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wash <wash@ecn.org>
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Date
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Sun, 23 Apr 2000 19:11:12 +0200
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Subject
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globe_l: [Fwd: Serbie: Plus de 200 mÈdias menacÈs (RSF ), 12-04-2000]
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-------- Original Message --------
Objet: Serbie: Plus de 200 mÈdias menacÈs (RSF ), 12-04-2000
Date: Wed, 12 Apr 2000 19:30:15 +0200
De: Le Courrier des Balkans <cdb@bok.net>
A: balkans@cru.fr
Reporters sans frontiËres
12 avril 2000
UNE DIZAINE DE MEDIAS INDEPENDANTS ET D'OPPOSITION FERMES,
UNE TRENTAINE CONDAMNES ET PLUS DE 200 MENACES
Alors que l'opposition annonce une manifestation contre le rÈgime de
Slobodan
Milosevic pour le 14 avril, le pouvoir serbe lance une nouvelle
offensive
contre les mÈdias indÈpendants et d'opposition, dans une guerre,
dÈsormais
totale, pour le contrÙle de l'information. Les amendes continuent de
frapper
quotidiennement les mÈdias contestataires. Le montant total des sommes
ainsi
versÈes s'ÈlËverait ý 25 millions de dinars (2,4 millions d'euros).
Cependant,
pour la premiËre fois, des mÈdias condamnÈs ont annoncÈ publiquement
qu'ils
refusaient de rÈgler les sommes dues. Plus de 200 mÈdias Èlectroniques,
n'ayant
pas vu leurs licences renouvelÈes, sont actuellement menacÈs de
fermeture. La
pÈnurie de papier frappe la presse Ècrite. Depuis le dÈbut de l'annÈe,
une
dizaine de mÈdias indÈpendants ont ÈtÈ fermÈs et une trentaine ont ÈtÈ
condamnÈs.
La loi sur l'information d'octobre 1998, qui permet d'infliger de trËs
fortes
amendes pour "propos offensants" et "propos mensongers" sur simple
plainte d'un
particulier, continue d'Ítre massivement utilisÈe pour faire taire
toute
vellÈitÈ d'indÈpendance. Mais, pour la premiËre fois, des mÈdias ont
annoncÈ
publiquement qu'ils refusaient de payer les amendes. Le 10 avril, la
tÈlÈvision
municipale de Belgrade, Studio B, est condamnÈe ý payer 450 000 dinars
(40 500
euros). Cette amende est la troisiËme infligÈe depuis le mois de janvier
ý la
chaÓne, suite ý la plainte d'un gÈnÈral de l'armÈe yougoslave, que la
chaÓne
avait accusÈ d'Ítre impliquÈ dans l'attentat prÈsumÈ contre le leader de
l'opposition, Vuk Draskovic, le 3 octobre dernier. Studio B avait dÈjý
versÈ
450 000 dinars (40 500 euros) le 6 mars et 300 000 dinars (27 000 euros)
en
fÈvrier. Le rÈdacteur en chef a dÈclarÈ ne plus vouloir "participer ý
cette
comÈdie juridique". Le 11 avril, soutenus par des manifestations
populaires
organisÈes ý l'appel de l'opposition, les responsables de Narodne
Novine,
quotidien indÈpendant de Nis (Sud), condamnÈ, le 6 avril, ý une amende
de 400
000 dinars (35 000 euros), pour avoir affirmÈ que l'armÈe procÈdait ý
des
mobilisations, ont Ègalement dÈclarÈ refuser d'acquitter les sommes
dšes. Leurs
comptes bancaires ont ÈtÈ saisis et le matÈriel du journal confisquÈ.
