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From alfas@free.fr
Date Tue, 3 Oct 2000 01:25:28 +0200
Subject globe_l: Tr: dernieres nouvelles de prague



----- Message d'origine -----
De : Bertrand Schmitt <bertrandschmitt@yahoo.com>
¿ : <wwsol@cybercable.fr>; Pajol <zpajol@ada.eu.org>; droits devant <droits-devant@globenet.org>; conf;paysanne
<confpays@globenet.org>; <fmi2@free.fr>; <isamorin@hotmail.com>; <alfas@free.fr>; <jgaillot@partenia.org>;
<gillesklein@cybercable.fr>; <Sislian.marc@wanadoo.fr>; <yabasta@sherwood.it>
EnvoyÈ : lundi 2 octobre 2000 18:33
Objet : dernieres nouvelles de prague


>
>  Voici les dernieres informations de Prague. Tout d
> abord tous les Francais qui etaient arretes et dont j
> avais les noms ont ete a priori liberes d apres
> enquete aupres de leurs amis presents a prague.
> d autre part apres liberation des cinq francais
> detenus a Balkova j ai pu avoir un rendez vous avec
> deux d entre eux dans le bureau du Consul de france
> qui venait de les ramener. Voici leur temoignage il
> est a faire circuler et a transmettre a Momsieu
> janicka, ambassadeur de la republique tcheque. merci
> encore a tous.
> Bertrand
>
>
>
>
> rapport sur les vexations et les violences policiËres
> commises lors des arrestations des 26, 27, et 29
> septembre 2000 ý Prague.
>
>
>
> Les documents ci-dessous ont ÈtÈ Ètablis le vendredi
> 29 septembre, aprËs l'audition de deux ressortissants
> franÁais qui avaient ÈtÈ arrÍtÈs au cours des
> manifestations organisÈes contre le sommet du Fond
> MonÈtaire International et de la Banque Mondiale, ý
> Prague le 26 septembre 2000 et rel’chÈs le vendredi 29
> septembre, dans le courant de l'aprËs-midi, suite ý
> l'intervention du Consulat franÁais au camp de
> rÈtention de Balkova.
>
> Ces tÈmoignages ont ÈtÈ recueillis, sÈparÈment, l'un
> aprËs l'autre, dans le bureau du Consul de France et
> en prÈsence de celui-ci.
> En plus des tÈmoignages directs des deux
> ressortissants franÁais, nous avons pu constater, lors
> de ces entretiens, ou juste aprËs, plusieurs ÈlÈments
> (prÈsence d'ecchymoses sur le visage,  le torse et les
> jambes, boitement, lËvres tumÈfiÈes, marques trËs
> nettement visibles de menottes et escarres aux
> poignets,  sur une des deux personnes).
>
> D'autres tÈmoignages ont ÈtÈ recueillis auprËs de
> plusieurs personnes dÈtenues les 27 et 28 Septembre et
> libÈrÈs le jour mÍme ou le lendemain. Ces divers
> tÈmoignages sont venus recouper  les dires des deux
> FranÁais
>
>
>
>
> TÈmoignage de Jean Philippe Joseph
>
> ( Les ÈvÈnements prÈcÈdant l'arrestation du tÈmoin,
> sont confirmÈs par l'auteur de ce rapport, prÈsent sur
> les lieux ý ce moment lý,  non loin du tÈmoin,  et qui
> a pu suivre le dÈroulement des faits jusqu'ý
> l'interpellation.)
>
> Mardi 26 septembre aprËs midi:
>
> Jean Philippe Joseph a tout d'abord suivi la
> manifestation sur le cortËge "jaune". Le cortËge est
> parti  de Namesti Miru en empruntant  les rues
> Rumunska et Legerova jusqu'au pont de Nusle (Nuselsky
> Most) entiËrement bloquÈ par d'importantes forces de
> police, soutenues par des canons ý eau et des blindÈs
> lÈgers.
>
> ArrivÈs ici, et aprËs avoir constatÈ qu'aucun passage
> vers le Centre des CongrËs, o˜ se rÈunissaient les
> participants au sommet, n'Ètait possible, les
> participants du cortËge jaune ont dÈcidÈ de maintenir
> une prÈsence en face du pont. Les membres de
> l'association italienne Ya basta ! ont donc formÈ un
> cordon, face aux forces de police et ont dÈcidÈ de
> rester lý jusqu'ý ce que cela ne soit plus possible.
