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From wash <wash@ecn.org>
Date Tue, 16 May 2000 19:57:44 +0200
Subject globe_l: [Fwd: Kosovo: Anniversaire de l'arrestation de Flora Brovina (AIM),02-05-2000]



Le Courrier des Balkans a Ècrit :

> Alternativna informativna mreza (AIM)
> 2 mai 2000 Podgorica
> (traduit par Emmanuelle RiviËre)
>
> Anniversaire de líarrestation de Flora Brovina
>
> UNE INNOCENTE EMPRISONNEE
>
> Parmi les dictatures du monde entier, quíelles soient africaines, asiatiques ou
> europÈennes, la Serbie peut se vanter de dÈtenir la prisonniËre politique la
> plus cÈlËbre du monde. Aujourdíhui, plus díun an síest ÈcoulÈ depuis son
> arrestation, et prËs de six mois sont passÈs depuis son incarcÈration.
> PÈdiatre, elle dÈfendait avec passion les droits humains (notamment fÈminins)
> et elle síopposait fermement ý la rÈpression du rÈgime serbe contre les
> Albanais du Kosovo. Elle Ècrivait aussi des poËmes. Les syndicats díÈcrivains
> et de mÈdecins du monde entier, de Paris ý Washington, demandent sa libÈration.
>
> Par Vladimir Milovanovic ý Belgrade
>
> A 50 ans, cette femme se distingue du lot díAlbanais du Kosovo arrÍtÈ et
> incarcÈrÈ ý la veille, pendant et aprËs les bombardements de líOrganisation du
> traitÈ de líAtlantique nord (OTAN) contre la Yougoslavie de par la peine
> draconienne quíon lui a infligÈe: 12 annÈes de prison.
>
> Líaffaire de la docteure Flora Brovina, arrÍtÈe le 20 avril 1999 devant chez
> elle ý Pristina, est arrivÈe ý la Cour suprÍme de Serbie, qui pourrait dÈcider
> de libÈrer Flora Brovina ý sa session du 16 mai.
>
> Mme Biljana Kovacevic-Vuco, prÈsidente du ComitÈ yougoslave des avocats des
> droits humains, estime que la soi-disant culpabilitÈ de Mme Brovina ne repose
> sur aucune preuve. Pourtant elle explique: ìil níy a pratiquement aucune chance
> pour que la Cour se libËre du joug politique sous lequel elle se trouve, et
> quíelle agisse comme de droit: cíest ý dire quíelle dÈlibËre et conclue que
> Flora Brovina est innocente.î
>
> Officiellement, Flora Brovina a ÈtÈ condamnÈe ý 12 annÈes de prison pour avoir
> ìcommis líacte criminel díìassociation de malfaiteurî en lien avec líacte
> criminel de ìterrorismeî ý un moment o˜ pesait une menace directe de guerre sur
> le pays, ainsi que pendant la guerreî - faute passible díun minimum de 10 ans
> de prison.
>
> Mais líavocate Kovacavic-Vuco voit díun tout autre úil líarrestation et la
> condamnation de Flora Brovina: ìBrovina a ÈtÈ condamnÈe pour rien. Elle Ètait
> líennemie du rÈgime serbe parce quíelle militait dans une ONG humanitaire et
> parce quíelle Ècrivait des poËmes. Elle dÈtruisait ainsi le stÈrÈotype fixant
> dans les esprits les Albanais comme une ìrace infÈrieureî, ce dont un grand
> nombre de Serbes est persuadÈ.î
>
> Lorsque sa condamnation fut entÈrinÈe au tribunal de Nis, Flora Brovina
> prononÁa ces derniers mots: ìJe suis líune des militantes des droits humains
> originaires du Kosovo les plus connues au monde. Jíai sacrifiÈ ma propre santÈ
> pour venir en aide ý des femmes et des enfants. Et si aujourdíhui on me
> libÈrait, jíaurais encore beaucoup ý faire, jíaiderais ceux qui sont
> actuellement menacÈs.î PoËte et pÈdiatre, elle est Ègalement fondatrice de la
> Ligue des femmes albanaises.