Le quotidien indÈpendant Danas et son rÈdacteur en chef sont
actuellement
poursuivis par l'agence de presse gouvernementale Tanjug, qui rÈclame 1
million
de dinars (90 000 euros) de dommages et intÈrÍts pour un texte
critiquant la
situation de l'agence. Danas avait dÈjý ÈtÈ condamnÈ pour ce texte ý
verser 300
000 dinars (27 000 euros). Le 11 avril, l'hebdomadaire indÈpendant Vreme
est
Ègalement passÈ en jugement, suite ý une plainte dÈposÈe par le ministre
de la
Culture. Le 2 avril, l'hebdomadaire d'opposition, Kikinske Novine
s'Ètait vu
infliger une amende de 280 000 dinars (26 000 euros) pour avoir publiÈ
un
photomontage impliquant un journaliste proche du pouvoir. C'est la
troisiËme
amende infligÈe ý ce journal, aprËs six plaintes, toutes dÈposÈes par le
mÍme
journaliste. Ces condamnations font suite aux amendes de 100 000 dinars
(9 000
euros) infligÈes ý l' hebdomadaire Nedeljne Novine, pour un texte
portant sur
les activitÈs d'une branche locale du Parti socialiste, et au journal
Nezavisna
Svetlost, pour un article mentionnant une grËve des enseignants dans une
Ècole
primaire. En fÈvrier, l'hebdomadaire Nin et le quotidien Vecernje
Novosti ont
dš payer chacun 150 000 dinars (13 500 euros), pour avoir fait Ètat
d'abus de
pouvoir dans des Ètablissements universitaires et scolaires. Le 10 mars,
l'hebdomadaire Srpska Rec, publiÈ par le SPO (parti d'opposition), a dš
payer
450 000 dinars d'amende (40 500 euros) pour avoir accusÈ la police
d'Ítre
impliquÈe dans l'attentat prÈsumÈ contre le leader de l'opposition Vuk
Draskovic.
Le 14 mars dernier, le ministre fÈdÈral des TÈlÈcommunications avait
dÈclarÈ
que 168 stations de radio et 67 chaÓnes de tÈlÈvision fonctionnaient
sans
autorisation. Il leur avait donnÈ jusqu'au 31 mars pour rÈgler leur
dette qui
correspondrait, selon les autoritÈs, ý l'utilisation des frÈquences pour
la
pÈriode de juin 1998 ý fÈvrier 2000. Les mÈdias incriminÈs dÈclarent, de
leur
cÙtÈ, n'avoir jamais reÁu de notification Ècrite du montant ý honorer et
se
trouvent aujourd'hui dans l'illÈgalitÈ.
Au mois de mars, sous ce prÈtexte, les autoritÈs avaient dÈjý procÈdÈ ý
la
fermeture de plusieurs mÈdias Èlectroniques dans les villes contrÙlÈes
par
l'opposition. Le 8 mars, le ministËre des TÈlÈcommunications avait
procÈdÈ ý la
fermeture de Boum 93, une radio privÈe de Pozarevac (60 km ý l'est de
Belgrade). Le lendemain, deux autres mÈdias privÈs, la radio Tir et la
chaÓne
de tÈlÈvision Nemanja de Cuprija (100 km au sud de Belgrade), avaient
Ègalement
ÈtÈ suspendus. Le 12 mars, sous le mÍme prÈtexte, c'est la
radiotÈlÈvision
municipale de Pozega, une ville Ègalement contrÙlÈe par l'opposition,
qui avait
ÈtÈ fermÈe, malgrÈ les protestations de ses habitants.
La tÈlÈvision municipale de Pirot (une ville de 70 000 habitants situÈe
au
sud-est du pays) avait connu le mÍme sort quelques jours plus tard. La
municipalitÈ avait finalement rachetÈ un Èmetteur et repris ses
programmes sans
autorisation, le 27 mars, soutenue par la population. Le 18 mars, les
inspecteurs du ministËre fÈdÈral des TÈlÈcommunications avaient saisi
l'Èmetteur de la radiotÈlÈvision municipale de Kraljevo (100 km au sud
de
Belgrade), une ville dirigÈe par l'opposition, privant ainsi prËs de 800
000
personnes de leurs programmes. L'Èmetteur leur avait ÈtÈ rendu, une
semaine
plus tard, suite aux manifestations organisÈes par les habitants de la
ville.
