration d'un soldat tchÈtchËne. Il estime avoir bÈnÈficiÈ
de conditions de dÈtention correctes, aprËs un premier mois difficile.
Le 1er octobre 1999, aprËs avoir pÈnÈtrÈ en TchÈtchÈnie par la frontiËre
gÈorgienne, le photographe est enlevÈ, dans la capitale Grozny, par une
bande armÈe. DÈtenu pendant un mois ý ChatoÔ, il est ensuite ÈvacuÈ vers
les montagnes du Sud alors que les troupes russes avancent, puis remis ý
un autre groupe tchÈtchËne. Il restera dans les montagnes jusqu'ý sa
libÈration, en changeant rÈguliËrement de repaire. Selon le conseiller
du Kremlin pour le conflit tchÈtchËne, SergueÔ Iastrjembski, l'histoire
de Brice Fleutiaux servira "d'avertissement aux autres journalistes qui
veulent pÈnÈtrer en TchÈtchÈnie de la mÍme faÁon". Sa libÈration a
permis au Kremlin d'organiser une vÈritable opÈration de communication
politique. Le jour de sa libÈration, ý la veille d'une tournÈe
europÈenne, le prÈsident russe reÁoit Brice Fleutiaux au Kremlin pour un
entretien tÈlÈvisÈ de trente minutes et lui remet une cassette vidÈo
rÈalisÈe par les services secrets russes sur "le marchÈ aux esclaves en
TchÈtchÈnie".
Le procËs sur l'assassinat du journaliste Dmitri Kholodov s'ouvre le 9
novembre ý Moscou. Ce journaliste, qui travaillait pour le quotidien
populaire Moskovski Komsomolets et enquÍtait sur la corruption dans
l'armÈe russe, avait ÈtÈ tuÈ en 1994 par l'explosion d'une mallette
piÈgÈe censÈe contenir des documents confidentiels qu'il venait de
retirer dans une consigne de gare. La mort de Dmitri Kholodov Ètait
survenue peu avant la prÈsentation devant le parlement russe, d'un
rapport dÈtaillÈ de son enquÍte sur un trafic d'armes organisÈ en
Allemagne de l'Est par de hauts responsables de l'armÈe russe. Le
procËs, qui se tient ý huis clos, a ÈtÈ ajournÈ dËs son ouverture
jusqu'au 14 novembre pour permettre ý la cour militaire d'examiner les
requÍtes des six accusÈs dont quatre officiers. L'ancien chef des
renseignements des troupes aÈroportÈes, le colonel Pavel Popovskikh, un
commandant d'unitÈs de parachutistes, Vladimir Morosov, deux de ses
adjoints, Alexandre Soroka et Konstantin MirzaÔants, le directeur
adjoint d'une agence de gardes du corps, Alexandre Kapountsov et un
homme d'affaires, Konstantin Barkovski sont accusÈs du meurtre du
journaliste. Le rÈdacteur en chef de Moskovski Komsomolets, Pavel
Goussev, avait tout de suite aprËs le meurtre mis en cause les services
de contre-espionnage et le ministre de la DÈfense, le gÈnÈral Pavel
Gratchev (cf rapport 1995 et suivants).






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