> Leur intention Ètant d'empÍcher aussi longtemps que
> possible l'accËs au Centre des CongrËs pour y bloquer
> les congressistes prÈsents.
>
> Au bout d'une heure de prÈsence, tendue mais
> entiËrement pacifiste, des rumeurs sont parvenues de
> violents affrontements avec la police sur un autre
> cortËge qui progressait plus bas dans la vallÈe, le
> cortËge "bleu".
>
> Peu aprËs parvenait l'information, que le troisiËme
> cortËge, le cortËge "rose",  Ètait parvenu ý  sa
> destination, et tout comme le faisait le cortËge
> jaune, avait dÈcidÈ de bloquer symboliquement les
> accËs au Centre des CongrËs afin d'en gÍner l'entrÈe
> et retarder la sortie des congressistes. Au mÍme
> moment, des personnes qui s'Ètaient trouvÈes sur le
> cortËge rose sont arrivÈes et ont fait circuler
> l'information qu'ils avaient besoin de personnes
> supplÈmentaires, de leur cÙtÈ,  pour pouvoir occuper
> toutes les rues menant au Centre des CongrËs.
> Un petit groupe de personnes, prÈsentes sur le cortËge
> jaune, a alors dÈcidÈ de traverser la vallÈe et de se
> rendre de l'autre cÙtÈ, vers la rue Marie Cibulkova.
> Le tÈmoin s'y  est rendu accompagnÈ de plusieurs
> franÁais, dont l'auteur du prÈsent rapport qui a
> demandÈ au passage ý une observatrice lÈgale de
> l'association tchËque  OPH  (ObcanskÈ Pravni Hlidky)
> de venir sur les lieux.
>
> Quand nous avons traversÈ la vallÈe pour nous rendre
> de l'autre cÙtÈ du pont, nous avons entendu plusieurs
> explosions de grenades lacrymogËnes, ainsi que de trËs
> nombreuses sirËnes ( vÈhicules de police, ambulances).
> L'extrÈmitÈ de la rue Jaromirova en direction de
> Ostricilovo Namesti Ètait totalement coupÈe, et de lý
> venaient de nombreux journalistes ainsi que quelques
> observateurs lÈgaux OPH, tous tÈmoins de la violence
> des affrontements que se dÈroulaient au-delý entre
> forces de police et manifestants.
>
> Notre petit groupe est remontÈ en direction de la
> station de mÈtro Vysehrad et, de lý, s'est dirigÈ vers
> la rue Maria CibulkovÈ. ArrivÈs sur les lieux nous
> avons vu que le cortËge rose, accompagnÈ d'un
> orchestre de samba, se tenait en face d'un important
> dispositif policier.
> Plusieurs autres rues menant au Centre des CongrËs
> avaient ÈtÈ bloquÈes par des cordons de policiers et
> par des barriËres. Dans certaines de ces rues, des
> sittings avaient ÈtÈ organisÈs juste en face du
> dispositif policier. Dans d'autres Ètaient mis en
> place des "filtrages" ( des manifestants se donnant la
> main afin de bloquer symboliquement la rue et empÍcher
> l'entrÈe du centre des CongrËs aux congressistes).
> Sur aucun des lieux visitÈs je n'ai constatÈ la
> moindre trace de violence, ni mÍme de vellÈitÈ de
> violence, le rapport de force avec la police Ètant
> hautement dissuasif.
>
> Le "blocage" du Centre des CongrËs a durÈ environ une
> heure, sans qu'il y ait le moindre incident. Les
> sittings ou les chaÓnes de filtrage Ètant
> systÈmatiquement levÈes au passage des ambulances qui
> entraient ou sortaient du Centre des CongrËs, ainsi
> que pour laisser circuler les simples passants ou les
> riverains. Seuls les membres du CongrËs Ètaient
> arrÍtÈs et une discussion s'engageait avec eux, le
> plus souvent "bon enfant" de la part des manifestants
> mais aussi des congressistes, qui repartaient alors en
> attendant que cela passe.
