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From Pedro <pedrito@samizdat.net>
Date Thu, 27 Jan 2000 23:53:56 +0100
Subject globe_l: Un commando birman prend un hopital en Thailande

Un commando birman prend un hopital en Thailande

La guerilla karen demande a Bangkok de faire pression sur Rangoon.

Par ARNAUD DUBUS

Le mardi 25 janvier 2000



Un commando d'une vingtaine de combattants de la minorite ethnique Karen et
d'etudiants birmans retient depuis hier en otages environ 500 patients et
membres du personnel d'un hopital thailandais proche de la frontiere. Ce
commando, issu d'un groupe de guerilla empreint de mysticisme baptise
l'"Armee de Dieu", demande notamment l'ouverture d'un "couloir humanitaire"
pour lui permettre d'amener ses blesses dans les hopitaux thailandais. Dans
la soiree, plusieurs centaines de policiers thailandais isolaient le
perimetre du centre hospitalier de Ratchaburi, a 120 km a l'ouest de
Bangkok. Le ministre thailandais de l'Interieur, Sanan Kachornprasat, et le
general Surayudh Chulanont, chef de l'armee thailandaise, continuaient hier
soir a negocier avec le commando.

Les preneurs d'otages, armes de fusils d'assaut M16, sont entres hier vers
16 h 30 dans l'enceinte de l'hopital, dissimules dans un autocar.
Immediatement, ils ont place des bombes a certaines entrees de ce complexe
hospitalier qui s'etend sur plus de 20 km2. Au cours de la journee, ils ont
libere par petits groupes une soixantaine d'otages - femmes enceintes,
enfants et personnes agees. Certains patients quittant l'hopital portaient
d'autres malades, incapables de marcher, sur les epaules. Les policiers
maintenaient une presence discrete, desireux de ne pas enerver les preneurs
d'otages.

C'est la deuxieme fois en quatre mois que les hostilites qui opposent une
dizaine de groupes de guerilla au regime militaire birman sur la frontiere
birmano-thailandaise debouchent sur une crise majeure en territoire
thailandais. En octobre, des etudiants, egalement issus de l'Armee de Dieu,
avaient pris 38 personnes en otages, dont une dizaine d'Occidentaux, au sein
de l'ambassade de Birmanie a Bangkok. Apres vingt-quatre heures de
negociations tendues, les autorites thailandaises avaient satisfait aux
conditions des preneurs d'otages en leur fournissant un helicoptere pour
regagner la frontiere. A l'epoque, Bangkok s'etait felicite d'avoir resolu
cette crise pacifiquement. Le ministere de l'Interieur avait ete jusqu'a
qualifier les preneurs d'otages de "combattants de la democratie", une
phrase que la junte birmane n'a pas encore digeree.

La prise d'otages a l'ambassade avait mis en lumiere cet etrange groupe de
guerilla d'une centaine de combattants qui multiplie les coups de main
contre l'armee birmane depuis 1997. L'Armee de Dieu, une faction issue de la
guerilla Karen, qui lutte depuis 1948 contre le regime centralisateur
birman, est apparue alors que cette guerilla avait ete virtuellement
annihilee par une serie d'offensives de l'armee birmane a la fin des annees
90. Les leaders de l'Armee de Dieu sont des jumeaux de 12 ans, Johnny et
Luther Htoo, qui, aux yeux de leurs compagnons d'armes, sont dotes de
pouvoirs surnaturels, notamment de pouvoir echapper aux balles. A peine plus
hauts que leurs M16, ces enfants n'en sont pas moins devenus rapidement une
legende sur la frontiere birmano-thailandaise. Leur agressivite et leurs
nombreux succes contre les forces birmanes ont pousse les plus combatifs des
guerilleros Karen et des etudiants a les rejoindre. Ils exercent une
autorite incontestee au sein de leur groupe. Aucun element ne permettait
encore de savoir si les jumeaux font partie du commando de preneurs d'otages
a l'hopital.

Dans les derniers jours, les soldats birmans ont lance une offensive majeure
contre le camp de l'Armee de Dieu. Les Thailandais, exasperes d'avoir perdu
quatre hommes tues par une mine, ont aussi commence a pilonner leur camp en
fin de semaine derniere. Prise entre deux feux, ayant subi de lourdes
pertes, l'Armee de Dieu a voulu faire un coup d'eclat pour desserrer l'etau
militaire. Outre l'evacuation de ses blesses, elle exige un arret des
bombardements et demande a Bangkok de faire pression sur Rangoon pour
stopper les combats. Mais il n'est pas sur que les Thailandais soient, cette
fois-ci, aussi conciliants qu'en octobre. "Nous ne devons pas encore leur
pardonner parce que, sinon, ils recommenceront. Nous devons les envoyer face
aux tribunaux, car ils violent les lois internationales", affirmait Boonmark
Sirinavakul, depute de Ratchaburi, hier soir.







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