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From Pedro <pedrito@samizdat.net>
Date Fri, 31 Mar 2000 16:24:07 +0200
Subject globe_l: un guerrier en cage - entretien avec leonard peletier (2)


BW: C'Ètait ce fameux AR-15 qui avait pratiquement fondu et ÈtÈ carbonisÈ
dans l'incendie d'un vÈhicule?

Leonard : Oui. J'ai dÈposÈ une requÍte dans le cadre de la FOIA et ai reÁu
en retour des milliers de documents. Dans deux de ces documents, j'ai
dÈcouvert qu'il y avait eu des tests balistiques avec l'arme en question et
qu'ils s'Ètaient rÈvÈlÈs nÈgatifs. J'ai fait une demande en appel. Le Juge
Benson l'a rejetÈe. J'ai donc fait appel contre ce rejet auprËs des autres
Cours. Les Cours ont rÈvoquÈ la dÈcision du juge en 1984 en demandant la
tenue d'une audience d'examen des preuves. Il y avait un expert en arme ý
feu, Evan Hodge, qui avait fait des fausses dÈpositions -et ceci est un
fait, ce n'est pas une "accusation profÈrÈe par Leonard Peltier." Nous
l'avons dÈmontrÈ lors de l'audience de 1984. Il a produit un faux
tÈmoignage lors du procËs de Bob et Dino [NDT: Robideau et Butler]. Il
avait produit une fausse dÈposition destinÈe aux audiences en vue de mon
extradition et aussi durant mon procËs. Il avait certifiÈ que l'arme Ètait
si endommagÈe qu'il n'avait pas pu lui faire subir de test [NDT: dans un
rapport bien antÈrieur aux audiences pour l'extradition et dissimulÈ ý la
dÈfense]. Il a dÈposÈ sous serment que seuls lui et son assistant, Joe
Twardovsky, avaient accËs aux rapports balistiques qui Ètaient placÈs dans
un coffre.
Le Juge Benson nous a accordÈ aprËs beaucoup de rÈticence le concours d'un
expert en graphologie et a suspendu la sÈance le temps de procÈder ý
l'analyse des manuscrits. Je me dirige donc vers la cellule de dÈtention et
mes avocats disent: "on va descendre te voir trËs bientÙt." C'Ètait
Kunstler, Bruce Ellison et Lew Gurwitz. Je les attends donc pendant 3 ou 4
heures, ok? Et j'attends et j'attends. Finalement, je regarde par cette
petite lucarne, et je vois mon avocat qui sourit et me montre son poing
victorieux. Ils viennent me trouver dans la cellule et me disent: "Voilý ce
qui s'est passÈ." Apparemment Crooks, le procureur, se balladait dans le
hall avec Joe Tardowsky et Evan Hodge. Il a demandÈ ý Evan Hodge: "Evan,
c'est ton Ècriture n'est-ce pas?" Evan a dit: "Non, c'est celle de Joe.
C'est la tienne Joe, n'est-ce pas?" Et Joe de rÈpondre: "Non, c'est la
tienne Evan, non?" Finalement Crooks -c'est la version de Crooks le
procureur- dit "j'ai donc coupÈ court et j'ai dit 'Alors, c'est l'Ècriture
de qui?'" C'est alors qu'ils sont partis en trombe pour dÈbusquer le juge,
qui vivait ý Fargo, et l'ont acheminÈ jusqu'ici secrËtement, car il Ètait
tellement dÈtestÈ qu'ils craignaient que quelqu'un chercha ý l'Èliminer.
(rires) Je ne veux pas dire par nous les Indiens mais par tout le monde. Il
y avait les dingues, ceux escroquaient le fisc, personne pouvait le
blairer. De toute faÁon, il n'avait pas de radio dans sa voiture.
Acheminement dans le secret. Ils ont dš le prendre en chasse ý plus de
200kms ý l'heure (rires), ils l'ont trouvÈ et lui ont annoncÈ: "Il faut que
vous reveniez." Ils l'ont ramenÈ, ont eu un petit entretien avec lui et ont
rappelÈ Evan Hodge ý la barre. Le procureur lui a demandÈ: "Est-ce que
c'est votre Ècriture?" Et Evan dit: "Non, je me suis mal exprimÈ." Et
c'Ètait suffisant pour lui Èviter d'Ítre traÓnÈ en justice pour parjure.
Les audiences ont donc ÈtÈ ajournÈes pendant une dizaine de jours et les
experts en graphologie ont non seulement dÈcelÈ une Ècriture diffÈrente
mais mÍme deux. Trois en tout. «a se voit. Je les ai distinguÈes, et j'ai
un bon coup d'oeil pour ces choses-lý, elles sont presque identiques. Cinq
personnes qui ont presque la mÍme Ècriture, c'est assez phÈnomÈnal! Vous
voyez, cela me fait penser dit qu'ils ont imitÈ les Ècritures de Hodge et
de son assistant et et qu'ils ont rÈussi ý les reproduire. MÍme les
policiers, aprËs avoir vu Áa, disaient: "Ils doivent vous rel’cher, parce
que c'est leur piËce ý conviction la plus cruciale contre vous." Mais le
Juge Benson a rendu une fin de non-recevoir en disant que comme Evan Hodge
Ètait retournÈ ý la barre de son propre chef, cela n'avait fait que
renforcer son tÈmoignage plutÙt que de le discrÈditer. C'est pour cette
raison que sa dÈposition a ÈtÈ considÈrÈe comme recevable.