>
> Je me suis dÈplacÈ vers le sitting qui se trouvait
> dans une ruelle adjacente ( vers Na bitovni plani), au
> moment o˜ le dispositif policier s'ouvrait pour
> laisser sortir un dÈlÈguÈ de l'enceinte du Centre des
> CongrËs. Le sitting n'a pas bougÈ et le congressiste a
> essayÈ de le traverser en marchant sur les personnes
> assises au sol. Il Ètait accompagnÈ par quatre
> policiers qui ont voulu faire dÈgager les
> manifestants. Ceux-ci ont rameutÈ d'autres personnes
> qui sont alors venus faire un cordon en se donnant les
> mains, afin de bloquer la sortie du congressiste. Un
> des policiers a alors saisi sa matraque, a attrapÈ
> violemment un manifestant qui se trouvait devant lui,
> le poussant contre la faÁade d'une maison et le
> frappant. Il a aussitÙt ÈtÈ rejoint par un deuxiËme
> policier qui est venu violemment ceinturer le
> manifestant. Les autres manifestants se sont aussitÙt
> rapprochÈs ainsi que des journalistes qui ont
> photographiÈ l'action. Un cri a ÈtÈ lancÈ "filmez leur
> numÈros". (Il est ý remarquer que contrairement ý ce
> qu'il est normalement prÈvu, je n'ai pas vu de numÈro
> identifiant sur les casques des policiers mais juste
> au-dessus de la pochette de leur veste).
> Presque aussitÙt les policiers ont rel’chÈ leur
> Ètreinte et sont retournÈs derriËre le dispositif
> policier, emmenant le congressiste avec eux. Le
> sitting des manifestants a alors repris.
>
> Vers 16 h 30, est parvenue la nouvelle que le cortËge
> "jaune" avait levÈ son blocage ý l'autre extrÈmitÈ du
> pont et qu'il se repliait sur Namesti Miru. L'accËs de
> ce cÙtÈ du Centre Ètait alors ouvert. L'action de
> blocage menÈe par les manifestants "rose", n'avait
> plus de vÈritable efficacitÈ et nombre de manifestants
> ont dÈcidÈ de se retirer, en cortËge, aprËs avoir
> prÈvenu l'ensemble des personnes prÈsentes. Les
> groupes rÈpartis dans les diffÈrentes rues ont ÈtÈ
> avertis et des manifestants ont commencÈ ý se replier
> par grappes. Le groupe des FranÁais est parti
> ensemble.
>
> Un peu aprËs 17 h 00, a l'angle de la rue Viktorinova,
> et alors que les manifestants commenÁaient ý se
> replier, une premiËre charge de police a eu lieu sans
> qu'il y ait eu le moindre avertissement au prÈalable
> et sans que j'ai pu entendre, ni ý ce moment ni avant,
> l'annonce de la dispersion du rassemblement par la
> police. Une grenade de gaz lacrymogËne a ÈtÈ lancÈe
> sur les manifestants crÈant un petit mouvement de
> panique vers la rue du 5 Mai (5. Kveten).  Certains
> manifestants se sont arrÍtÈs dans leur course et ont
> fait demi-tour. Les policiers ont alors reculÈs,
> retournant ý leur position initiale.
> Des manifestants sont restÈs sur la rue, attendant que
> les retardataires les rejoignent, les autres sont
> partis ý pied ou par le tramway 18 pour se rendre sur
> la Place Wenceslas. J'ai accompagnÈ le groupe qui
> partait en tramway.
>
> Jean Philippe Joseph ainsi qu'un autre franÁais,
> Xavier Nouhliann, sont pour leur part restÈs. Ils ont
> rejoint un sitting qui se trouvaient prËs de la rue
> Petrova (?)
>
> Une nouvelle charge, beaucoup plus importante, a eu
> lieu et les quelques personnes prÈsentes ý cet endroit
> ont ÈtÈ arrÍtÈes alors qu'elles participaient au
> sitting. A aucun moment il ne leur a ÈtÈ signifiÈ les
> motifs de leur arrestation. Les journalistes prÈsents
> ainsi que les observateurs lÈgaux de l'association OPH
> ont ÈtÈ refoulÈs lors de l'arrestation et aucun n'a pu
> accompagner les personnes interpellÈes.
>
> Les personnes arrÍtÈes ont alors ÈtÈ mises dans un car
> de la police qui les a conduit prËs d'un commissariat,
> dont Jean Philippe Joseph ne connaÓt pas le nom. Lý,
> elles ont ÈtÈ descendues, et mises en rang dans la
> rue, les jambes ÈcartÈes, les mains posÈes sur la
> paroi du car, pour qu'il soit procÈdÈ ý une fouille
> corporelle. Diverses affaires leur ont ÈtÈ retirÈes.
