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Date Sun, 28 Nov 1999 01:52:41 +0100
Subject globe_l: Le patron de l'OMC "vous parle"...

Le patron de l'OMC "vous parle"...
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Il me semble que l'article qui suit du "sydicaliste" et "travailliste" Mike
Moore, patron de l'OMC, merite d'etre lu en detail, car il resume toute la
demagogie a laquelle nous devons nous attendre de la part de l'OMC dans les
jours qui viennent.

Luis Gonzalez-Mestres




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http://www.lemonde.fr/article/0,2320,32564,00.html
Mis ý jour le samedi 27 novembre 1999



Aller ý Seattle pour aider les plus pauvres
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Les ministres du commerce de plus de cent trente pays se rÈunissent ý
Seattle pour la 3e ConfÈrence ministÈrielle de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC). Ils y commenceront le processus d'Èlaboration de nouvelles
rËgles pour guider le systËme commercial international au XXIe siËcle.
Environ une centaine de ces ministres reprÈsenteront des pays en
dÈveloppement ou des Èconomies en transition, et vingt-neuf d'entre eux
reprÈsenteront les pays les moins avancÈs (PMA), ceux que les Nations unies
classent comme les plus pauvres du monde.

Beaucoup de ces ministres viendront ý Seattle avec peu d'espoir sur ce que
les nouveaux efforts de libÈralisation du commerce pourront apporter ý leur
pays. On peut difficilement les en bl’mer. L'Accord gÈnÈral sur le commerce
et les tarifs douaniers (GATT), qui a prÈcÈdÈ l'OMC, a parfois ÈtÈ qualifiÈ
de ´ club des hommes blancs riches ª. Ce n'Ètait pas totalement immÈritÈ.
Mais l'OMC n'est pas le GATT. Notre systËme, trËs amÈliorÈ, de rËglement
des diffÈrends a donnÈ mÍme aux plus petits de nos gouvernements membres la
possibilitÈ de dÈfendre leurs droits commerciaux sur la base de rËgles
internationalement convenues plutÙt que par l'exercice du pouvoir.

Dans le passÈ, il ešt ÈtÈ inconcevable que le Costa Rica puisse s'opposer
aux Etats-Unis devant un groupe spÈcial international de rËglement des
conflits et obtenir gain de cause. Mais ý l'OMC cela est arrivÈ. Le Chili
et le PÈrou ont traduit l'Union europÈenne devant l'OMC pour un diffÈrend
concernant les coquilles Saint-Jacques et obtenu un rËglement favorable ´
hors tribunal ª.


Il n'en demeure pas moins qu'un grand nombre de pays en dÈveloppement
estiment que la prÈcÈdente sÈrie de nÈgociations commerciales
multilatÈrales, connue sous le nom de ´ cycle de l'Uruguay ª, ne leur a pas
apportÈ les avantages qu'ils escomptaient.

Avec l'ouverture du nouveau cycle de nÈgociations commerciales, qui fera
suite ý la confÈrence ministÈrielle de Seattle, nous pourrons changer cela.
Je lance un appel aux ministres pour qu'ils annoncent ý Seattle leur
intention de supprimer tous les obstacles aux importations en provenance
des pays les moins avancÈs. En acceptant une telle proposition, ils feront
changer d'un seul coup la maniËre dont l'OMC est perÁue dans les pays en
dÈveloppement. Et - plus important encore - ils donneront une chance ý
certains des citoyens les plus pauvres du monde.

J'ai exprimÈ mes vues sur cette question devant les dirigeants de nombreux
pays dÈveloppÈs. Pour Ítre honnÍte, ma proposition n'a pas suscitÈ une
vibrante ovation. BÈatrice Marre, dÈputÈe socialiste franÁaise, a appelÈ ý
ce que les taxes douaniËres sur les produits des pays les moins avancÈs
soient rÈduites ý zÈro. C'est un pas dans la bonne direction. Il est
dommage, cependant, que cette offre ne s'Ètende pas aux produits agricoles,
produits qu'exportent les pays les moins avancÈs et sur lesquels de
nombreux pays industrialisÈs appliquent encore d'importantes taxes. Bien
entendu, je ne sous-estime pas les difficultÈs politiques qu'il peut y
avoir ý supprimer les barriËres protectionnistes dans des secteurs
sensibles comme l'agriculture, les textiles ou la chaussure.

