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From	wash <wash@ecn.org>
Date	Sun, 23 Apr 2000 18:49:28 +0200
Subject	globe_l: [Fwd: Croatie: Le rÈveil de l'extrÍme-droite ( Feral Tribune), 03-2000]

-------- Original Message --------
Objet: Croatie: Le rÈveil de l'extrÍme-droite ( Feral Tribune), 03-2000
Date: Tue, 11 Apr 2000 11:29:36 +0200
De: Le Courrier des Balkans <cdb@bok.net>
A: balkans@cru.fr

Ivo Banac
Feral Tribune
mars 2000
(traduit par Vinko Bakija)

LíhystÈrie dÈclenchÈe derniËrement par la condamnation du gÈnÈral
Blaskic au
Tribunal pÈnal international (TPI) de La Haye prouve que líesprit de
Tudjman a
survÈcu ý sa mort.

LE REVEIL DE LíEXTREME-DROITE

Il serait long de recenser toutes les dÈclarations irrÈflÈchies faites
suite ý
líarrestation de Blaskic, depuis les archevÍques progressifs aux
acadÈmiciens
’gÈs, des militants pour les droits de líHomme aux journalistes
habituellement
critiques. En Croatie, mÍme aprËs la victoire de líopposition aux
Èlections du
3 janvier dernier, il demeure pÈrilleux díÈmettre une critique sur la
contribution du pays ý la tragÈdie bosniaque.

Par Ivo Banac

ìLa vÈnÈration des sacrifices du peuple croate et le mÈpris des
sacrifices des
autres, voilý une caractÈristique commune ý tous les politiciens
díaujourdíhui;
qui plus est, cette caractÈristique a contaminÈ tout le peuple, elle
rÈvËle de
sÈrieux problËmes  moraux et sociaux en Croatieî, disait Ivan Lovrenovic
dans
le quotidien ìDaniî, le 3 mars dernier. Voilý peut-Ítre pourquoi
certains ont
pu dire que ìla plus grande faute [de Blaskic] est díappartenir ý une
petite
nationî (Slavko Mihalic, ìVjesnikî, 4 mars). Aucun regret pour les
Bosniaques
tuÈs comme des chiens par la soi-disant armÈe lÈgale de Bosnie, dirigÈe
par le
gÈnÈral Blaskic.

Il níy a donc pas eu de changements en Croatie? Sinon que
líextrÍme-droite,
ÈcrasÈe lors des derniËres Èlections, síest rapidement relevÈe en
rÈcupÈrant
líaffaire Blaskic. Et le nouveau pouvoir ne fait rien pour amÈliorer la
situation: le HSLS (Parti social-libÈral, au gouvernement, ndlr) seconde
líextrÍme-droite dans ses positions nationalistes, et les autres partis
de la
coalition pratiquent la politique de líautruche.

La manifestation de 5 000 personnes devant líambassade amÈricaine níest
pas une
mince affaire, si líon considËre quíil síagissait essentiellement de
militants
díextrÍme-droite. Et cette faction risque de grandir, si le nouveau
rÈgime en
poste ý Zagreb, formÈ díamateurs de tout acabit, continue ý ne rien
faire qui
vaille pour síassurer le respect des Èlecteurs croates. Pire encore, il
semble
que ce nouveau gouvernement ne tiendra pas ses promesses quant aux
rÈformes
Èconomiques et ý la question bosniaque.

Seul un gouvernement irresponsable peut, comme le fait celui-ci,
ajourner le
dÈbat sur les retraites et le systËme de santÈ ý líannÈe prochaine. Seul
un
gouvernement aveugle peut, avec tant díenjeux importants, se concentrer
sur
díineptes changements constitutionnels tout en ignorant líurgence díune
rÈforme
dÈcentralisatrice.

Cíest laisser la porte grande ouverte ý líextrÍme-droite qui, devant
tant
díincompÈtence, pourra se regrouper et renaÓtre, que ce soit au HDZ (la
formation de líancien prÈsident Tudjman, ndlr) ou ailleurs. La montÈe
des
extrÈmismes est habituellement la rÈponse cinglante aux politiques
inefficaces
et opportunistes.

Dans toute cette affaire, o˜ est donc Stipe Mesic (nouveau prÈsident du
pays,
ndlr) ? Tous síattendaient ý ce que Mesic joue son rÙle díarbitre, quíil
dirige
les membres du cabinet dans une direction productive, bref, quíil se
rende
utile. Or, bien au contraire, Mesic a laissÈ toute la place au premier
ministre
Racan.

Mesic se trompe en síattardant aux problËmes constitutionnels, en
perdant du
temps avec des experts qui lui concocteront une rÈforme inutile. En
síacharnant
sur des questions sans importance, Mesic permet ý Racan díimposer son
propre
rythme aux activitÈs du nouveau gouvernement.

Le Croate moyen ne se soucie guËre des rÈformes constitutionnelles: il
veut des
rÈsultats concrets, des rÈponses rapides. Si Stipe Mesic níen devient
pas le
porte-parole, il risque de tomber, avec ou sans Racan. Lorsque les
Èlecteurs se
prononceront lors du rÈfÈrendum constitutionnel, ils accepteront une
rÈforme
qui donne des pouvoirs forts au prÈsident si celui-ci prÈsente une
feuille de
route satisfaisante.

Pour ce faire, Mesic doit changer le climat politique. Il doit
transformer
radicalement líambiance politique hÈritÈe de líËre Tudjman. Lorsque
Mesic a
dÈposÈ une couronne funÈraire sur la tombe de Tudjman, deux jours aprËs
son
assermentation, il a commis une faute catastrophique: cíÈtait une
insulte pour
tous ceux qui ont appuyÈ Mesic, croyant trouver en lui un opposant
farouche aux
idÈes politiques de Tudjman.

Quoi quíen pense Mesic, il ne pourra jamais rÈcupÈrer les anciens
membres du
HDZ, ni les joyeux drilles qui louvoient autour de Racan, ni les
militants des
partis membres de la coalition gouvernementale. 

La situation politique du pays est on ne peut plus mauvaise: le nouveau
pouvoir
níest pas (ou ne veut pas Ítre) efficace; líopposition fragmentÈe díhier
se
partage aujourdíhui la responsabilitÈ de líinefficacitÈ gouvernementale;
líextrÍme-droite se rÈveille; et le prÈsident Mesic nía pas díappui
politique.

Si Mesic voulait bien commencer par avoir des appuis dans la classe
politique
croate, il devrait fonder son propre parti politique. Or, on ne voit pas
pour
líinstant une telle volontÈ de la part du prÈsident. Cíest pourtant ý
lui de
jouer.

(Mis en forme par Alexandre Billette)

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