> Jean Philippe Joseph s'est vu confisquer ses lunettes.
> Il a demandÈ en anglais au policier s'il pouvait les
> reprendre car il en avait besoin. Il a reÁu une gifle
> en rÈponse.
>
> AussitÙt aprËs la fouille au corps, les interpellÈs
> ont ÈtÈ remis dans le vÈhicule et conduits au poste de
> police de Lohtka.
>
> Du mardi 26 au soir au mercredi 27 au soir :
>
> ArrivÈs au commissariat de Lohtka, les interpellÈs ont
> demandÈ la prÈsence d'un avocat ou le droit pouvoir
> passer un coup de fil, ce qui leur a ÈtÈ
> catÈgoriquement refusÈ.
>
> Une nouvelle fouille a eu lieu au cours de laquelle,
> un policier a confisquÈ ý Jean Philippe Joseph divers
> papiers personnels : des tickets de mÈtro, une fiche
> d'hÙtel... et les a dÈtruits. Jean Philippe Joseph a
> protestÈ, le policier a sorti sa matraque  a couru
> vers lui en la brandissant, a fait mine de le taper et
> lui a criÈ "Fuck you !" plus diverses autres insultes.
>
> On a alors prÈsentÈ aux personnes arrÍtÈes un
> formulaire rÈdigÈ en tchËque pour le leur faire
> signer.  Certains ont demandÈ ý ce qu'on leur traduise
> le texte. Un traducteur Ètait prÈsent au poste de
> police et a traduit, de faÁon imprÈcise les diffÈrents
> formulaires.
> Toutes les personnes arrÍtÈes l'avaient ÈtÈ au mÍme
> endroit et dans les mÍmes circonstances, pourtant les
> formulaires n'Ètaient pas les mÍmes pour tout le
> monde. Certains portaient les actes d'accusation de "
> refus d'obÈissance aux forces de l'ordre, rÈbellion,
> et injures ý agent",  d'autres non.
>
> Jean Philippe Joseph qui possÈdait un portable qu'on
> ne lui avait pas encore confisquÈ, a tÈlÈphonÈ ý un
> numÈro des organisateurs de la manifestation, et a
> demandÈ ce qu'il fallait faire. On lui a recommandÈ de
> signer l'acte, sinon les procÈdures de relaxes
> seraient plus compliquÈes. Lui et plusieurs des autres
> personnes arrÍtÈes ont donc signÈ l'acte que la police
> leur avait remis.
>
> Les personnes arrÍtÈes ont ÈtÈ mises ý six dans des
> cellule de 15 mËtres carrÈs. Jean Philippe Joseph
> s'est retrouvÈ en compagnie de Xavier Noulhiann et de
> quatre Basques. Ils sont restÈs un total de 24 heures
> dans ce commissariat sans  recevoir aucune visite ni
> d'un avocat, ni d'un observateur lÈgal, ni d'un
> mÈdecin, ni d'aucune personne de l'extÈrieur.
>
> Il leur a ÈtÈ donnÈ ý manger 2 fois au cours de ces
> vingt quatre heures, alors que la lÈgislation tchËque
> prÈvoit un repas toutes les six heures. Le repas
> consistait, ý chaque fois, en deux tranches de pain et
> quelques rondelles de mortadelle. Beaucoup des
> personnes dÈtenues Ètaient vÈgÈtariennes et ont
> demandÈ ý avoir la possibilitÈ d'un repas vÈgÈtarien,
> comme prÈvu dans la Charte des Droits Fondamentaux et
> des LibertÈs. On leur a alors  retirÈ les tranches de
> saucisson et ils ont dš se contenter de deux tranches
> de pain.
>
> (Dans d'autres endroits et notamment dans le centre de
> la police des Ètrangers ý Olsanska les dÈtenus ont dš
> payer pour pouvoir manger, comme il nous l'a ÈtÈ
> rapportÈ et confirmÈ par de nombreux tÈmoignages de
> personnes dÈtenues.)
>
> Le commissariat o˜ Jean Philippe Joseph se trouvait
> n'Ètait nullement ÈquipÈ pour le couchage et tous ont
> dš dormir ý mÍme le sol sans qu'il ne leur soit
> apportÈ de couvertures.