BW: Avez-vous fait appel contre ce verdict?

Leonard : Nous avons fait appel et avons eu une audience qui s'est tenue ý
St Paul dans le Minnesota et durant laquelle William Kunstler a commis une
Ènorme erreur ý mon dÈtriment. C'Ètait en 1985 et le Juge Heaney a demandÈ:
"Norman Brown (un jeune navajo membre de l'AIM qui Ètait prÈsent lors de la
fusillade de 1975) n'a-t'il pas tÈmoignÈ avoir vu Leonard ý proximitÈ des
voitures des deux agents? Et si tel est le cas, Ítes-vous en train de me
dire qu'il souhaite maintenant plaider l'auto-dÈfense au lieu de
non-coupable?" Kunstler a rÈpondu: "Oui, Norman Brown a effectivement
tÈmoignÈ dans ce sens." Švidemment, l'accusation a exultÈ. Ils n'en
revenaient pas de la stupiditÈ de Kunstler. Moi, je me trouvais dans la
salle d'attente. Un de mes avocats du coin m'a apportÈ un enregistrement de
cette audience et je l'ai ÈcoutÈ. Je me suis tournÈ pour appeler Bill
(Kunstler). Je lui ai dit: "Bill, c'est une erreur". Il m'a rÈpondu: "T'en
fais pas, c'est rien." Le Juge Heaney m'a annoncÈ que la raison pour
laquelle il ne permutait pas ma condamnation Ètait le fait que Norman Brown
avait tÈmoignÈ m'avoir vu prËs des voitures. Avant de mourir, Bill Kunstler
a rÈdigÈ une dÈposition dans laquelle il admet avoir fait une grave erreur.
Un vice de procÈdure. Je suis en prison pour le restant de mes jours ý
cause d'un vice de procÈdure. Je vais mourir en prison ý cause d'un vice de
procÈdure.

BW: Pourquoi les Štats-Unis ont-ils eu besoin de falsifier la piËce ý
conviction pour un premier procËs?

