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Date Tue, 29 Feb 2000 00:52:59 +0100
Subject globe_l: L'aprËs Seattle sera violent ou ne sera pas



LíaprËs Seattle sera violent ou ne sera pas

--> un texte de FYJ

Voilý que les luttes, les batailles menÈes par bien
des gens nous dÈmontre quelque que chose de bien
tangible. LíaprËs Seattle conduit indubitablement ý
une prise de position politique des gens, et cette
prise de position se fait en faveur de líaction qui
peut parfois Ítre violente. Nous voyons ainsi que les
arguments dÈmagogiques des non-violents ne nous
atteignent plus.

Le Sommet de la Jeunesse y Ètait pour quelque chose.
Les manifestations brutalement rÈprimÈes ont du moins
servi ý montrer une chose : la violence peu Ítre
employÈe comme solution lorsquíil est impossible de
faire autrement, et voilý que líon remarque bien que
líautrement níexiste pas!

Et si les jeunes avaient dÈcidÈ díagir? Chronique de
la non-violence dÈboulonnÈe :

Les arguments non-violents que líon entend ne riment ý
rien, on le sait bien. Mais pourquoi? Voyons voir de
prËs ce quíon peut entendre de la bouche des membres
de ces sectes, dont le CANEVAS est leur Vatican
idÈologique et Duhamel le grand pape g’teux.

1. ´ On ne peut changer les choses avec les mÍme
moyens que nos adversaires ª : cette phrase est
souvent employÈe pour dire que si le gouvernement est
violent, en Ètant nous-mÍme violent, on devient comme
lui.  Il est tellement facile de mÈlanger les concepts
et les choses. Mais allons plus loin : en aucun cas
notre violence serait celle du gouvernement. Nous ne
voulons pas organiser une force policiËre pour
contrÙler les gens. On se dÈmarque de nos adversaire
dËs cela. Nos moyens sont diffÈrents : nous ne prÙnons
pas líutilisation de la force pour rÈprimer la
contestation. Nous ne sommes pas payÈs pour faire
cela. Les flics agissent violemment parce quíils en
ont reÁu líordre. Si on leur demandait de pelleter de
la neige ý la place, ils le ferait. Nous agissons par
nÈcessitÈ, pas eux; que ce soit pour notre survie,
pour se dÈfendre ou pour faire changer une situation
que nous considÈrons intolÈrable. Personne níoblige
quelquíun ý devenir flic; nous somme pauvres par
obligation, pas par choix. La violence devient alors
non pas un choix, mais une nÈcessitÈ tactique.

2. ´ On ne rÈpond pas ý la violence par la violence ª
: sentence clef du mouvement pacifiste qui tend ý
dÈmontrer (en consÈquence de la premiËre affirmation)
que la violence ne fait quíengendrer díautre violence.
¿ cela, on nía quíý rÈpondre : oui, et puis? Il níy a
aucun problËme ý vouloir quíune violence de la part
des autoritÈs engendre une rÈponse violente de notre
part. Et puis, la violence, on la subit quand mÍme,
alors elle est prÈsente, nous ne dÈcidons pas
unilatÈralement díutiliser la violence de níimporte
quelle maniËre et sans raison. Nous sommes capable de
justifier son emploi ; que ce soit en cas
díautodÈfense ou parce que cíest la seule faÁon de
faire changer les choses.

3. ´ Il faut Ítre consÈquent : nous dÈsirons une
sociÈtÈ non-violente, alors nous employons des moyens
non-violents. ª Oui, nous sommes consÈquent, cíest un
fait, mais qui a dit que nous dÈsirions une sociÈtÈ
non-violente? Oui, nous dÈsirons la fin des guerres,
la fin de la violence organisÈe par líŠtat. Mais nous
dÈsirons surtout une sociÈtÈ o˜ les gens vont Ítre
capable de rÈpliquer ý la violence, et de síorganiser
en fonction de la violence des autres, pour la
minimiser, pour jouir du plus de libertÈ possible.
Cette affirmation, de la part des pacifistes, dÈnote
une coupure radicale entre la thÈorie et la rÈalitÈ.
MÍme si nous croyons que dans une sociÈtÈ idÈale,
personne ne devrait employer la violence contre
quelquíun díautre, cela ne veut pas dire que cette
visÈe de líesprit peut síappliquer ici et maintenant.
Il ne faut pas oublier que ce sont les intÈrÍts de
grands capitalistes qui justifient quíils emploient la
violence pour arriver ý leur fin. Tant que ces
conditions vont exister, il sera impossible díenrayer
la violence, de leur part comme de la nÙtre.

