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From "Gotson Pierre" <gotson.crad@rehred-haiti.net>
Date Mon, 10 Apr 2000 08:31:22 -0700
Subject globe_l: Haiti-Correspondance # 58, 10 avril 2000

HA¦TI-CORRESPONDANCE serie 2 / No 58 / 10 avril 2000
E-bdo d actualite haitienne et de perspective democratique et populaire
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ENGAGEMENT ET INITIATIVES POPULAIRES POUR RENDRE HOMMAGE A JEAN
DOMINIQUE

(Extraits d'un grand reportage qui sera publiÈ ce lundi sur notre site)

HaÔti vient de vivre une des semaines les plus tristes de son histoire,
avec la disparition tragique du journaliste Jean Dominique, 69 ans,
directeur de Radio HaÔti Inter, victime le 3 avril dernier d'un attentat
par balles, ainsi qu'un gardien de la station, Jean-Claude Louissaint.

Les hommages ont culminÈ le 9 avril avec des funÈrailles officielles qui
se sont dÈroulÈes au stade national Sylvio Cator a Port-au-Prince en
prÈsence de plus de 15000 personnes. Le Chef de l'Štat RenÈ Preval
accompagnÈ de sa femme, le Premier Ministre Jacques E. Alexis et les
membres de son gouvernement ont pris part a la cÈrÈmonie.

L'ancien prÈsident Jean Bertrand Aristide et son Èpouse ont Ègalement
participÈ aux funÈrailles, aux cotÈs des membres du corps diplomatique
et des reprÈsentants de divers secteurs, dont 10000 paysans venus de
nombreuses localitÈs. Aucune prÈsence de responsables de partis
politiques d'opposition n'a cependant ÈtÈ signalÈe.

Šmotion

Au moment de saluer la famille, placÈe sous une tente au centre du
terrain de foot-ball, le prÈsident PrÈval n'a pas pu retenir sa douleur.
L'Èmotion Ètait visible sur son visage et il s'est vite dÈplacÈ en
jetant un regard furtif sur le cercueil de Jean Dominique, recouvert en
partie du drapeau bleu et rouge. On pouvait facilement remarquer une
croix en or sur la poitrine du dÈfunt qui a ÈtÈ dÈcorÈ, a titre
posthume, de l'ordre honneur et mÈrite. Il ne lui manquait pas non plus
sa pipe lÈgendaire.

La cÈrÈmonie qui a durÈ 3 heures d'horloge a ÈtÈ un superbe montage
audio, fait de chants patriotiques, traditionnels et musiques de
circonstances, entrecoupÈ de tÈmoignages ou discours de plusieurs
personnalitÈs. A plusieurs reprises, le public a pu Ècouter aussi la
voix du journaliste disparu, dans des extraits d'Èmissions spÈcialement
sÈlectionnÈs.

Cri de ralliement

Premier intervenant a ces funÈrailles qui n'ont volontairement revetu
aucun aspect religieux: Monseigneur Willy Romelus. "La mort de Jean est
un cri de ralliement afin que les HaÔtiens se rassemblent afin de b’tir
ce pays qui nous appartient", a dit L'ŠvÍque de JÈrÈmie, rappelant que
Dominique s'Ètait justement donnÈ cette tache.

MÈmoire

C'est pour son engagement dans la lutte en faveur du changement que le
journaliste a ÈtÈ abattu, selon le poËte Syto CavÈ, qui a lu des
extraits de son texte trËs connu en HaÔti, "la pËsonn o babay" (adieu
untel): "Le vent souffle, la mer est dÈmontÈe, notre barque a
chavirÈ...nous ne perdrons pas la mÈmoire".

VÈritÈ

Pour Charles Suffrad, responsable du rÈseau d'observation Èlectorale
paysanne KOZEPEP, popularisÈ par Radio HaÔti Inter, "Jean Dominique a
ÈtÈ tuÈ pour la vÈritÈ". Il a rappelÈ toute une sÈrie de dossiers dont
le disparu avait assurÈ un suivi systÈmatique: mÈdicament empoisonnÈ,
clairin frelatÈ, dÈchets toxiques, massacres de paysans, coup d'Ètat
militaire du 30 septembre 1991 et "coup d'Štat Èlectoral", en rÈfÈrence
a d'Èventuelles Èlections truquÈes que planifierait, selon lui, le
Conseil Electoral Provisoire (CEP).