Leonard : Pourquoi? Pour avoir la garantie que le gouvernement des
Štats-Unis obtiennent une condamnation. Ils voulaient coincer leur homme.
En 1985, la 8Ëme Cour d'Appels -durant mon second appel- a rendu sa
dÈcision sur deux pages. Dans ce compte rendu ils ont dÈterminÈ qu'il y a
eu dissimulation de preuves en mesure de m'innocenter, ce qui signifie
qu'il existait des points qui auraient pu m'Èpargner une condamnation s'il
n'avaient pas ÈtÈ dissimulÈs, et cela concernait l'arme du crime. Parjures
commis par des tÈmoins introduits par l'accusation. Inconduite du FBI. Le
juge a pris des dÈcisions arbitraires qui entravaient ma dÈfense. Cela
constitue quatre violations de mes droits constitutionnels. Mais comme le
FBI exerce un contrÙle sur le plan politique et auprËs des Cours, ils ont
invoquÈ le verdict Bagley -dÈsignÈ ainsi d'aprËs un cas prÈsentÈ devant la
Cour SuprÍme et faisant jurisprudence par la dÈcision finale que la
possibilitÈ doit l'emporter sur la probabilitÈ- afin de me refuser une
rÈvision de procËs. Ce qui est assez ironique dans tout Áa et qui illustre
ce que je viens de dire au sujet de l'influence du FBI sur les Cours est
qu'il s'est produit un cas presque identique au mien peu de temps avant.
Ils ont pris la dÈcision inverse. ComplËtement ý l'opposÈ. Ils ont libÈrÈ
le type en se basant sur le verdict Bagley. Et dans mon cas qui venait
aprËs, ils ont carrÈment fait volte-face. Je suis donc assis ici en prison
encore en raison d'un vice de procÈdure. Les Cours ont maintenant mis en
place un systËme o˜ non seulement il vous est impossible de recevoir un
procËs Èquitable mais en plus elles exigent que vous prouviez votre
innocence. Dans un cas comme le mien, comment prouver l'innocence? C'est
impossible. Tout est manigancÈ dans ce pays pour empÍcher les plus dÈmunis
d'avoir droit ý la justice. Ils n'utilisent pas ce genre de tactiques avec
des avocats de grande envergure. Les prÈvenus ne savent pas comment se
dÈfendre contre ce genre de choses. Les gens dÈmunis ne savent pas comment
se battre contre le systËme. Le gouvernement des Štats-Unis peut vous
inculper de n'importe quoi, aprËs, c'est ý vous de prouver votre innocence.
Et cela est contraire ý la Constitution des Štats-Unis. Mais ceci est le
rÈsultat des manoeuvres de la droite fasciste et conservatrice qu'on peut
observer dans ce pays. Les gens ne se rendent pas compte, ou ne veulent pas
ouvrir les yeux et regarder ce qui est rÈellement en train de se passer.
C'est comparable ý ce que le parti Nazi a fait au moment o˜ il s'est emparÈ
du pouvoir en Allemagne. Ils ont commencÈ par le systËme judiciaire et
personne en Allemagne auparavant pensait qu'une telle chose pouvait se
produire non plus.

BW: Pourquoi pensez-vous que c'est en train de se produire ici?

Leonard : Le gros business. Le contrÙle. Ils veulent davantage de
contrÙle. Plus de pouvoir. C'est la domination de la planËte. Les
Štats-Unis se sont illustrÈs comme un gouvernement trËs vindicatif. Nous
savons qu'ils ont commis des atrocitÈs dËs le dÈbut de leur existence.
Pendant les premiËre et seconde guerres mondiales, pendant la guerre de
CorÈe, pendant la guerre du Vietnam, il y a eu une multitude de massacres.
Švidemment, si vous voulez vous pencher sur l'histoire des Indiens
d'AmÈrique, elle est ponctuÈe de massacres perpÈtrÈs sur tout l'ensemble du
pays, c'est bien documentÈ. Et ý chaque fois qu'ils rencontraient une
dÈfaite comme celle de la bataille de Little Big Horn [NDT: victoire
Ècrasante remportÈe le 25 juin 1876 par les Indiens ý l'issue de laquelle a
ÈtÈ tuÈ le GÈnÈral Custer, ennemi jurÈ des Indiens, immÈdiatement aprËs
qu'il ait lancÈ l'assaut avec sa 7Ëme cavalerie sur le campement du chef
Sitting Bull], ils rÈclamaient vengeance durant les 200 ans qui suivaient,
et cela continue pour nous. Ils veulent encore venger leurs soldats qui ont
ÈtÈ tuÈs. C'est la mÍme chose avec le systËme de justice. Il faut vraiment
que vous soyez complËtement demeurÈ pour ne pas croire ý certains des faits
que je relate concernant leur systËme de justice. On sait qu'il s'est
produit une quantitÈ de scandales impliquant la police de la ville de
Philadelphie. On sait qu'il s'est produit une quantitÈ de scandales
impliquant la police de la ville de Los Angeles. Avec la police de l'Štat
du Massachusetts. Du Michigan... j'entends par lý, prenez n'importe quelle
ville au hasard et vous constaterez que sa police y a toujours intriguÈ de
maniËre ý envoyer les gens en prison. Dans certains cas pour les
assassiner. Qu'est-ce qui est si difficile ý croire dans tout cela? ¿ moins
que vous croyiez d'une maniËre plus ou moins inconsciente qu'ils agissent
correctement, qu'ils doivent poursuivre cette guerre contre la pauvretÈ et
l'Èlimination des minoritÈs et des dÈmunis de ce pays. Et c'est ce qu'ils
sont en train de faire. Il y a maintenant 2 millions de personnes en
prison. 2 millions. J'ai lu des cas de condamnations qui sont consternants,
o˜ ils ont mÍme corrompu le jury. Le gouvernement fÈdÈral. Mais les gens ý
l'extÈrieur, ils ont subi un lavage de cerveau. Il faut vraiment Ítre
demeurÈ pour continuer ý donner prise ý tout Áa. «a se passe juste sous vos
yeux. Vous les voyez tirer 19 fois sur un type. Ils ont tirÈ sur un autre
gars 41 fois! [NDT: Amadou Diallo, jeune GuinÈen assassinÈ le 4 fÈvrier
1999 ý New York par des policiers. Ses meutriers ont ÈtÈ acquittÈs...] Et
ils continuent d'affirmer: "Oh, bon, c'Ètait justifiÈ." Vous savez que ces
flics s'en tireront sans difficultÈ.

