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From Pedro <pedro@samizdat.net>
Date Tue, 11 Jul 2000 12:29:33 +0200
Subject globe_l: SIDA : la poudre aux yeux

Dominique Gillot, secrÈtaire d'Etat ý la SantÈ du gouvernement franÁais,
convoque une ConfÈrence mondiale sur l'accËs aux traitements

La Poudre aux yeux


C'est devenu une habitude : ý chaque confÈrence, l'Etat franÁais, en la
personne du ministre de la SantÈ du moment, multiplie les dÈclarations
tonitruantes, lance des idÈes gÈnÈreuses et spectaculaires, et vante le
caractËre exemplaire de l'engagement franÁais dans la lutte contre le sida.
Bref rappel : en 1994, Simone Veil convoquait depuis Yokohama un sommet
mondial des chefs d'Etat, au cours duquel Edouard Balladur promettait 100
millions de francs qui n'ont jamais existÈ ; en 1997 ý Abidjan, Jacques
Chirac prÍchait l'accËs aux antirÈtroviraux pour tous ; en 1998 ý GenËve,
Bernard Kouchner contait, avec une habiletÈ de bateleur, les premiers pas du
Fonds de SolidaritÈ ThÈrapeutique International (FSTI) lancÈ dans la foulÈe
d'Abidjan ; aujourd'hui, Dominique Gillot vient de convoquer la tenue ý
Paris d'une ConfÈrence mondiale sur l'accËs aux traitements.

Sortie des confÈrences internationales, la politique franÁaise est beaucoup
moins reluisante :

FAIBLESSE DE LA CONTRIBUTION FINANCIERE FRAN«AISE AU FSTI. La France a jusqu
'ý prÈsent allouÈ 40 millions de francs pour deux ans au FSTI. Cette
participation financiËre est ridicule en regard des besoins des pays en
dÈveloppement, et incapable d'entraÓner une dynamique sÈrieuse auprËs d'
autres bailleurs de fonds. Aujourd'hui, moins de la moitiÈ de cette somme a
ÈtÈ dÈpensÈe.

FAIBLESSE DES PROGRAMMES ENGAGES PAR LE FSTI. En CÙte d'Ivoire, 200 femmes
seulement ont bÈnÈficiÈ d'une prophylaxie par AZT pendant leur grossesse.
Une seule femme a ensuite eu accËs ý une trithÈrapie. En avril, 86 patients
avaient bÈnÈficiÈ d'une prise en charge par le FSTI de 20 % du cošt de leur
traitement. Au SÈnÈgal, le programme de prÈvention de la Transmission MËre
Enfant du FSTI, qui n'a pas dÈmarrÈ, n'organise ni l'accËs aux
antirÈtroviraux ni mÍme aux traitements contre les maladies opportunistes
des femmes et de leur famille. Au Maroc, le FSTI fournit quelques boÓtes de
mÈdicaments - une seule molÈcule, pour 63 personnes - en complÈment de ce
qu'achËte le gouvernement local.

PRESSIONS FRAN«AISES CONTRE LES PAYS PRODUCTEURS DE GENERIQUES. Il y a deux
ans, au cour du conflit qui opposait l'Afrique du sud et les USA sur la
question des licences obligatoires, Jacques Chirac sommait l'Afrique du sud
de renoncer ý produire des gÈnÈriques de mÈdicaments de marque : les
intÈrÍts de la France, des Etats-Unis et des multinationales pharmaceutiques
Ètaient en jeu.

COMPLICITE AVEC LES MULTINATIONALES PHARMACEUTIQUES. Partout o˜ elle
intervient, la France favorise le monopole des multinationales en prenant
dÈlibÈrÈment le parti d'acheter les traitements aux prix forts, c'est-ý-dire
aux compagnies dÈtentrices des brevets, comme Glaxo-Wellcome. Elle a jusqu'ý
prÈsent refusÈ de se procurer des gÈnÈriques, qui permettraient de soigner
plus de malades pour le mÍme prix.

DEMANTELEMENT DE LA POLITIQUE DE COOPERATION. Le gouvernement franÁais
liquide les financements sida pour les pays pauvres. Au SÈnÈgal, par
exemple, une partie du budget santÈ de la CoopÈration utilisÈ pour l'achat
de traitements contre les maladies opportunistes ne sera pas reconduite.
Partout, les postes de conseillers techniques sont supprimÈs. Les structures
de prise en charge perdent leurs financements. En quatre ans, l'aide au
dÈveloppement a ÈtÈ rÈduite de 34%.  Le ministËre des Affaires ÈtrangËres s'
oriente vers un saupoudrage des fonds, faisant passer de 25 ý 57 le nombre
de pays qui en bÈnÈficient. En outre, la responsabilitÈ de la lutte contre
le sida jusqu'ý prÈsent confiÈe aux chefs de mission de la CoopÈration
incombe dÈsormais aux ambassadeurs. On ne peut imaginer symbole plus
dÈsastreux d'une politique dÈsormais rÈduite ý la mondanitÈ et au
clientÈlisme.

Ce matin ý Durban, Dominique Gillot faisait encore une publicitÈ ÈhontÈe du
FSTI. Poudre aux yeux : le FSTI, qui aurait pu Ítre un outil au service des
malades, n'est ni international, ni thÈrapeutique, ni solidaire. Il y a un
mois, la dÈlÈgation franÁaise ý l'AssemblÈe gÈnÈrale de l'ONUSIDA consacrait
toute son Ènergie ý imposer l'organisation, sous l'Ègide de l'ONU, du sommet
que Mme Gillot vient d'annoncer. Ce faisant, elle concurrenÁe et menace le
processus de reprise en main, par les gouvernements africains, des
nÈgociations sur les prix des traitements. La France se moque des malades,
elle se moque des pays en dÈveloppement. Il est temps qu'elle se taise.


Durban, lundi 10 juillet 2000

Act Up Paris

ecosse@samizdat.net



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