4. ´ Laissons ý líŠtat le soin díagir violemment. ª
Cette affirmation de la part des non-violents est
terrifiante. Cela veut dire que nous acceptons illico
de ne pas nous battre ý armes Ègales. Sous quels
prÈtextes? Simplement que nous voulons une sociÈtÈ
non-violente (voir #3). La sociÈtÈ capitaliste tire
une grande partie de sa force dans le monopole de la
violence et en ce sens, cíest bien plus jouer son jeu
díaccepter ce monopole que de le dÈnoncer en agissant.
Ne faisons rien de ce que líŠtat veut, plutÙt que de
ne rien faire comme eux. Personne ne peut prÈtendre
que toutes les fonctions de líŠtat sont nÈgatives et ý
rejeter. Nous prÈtendons plutÙt que líŠtat ne devrait
pas exister parce quíil a le monopole de discours, de
reprÈsentativitÈ, díaction sur ces fonctions et quíil
agit selon ses propres intÈrÍts et non dans les
intÈrÍts des gens concernÈs. Nous voulons que chaque
personne, chaque groupe díaffinitÈ, chaque
collectivitÈ puisse dÈcider du bien qui lui est
propre, et cela inclu aussi líusage de la violence.
Une collectivitÈ qui dÈcide de síorganiser violemment
contre une agression extÈrieure est lÈgitime. Une
collectivitÈ qui dÈcide díen agresser violemment une
autre ne líest pas, et cela finit lý. Il níest pas
besoin díÍtre bien renseignÈ pour voir la diffÈrence
entre les deux types de violence.

5. ´ Toute violence est mauvaise, parce quíelle est
violente ª. Souvent, les non-violents regroupent sous
une banniËre toutes sortes de phÈnomËnes quíils
qualifient ainsi de violence. Le problËme, cíest que
souvent, tout ce qui va ý líencontre de leur position
politique est considÈrÈ comme violent. Cíest un moyen
que ces gens utilisent pour agir díune maniËre
beaucoup moins radicale quíils ne veulent le laisser
croire. Le CANEVAS en est un bon exemple. Il est
thÈoriquement contre líŠtat, le capitalisme, etc. Mais
dËs que vient le temps díapporter une critique plus
globale de líŠtat et du capitalisme, critique qui
implique quíon agisse contre ces phÈnomËnes, on se
retrouve au banc des accusÈs parce que nos tactiques
sont considÈrÈes comme violentes. Si on regarde un peu
plus loin, on se rend bien compte que les
revendications de ces groupes restent tout ý fait
rÈformistes sans grande envergure et surtout, ne sont
pas du tout rÈvolutionnaires. Ainsi, la destruction de
la propriÈtÈ privÈe devient violente. Le fait de crier
des noms aux flics que líon dÈteste est
violent. Le slogan ´ la police au service des riches
et des fascistes ª est mÍme considÈrÈ comme violent
par le CANEVAS! Pourtant, ces gestes níentrent pas
dans leur dÈfinition plus gÈnÈrale de la violence. On
catalogue aprËs coup les actes qui sont mal vus de la
part des leader du mouvement. En fait, toute action ou
parole subversive, ou qui peut entraÓner un
dÈbordement ou une perte de contrÙle de líaction par
les organisateurs est stigmatisÈ du sceau de la
violence, mÍme si Áa nía rien ý voir. Cíest ý se
demander si une femme qui assomme ou tue ses violeurs
pour ne pas Ítre violÈe est considÈrÈe comme violente.
Díailleurs, dans ces cas, on voit bien toute la
contradiction díun tel systËme de pensÈ. Il ne
faut pas nier la source initiale de violence, celle
qui dÈclenche notre propre violence, car cíest toute
la diffÈrence. Les personnes qui dÈclenchent la
violence sont díaccord pour líemployer et donc la
trouve díavance justifiÈe et justifiable. En
rÈpliquant violemment, nous nous battons avec des gens
qui acceptent líusage des ces moyens. Nous sommes
forcÈs de les employer, alors que ceux-ci ne le sont
pas. Ils sont les seuls coupables de notre propre
violence.