BW: Beaucoup de gens vous voient comme un prisonnier politique. Vous
considÈrez-vous vous mÍme comme un prisonnier politique?

Leonard : Oui. Certainement. Je suis un prisonnier politique. Je suis un
activiste politique. Je me suis battu dans une guerre menÈe contre mon
peuple et qui dure depuis plus de 200 ans. Et je continuerai. J'ai mes
ennemis. J'ai mes ennemis ý la fois parmi les miens et ý l'extÈrieur. Il y
a en certains parmi les miens qui sont aussi mauvais que l'ennemi. Tous les
Indiens ne sont pas forcÈment des gens bienveillants. Il y a eu des Indiens
qui Ètaient des Èclaireurs guidant l'ennemi jusqu'ý nos villages, tuant
femmes et enfants. Leur propre peuple.

BW: Pensez-vous que tous les prisonniers issus de milieux dÈfavorisÈs et
de minoritÈs sont aussi des prisonniers politiques?

Leonard : Eh bien, je n'irai pas jusqu'ý dire Áa, parce que certains
d'entre eux ont commis des crimes graves. De mon point de vue, un
prisonnier politique c'est celui ou celle qui s'est engagÈ(e) ý se battre
pour les droits et la libertÈ des siens et qui se trouve emprisonnÈ(e)
prÈcisÈment pour cette raison. Il y a des gens qui ont une opinion
diffÈrente ý ce sujet.

BW: Dans votre cas, est-ce que les nations indiennes sont des nations
distinctes de celle des Štats-Unis?

Leonard : Oui, ce sont des nations distinctes. Nous nous battons de nation
ý nation. Une nation souveraine face ý une autre nation souveraine. Mais
pour revenir ý la question prÈcÈdente, certains pensent que ceux qui se
trouvent en prison aprËs avoir reÁu un traitement inique ou aprËs Ítre
tombÈs ý la suite d'un coup montÈ, sont des prisonniers politiques. Et je
crois que cela a un caractËre politique dans une certaine mesure... En fait
pour les procureurs Áa va encore plus loin car plus ils obtiennent de
condamnations, plus rapidement ils gravissent les Èchelons de la
hiÈrarchie. Mais je ne crois pas que tout le monde soit prisonnier
politique. Cela m'est difficile de considÈrer comme prisonnier politique
quelqu'un qui, en vendant de la drogue ý ses frËres et soeurs dans la rue,
est tombÈ dans un piËge qui l'a conduit en prison. Mais si un type a subi
des injustices qui auraient dš Ítre redressÈes, qu'il a ÈtÈ traitÈ d'une
maniËre inique devant les tribunaux, il doit alors avoir droit ý un nouveau
procËs. C'est ce que je crois.

BW: Alors que se tenait en novembre dernier le rassemblement en votre
soutien ý Washington, le dÈputÈ Scott McInnis (rÈpublicain du Colorado) a
lu devant le CongrËs cette lettre dictÈe par le FBI. Quel est votre
sentiment ý ce sujet?

