[<--] Indice [-->]

From "nath" <vallet.nathalie@wanadoo.fr>
Date Mon, 29 Nov 1999 01:58:34 +0100
Subject globe_l: Yougoslavie : Les "assassins" prÈsumÈs ne sont pas des inconnus pour la France (IWPR), 26-11-99*

The Institute for War & Peace Reporting
Rapport sur la crise des Balkans Nƒ 97
26 novembre 1999
(traduit par CÈcile Fisler)

LES "ASSASSINS" PRESUMES  NE SONT PAS DES INCONNUS POUR LA FRANCE.

La France a dÈmenti les affirmations serbes au sujet d'un complot franÁais
destinÈ ý assassiner Slobodan Milosevic. Elle aura peut-Ítre plus de
difficultÈs ý expliquer ses liens avec certains des assassins prÈsumÈs
arrÍtÈs
cette semaine. Car il existe vraiment une "French connection".

Par Gordana Igric ý Londres. (Gordana Igric, journaliste primÈe qui a
couvert
la Bosnie et le Kosovo est rÈdactrice associÈe ý l'IWPR).

La plupart des pays occidentaux ont fait peu de cas des affirmations serbes
au
sujet d'un complot d'assassinat franÁais contre le prÈsident yougoslave
Slobodan Milosevic. Le porte-parole du ministËre franÁais des Affaires
ÈtrangËres, FranÁois Rivasseau, a dÈclarÈ que les allÈgations lancÈes par le
secrÈtaire ý l'Information yougoslave Goran Matic, lors d'une dramatique
confÈrence de presse organisÈe le 26 novembre, Ètaient "sans fondement".

De nombreux commentateurs suggËrent que Belgrade tente simplement de
dÈtourner
l'attention des problËmes locaux en inventant des complots Ètrangers. C'est
peut-Ítre le cas. L'accusation principale ne tiendra sans doute pas. Mais
pour
une fois, beaucoup de gens seront peut-Ítre surpris de voir que les
autoritÈs
serbes disent la vÈritÈ, au moins en partie.

Dans les semaines ý venir, les dirigeants franÁais auront peut-Ítre des
difficultÈs ý expliquer les rapports qu'ils entretiennent avec certains des
cinq hommes arrÍtÈs par les autoritÈs yougoslaves en novembre et
particuliËrement avec deux d'entre eux, Jugoslav Petrusic et Milorad
Pelemis.

Car il existe en effet une French connection.

Le personnage principal est Jugoslav Petrusic., un Serbe du Kosovo. Connu
sous
le nom de Colonel "Yugo Dominilk", il a d'abord attirÈ l'attention
internationale en 1997, quand il a acquis sa notoriÈtÈ en servant de
mercenaire
au PrÈsident Mobutu Sese Seko du ZaÔre. Son histoire a ÈtÈ largement
rapportÈe
par la presse mondiale, y compris  par le New York Times.

Lors de sa confÈrence de presse, Matic a dÈclarÈ que certains des hommes
arrÍtÈs avaient formÈs 180 mercenaires serbes de Bosnie pour qu'ils se
battent
pour Mobutu, contre les rebelles de Laurent Kabila. Il a aussi affirmÈ que
Philip Perrette, directeur commercial de la firme franÁaise Geolink, avait
organisÈ l'opÈration. (InterrogÈe, la firme Geolink a refusÈ de commenter
l'article).

En 1997, les journaux franÁais Ètaient remplis d'histoires au sujet du
soutien
du gouvernement franÁais ý Mobutu. Les autoritÈs franÁaises ont dÈmenti
avoir
ÈtÈ impliquÈes dans le conflit au ZaÔre (aujourd'hui RÈpublique dÈmocratique
du
Congo), mais il a ÈtÈ dit que la France avait rompu un accord avec la
Belgique
et les Etats Unis qui prÈvoyait de ne pas envoyer d'aide militaire ý ce
pays.