>
>
>
> Du mercredi 27  au soir au jeudi 28 au soir :
>
> AprËs vingt quatre heures de dÈtention dans ce lieu,
> les dÈtenus ont ÈtÈ conduits au centre de police pour
> les Ètrangers a Olsanska, prËs de Zizkov, centre par
> lequel ont transitÈ presque toutes les personnes
> arrÍtÈes juste aprËs les manifestations du mardi 26,
> ou embarquÈes lors des diffÈrents contrÙles qui ont eu
> lieu, les deux jours suivants.
>
> A leur arrivÈe, les tÈmoins ont ÈtÈ effrayÈs par
> l'extrÍme tension qui rÈgnait dans le lieu. Les
> personnes arrÍtÈes ont ÈtÈ systÈmatiquement insultÈes,
> les policiers prÈsents semblaient agressifs,
> s'adressaient ý eux en criant, les bousculant parfois
> sans mÈnagement. Une nouvelle fouille au corps a ÈtÈ
> effectuÈe. Les personnes ont ÈtÈ dÈshabillÈes, ont
> leur a tranchÈ les lacets de chaussure, ont leur a
> pris leur passeport  et/ ou leur carte d'identitÈ,
> leur montre, ainsi que d'autres effets personnels (
> qui ý priori leur ont ÈtÈ rendus ý la fin de leur
> arrestation).
> Il est cependant ý noter qu'un autre ressortissant
> franÁais, qui Ètait entrÈ sur le territoire tchËque
> sans passeport et ne possÈdait qu'une carte d'identitÈ
> , s'est vu arbitrairement  confisquer celle-ci et a
> ÈtÈ rel’chÈ dans les rues de Prague, ý la fin de son
> arrestation, sans aucun papier d'identitÈ. Le Consulat
> franÁais a dš lui Ètablir un laisser-passer pour qu'il
> puisse ressortir du territoire tchËque.
>
> Dans le poste de police se trouvaient d'autres
> personnes dont certaines semblaient sÈrieusement
> blessÈes. Il y avait un jeune Allemand, visiblement
> frappÈ ý la tÍte, saignant de l'oreille, et l'air
> commotionnÈ.
> Un ressortissant franco-israÎlien, Joshua Tzarfaty, le
> visage tumÈfiÈ ý divers endroits (les yeux, les
> lËvres), la jambe blessÈe, et souffrant de contusions
> aux cÙtes, ainsi qu'un touriste amÈricain les dents
> cassÈes.
>
> D'autres ressortissants franÁais dÈtenus, eux aussi au
> centre de police pour les Ètrangers, m'ont dit avoir
> parlÈ ý un AmÈricain du nom de Price qui Ètait blessÈ
> ý la tÍte et qui affirme s'Ítre fait taper dans ce
> commissariat.
>
> De nombreux tÈmoignages Èmanants de ressortissants de
> diffÈrentes nationalitÈs parlent d'une vingtaine ou
> d'une trentaine de personnes enfermÈes dans une cours
> extÈrieure du centre de police de Olsanska o˜ ils ont
> passÈ la nuit de mercredi 27 ou jeudi 28.
>
> Jean Philippe Joseph rapporte, qu'il Ètait  interdit
> de parler et que dËs que quelqu'un faisait mine de
> vouloir communiquer ý son voisin, un policier se
> levait, s'approchait de la personne et lui criait
> dessus en la menaÁant de sa matraque. Parfois, par
> jeu, le policier faisait mine d'abattre sa matraque,
> ce qui faisait rire les autres policiers prÈsents.
>
> Certaines personnes retenues n'ont pas eu
> l'autorisation d'aller aux toilettes. Quand elles en
> demandaient la permission en anglais on leur rÈpondait
> " No, you are wrong, you are wrong ".
> Ainsi un jeune manifestant, en colËre, a dÈcidÈ
> d'effectuer ses besoins dans sa cellule. Les policiers
> sont intervenus et l'ont conduit dans un bureau dont
> il est ressorti plusieurs minutes aprËs, visiblement
> effrayÈ et calmÈ.
>
> Au bout d'un moment, quelques personnes ont pu se
> rendre aux toilettes. Quand les jeunes filles y
> allaient, les policiers se mettaient derriËre elles
> et, tout en rigolant, faisaient des gestes obscËnes
> avec leur matraque.
>
> Dans ce lieu, plusieurs des personnes dÈtenues ont
> entendu parler de tortures ou de sÈvices corporels .
