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Date Sat, 18 Dec 1999 05:06:26 +0100
Subject globe_l: Au Bresil la question sociale est affaire de police

	Au BrÈsil la question sociale est affaire de police
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Au BrÈsil de cette fin du siËcle, la question sociale est redevenue une
affaire de police, et la douleur des gens invariablement continue ý ne pas
apparaÓtre dans la presse. A l'aube, Samedi dernier (27/11), le gouverneur
de l'Etat du Parana, Jaime Lerner (PFL-parti du Front LibÈral), a lancÈ une
Ènorme opÈration rÈpressive contre les travailleurs sans terre. Les mesures
de rÈpression incluaient l'expulsion massive des familles, le transport
forcÈ vers des rÈgions trËs ÈloignÈes, l'intimidation avec des armes ý feu,
la confiscation des biens. Cette opÈration est une vÈritable trahison car
des accords avaient ÈtÈ pris auparavant  avec les victimes. Des menaces
d'actions encore bien pires sont faites ouvertement, dans un Ètat o˜ la
police militaire et les milices des latifundiaires agissent souvent de
concert et o˜ divers assassinats ont eu lieu ces derniers mois.

Le nombre de ces ÈvËnements n'a pas, jusqu'ý aujourd'hui, Èmu la "grande"
presse, plus intÈressÈe par des futilitÈs comme la Commission d'enquÍte sur
le trafic de drogue. Les informations sont cachÈes aux lecteurs ou
diffusÈes parmi le flot quotidien des faits divers.

Oreilles sourdes, mains de fer

Et pourtant, il est trËs difficile de fermer les yeux et de faire semblant
de ne pas savoir. Car des faits extrÍmement graves se passent dans le
Centre Civique de Curitiba (capitale du Parana), juste en face du Palais
IguaÁu, siËge du Gouvernement du Parana. Il y a prËs de 6 mois, des membres
du Mouvement Sans Terre y ont installÈ leur campement, espÈrant que le
Gouverneur Ècoute leurs revendications et prenne des dÈcisions simples,
comme celle de l'attribution des lots de terre et de l'ouverture d'une
enquÍte afin de dÈterminer quels sont les responsables des divers actes de
violence pratiquÈs par la police ces derniers mois.

A l'aube de ce samedi, le Gouverneur Lerner, dont les relations
privilÈgiÈes avec  FHC (FHCardoso) sont bien connues, a dÈcidÈ de montrer
que ses oreilles restaient sourdes, mais que ses mains Ètaient de fer. A 3
heures du matin, plus de mille policiers, portant des mitraillettes et
excitant les chiens qui les accompagnaient, ont envahi la place. Ils sont
entrÈs dans les baraques de bois et de plastique, ont pointÈ leurs armes
vers les tÍtes des dormeurs et ont hurlÈ leurs ordres.

Humiliations, coups de pieds et nettoyage.

Il ne suffisait pas d'expulser, il fallait aussi humilier. Ordre fut donnÈ
aux expulsÈs de se mettre en file indienne. Furent Ègalement dÈtruits, ý
l'aide des bulldozers, les deux symboles du courage humain face au pouvoir
: le potager et la boulangerie communautaire, que les habitants du camp
avaient construits. On les forÁa ý entrer dans des bus, les obligeants ý
laisser derriËre eux les tentes et tout ce qu'elles contenaient : leurs
documents, le matÈriel scolaire, leurs photos, leur argent, leurs matelas.
Les dirigeants des comitÈs de dÈfense populaire qui se dirigeaient vers le
lieu furent agressÈs. La police conseilla ý  L'avocat de la Commission des
Droits de l'Homme de l'Etat, Darci Frigo, de ne pas se mÍler de cette
histoire. Comme il insistait, Darci Frigo fšt arrÍtÈ, les mains attachÈes
derriËre le dos, frappÈ ý coups de pieds et coups de matraque. L'ÈvÍque Dom
Ladislau Biernaski, vice-prÈsident de la Commission Pastorale de la Terre
(CPT), lui aussi fut empÍchÈ de s'approcher de la place. Une Èquipe de
nettoyeurs, formÈe des heures auparavant, Ètait prÈsente, afin qu'il ne
subsiste aucune trace du campement.