>
> Lors díune rencontre organisÈe fin avril par le Centre pour la dÈcontamination
> culturelle de Belgrade, Vojin Dimitrijevic, prÈsident du Centre de Belgrade
> pour les droits humains, a dÈclarÈ que si Mme Brovina Ètait libre et se
> trouvait actuellement au Kosovo, elle ìÈleverait la voix contre les Albanais,
> membres de son propre groupe ethnique, pour dÈnoncer la violence commise contre
> les Serbes et autres non Albanais de la province serbe du sud.î
>
> Or les tribunaux serbes ont considÈrÈ les activitÈs de Flora Brovina tout ý
> fait diffÈremment. Dr. Brovina a ÈtÈ accusÈe díavoir fondÈ la Ligue des femmes
> albanaises avec une trentaine díautres femmes ìqui síÈtaient donnÈ pour t’che
> díorganiser des manifestations hostiles, de rÈcolter des mÈdicaments et de la
> nourriture pour alimenter les sÈparatistes de líArmÈe de libÈration du Kosovo
> (UCK) et de prÈparer des actions terroristesî. Elle est Ègalement inculpÈe pour
> avoir ÈtÈ ministre de la SantÈ dans le gouvernement parallËle des Albanais du
> Kosovo,et accusÈe díavoir maintenu des contacts permanents avec le haut
> commandement de líUCK.
>
> Lors de son procËs, Flora Brovina avait ÈcoutÈ toutes ces accusations avec
> attention. Elle níavait fait preuve díaucun accËs díÈmotion, mÍme lorsque les
> pleurs ÈtouffÈes de ses súurs avaient retenti dans la salle díaudience du
> tribunal. La police síÈtait promptement emparÈe de líaccusÈe, lui interdisant
> un dernier contact avec son mari, ses súurs et ses amis prÈsents dans la salle
> díaudience.
>
> Le procËs de Flora Brovina fut repoussÈ par deux fois. Depuis son arrestation,
> líÈtat de santÈ de Mme Brovina nía cessÈ de se dÈtÈriorer, ce qui aurait dš
> suffire pour que les autoritÈs comprennent quíil ne fallait pas la transfÈrer
> constamment díune prison ý líautreÖ
>
> Dr. Brovina fut pourtant incarcÈrÈe tout díabord ý Lipljan, dío˜ elle fut
> ÈvacuÈe le 10 juin, avec díautres prisonniers, lors du retrait des forces de
> sÈcuritÈ yougoslaves du territoire kosovar. Elle arriva ý la prison de
> Prozarevac dans un Ètat de santÈ dÈplorable. Elle souffre díune angine de
> poitrine chronique qui menaÁait alors de síaggraver sÈrieusement faute de
> traitement mÈdical appropriÈ - et par manque de mÈdicaments. Flora Brovina
> Ètait paralysÈe du cÙtÈ droit, elle en perdit mÍme la facultÈ de parler pendant
> quelque temps. Aujourdíhui, sa santÈ est un peu meilleure parce que les
> autoritÈs finirent par autoriser ses avocats et son mari ý lui rendre visite
> dans la prison de Prozarevac pour lui apporter des mÈdicaments. Au moment de
> son procËs, sa santÈ Ètait plus ou moins stabilisÈe. Cependant, depuis
> Prozarevac on lía transfÈrÈe ý la prison de Nis o˜ elle se trouve depuis le 10
> novembre dernier, suite ý la dÈcision du tribunal rÈgional de Nis de traiter
> les procËs incombant autrefois au district de Pristina. Lorsque la juge Marina
> Milanovic, Ègalement originaire du Kosovo, a demandÈ ý Mme Brovina si elle
> avait des critiques ý apporter concernant le traitement reÁu en prison, Flora
> Brovina a rÈpondu: ìOn me traite correctement, on ne mía frappÈe ý la tÍte
> quíune seule foisÖî
>
> Gradimir Nalic, du ComitÈ des avocats des droits humains, considËre que Flora
> Brovina est maltraitÈe en prison. Selon lui, elle a ÈtÈ interrogÈe 18 fois,
> mais pas toujours en prison. AprËs ces interrogatoires Èpuisants, souvent
> conduits sans permission de manger ou de boire, ìBrovina a dit elle-mÍme
> quíelle finissait par avouer tout ce quíon voulait lui faire dire, elle aurait
> mÍme jurÈ quíelle síÈtait transformÈe en girafeÖî
>
> Au dÈbut de son incarcÈration, ý Lipljan, elle avait signÈ une dÈclaration sans
> líavoir ne serait-ce que lue auparavant, selon son avocate Husnija Bitic.
