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From "Gotson Pierre" <gotson.crad@rehred-haiti.net>
Date Mon, 27 Mar 2000 21:49:52 -0800
Subject globe_l: Haiti-Correspondance # 56, 27 mars 2000

HA¦TI-CORRESPONDANCE serie 2 / No 56 / 27 mars 2000
E-bdo d actualite haitienne et de perspective democratique et populaire
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ŠLECTIONS : POURSUITE DU BRAS DE FER ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LE CEP

Port-au-Prince a connu une journÈe agitÈe ce lundi en rapport avec le
dossier Èlectoral. Des manifestations se sont dÈroulÈes dans plusieurs
quartiers de la capitale pour exiger la dÈmission du Conseil Šlectoral
Provisoire (CEP) et des Èlections gÈnÈrales a la fin de l'annÈe.

TrËs tÙt dans la matinÈe, des groupes de divers faubourgs du sud et du
nord de la capitale, se prÈsentant comme des proches de l'Organisation
Fanmi Lavalas (OFL) ont dressÈ des barricades enflammÈes sur
d'importantes artËres, paralysant en partie la circulation et les
activitÈs Èconomiques. Des trÈteaux de plusieurs commerÁants d'un marchÈ
populaire du nord de la capitale ont ÈtÈ incendiÈs, suite a un incident
au cours duquel un manifestant aurait ÈtÈ tuÈ par balles. Cette
information n'a pu Ítre vÈrifiÈe par la presse.

"Cette bataille ne prendra fin qu'avec la dÈmission des membres du CEP",
a affirmÈ un manifestant. Des jeunes s'identifiant comme responsables du
mouvement ont rÈclamÈ la poursuite des opÈrations d'inscriptions,
officiellement fermÈes depuis le 19 mars. Selon eux, beaucoup de
citoyens en age de voter n'auraient pas encore eu l'opportunitÈ de
retirer leurs cartes Èlectorales.

Les manifestants ont Ègalement invitÈ le prÈsident RenÈ PrÈval a prendre
ses responsabilitÈs face a "la bourgeoisie qui, de concert avec
l'impÈrialisme, veut combattre le pouvoir lavalas" en dÈcrÈtant "un
embargo moral" contre le pays. Ces organisations populaires rÈclament
des mesures concrËtes pour "baisser la vie chËre" afin que le pays
puisse "fonctionner normalement".

Un calme relatif a ÈtÈ rÈtabli en milieu d'aprËs-midi, aprËs des
interventions trËs difficiles de la police qui a essuyÈ des jets de
pierres successifs. Au moment des manifestations, un contingent
supplÈmentaire de la police est venu renforcer la sÈcuritÈ du local du
CEP, ou les activitÈs n'ont pas ÈtÈ perturbÈes. Les Conseillers n'ont
pas voulu rÈagir aux demandes de dÈmissions lancÈes par les
manifestants, se contentant seulement d'indiquer que c'est "l'opinion
des gens".

HÈsitations et inconstance

Tout au cours de la semaine ÈcoulÈe, les hÈsitations et l'inconstance
enregistrÈes au niveau du processus Èlectoral ont encore alimentÈ
l'actualitÈ haÔtienne. Les HaÔtiens ne sont toujours pas fixÈs sur la
date des prochaines lÈgislatives, alors que les consÈquences de ces
indÈcisions commencent a se faire sentir au niveau Èconomique et social.

Selon des informations obtenues de source journalistique, le CEP
travaillerait a proposer une nouvelle date pour le premier tour du
scrutin. Sur cette question, l'organisme Èlectoral aurait refusÈ
d'organiser des sÈances conjointes de travail avec l'ExÈcutif, telles
que proposÈes par le prÈsident PrÈval. Une information qui a ÈtÈ
dÈmentie le 24 mars par le prÈsident du CEP, LÈon Manus, la qualifiant
de "tendancieuse" et susceptible de semer la zizanie entre les deux
parties.

De toute faÁon, on est en prÈsence d'un bras de fer entre l'ExÈcutif et
le CEP qui prend des formes diffÈrentes a chaque Ètape de la
conjoncture. Chacun jette sur l'autre la responsabilitÈ du blocage du
processus. Le gouvernement et ses alliÈs s'attachent a relever les
failles du dÈroulement des opÈrations, tandis que les partis
d'opposition et la communautÈ internationale maintiennent la pression
sur PrÈval qui n'aurait aucune volontÈ de voir un parlement installÈ
d'ici le 12 juin prochain

Les difficultÈs

Le Chef de l'Štat a discutÈ ces derniers jours avec des techniciens de
la Fondation Internationale pour les SystËmes Šlectoraux (IFES), du
Programme des Nations-Unies pour le DÈveloppement (PNUD) et du CEP en
vue de procÈder a une Èvaluation critique du processus Èlectoral.
Beaucoup de faiblesses ont ÈtÈ relevÈes et les techniciens ont estimÈ
que le CEP aurait encore besoin d'un certain temps pour rÈsoudre les
problËmes.

Les difficultÈs sont multiples et de tous ordres. MÍme l'Èvaluation
prÈparÈe actuellement par le CEP sur demande de l'ExÈcutif est remise en
question par des techniciens appointÈs par l'institution Èlectorale. Ces
derniers indiquent qu'ils n'ont pas ÈtÈ consultÈs et Èmettent des
rÈserves sur ce qui pourrait en sortir.