Leonard : Je crois que les Èlecteurs devraient vraiment examiner de prËs
la crÈdibilitÈ de ce reprÈsentant au CongrËs. S'il se lËve pour faire des
fausses dÈclarations ý son CongrËs, alors qu'il a fait le serment de se
conformer en toute impartialitÈ et honnÍtetÈ ý la Constitution amÈricaine,
je pense qu'ils devraient se poser des questions sur ses convictions. Il se
tient lý et dÈfend une organisation qui a tuÈ 80 parsonnes ý Waco au Texas
[NDT: il fait rÈfÈrence au siËge armÈ de 51 jours qui a opposÈ en 1993 les
membres de la secte des "Davidiens" de David Koresh ý d'importants
contingents militaires incluant la garde nationale du Texas, l'armÈe
amÈricaine et le FBI. Une enquÍte officielle rÈcente a rÈvÈlÈ des fautes
graves mettant en cause le FBI et qui seraient ý l'origine de l'incendie
qui a provoquÈ la mort des 80 personnes lors de l'assaut final donnÈ le 19
avril]. Ils ont brulÈs vifs quarante enfants. Nous savons que c'est un fait
avÈrÈ maintenant. Et il les soutient? Je pense que l'opinion publique et
son Èlectorat dans le Colorado devraient sÈrieusement chercher ý savoir qui
est vraiment cet homme. Il ne devrait pas Ítre en charge de cette fonction.
Nous avons fait la mÍme expÈrience lorsque Rigoberta Menchu s'est rendue au
DÈpartement de la Justice et que l'officiel qui l'a reÁue a dÈclarÈ: "Je ne
suis pas au courant de cette question concernant la balistique. Je ne suis
pas au courant des autres points. Le FBI nous a dit tout l'opposÈ de ce que
vous venez de me parler." Il Ètait aussi contrariÈ par tout Áa. Il a dit:
"Est-ce que c'est vrai tout ce que vous venez de me dire?" Et Rigoberta lui
a rÈpondu, "Oui, vous n'avez qu'ý consulter le dossier." Bon , ce
reprÈsentant au CongrËs est soit un crÈtin fini, ou bien ý la fois un fou
et un crÈtin fini pour ne pas avoir fait au prÈalable des recherches au
sujet de ce qu'il lui a ÈtÈ racontÈ (par le FBI) avant de prendre la parole
devant le CongrËs. Tout ce que nous prÈsentons devant ces Èlus au CongrËs
doit Ítre vÈridique. Si tel n'est pas le cas, Áa se retourne contre nous.
On perd notre crÈdibilitÈ, notre soutien et tout le reste. Eux aussi
doivent Ítre mis devant la mÍme situation.

BW: AprËs 24 ans, pourquoi y a-t'il une campagne visant ý vous empÍcher
d'obtenir une gr’ce prÈsidentielle?

Leonard : Je ne sais pas. Vraiment, je ne sais pas. C'est le coeur du
problËme. Je le sais. Peter Coyote, qui est un acteur d'Hollywood que je
connais depuis l'Èpoque des hippies, Ètait dÈlÈguÈ pour la Californie
pendant la premiËre campagne Èlectorale de Clinton pour les
prÈsidentielles. Bien sšr, Clinton a ÈtÈ Èlu. Ils ont donc appelÈ tous ces
dÈlÈguÈs pour leur demander quelle faveur ils souhaiteraient recevoir de
Clinton en retour de leur contribution au succËs de son Èlection. Peter
Coyote a donc rÈpondu: "Šcoutez, je veux parler au procureur gÈnÈral." Il
n'a pas rencontrÈ Janet Reno mais obtenu un entretien avec un de ses
assistants les plus hauts placÈs. Son bras droit. Peter s'y rend donc et
discute pendant des heures. Il expose tous les dÈtails de mon affaire,
qu'il connait parafaitement et leur dit: "Je demande la gr’ce pour Leonard
Peltier. C'est la faveur que je demande." Le type lui dit: "Je vous
recontacterai." Le type s'en est allÈ et l'a rappelÈ deux semaines plus
tard en disant: "Vous savez quoi Peter? Je vais Ítre trËs honnÍte avec
vous. Quand vous m'avez racontÈ toutes ces choses ý propos du cas de
Leonard, j'ai pensÈ que vous Ètiez un de ces gauchistes fanatiques." Il a
dit: "J'ai fait des recherches sur tout ce que vous m'avez dit, et tout est
vrai. Mais malheureusement, Leonard Peltier est quelqu'un de trËs puissant
et ils ne veulent pas qu'il sorte de prison." Et c'est tout ce que je peux
dire.

BW: Au fil de votre emprisonnement, vous Ítes devenu un symbole
emblÈmatique des peuples autochtones opprimÈs par leurs gouvernements.
Comment ressentez-vous cela?