A Nis, deuxiËme ville du pays, la chaÓne de tÈlÈvision TV5 risque d'Ítre
fermÈe
: l'armÈe yougoslave, propriÈtaire des locaux, a sommÈ la direction de
quitter
les lieux, au plus tard le 25 avril 2000. Selon des responsables de la
chaÓne,
TV5 aurait souscrit un contrat de location de dix ans.
Outre les amendes, tous les moyens sont mis en ¶uvre pour asphyxier
Èconomiquement les mÈdias indÈpendants. Depuis le 25 mars, l'entreprise
Matroz,
l'unique fabricant de papier journal, a suspendu sa production. Or, le
papier
journal ne peut Ítre importÈ sans une licence du ministËre yougoslave du
Commerce extÈrieur, qui a systÈmatiquement refusÈ d'en dÈlivrer aux
Èditeurs
indÈpendants. La production aurait repris, mais ý ce jour, la
distribution
n'est toujours pas assurÈe. Peu auparavant, les autoritÈs avaient imposÈ
aux
quotidiens indÈpendants Blic et Glas Javnosti, une baisse de 25 % de
leur prix
de vente, menaÁant fortement leur Èquilibre budgÈtaire. Le 28 janvier,
l'imprimerie ABC, qui Èdite le quotidien privÈ Glas Javnosti, tirant ý
200 000
exemplaires, avait ÈtÈ mise en faillite. Le 3 mars, un proche du rÈgime,
Dusan
Cukic, avait ÈtÈ nommÈ au poste de directeur et rÈdacteur en chef du
quotidien
ý grand tirage Vecernje Novosti. Le gouvernement a ainsi dÈcidÈ de
reprendre le
contrÙle du puissant groupe de presse Novosti, contestant la lÈgalitÈ de
sa
privatisation.
Les actes de vandalisme n'ont, par ailleurs, pas cessÈ. Le 29 janvier,
les
locaux du bureau rÈgional du quotidien Blic, ý Kragujevac, ont ÈtÈ mis ý
sac
par des inconnus. Mi-fÈvrier, c'est une partie de l'Èquipement du
journal
Novine Vranjske qui a ÈtÈ emportÈe par des cambrioleurs. Le 6 mars, la
chaÓne
de tÈlÈvision Studio B a, elle aussi, ÈtÈ victime d'actes de vandalisme
perpÈtrÈs par des individus en uniformes de police.
Enfin, la presse ÈtrangËre continue d'Ítre indÈsirable en Serbie. Le 6
avril,
le correspondant de la radio amÈricaine Voice of America, un Albanais du
Kosovo, Fahri Musli, avait ÈtÈ interpellÈ. Le 4 avril, deux journalistes
du New
York Times, interpellÈs ý Novi Pazar (Sud-Ouest ) avaient dš s'acquitter
d'une
amende de 2 000 dinars (180 euros) pour Ítre entrÈs en Serbie sans visa,
alors
que le vice-prÈsident de l'Association des journalistes de Croatie,
Drago
Pilsl, s'Ètait vu refuser son visa, le 29 mars dernier.
Face ý l'ampleur de la rÈpression menÈe par les autoritÈs serbes contre
les
mÈdias contestataires, Reporters sans frontiËres (RSF) demande aux
reprÈsentants de la communautÈ internationale, et notamment au
rapporteur
spÈcial des Nations unies (ONU) pour les droits de l'homme en
ex-Yougoslavie,
M. Jiri Diensbier, de dÈnoncer fermement cette situation et de faire
tout ce
qui est en leur pouvoir pour soutenir la rÈsistance des mÈdias menacÈs.
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Pour plus de renseignements, contactez Reporters sans frontiËres au 33
(1) 44
83 84 84
Anne Madelain
Europe desk researcher
Reporters sans frontieres
5, rue Geoffroy Marie
75 009 Paris, France
tel. 33 (1) 44 83 84 84, fax 33 (1) 45 23 11 51
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