D'autre part, les superviseurs Èlectoraux et les responsables de Bureaux
d'Inscription  menacent d'empÍcher la rÈalisation des Èlections s'ils ne
reÁoivent pas leur salaire dans un bref dÈlai. Au passage, ils ont mis
en doute la volontÈ du CEP de rÈaliser les Èlections. Le prÈsident du
CEP a fait savoir que les dÈmarches etaient en cours pour le paiement de
ces fonctionnaires, et leur a demander d'Ítre "patients".

Les superviseurs Èlectoraux ont aussi indiquÈ que la majoritÈ de la
population n'a pu retirer sa carte Èlectorale. Le bilan des inscriptions
a travers le pays est toujours attendu. Moins la Commune d'Anse
d'Hainault (Grand' Anse) Èvidemment ou les inscriptions n'ont jamais eu
lieu. Le prÈsident du Bureau Šlectoral DÈpartemental (BED), Ernseau
St-Clair a annoncÈ que des discussions se tiennent actuellement pour
trouver une issue a cette crise.

St-Clair a fait cette annonce a l'issue d'une rÈunion le 25 mars, ou le
CEP a eu une sÈance de travail avec les responsables des 11 BED du pays.

Le pouvoir sur la sellette

L'opposition ne cesse de fustiger le comportement du gouvernement. Suzy
Castor, candidate au SÈnat de l'Organisation du Peuple en Lutte (OPL),
dÈplore le fait que des discussions entre l'institution Èlectorale et le
gouvernement n'aboutissent jusqu'ý prÈsent au choix dÈfinitif d'une date
pour la rÈalisation des Èlections.

La communaute internationale a effectuÈ un petit pas dans la pression:
les AmÈricains dÈclarent "qu'il est temps que le gouvernement haÔtien
publie de nouvelles dates pour les Èlections". Cette dÈclaration a ÈtÈ
effectuÈe par deux Èmissaires du gouvernement de William Clinton en
visite la semaine ÈcoulÈe en HaÔti.

Le Conseiller SpÈcial du prÈsident amÈricain, Arturo Valenzuela et le
Coordonnateur SpÈcial du dossier HaÔti au dÈpartement d'Etat, Donald
Steinberg, ont precisÈ qu'en cas de non-installation d'un parlement
lÈgitime, HaÔti risque d'Ítre isolÈe de la "communautÈ des dÈmocraties
et par voie de consÈquence compromettre toute coopÈration future".

Les SÈnateurs RÈpublicains vont plus loin en montrant du doigt Fanmi
Lavalas qui voudrait retourner le processus en sa faveur afin de garder
le pouvoir. Trois candidats au sÈnat de ce parti, les ex-militaires Dany
Toussaint, Fourel Celestin et Medrad Joseph sont soupconÈs par les
RÈpublicains d'Ítre mÍlÈs au trafic de drogue. Ces accusations ont ÈtÈ
rejetÈes par le porte-parole du parti, lui-mÍme aussi candidat au sÈnat,
Yvon Neptune.

Sur la question Èlectorale des associations et institutions du secteur
prive ont mis en garde le 24 mars contre les consÈquences dÈsastreuses
d'un non respect de l'ÈchÈance constitutionnelle du 12 juin pour
l'entrÈe en fonction de la 47eme lÈgislature. Les commerÁants et
industriels se sont Ègalement dits convaincus que les parties pourront
trouver "le consensus indispensable au respect des engagements pris
envers la nation et la communautÈ internationale".

Quel est le sort rÈservÈ aux "enfants du bon Dieu"

L'inquiÈtude s'installe chez les couches dÈfavorisÈes de la population
qui subissent de plein fouet les effets de la crise. La dÈcote de la
Gourde a engendre une augmentation gÈnÈrale des prix allant jusqu'ý plus
de 25% .

InterrogÈes autour de la situation actuelle, des militantes
d'organisations de base de plusieurs dÈpartements du pays souhaitent que
les Èlections se rÈalisent au plus vite. "Tant que les Èlections n'ont
pas lieu, la situation va se corser d'avantage", affirme Silmise, une
militante du Sud-Est. Elle suggËre aux responsables d'agir vite afin que
les instances lÈgalement constituÈes puissent se pencher sur les
problËmes "des malheureux et malheureuses" (dÈmunis).

"Si on doit attendre des Èlections gÈnÈrales a la fin de l'annÈe, les
enfants du bon Dieu ne survivront pas" souligne-t-elle. Les personnes
interrogÈes penchent en gÈnÈral pour des Èlections lÈgislatives,
municipales et locales sÈparÈes des prÈsidentielles: "ce serait mieux
pour nous", dÈclare Solange, membre d'une organisation populaire de
l'Artibonite.

Ces militantes, vivant dans des rÈgions trËs ÈloignÈes de la capitale,
soulignent Ègalement qu'elles "ne comprennent pas" les divergences entre
le CEP et le gouvernement qui n'arrivent pas a s'accorder sur une date
pour la rÈalisation des Èlections. InterrogÈes sur ce qui pourrait
constituer un blocage au niveau du processus Èlectoral, Margarette et
Yvonne du Plateau Central ont ÈvoquÈ certains intÈrÍts politiques, dont
la volontÈ d'un parti de "contrÙler totalement le parlement".
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du Centre de Recherche et d'Action pour le DÈveloppement
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