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Date
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Sat, 18 Dec 1999 04:52:33 +0100
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Subject
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globe_l: Belgique - Coalition couleur fiente
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Coalition couleur fiente
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La Promesse du gouvernement : encore beaucoup de Rosetta et SÈmira ! AprËs
la victoire Èlectorale des Verts, le mouvement social est estomaquÈ par la
dÈfaite de ses revendications relayÈes principalement par ECOLO. L'accord
du gouvernement fÈdÈral donne la part belle aux chantres de l'Èconomie et
du marchÈ. Domine l'Èloge du bon gestionnaire, celui-lý mÍme qui a coulÈ
les socialistes, qu'on retrouve pourtant aux affaires. Une dÈclaration o˜
on ne peut dÈceler aucune avancÈe majeure sur la question sociale tant cÙtÈ
sans emploi que sans papier.
ECOLO Ètait le seul ý dÈfendre un projet de sociÈtÈ progressiste, trËs
"Droit de l'Homme", sans la remise en cause fondamentale du libÈralisme
comme seul mode possible d'organisation sociÈtale. Dans l'opposition, ils
avaient relayÈs les revendications des laissÈs pour compte. Ils avaient
contribuÈ ý des dÈbats essentiels sur les violations rÈpÈtÈes,
structurelles, des droits Èconomiques et sociaux, des droits de l'Homme,
perpÈtrÈes par les administrations chargÈes du contrÙle et de la rÈpression
des pauvres (ONEM, CPAS, Office des Etrangers). Des manquements qui font
craindre pour l'avenir dÈmocratique de la Belgique. DerniËrement, le Setca
"s'est dit trËs dÈÁu du programme gouvernemental qui ne se rÈfËre pas ý nos
prioritÈs. Le dÈtail : Ni loi sur les 35 heures, ni abrogation de la norme
salariale, ni impÙt sur les fortunes, ni arrÍt des privatisations, ni vote
des immigrÈs, ni rÈgularisation massive des sans-papiers, ni arrÍt de la
chasse aux chÙmeurs, ni meilleure protection des libertÈs syndicales..."(1).
Selon Jacky Morael, la patte d'ECOLO dans l'accord passÈ au fÈdÈral se voit
dans "le ton des dÈclarations" et "ý l'insistance rÈpÈtÈe, dans tous les
textes, d'inclure le dÈveloppement durable dans toutes les politiques et de
respecter les engagements internationaux en terme d'environnement "(2). La
rentrÈe sociale s'annonce trËs chaude. Le comitÈ syndical carolo FGTB-CSC
"ChÙmeurs actifs" dÈnonce l'interprÈtation - trËs personnelle - de la
nouvelle loi sur les visites domiciliaires chez les chÙmeurs ÈlaborÈe cet
ÈtÈ par l'ONEM, alors que la Belgique Ètait encore sans gouvernements (3).
Les chÙmeurs carolo rappellent ainsi que les bonnes intentions - ý savoir
les propos trËs "pro-chÙmeurs" tenus par la ministre de l'Emploi Laurette
Onkelinx - doivent se traduire en actes. Et ce qu'ils pointent, et que les
Ecolos avaient soutenu dans l'opposition, c'est le fonctionnement
d'administrations publiques tels l'ONEM ou encore l'Office des Etrangers
qui - vÈritables Etat dans l'Etat - n'hÈsitent pas ý bafouer les droits
ÈlÈmentaires, les droits de l'Homme et la dÈontologie du service public.
Les pratiques de ces administrations sont au c¶ur mÍme des revendications
et du combat menÈs par les sans emploi pour la reconnaissance de leur
citoyennetÈ ý part entiËre. Ces revendications humanistes dÈmontrent ý
suffisance le caractËre dÈsincarnÈ, et dÈshumanisÈ du discours de
l'idÈologie dominante, prÈsent aussi dans l'accord gouvernemental, ý savoir
le salut dans l'emploi, l'activitÈ ý tout prix - ý n'importe quel prix
surtout -, avant le respect des droits Èconomiques et sociaux, et la
dignitÈ humaine. Il faut - paraÓt-il - en bon dÈmocrate, laisser ý un
nouveau gouvernement le temps de faire ses preuves, et - un exemple au
hasard - accorder foi au libÈralisme social de Louis Michel dont on ne
trouve pas trace dans son programme politique !
Rappelons ce que prÙnait le programme du PRL-FDF-MCC : crÈer un impÙt
nÈgatif sur les bas salaires pour rendre mÍme attractif le temps partiel au
salaire minimum garanti ; supprimer totalement les charges patronales sur
les bas salaires ; rÈduire les cotisations patronales et maÓtriser les
salaires. Quant ý l'activation des dÈpenses passives de chÙmage tant vantÈe
par la Commission europÈenne, les Bleus voient en cela un bon moyen de
vÈrifier objectivement la disponibilitÈ ý travailler du chÙmeur. Et ils
refusent Èvidemment l'individualisation du droit au chÙmage parce que c'est
trop cošteux, et impossible ý financer avec la diminution des cotisations
ONSS. Sans oublier le fait que le niveau des salaires seraient trop bas et
proche de ladite allocation.