6. ´  tre non-violent est líaction la plus radicale
qui soit ª. Cette idÈe court souvent, pour dire que
cela demande plus de courage et de radicalitÈ de
síasseoir devant une ligne de flics et de se faire
arrÍter et mÍme tabasser que de síen aller devant une
forte pression. Il est assumÈ ainsi quíil est plus
utile de tenter par tous les moyens de rÈsister
pacifiquement, et donc que líefficacitÈ de líaction
est plus grande en restant assis, que de reculer
devant líanti-Èmeute. Mais revenons sur terre. Si
notre objectif est díempÍcher une confÈrence, de
bloquer la rue, etc., ce níest pas une fois dans le
panier ý salade que nous sommes efficace. LíefficacitÈ
díune action dÈpend de notre capacitÈ ý tenir le plus
longtemps possible. En reculant en temps voulu, en
revenant ý la charge, en dÈtruisant les lieux
physiques, nous gagnons en force, nous faisons
perdurer une situation au-delý du temps permis par les
autoritÈs. Nous ne donnons pas le pouvoir aux forces
de líordre de dÈcider du moment o˜ líaction doit
prendre fin, nous agissons selon notre propre agenda,
nous gardons notre libertÈ díaction. Une personne est
rarement plus utile en prison que libre.

7. ´ RÈsister pacifiquement crÈe un ´ empowerment ª
incroyable ª On emploi souvent cette phrase pour dire
que líaction pacifique permet aux gens de reprendre
confiance en eux et quíelle apporte une prise de
conscience de la possibilitÈ de rÈsister. En fait, la
rÈsistance, quíelle soit violente ou non, crÈe cet ´
empowerment ª. Cependant, se faire arrÍter dÈmontre
trËs bien qui possËde le gros bout du b’ton, tandis
quíÍtre capable de dÈfier impunÈment les cannons de
líordre Ètabli encourage ý recommencer. Une personne
sous mandat ou qui fait face ý des procÈdures lÈgales
voit son autonomie díaction restreinte par rapport ý
díautres qui peuvent jouir de leur pleine libertÈ.
Voilý pourquoi il est ridicule díaccepter de se faire
arrÍter. La premiËre phase de líintÈriorisation de la
rÈpression passe par le consentement que líon donne
aux forces rÈpressive díagir ý leur guise sur notre
personne.

8. ´ Líaction non-violente attire la sympathie
contrairement ý líaction violente qui est tout de
suite dÈnoncÈe. ª Il est vrai que dans la plupart des
cas, líaction non-violente ne sera pas autant
stigmatisÈe que líaction violente. Mais derriËre cette
dÈnonciation/acceptation, il y  a tout un systËme
mÈdiatique et lÈgal qui agit selon ses intÈrÍts. Si
líaction pacifique est mieux prÈsentÈe dans les
mÈdias, cíest parce quíelle dÈrange moins. Il ne faut
pas oublier que La Presse, Le Journal de MontrÈal, la
Gazette, le National Post, appartiennent ý des
grands capitalistes qui níont pas envie que líon síen
prenne ý eux. Une action violente est par dÈfinition
incontrÙlÈe (par un groupe restreint, on síentend) .
Donc ces gens vont vouloir que les manifestations
restent sous le contrÙle de personnes qui ne dÈsirent
pas síattaquer ý leurs intÈrÍts. On lía bien vu, dËs
que les intÈrÍts privÈs sont ciblÈs (i.e : Conseil du
Patronat) la rÈpression et la couverture mÈdiatique
change du tout au tout mÍme pour une action
non-violente. Il síagit donc de ne pas laisser aux
journaux bourgeois le soin de dÈterminer pour nous ce
qui est bien et ce qui ne líest pas. On lía vu ý
Seattle, les manifs violentes ont aussi entraÓnÈ la
sympathie de bien des gens partout dans le monde,
parce que ce qui se passait touchait la planËte
entiËre et que les intÈrÍts de classes se
manifestaient. Les mÈdias ont censurÈ, dÈnoncÈ, etc.,
mais la population (du moins une partie) a gardÈ sa
sympathie envers le mouvement.