> Díailleurs personne ne líaurait lue. ì Ils lui ont ordonnÈ de signer sa
> dÈclaration. Brovina Ètait persuadÈe de signer une feuille reproduisant ses
> propres mots.î
>
> Elle ne síimaginait pas Ítre en train de signer sa propre condamnation;
> pourtant ce papier fut utilisÈ par líaccusation comme líune des principales
> piËces ý conviction de sa condamnation. De plus, on utilisa une simple
> photocopie, papier qui ne peut en aucun cas constituer une preuve valable au
> tribunal. Líaccusation insista pour lire la dÈclaration de Flora Brovina au
> tribunal, ses avocats síy opposËrent, mais elle accÈda elle-mÍme ý la demande.
> DËs le dÈbut de la lecture, Brovina secoua la tÍte et interrompit le procureur:
> ìJe níai jamais dit Áa, ces paroles ne sont pas les miennes.î
>
> Pour rÈpondre aux accusations mettant en cause la clinique polyvalente quíelle
> avait fondÈe - on y soignait ìdes terroristes, des membres de líUCKî - et lui
> reprochant díavoir fourni des vÍtements ý ces mÍmes terroristes, Brovina
> rÈpondit que pendant les bombardements de líOTAN, elle Ètait gravement malade.
> Une de ses mains Ètait paralysÈe et elle ne travaillait pas, mÍme dans sa
> propre clinique privÈe. Pour prouver que la Ligue de Brovina avait tricotÈ des
> pulls pour les combattants de líUCK, de la laine confisquÈe dans un atelier de
> Pristina fut exhibÈe. Brovina expliqua que son ONG avait reÁu la laine díune
> organisation humanitaire anglaise nommÈe Oxfam. ìCela faisait partie díun
> projet au cours duquel les femmes, traumatisÈes par le conflit du Kosovo, se
> mettraient ý tricoter - une sorte de traitement thÈrapeutique par le travail
> manuelî, expliqua líavocat Bitic. ìLa moitiÈ des Ècheveaux Ètait offerte aux
> femmes, et líautre moitiÈ Ètait rendue ý Oxfam, sous forme de vÍtements, pour
> Ítre distribuÈe en tant quíaide humanitaire. Brovina avait dÈjý participÈ ý de
> tels projets avec díautres ONG similaires ý Pristinaî, explique Bitic.
>
> A líheure o˜ le rÈgime de Belgrade et les tribunaux libËrent, sans doute sous
> líeffet díun accord secret, un certain nombre de prisonniers albanais, les
> dÈfenseurs des droits humains agissant au Kosovo sont plutÙt pessimistes quant
> au cas de Flora Brovina. On síinquiËte aussi parce que la plupart des partis
> díopposition et mÍme des organisations non gouvernementales passent sous
> silence et son arrestation et sa condamnation scandaleuses. Les seuls groupes
> ayant ÈlevÈ la voix sont le ComitÈ Helsinki des droits humains, le Fond pour la
> loi humanitaire, et un certain nombre díavocats rassemblÈs autour du ComitÈ des
> avocats des droits humains et du Syndicat parallËle des Ècrivains de Serbie. La
> Chambre des mÈdecins et le Syndicat officiel des Ècrivains de Serbie níont rien
> dit.
>
> Biljana Kovacevic-Vuco explique que líopposition et les partis dÈmocratiques de
> Serbie ont estimÈ quíil níÈtait pas politiquement opportun de se battre pour
> Brovina, et sont donc restÈs cois - honte sur eux. Actuellement des pÈtitions
> rÈclamant sa libÈration sont signÈes par des Ècrivains, des poËtes, des
> journalistes et des mÈdecins dans le monde entier, et Flora Brovina a reÁu,
> derriËre les portes de sa prison, plusieurs prix littÈraires díÈminence. Selon
> ses avocats, Brovina est victime du rÈgime de Belgrade, ìqui a dÈtruit tout ce
> ý quoi il a touchÈ, mÍme le systËme judiciaire.î Et Vojin Dimitrijevic conclut:
> ìLes l’ches qui se taisent collaborent volontairement au crime commis contre
> Flora Brovina.î
>
> AIM: http://www.aimpress.org/
>
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