L'idÈe c'est d'arriver ý contraindre tout le monde ý travailler pas cher et
non de permettre aux "invendus du marchÈ de l'emploi" de se les rouler
"grassement" (entre 13.000 et 35.000 BEF/mois) au frais de la SÈcu. Pauvre
B. Oui, pauvres nous resterons, avec ou sans emploi d'ailleurs ! Car
l'emploi est le credo. C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les
meilleures soupes paraÓt-il ? Rebelotte : la crÈation d'emploi via les
rÈductions de charges patronales, Áa marche toujours. Enfin en thÈorie
seulement car en pratique, plus d'un million de sans emploi attendent
toujours de tirer le bon numÈro. La Loterie Nationale l'a bien compris,
elle, avec son billet "Win for Life", puisqu'elle chiffre ý 40.000 francs
par mois le nirvana de l'inactif, autrement dit la sÈcuritÈ d'existence
dont le "citoyen moyen" peut rÍver. Et, petit tuyau pour les heureux
gagnants, c'est cumulable avec les allocations de chÙmage ! Reste que les
chiffres sont lý, la rÈponse ý la misËre c'est de garantir un revenu ÈlevÈ
ý toute personne privÈe d'un salaire dÈcent (c'est-ý-dire relativement
ÈlevÈ, plus ÈlevÈ que le salaire minimum garanti). Et oui, les chiffres
sont lý, au niveau europÈen, les misÈrables sont d'abord des travailleurs
et des retraitÈs, puis des sans emploi. Et le patronat belge n'a pas tardÈ
ý montrer son incivisme : il est d'accord pour collecter l'argent public
mais pas question d'Ítre contraint en Èchange de crÈer des emplois. Les
chÙmeurs sont bien obligÈs eux de chercher les emplois inexistants que le
patronat, c'est officiel, refuse de crÈer de toute faÁon ! "SurrÈaliste",
dirait Gino. Courageux de la part de la Ministre de l'Emploi Onkelinx
d'oser s'attaquer ainsi frontalement au grand patronatä
Aurait-elle rÈsolu de jouer les dames de fer anticapitaliste aprËs avoir
restructurÈ l'enseignement ? Les socialistes promettaient notamment dans
leur programme de conditionner les rÈductions de charges patronales ý
l'obligations d'embauche sous peine de rembourser l'aide reÁue ; d'imposer
le stage ONEM aux entreprises pour insÈrer les jeunes sortant d'une
formation en alternance; de simplifier les conditions d'accËs au plan de
rÈsorption de chÙmage, et de faciliter l'accËs des minimexÈs aux mesures
pour l'emploi. Et le PS rÈclamait qu'on autorise l'accËs ý son dossier au
minimexÈ, reconnaissant implicitement ce manquement au droit de la dÈfense
et ý la transparence des CPAS ! L'accord de gouvernement perpÈtue pourtant
l'¶uvre de ses prÈdÈcesseurs. Et le glissement continue de "l'Etat de
droit" vers "l'Etat rÈpressif". La poursuite de l'innommable pour des
centaines de milliers d'Ítre humains de toutes les couleurs, sans emploi et
sans papiers, ceux que le syndicaliste FGTB Pasquale Colicchio qualifie
d'"invendus du marchÈ". L'accord fÈdÈral reconnaÓt les engagements
europÈens. Pour les sans emploi, cela signifie la poursuite de
"l'activation-culpabilisation" des allocations sociales. Le discours
dominant induit que la dignitÈ n'existe pas dans l'inactivitÈ. Erreur,
c'est le manque de respect des droits alliÈ ý la faiblesse du revenu qui
crÈe l'indignitÈ, pas le manque d'activitÈ ! Et d'ailleurs, il suffit
d'Ítre actif et crÈatif, en dehors du contrÙle de l'administration pour
Ítre sanctionnÈ et privÈ de ressources, comme cela arrive ý Pascale
Fonteneau, auteure ý succËs de la SÈrie Noire et du Poulpe.
Rappelons tout de mÍme que le patron fraudeur ne se voit jamais privÈ de
ses seuls moyens de subsistance, comme l'est le sans emploi. La dÈclaration
gouvernementale n'intËgre pas des revendications essentielles au mieux-Ítre
de l'allocataire social, par exemple : l'individualisation du droit au
chÙmage (ECOLO crÈait deux situations : le chÙmeur isolÈ et celui avec
charge de famille qui bÈnÈfice d'un taux prÈfÈrentiel) ; l'arrÍt de
l'exclusion du droit au chÙmage et de la limitation du droit dans le temps
; l'arrÍt des visites domiciliaires, des violations du domicile et de la
vie privÈe pour les chÙmeurs et les minimexÈs. CÙtÈ sans papier et centre
fermÈ, les droits humains ne font pas le poids au sein du gouvernement
fÈdÈral, mÍme avec les Verts ! Aux ECOLO d'en tirer les conclusionsä Jacky
Morael : "L'AG a dit : si on y va, c'est pour durer. Si on nous met devant
des dÈcisions inacceptables, c'est Èvident que nous sortirons. Il y va de
l'honneur de n'importe quel parti" (4).
Corine Barella
Publie dans la revue "Politique"
(1) in Le soir 22/9/99
(2) in Le Soir 7/9/99
(3) lire "L'ONEM et ses petits arrangements avec la loi" in AvancÈes,
octobre 1999.
(4) in Le Soir 7/9/99
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