Nous nous reverrons bientÙt !

On forÁa les Sans Terre ý entrer dans les bus et des heures plus tard ils
furent abandonnÈs bien loin dans l'intÈrieur de l'Ètat, ý des kilomËtres de
la Capitale, et souvent bien plus loin encore de leur lieu d'origine.
Pendant le trajet, les policiers les ont menacÈs de nouveaux actes de
violence. Une phrase revenait constamment : Attention ! nous nous reverrons
bientÙt ! AprËs l'opÈration, les menaces ont continuÈ et d'autres ont ÈtÈ
profÈrÈes contre divers campements de Travailleurs Sans Terre.

Parana, un Ètat sans loi !

La tentative d'intimidation est Èvidente, car cela fait des mois que le
Parana est devenu l'un des Ètats o˜ la violence policiËre contre les
mouvements sociaux est la plus brutale. Rien que cette annÈe, d'aprËs les
donnÈes de la CPT (commission pastorale de la terre) ont ÈtÈ perpÈtrÈs
contre les Sans Terre deux assassinats, trois tentatives, vingt menaces,
cinq cas de torture et une sÈquestration. 29 expulsions violentes
atteignirent 2.000 familles et 137 arrestations. La police militaire
(gendarmerie) agit habituellement en association avec les milices formÈes
par les grands propriÈtaires de l'UDR (union de dÈfense rurale).Le climat
de terreur est permanent car les criminels restent impunis.

En faveur de la violence, le silence des mÈdias

Dans un cadre comme celui-ci, le silence de la grande presse couvre et
stimule les crimes. Pour tenter d'Èviter que ceux-ci se rÈpËtent, une
commission formÈe par Dom Tomas Balduino, PrÈsident de la CPT, et par
divers parlementaires, ont rencontrÈ le Gouverneur le lundi suivant. Ce fut
inutile et trËs prÈoccupant car Mr Lerner refusa de reconnaÓtre les abus de
la police militaire. Ce mÍme jour apparut un dÈtail qui rendait encore plus
injustifiable l'opÈration policiËre de Samedi et aggravait encore le risque
d'une autre vague de violence. Plusieurs jours avant ce samedi 27 novembre,
L'INCRA  (le fÈdÈral) et le MST (mouvement sans terre) avaient conclu un
accord qui prÈvoyait la dÈsoccupation du centre civique pour le 30
novembre, en Èchange de l'acceptation de plusieurs revendications. Lerner
refusa de l'admettre. Il prÈtendit que les diffÈrentes "parties" n'avaient
pas ÈtÈ consultÈes. Il est clair qu'il se rÈfÈrait ý l'UDR (l'union de
dÈfense rurale)

Il faut agir rapidement

Lors d'une ITW collective, Dom Tomas Balduino exprima clairement sa
prÈoccupation quant ý ce qui pourrait se passer dans les prochains jours.

La corruption institutionnelle de la police, qui est utilisÈe pour venger
et humilier me laisse trËs perplexe dÈclara-t-il. Il prit la dÈfense des
Sans Terre avec vigueur Contre la barbarie du gouvernement et
l'indiffÈrence des mÈdias il reste pourtant la solidaritÈ des mouvements
sociaux. La CPT et le MST demandent ý tous d'envoyer des messages afin de
faire pression pour rÈpudier le Gouverneur Jaime Lerner  (41-254.2399 ou
guelman-@pr.gov.br ) ainsi que le secrÈtaire de la SecuritÈ publique
C’ndido Manoel Martins de Oliveira (41-352.3070 ext 23, ou ses-@pr.gov.br).
Les Messages de solidaritÈ aux trabalhadores et ý l'advocat Darci Frigo
peuvent Ítre envoyÈs ý l'adresse de la CPT-PR (41-224.7433, ou
cptp-@softone.com.br ).

Traduction du Resenha da Internet Greta van den bempt, correspondante Du
Grain de sable ý Porto Alegre- BrÈsil

-- "Ceterum censeo capitalismum esse delendum"







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