9. ´ La rÈpression dans le cas díune action
non-violente ne peut que nous Ítre favorable. Dans le
cas o˜ les autoritÈs ne rÈagissent pas, nous
atteignons notre objectif, et dans le cas o˜ les
autoritÈ rÈagissent, nous entraÓnons sur nous la
sympathie populaire qui fera grossir le mouvement. ª
Cette affirmation est loin de síÍtre rÈalisÈe par le
passÈ. Díabord, il faut se questionner sur les
objectifs. Bloquer pendant une journÈe un Èdifice
gouvernemental (ex. : complexe G) ou tenter de bloquer
une confÈrence quelconque (opÈration SalAmi) ne
reprÈsente pas une Ènorme victoire. Ce sont des
actions sans lendemain. Obtenir vraiment quelque chose
nÈcessite un travail plus long. Švidemment, si notre
seul objectif est de bloquer tel ou tel endroit
pendant une journÈe, la victoire peut Ítre possible.
Mais il semble que les revendications de ces actions
Ètaient plus importantes... Et si les autoritÈs
rÈagissent et rÈprime líaction, un mouvement de
sympathie jaillira de la population outrÈe? Non, ce
níest jamais arrivÈ. Les arrestations ý líopÈration
SalAmi níont jamais abouti sur rien. Cette idÈe níest
quíune vue de líesprit sans lien avec la rÈalitÈ. Il
ne faut pas oublier que pour attirer la sympathie, il
faut que les gens soient au courant des dessous de
líaction, et ce ne sont pas les mÈdias qui vont le
faire, mais ce
doit Ítre les gens qui participent ý ces actions, par
le biais de journaux, de comitÈs de mob, etc.

10. Enfin, líargument suprÍme : ´ Gandhi et
Luther-King ª ont rÈussi ý changer les choses sans
violence. Voilý, voilý, on ressort les fantÙmes du
passÈ pour justifier notre action prÈsente, dans un
tour de force de dÈmagogie. Mais en fait, quíest-ce
qui a vraiment changÈ? Gandhi a libÈrÈ líInde?
Díabord, ce níest pas Gandhi seul qui a fait libÈrer
líInde. Des mouvements pacifistes comme celui-lý, il
en existait depuis un siËcle en Inde; pourquoi celui
de Gandhi aurait-il libÈrÈ líInde? La population,
díailleurs, Ètait loin díÍtre unilatÈralement
non-violente (ex. : Poulandavie [je ne suis pas
certain de líorthographe]). LíAngleterre Ètait
díailleurs en train de perdre une ý une ses colonies,
dont la Chine qui Ètait loin de le faire díune maniËre
non-violente), et le cošt du systËme  colonial Ètait
de plus en plus ÈlevÈ pour la couronne qui ne
jouissait plus des avantages du mercantilisme dans une
sociÈtÈ capitaliste industrielle. Díailleurs, les
grand bourgeois Anglais ne se sont jamais retirÈs de
líInde.  Pourquoi? Tout simplement parce quíils
Ètaient toujours les bienvenus. Et puis en se retirant
de líInde, líAngleterre a laissÈ un cadeau empoisonnÈ
: la partition du Pakistan, aujourdíhui dictature
religieuse. Cíest donc Áa la victoire de Gandhi?
Victoire arrachÈe alors que le systËme colonial se
dÈmantelait?

Et Martin Luther-King lý-dedans? Il aurait ÈtÈ, ý lui
seul, líacteur de líÈmancipation des noirs amÈricains,
et ce díune maniËre non-violente. Mais faut-il
rappeler que le bon pasteur collaborait avec líŠtat
qui líoppressait, et quíil a gentiment acceptÈ la
rÈpression violente des Èmeutes noires ý Chicago? ¿
cette Èpoque, des groupes que le Black Panthers Party
Ètaient en train de dÈstabiliser le systËme
capitaliste et de recueillir un Ènorme support dans la
jeunesse de la classe moyenne blanche, qui elle aussi
se rÈvoltait. Le danger díune insurrection Ètait bien
rÈel, et Luther-King a plutÙt servi ý canaliser les
plus modÈrÈs, et surtout les plus conservateurs, pour
empÍcher une vrai libÈration du peuple noir et des
autres peuples. De toute faÁon, le rÈsultat est
toujours mitigÈ, plus de 30 ans aprËs. Les noirs sont
toujours un des peuples les plus opprimÈs en AmÈrique,
et la pseudo-action de Luther-King nía que contribuÈ ý
empÍcher une libÈration plus totale.

Il ne faut pas plier ý la dÈmagogie de la
non-violence. Dans líespoir que ces quelques arguments
puissent enfoncer un peu leur beau discours dans une
abÓme insondable.

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