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"nath" <nath@samizdat.net>
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Date
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Mon, 10 Apr 2000 23:59:53 +0200
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Subject
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globe_l: Expulses d'Allemagne, des Kosovars debarquent dans la confusion
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Expulses d'Allemagne, des Kosovars debarquent dans la confusion
SLATINA (Yougoslavie), 8 avril
(AFP) -
Ce matin-la, Kadri Begu travaillait sur un chantier, pres de Stuttgart, quand la
police allemande est venu le chercher pour l'expulser. En fin d'apres-midi,
il atterrissait au Kosovo, sans argent, laissant derriere lui sa femme et ses
quatre enfants. L'aeroport de Slatina, pres de Pristina, regorge de ce type
d'histoires. Vendredi en fin d'apres-midi, deux avions s'y posaient encore en
provenance d'Allemagne. A leur bord, plus d'une centaine de Kosovars dont les
autorites allemandes ne veulent plus, estimant que le Kosovo, pacifie, peut
maintenant les accueillir.
Fin 1999, l'Allemagne comptait quelque 180.000 Albanais du Kosovo,
dont 15. 000 arrives lors de la guerre du printemps. Le 28 fevrier, la Cour
administrative de Kassel (centre) a decide que les Kosovars ne pouvaient plus
pretendre au droit d'asile. Kadri Begu, 31 ans, n'a pas eu le temps de faire ses
bagages, ni de prendre de l'argent a la banque. D'ailleurs, il ne comprend pas
pourquoi il a ete expulse si vite. "Les autorites m'avaient laisse encore cinq mois
pour partir", dit-il. Un des ouvriers qui travaillait avec lui n'a meme pas eu le temps
de voir sa femme et ses trois enfants avant de partir. "Toute ma vie est en
Allemagne", o˜ il residait depuis huit ans, pres de Heilbronn, dans le sud-ouest du
pays, raconte Ibrahim Demaku, 42 ans.
A la sortie de l'aeroport, des chauffeurs de taxi et deux bus attendent les nouveaux
arrivants. Sadete Demaku, 28 ans, enceinte de sept mois, semble perdue. Un petit
sac a la main, elle a dš quitter a toute vitesse l'Allemagne, o˜ elle vivait depuis
decembre avec son ami a Mettingen (ouest).
"Les policiers sont venus a 04h30 du matin chez nous. Ils m'ont emmenee
immediatement avec eux dans un commissariat, o˜ j'ai dš attendre trois heures
sans manger", raconte-t-elle, le regard fatigue. "J'avais un visa jusqu'en septembre"
, assure-t-elle. Elle espere que son ami, qui a un visa permanent en Allemagne,
viendra au Kosovo pour se marier et la ramenera avec elle.
A l'interieur de l'aeroport, des employees du Haut Commissariat de l'ONU
aux refugies tentent de reconstituer le parcours de chacun, papiers a la main.
Un jeune homme, visiblement gene, explique qu'il ne sait pas o˜ aller. Il s'est fait
passer pour Kosovar aupres des autorites allemandes, mais vient en fait de
Macedoine. "C'est la premiere fois que je viens au Kosovo, je ne connais personne"
explique-t-il, son papier d'expulsion en main.
Plus loin, Enver S., 24 ans, attend, un petit sac bleu en toile a la main. Il raconte que
sa maison, dans la region de la Drenica (centre), a ete bršlee par les Serbes.
"Je ne sais pas quoi faire, aller en prison, ce serait certainement mieux", lance-t-il.
Depuis quatre ans, il travaillait au noir en Allemagne, sur des chantiers, dans des
usines. "Je pouvais rester jusqu'au 10 avril", affirme-t-il, "mais la police est venue me
chercher chez moi a 04h00 du matin".
"Si je le pouvais, je rentrerais en Allemagne", assure-t-il. "La-bas, avant de partir,
des Albanais m'ont dit qu'a l'aeroport de Slatina, je pourrais rencontrer des gens
qui peuvent me faire revenir en Allemagne". Il sera le dernier a quitter l'aeroport.
La semaine passee, un avion en provenance d'Allemagne atterrissait a Slatina,
avec a son bord des dizaines de Kosovars "au passe criminel", selon les termes du
garde-frontiere allemand de l'ONU.
Menottes aux poignets pendant le vol, prise d'empreintes digitales a l'arrivee, chaque
Kosovar etait encadre de deux policiers allemands en civil, avec un bandeau vert
"Polizei" autour du bras. Blerim venait de passer 30 mois en prison pour vol. Il etait
condamne pour 34 mois. "Le jugement etait en cours pour que je beneficie d'une
liberation conditionnelle", raconte-t-il. Avant d'obtenir la reponse, Blerim a ete
transfere dans un fourgon jusqu'a l'aeroport.
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