> Un Allemand  aurait ÈtÈ laissÈ les pieds et les mains
> attachÈs et auraient eu les doigts cassÈs. Nous
> n'avons pas pu vÈrifier directement ces dires. Il
> faudrait donc se renseigner auprËs du Consulat
> allemand en RÈpublique tchËque.
>
> Une jeune fille amÈrico-autrichienne, de dix-sept ans,
>  Sylvie Yolande Mach, arrÍtÈe, mineure,  et dont ni
> les parents, ni le tuteur lÈgal n'ont ÈtÈ
> immÈdiatement prÈvenus de l'arrestation, comme il
> l'est spÈcifiquement notifiÈ dans le droit tchËque, a
> ÈtÈ mise sous le coup d'une inculpation de
> "dÈsobÈissance, de rÈsistance et d'insulte ý agent".
> Prise de panique ou cherchant ý s'Èchapper, elle a
> sautÈ du premier Ètage du commissariat. Elle s'est
> cassÈ une jambe et un bras et est aujourd'hui ý
> l'hÙpital Thomayerova. A en croire la radio tchËque,
> elle devra retourner en prison, dËs sa convalescence
> finie.
>
> Nuit du jeudi 28 au vendredi 29 aprËs midi.
>
> Jean Philippe Joseph, Xavier Noulhiann, Joshua
> Tzarfati ainsi que d'autres ressortissants franÁais et
> Ètrangers ont ÈtÈ conduits dans la nuit du jeudi au
> vendredi au centre de dÈtention pour les Ètrangers de
> Balkova ý cÙtÈ de  Kracin, non loin de Karlovy Vary,
> dans le district nord de Plzen.
>
> ArrivÈs dans le camps ils ont ÈtÈ complËtement
> dÈshabillÈs, on a confisquÈ l'ensemble de leurs
> effets. Puis on leur a inscrit un numÈro de dÈtention
> ý l'encre bleue, sur toute la longueur du bras avant
> de leur enfiler un pyjama rayÈ. J'ai  pu voir, de
> moi-mÍme,  les numÈro inscrits ý l'encre sur les bras
> des deux FranÁais qui m'ont apportÈ leur tÈmoignage.
>
> Une telle pratique est une vÈritable insulte pour tous
> les TchËques, juifs, tziganes, ou opposants au rÈgime
> nazi du protectorat de BohËme-Moravie qui ont ÈtÈ
> dÈportÈs dans des camps de concentration, ainsi que
> pour tous les autres dÈportÈs. Que ce genre de
> pratique se fasse, ý priori, assez normalement dans un
> pays dÈmocratique, est totalement intolÈrable.
>
> AprËs avoir ÈtÈ "marquÈs", les dÈtenus se sont fait
> signifier, qu'ils Ètaient dÈsormais sous une
> juridiction spÈciale, qu'ils Ètaient en "suspension de
> droits" et qu' ils n'avaient le droit qu'ý un coup de
> fil et ý une visite toutes les trois semaines.
>
> Puis on les a mis dans des cellules, en sÈparant les
> ressortissants de mÍme nationalitÈ.
>
> Les policiers ont de nouveau apporter un repas
> constituÈ de viande. Les dÈtenus vÈgÈtariens ont
> demandÈ ý avoir le droit ý un repas vÈgÈtarien, ce qui
> leur a ÈtÈ catÈgoriquement refusÈ. Tous les dÈtenus
> ont alors dÈcidÈ d'entamer une grËve de la faim. Au
> bout de dix minutes, les policiers ont retirÈ le repas
> ý tous les dÈtenus.
>
> Peut Ítre pour les punir de leur grËve de la faim, les
> policiers ont empÍchÈ les dÈtenus de dormir, en
> laissant toutes les lumiËres allumÈes et en parlant
> fort toute la nuit.
>
> MatinÈe du vendredi 29
>
> Au petit matin les dÈtenus qui essayaient de dormir
> aprËs la nuit, ont ÈtÈ brusquement rÈveillÈs par des
> coups que les policiers donnaient sur les portes aux
> cris de "Wake up !"  et par des insultes.
>
> En fin de matinÈe l'arrivÈe annoncÈe d'une
> reprÈsentation du consulat franÁais et du consul a
> provoquÈ un changement d'attitude de la part des
> policiers. les FranÁais ont ÈtÈ regroupÈs, on leur a
> redonnÈ leurs effets.
