Les « îles » isolées du réseau

 

Depuis quelque temps la police d'Etat a mis a l'ouvrage quelques experts pour qu'ils apprennent tout des reseaux informatiques et les controllent de maniere adequat: cela s'appelle la prevention des delits. Avant ils fichaient les tracts, aujourd'hui les pages web. Ils sont jeunes, prepares et alertes, et il est donc impossible de croire que, face a l'ordre d'un magistrat de Vicenza de faire cesser un delie de "diffamation prolongee", ils n'aient pas ete capable de faire autre que d'enlever la prise de l'ordinateur. Si le chef de la police avait besoin de prestation de services et de consultants, les redacteurs de ces pages sont disponibles pour expliquer (gratuitement) comment on doit proceder: on va sur l'adresse incriminee en utilisant un "programme de navigation", on la copie sur un bout de papier, et ensuite, apres etre sorti d'internet, on va sur la dite page, directory apres directory; sur celle-ci enfin on agit grace a la touche "delete", des fois appelee aussi "effacer" ou encore "eliminer". Simplement ca, cinq minutes de travail.

Pour comment elle a ete menee , au contraire, cette operation contre Isole nella Rete est incorrecte, abusive et illegale. En effet, elle cree un dommage bien superieur au "mal" qui voulait etre combattu: s'est comme si on fermer une ville a temps indetermine pour trouver un voleur de mobylette. Un avocat combatif comme le depute Gaetano Pecorella (Forza Italia, NdT. un des avocats du parti de Berlusconi et de Berlusconi en personne) ne manquerait certainement pas d'etre tres actif aupres des personnes subissant ces dommagews pour offrir gratuitement ses services et pour denoncer l'abus des policiers de Bologne. A cette occasion, il demontrera qu'il est toujours de la part des plus faibles, meme quand ils ne sont pas poursuivis pour corruption et abus de biens sociaux. Pour sa part, le ministre Napolitano, voulant rendre evident que les ex-communistes ont a coeur la liberte d'expression , ouvrira une enquete et certainement fera sauter quelqu'un de son poste. Certainement, il donnera des ordres precis pour que dans le futur on ne bloque plus des centaines de publications d'un seul coup. Et peu importe s'il s'agit d'un episode "mineur", c'est des petites choses que se voit le niveau de civisme des forces de l'ordre.

L'episode signale une tendance desormais diffuse et tres preoccupante: les choses qui se passent sur le reseau sont regardees avec un fort suspect et il se cree une sorte de legislation de fait qui punit plus lourdement ce qui arrive sur internet, respectivement a des cas similaires dans la Real Life, dans la "vie reelle". En Italie, comme dans d'autres pays culturellement et technologiquement arrieres, gouvernements et polices voient avec un particulier suspect de toute cette circulation d'idees non officielles, non imprimees, non "proprietaires". Cela vaut pour les pays islamiques, pour la Chine, pour le Vietnam. Mais des pointes de stupide repression sont apparues recemment en Allemagne, toujours grace a des juges d'un autre siecle.

Le magistrat de Vicenza semble appartenir completement a cette culture: et pourtant il aura ete lui aussi un jeune etudiant et ses profeseurs de droit lui auront explique que la liberte d'expression est meme un des droits fondamentaux de la democratie occidentale. Pour cela, tout acte qui l'affaiblit, meme exerce pour la defense d'autres biens importants comme la reputation d'une personne (ou d'une agence de voyages) doit etre pratique avec equilibre et sagesse.

Dans ce cas, il n'y a rien eu de tout cela et on rira bien le jour du proces, si la diffamation se demonterait inexistante. Dans l'attente, aucune poste electronique pour des centaines de personnes, pas de revues, ni groupes de discussion. Paieront les dommages le magistrat de Vicenza et le ministre de l'Interieur. Quant a l'agence Turban Italia, l'invitation a ne pas utiliser ses "services" pour aller en Turquie peut etre seulement relancee, et cette fois en defense de la liberte de communication : des kurdes, des turques et des italiens.

 

Franco Carlini

 

Il Manifesto, mardi 30 juin 1998

 

 

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