ConsidÈrons un instant que les exportations des pays les moins avancÈs ne
reprÈsentent que 0,25 % du commerce mondial total, ce qui peut
difficilement constituer une menace pour les Èconomies les plus puissantes
du monde. ConsidÈrons aussi qu'en 1998 les importations en provenance des
PMA n'ont reprÈsentÈ que 1,2 % des importations de marchandises de l'UE.
Les importations de l'UE en provenance de l'Afrique, le continent qui
abrite la majoritÈ des pays les moins avancÈs, ont mÍme diminuÈ de 6,8 % en
1998. C'est triste ý dire : les droits de douane moyens appliquÈs par les
pays riches aux produits des pays les plus pauvres sont en fait plus lourds
que ceux qu'ils perÁoivent sur les produits d'autres pays riches. Aux
Etats-Unis et au Canada, par exemple, ces droits de douane sont mÍme
environ deux fois plus ÈlevÈs.

Pour moi, il s'agit lý d'un problËme moral autant qu'Èconomique.

A l'Èvidence, l'accËs aux marchÈs des pays dÈveloppÈs ne peut ý lui seul
rÈsoudre tous les problËmes des pays les moins avancÈs. Il faut aussi
rÈduire le poids de leur dette, et je suis trËs heureux de voir les
initiatives prises en ce sens par les Etats-Unis et d'autres pays du groupe
des Sept. Lorsque des pays dÈpensent pour le remboursement de la dette des
sommes plusieurs fois supÈrieures ý celles qu'ils consacrent ý la santÈ ou
ý l'Èducation, c'est que quelque chose ne va plus.

Les PMA ont aussi besoin de capitaux pour construire leur infrastructure
Èconomique : ils doivent se doter de rÈseaux de tÈlÈcommunications, de
routes, de ponts, de ports et d'usines pour que leurs entrepreneurs
puissent produire et mettre sur le marchÈ des produits qui intÈresseront
les consommateurs occidentaux. Enfin, le capital humain doit Ítre valorisÈ
par l'Èducation aux niveaux primaire, secondaire et universitaire, et les
fonctionnaires des PMA doivent recevoir une assistance technique et une
formation pour leur permettre de participer plus efficacement au systËme
commercial international en connaissant mieux leurs droits dans le cadre de
l'OMC et en apprÈciant mieux leurs besoins au fur et ý mesure que les
nÈgociations progresseront.

Je demanderai aux ministres, ý Seattle, de multiplier par douze notre
budget annuel pour l'assistance technique en le portant ý 10 millions de
francs suisses (6,75 millions de dollars) par an. Somme modeste eu Ègard
aux avantages qu'il y aura pour les gouvernements membres ý ce que toutes
les nations soient aussi impliquÈes et engagÈes que possible dans le cycle
de nÈgociations. Nul n'a intÈrÍt ý ce que des pays acceptent des
arrangements commerciaux compliquÈs qu'ils seront ensuite incapables de
comprendre et qu'ils essaieront dÈsespÈrÈment de modifier.


Pour mieux faire face aux besoins complexes des PMA et assurer leur
intÈgration plus complËte dans le systËme commercial multilatÈral, l'OMC et
cinq autres organisations ont Ètabli, en 1997, le cadre i ntÈgrÈ pour les
PMA. Il est important que cette initiative reÁoive le maximum de soutien
politique ý la rÈunion de Seattle.

L'aide publique au dÈveloppement a fortement diminuÈ dans le monde
dÈveloppÈ. L'ONU avait fixÈ un objectif aux pays riches, en demandant que
les donateurs consacrent 0,7 % de leur PIB ý l'aide aux pays les plus
pauvres. TrËs peu de pays atteignent cet objectif. Les pays sont certes
libres de dÈcider comment ils entendent dÈpenser leur argent.

Mais, lorsque les pays les plus pauvres font montre d'un dÈsir sincËre de
participer au marchÈ mondial, d'adopter un systËme Èconomique ouvert et un
rÈgime commercial libÈral, est-ce trop leur demander que de leur offrir la
possibilitÈ d'amÈliorer leur niveau de vie en les incluant rÈellement dans
le systËme commercial ? Cela a trËs bien rÈussi pour les pays riverains du
Pacifique et les pays d'AmÈrique latine, et peut rÈussir aussi dans
d'autres parties du monde.

Je ne prÈtends pas que l'OMC ou le commerce apporteront toutes les rÈponses
aux graves problËmes du dÈveloppement et de la lutte contre la pauvretÈ.
Mais les organisations internationales et les nations ne devraient-elles
pas faire le maximum pour aider les plus pauvres ý se venir eux-mÍmes en
aide ?

Mike Moore








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