Geolink, une firme fabricant des tÈlÈphones portables, aurait organisÈ le
transport des mercenaires serbes. Mais les accusations vont plus loin. Un
homme
d'affaires serbe bosniaque bien connu a dÈclarÈ, sous couvert de l'anonymat,
que Perrette et Geolink travaillaient effectivement sous les ordres des
services secrets franÁais.

En 1997, lors d'une interview accordÈe dans le bureau de Belgrade du
reprÈsentant de la  Republika Srpska (RS), cet homme d'affaires a affirmÈ
que
Perrette et Geolink avaient achetÈ des armes aux autoritÈs serbes et les
avaient exportÈes au ZaÔre.

Cet homme a Ègalement dÈclarÈ, qu'en dÈpit des restrictions internationales
sur
la fourniture d'armes ý la Yougoslavie, Geolink avait vendu, en dÈcembre
1996,
des Èquipements militaires modernes aux autoritÈs yougoslaves. Il a expliquÈ
que c'Ètait pendant cette transaction qu'il avait appris l'implication des
services secrets franÁais dans la fourniture clandestine de mercenaires et
d'armes au ZaÔre.

AndrÈ Martinie, un cadre supÈrieur de Geolink, a dÈclarÈ le 2 mai 1997 au
New
York Times que la firme ignorait ý l'Èpoque que Perrette Ètait impliquÈ dans
des opÈrations clandestines par le biais de Belgrade. Mais il a confirmÈ que
Perrette s'Ètait rendu ý plusieurs reprises, pendant le dernier trimestre
1996,
dans la capitale yougoslave.

Il a ajoutÈ que la firme en avait conclu que Perrette Ètait effectivement un
agent des services secrets franÁais. Il a dÈclarÈ d'autre part que Perrette
avait utilisÈ les bons contacts commerciaux de Geolink au ZaÔre comme
couverture pour ses activitÈs clandestines.

Les liens entre la firme et Perrette, l'un des directeurs fondateurs, ont
ÈtÈ
rompus ý cette Èpoque-lý.

L'homme d'affaires serbe bosniaque affirme cependant que Perrette n'est pas
le
seul reprÈsentant de Geolink ý s'Ítre rendu ý Belgrade fin 1996. Il  a
affirmÈ
qu'en octobre 1996, Perrette Ètait venu ý Belgrade accompagnÈ d'un autre
homme
et de Jugoslav Petrusic.

"Le Colonel Yugo Dominik Ètait Ègalement avec eux", a dÈclarÈ l'homme
d'affaires en utilisant le nom de guerre de Petrusic.

"Dominik n'a pas cachÈ le fait qu'il travaillait pour les services secrets
franÁais. J'ai  personnellement vu une photo de lui avec le prÈsident de
l'Èpoque, FranÁois Mitterrand, alors qu'il Ètait son garde du corps", a dit
l'homme d'affaires. Il a ajoutÈ que Petrusic, qu'il avait rencontrÈ pour la
premiËre fois en 1992, avait quittÈ la Yougoslavie lorsqu'il Ètait plus
jeune
et qu'il s'Ètait ensuite engagÈ dans la LÈgion ÈtrangËre franÁaise. Il a
ajoutÈ
que Petrusic lui avait montrÈ les passeports franÁais, belge (Geolink
possËde
une filiale en Belgique) et d'un pays africain, qu'il possÈdait..

"Il voyageait constamment entre Paris et Belgrade et n'avait aucun problËme
de
visas. Au dÈbut, les trois hommes ont affirmÈ qu'ils dÈsiraient faire des
affaires avec la Republika Srpska. Ils ont apportÈ des Ètudes de faisabilitÈ
et
tout semblait extrÍmement sÈrieux", a poursuivi l'homme d'affaires. "J'ai
organisÈ des rÈunions pour eux ý Pale (en RS) et ils sont restÈs jusqu'au
lendemain. Ils sont revenus ý Belgrade et ý Pale en novembre et deux fois en
dÈcembre.

"Ce n'est qu'en dÈcembre que j'ai dÈcouvert ce qui les intÈressait vraiment,
lorsqu'ils m'ont questionnÈ ý propos des soldats de RS qui voulaient partir
au
ZaÔre comme instructeurs. Nous avons parlÈ de cela dans mon appartement. Le
neveu de Mobutu Ètait Ègalement prÈsent".