Leonard : Je l'ai entendu dire... Je ne sais pas... je l'ai entendu dire.
C'est un peu comme vous poser sur un piÈdestal. Surtout lorsque vous ne
faites rien pour ni ne souhaitez qu'une telle chose vous arrive. J'espËre
seulement ne pas dÈcevoir les miens si jamais je suis libÈrÈ. J'espËre ne
jamais faire outrage ý cet honneur. Je reÁois beaucoup de lettres de gens,
de la rÈgion de Boulder en fait. Des femmes indiennes m'ont dit que lorsque
je serai libÈrÈ -elles sont dÈjý en train de s'organiser- elles me
dÈsigneraient 'Chef des Chefs." (rires) Vous savez, c'est un certain
honneur. Mais je ne me sens pas diffÈrent du Leonard Peltier qui est entrÈ
ici il y a 24 ans. Je ne me comporte pas d'une maniËre diffÈrente. Et
j'espËre pouvoir continuer ý affirmer Áa pendant ce qui me reste de vie ý
vivre. J'espËre que le statut qu'ils m'ont attribuÈ profitera aux miens.
Sinon, cela n'aura eu aucune valeur.

---

Le 18 fÈvrier, Rigoberta Menchu, Indienne maya Ambassadrice de Bonne
VolontÈ ý l'UNESCO et Prix Nobel de la Paix, a rendu visite ý Leonard
Peltier accompagnÈe de Curt Goering reprÈsentant Amnesty International qui
ne s'Ètait pas impliquÈ dans l'affaire Peltier jusqu'ý une pÈriode assez
rÈcente. Menchu et Goering sont deux personnes parmi beaucoup d'autres
venues visiter Leonard ý un moment o˜  la pression pour obtenir sa
libÈration est la plus forte qu'il ait connu ý ce jour. Le 2 janvier, Phil
Fontaine, Chef de l'AssemblÈe des PremiËres Nations au Canada a aussi rendu
une visite ý Peltier dans le but de crÈer l'unitÈ dans la lutte entre les
Indiens des deux pays. En novembre dernier, aprËs la publication du livre
de Leonard "Šcrits de Prison: Ma Vie est ma Danse du Soleil" [NDT: qui sera
publiÈ en franÁais ý partir du mois de mai aux Šditions Albin Michel], des
leaders amÈrindiens ont convergÈ vers Washington pour exprimer leur
opposition face ý l'incarcÈration illÈgale de Peltier, considÈrÈ comme un
prisonnier politique par un front toujours grandissant d'activistes
dÈfendant les droits des peuples autochtones. Durant ce rassemblement qui a
durÈ un mois, Katherine Porter, la femme du dÈputÈ au CongrËs John Porter,
a apportÈ les 35 millions de signatures d'une pÈtition demandant la gr’ce
prÈsidentielle immÈdiate pour Peltier. Afin d'entraver l'effort toujours
plus large pour obtenir la libÈration de Leonard, le FBI a placÈ pendant le
mois de novembre des encarts dans le Washington Post et auprËs d'autres
mÈdias, dÈnonÁant Peltier comme un tueur opÈrant de sang-froid et coupable
des crimes dont on l'accuse. L'Èlu au CongrËs Scott McInnis (rÈpublicain du
Colorado) a rÈpÈtÈ ce rituel en lisant le communiquÈ du FBI mot pour mot
devant le CongrËs, accusant Leonard d'Ítre "un homme violent au passÈ
violent... Leonard Peltier est un meurtrier sans compassion ni sentiment
humain ý l'Ègard de son prochain."

===fin de l'article===
(traduction et annotations: CÈline Vaquer-Nos)

En cas de reproduction partielle ou intÈgrale de cet article, priËre de
faire rÈfÈrence ý son auteur, au journal et la date de sa parution:

Un guerrier en cage (Caged Warrior) - Entretien avec Leonard Peltier
Par Ben Corbett
Boulder Weekly 
Semaine du 9-15 mars 2000

Groupe de Soutien ý Leonard Peltier - Leonard Peltier Support Group
LPSG-France
c/o CSIA
B.P 372 - 75526  Paris Cedex 11 - France
TÈl: 01.43.73.05.80
Fax: 01.43.72.15.77 (attn CSIA)
Email: LPSG-France@wanadoo.fr

Contact USA:
Leonard Peltier Defense Committee - LPDC
P.O Box 583, 
Lawrence, KS 66044, USA
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Site : http://www.freepeltier.org
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