Statu quo

Au nom de l'Èquipe d'HaÔti Inter, le journaliste Sony Esteus a fait
remarquer que l'assassinat de son directeur entre dans le cadre d'une
sÈrie d'Èpreuves qui frappent cette station depuis 20 ans, a cause de
son implication dans la lutte en faveur de la justice.

RÈpondant a ceux qui ne s'expliquent pas l'assassinat du directeur de
Radio HaÔti Inter en avril 2000, alors que ce journaliste-militant a pu
traverser les pires moments des dictatures civiles et militaires, Esteus
a lancÈ: "la lutte de Jean Dominique visait a secouer le systËme. S'il
est mort au cours de cette lutte, cela prouve que le systËme n'a pas
changÈ."

Justice

Il faut que les deux victimes trouvent justice pour qu'il soit mis fin
au gaspillage de la vie dans le pays, a affirmÈ le pËre William Smarth,
ami et compagnon de lutte de Jean Dominique. "Ce serait trËs grave que
l'Ètat ne se dÈbrouille pas pour rendre justice a jean Dominique",
a-t-il dit plus loin.

"Aristide ou la mort"

Tout au cours de la cÈrÈmonie, des slogans en faveur d'Aristide ont ÈtÈ
entendus, notamment "Aristide ou la mort". A peine les funÈrailles
termines, des groupes de personnes proches de l'Organisation Fanmi
Lavalas ont manifestÈ dans les rues, pour rÈclamer justice en faveur de
Jean Dominique, a dit leur porte-parole, RenÈ Civil.

Mais en milieu de journÈe, les manifestants ont incendiÈ le local de la
ConfÈdÈration UnitÈ DÈmocratique (KID), quartier gÈnÈral de la coalition
d'opposition Espace de Concertation. "L'Espace a mangÈ Jean Dominique,
nous allons manger l'Espace", avaient averti certains manifestants.

DÈmarche unitaire

Les rumeurs d'incendie avaient dÈjý couru la veille, a l'occasion d'une
"manifestation pour la vie" appelÈe par une coalition de 7 organisations
de femmes, a laquelle s'etaient jointes des organisations ouvriËres,
paysannes, de jeunes et professionnelles d'une longue expÈrience de
lutte.

Un petit groupe d'individus a tente en vain de perturber et de noyauter
la manifestation en hommage a Jean Dominique et pour demander au
gouvernement de faire tout ce qui est possible afin de s'assurer que les
coupables soient trouvÈs et punis.

Fermer le robinet de l'impunitÈ

Au milieu du brouhaha crÈÈ par les perturbateurs, Marie-Frantz Joachim
de l'organisation fÈministe SOFA dÈclare "nous levons bien haut le
flambeau dÈmocratique pour dire que cette fois, les assassins doivent
Ítre retrouvÈs, afin de fermer le robinet de l'impunitÈ". Il est du
devoir du gouvernement lavalas de rendre justice a Jean Dominique,
ajoute-t-elle sur un ton ferme.

Tuer le rÍve

Stephen Phelps de la Fondation Jean Marie Vincent  (FMJV) a su Èmouvoir
les participants, lorsqu'a l'une des 7 stations de la marche, il
martËle: "7 balles a la tete et au cour pour tuer le rÍve du peuple".
Pour lui, "la grande puissance et ses associes, experts en crimes,
marchands de la mort ont cueilli le journaliste Jean Dominique avec
l'intention de repousser l'espoir du 7 fÈvrier 1986".

Changer l'Štat

Plusieurs personnalitÈs ont pris part a la manifestation du 7 avril,
dont Florence Elie, numÈro 2 de l'Office de Protection du Citoyen et
Coordonnatrice du procËs du massacre de Raboteau (Artibonite).
InterrogÈe par le SICRAD, elle dÈclare ne pas comprendre que de tels
crimes puissent encore se produire dans le pays. "Je suis trËs
indignee", dit-elle, ajoutant: "mieux que les cris de justice, le
probleme c'est de changer l'Ètat".

Un mouvement parallËle a ÈtÈ organisÈ par Fanmi Lavalas qui a rÈalisÈ le
mÍme jour un sit-in devant les locaux de Radio HaÔti Inter. La veille,
pourtant, Fanmi Lavalas avait demandÈ a ses partisans de prendre part ý
la marche pacifique.

De nombreuses rÈactions d'indignation ont ÈtÈ enregistrÈes sur le plan
national et international ý la suite de l'assassinat odieux de Jean
Dominique.
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du Centre de Recherche et d'Action pour le DÈveloppement
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