L'homme d'affaires indique qu'il a organisÈ une rencontre pour eux avec le
chef
de l'Ètat major yougoslave, Momcilo Perisic, au quartier gÈnÈral de l'armÈe
situÈ dans le centre de Belgrade et que plus tard "les hommes se sont vantÈs
d'avoir gagnÈ plusieurs millions de deutschemarks sur le contrat de vente de
quelques vieux Èquipements militaires yougoslaves au ZaÔre".

"Lorsqu'ils ont rÈussi ý vendre quelques armes au gouvernement yougoslave et
ý
organiser le dÈpart des mercenaires, il n'a plus ÈtÈ question
d'investissements
commerciaux en RS. Je ne les ai jamais revus. J'ai laissÈ plusieurs messages
ý
leur firme de Paris, mais on m'a rÈpondu qu'ils Ètaient en voyage
d'affaires",
a-t-il dit.

En 1997, le New York Times a publiÈ un article dÈcrivant les bombardements
journaliers effectuÈs depuis un terrain d'aviation situÈ prËs de Kisangani
au
ZaÔre et exÈcutÈs par des avions yougoslaves pilotÈs par des Ukrainiens. Des
soldats serbes tatouÈs ont formÈ des unitÈs zaÔroises pour leur apprendre ý
utiliser des lance-fusÈes fournis par la Serbie.

Par la suite, les mercenaires yougoslaves de retour d'Afrique ont tÈmoignÈ
dans
plusieurs journaux de Belgrade que trois chasseurs bombardiers de
fabrication
yougoslave, 10 mortiers de calibre 82 mm, 50 mortiers de calibre 60 mm, 1000
fusils automatiques, des grenades, cinq vÈhicules blindÈs et des munitions
avaient ÈtÈ vendus au ZaÔre.

"Yugo Dominik lui-mÍme n'a pas minimisÈ son rÙle. Comme il l'a dÈclarÈ ý un
journal de Belgrade: "La  RÈpublique fÈdÈrative de Yougoslavie (RFY) et
toutes
ses autoritÈs savaient o˜ j'Ètais depuis le dÈbut et il n'y a pas eu de
conspiration, ni d'activitÈs illÈgales. Ils me connaissent bien".

Si bien en fait, que, selon l'homme d'affaires serbe bosniaque, Petrusic se
trouvait sur le mÍme avion que Milosevic en dÈcembre 1995, lorsque ce
dernier
est rentrÈ de Paris aprËs la signature officielle des accords de paix de
Dayton. Petrusic  fait allusion ý Perrette en l'appelant "mon ancien
partenaire", et "un grand ami de la RFY et du peuple serbe". Il a confirmÈ
avoir servi de lien pour les ventes d'Èquipement militaire  pour le compte
de
Perrette.

Cependant, on ne se souvient pas de Petrusic comme Ètant un ami du Congo.
Selon les dÈclarations de certains tÈmoins ý Kisangani, citÈs dans de
nombreux
journaux internationaux, cet homme brun, musclÈ et colÈreux aurait
personnellement torturÈ des dizaines de prisonniers  ý l'aide de dÈcharges
Èlectriques et de baÔonnettes. Peu de temps avant  que la ville ne tombe
sous
l'assaut des rebelles de Kabila, 19 prisonniers ont ÈtÈ emmenÈs et on n'a
plus
jamais entendu parler d'eux.

Alors que l'histoire des mercenaires yougoslaves au ZaÔre/Congo a attirÈ
ÈnormÈment l'attention, cela n'a pas ÈtÈ le cas du bras droit de Petrusic
impliquÈ dans le recrutement des mercenaires et diverses actions. Il s'agit
d'un homme connu sous le nom de "Misha" ou  Milorad Pelemis, un des hommes
dÈtenus avec Petrusic par les autoritÈs yougoslaves.

Le SecrÈtaire ý l'Information  Matic a expliquÈ hier que les hommes arrÍtÈs
Ètaient membres de la 10iËme unitÈ de Commandos en RS et qu'ils Ètaient
responsables du massacre des Bosniaques ý Srebrenica.

Matic a encore raison. Pelemis Ètait le commandant de l'unitÈ de choc des
Serbes bosniaques qui ont participÈ au massacre de Srebrenica en juillet
1995,
qui a ÈtÈ la plus grande exÈcution de civils depuis la seconde guerre
mondiale.

Le nom de Pelemis a ÈtÈ citÈ au Tribunal PÈnal international de La Haye pour
l'ex Yougoslavie pendant le procËs de Drazen Erdemovic, un membre de son
unitÈ.
Erdemovic a admis avoir tuÈ plus de 70 Musulmans non armÈs ý Srebrenica et
il a
ÈtÈ condamnÈ ý dix ans de prison  (rÈduits par la suite ý 5 ans) par le
Tribunal.

Matic n'a cependant pas mentionnÈ que Pelemis, qui possËde un appartement ý
Belgrade, Ètait trËs proche des services serbes de sÈcuritÈ de l'Etat. Selon
ses anciens soldats, il en Ètait assez proche pour pouvoir arranger le
dÈpart
par avion, depuis l'aÈroport de Belgrade, des mercenaires munis de faux
papiers.

Dans un restaurant sombre et enfumÈ de Bijeljina, dans l'est de la Bosnie,
les
mercenaires serbes rentrÈs peu avant du ZaÔre  tous anciens membres de la
10iËme
UnitÈ de commandos -  ont dÈclarÈ au journaliste pendant l'ÈtÈ 1997, que
Pelemis Ètait leur chef. Ils ont confirmÈ que Pelemis avait collaborÈ avec
les
services de sÈcuritÈ de l'Ètat serbe pour se procurer des passeports
yougoslaves et des certificats de vaccination.

On n'a plus entendu parler de Pelemis et de Petrusic/Dominik jusqu'aux
rÈvÈlations de Matic au sujet de leur rÙle au Kosovo. Selon Matic, les
membres
du  groupe servaient de volontaires pendant les frappes aÈriennes de l'OTAN
et
ils ont commis des crimes contre des Albanais.

Matic affirme qu'une partie du groupe se trouve dÈsormais au MontÈnÈgro o˜
ils
servent dans des unitÈs spÈciales sous le contrÙle de Milo Djukanovic, le
prÈsident du MontÈnÈgro.  Etant donnÈ que Pelemis et Petrusic ont une
histoire
chargÈe,  il est possible que la raison essentielle de leur arrestation soit
que le gouvernement souhaite  les garder prudemment  sous clÈ.

Et Ègalement ÈloignÈs du Tribunal de La Haye, o˜ leur tÈmoignage pourrait
causer beaucoup de tort ý Milosevic et ý ses associÈs.


----------------------------------------------------------------------------
-----------
Balkan Crisis Report
The Institute for War & Peace Reporting
Lancaster House, 33 Islington High Street, London N1 9LH, United Kingdom
Tel: (44 171) 713 7130; Fax: (44 171) 713 7140
E-mail:info@iwpr.org.uk; Web: http://www.iwpr.net
Les opinions exprimÈes dans le "Balkan Crisis Report" sont celles des
auteurs,
elles ne reflËtent pas nÈcessairement celles de la publication ou de l'IWPR
Copyright (C) 1999 The Institute for War & Peace Reporting

© Tous droits rÈservÈs Le Courrier des Balkans.
----------------------------------------------------------------------------
-------------
Le Courrier des Balkans
SÈlection d'articles traduits en franÁais de la presse indÈpendante
des Balkans
Informez-vous :
http://bok.net/balkans/
balkans@bok.net
TÈl/fax : 01-47-97-55-23






                               -

                               -

G            L            O            B           E

 - - - - - - - - - - - -

european counter network
contact e-mail : samizdat@ecn.org
www.ecn.org/samizdat
envoi de messages sur la liste :  globe_l@ecn.org
archives web : www.ecn.org/lists/globe_l

[<--] Indice [-->]