>
> AprËs s'Ítre assurÈ de leur prÈsence, le consul a
> demandÈ ý repartir avec les ressortissants franÁais et
> a tenu ý les ramener sur Prague. L'intention initiale
> des policiers tchËques Ètait de les mettre dans un de
> leur car et de les conduire ý la frontiËre
> tchÈco-allemande pour les y rel’cher.
>
> Il est ý noter, que jusqu'au matin, les services
> consulaires n'avaient pas la liste exacte de toutes
> les personnes arrÍtÈes ni leur lieu exact de
> dÈtention. Aux questions de la part des autoritÈs
> consulaires franÁaises les services de la police
> tchËque rÈpondaient qu'il Ètait impossible de donner
> une liste exacte, les personnes arrÍtÈes se trouvant
> dans des lieux diffÈrents. Beaucoup de personnes
> arrÍtÈes ont ainsi ÈtÈ identifiÈes et localisÈes soit
> sur la base des dires de tÈmoins prÈsents lors des
> arrestations ou des dÈtentions, soit ý la suite
> d'appel des familles qui avaient ÈtÈ alertÈes par des
> amis prÈsents sur les lieux.  Les autoritÈs tchËques
> n'ont en aucun cas facilitÈ le travail des services
> consulaires Ètrangers.
>
> A l'heure d'aujourd'hui nous ne sommes pas mÍme
> totalement sšrs que tous les ressortissants Ètrangers
> aient ÈtÈ libÈrÈs, ni que les diffÈrents services
> consulaires soient au courant de toutes les
> dÈtentions.
>
>
>
>
>
> TÈmoignage de Joshua Tzarfaty.
>
> AprËs midi du mardi 26 septembre :
>
> Joshua Tzarfaty est  Ètudiant en mÈdecine en IsraÎl,
> et a la double nationalitÈ franco-israÍlienne. Il
> faisait partie de l'assistance mÈdicale de la
> manifestation du mardi 26 septembre. A ce titre il
> portait un brassard avec une croix rouge, ainsi qu'une
> autre croix rouge, fixÈe sur son sac-pharmacie. Le
> brassard qu'il m'a montrÈ, Ètait clairement
> reconnaissable de loin et il m'a assurÈ l'avoir mis en
> Èvidence sur lui, durant toute la manifestation.
>
> Joshua Tzarfaty est parti sur le cortËge "jaune", avec
> trois autres membres de l'Èquipe mÈdicale et un
> docteur.  ArrivÈs au pont de Nusle, ils ont ÈtÈ
> appelÈs sur un portable afin de venir en aide ý
> l'Èquipe mÈdicale prÈsente sur le cortËge "bleu" qui
> connaissait de sÈvËres affrontements avec la police
> dans le fond de la vallÈe de Nusle.
>
> Ils sont descendus. Lý, ils ont pu voir de nombreuses
> personnes blessÈes, qui avaient reÁu soit des coups de
> matraque, soit des petits pavÈs que les policiers
> avaient relancÈs, en rÈponse ý ceux qu'ils avaient
> reÁu de la part de certains manifestants. Certaines
> blessures Ètaient assez graves. Parmi les personnes
> blessÈes se trouvaient des personnes non
> manifestantes, des journalistes, des observateurs
> lÈgaux, et quelques passants.
>
> AprËs de sÈrieux affrontements et une nouvelle charge
> de la police, le cortËge bleu a ÈtÈ dispersÈ. Joshua
> s'est alors  rendu sur le cortËge "rose" o˜ des
> affrontements venaient d'Ítre signalÈs, au moment de
> la dispersion du cortËge. Il Ètait alors entre 17  et
> 18 heures.
>
> Plusieurs personnes blessÈes se trouvaient lý-bas.
> Joshua Tzarfaty s'est occupÈ d'elles et, ý ce moment
> lý,  a perdu contact avec le reste de son groupe
> mÈdical.
>
> Il a marchÈ avec l'ensemble de la manifestation rose
> qui se dispersait et se dirigeait vers la Place
> Wenceslas.
>
> Quand il est arrivÈ sur la place, les policiers
> Ètaient trËs violents (c'Ètait juste aprËs que
> quelques personnes ont brisÈ les vitrines du
> restaurant MacDonald qui se trouve en haut de la
> place, prËs du MusÈe).
>
> Dans la confusion il a pu retrouver une personne du
> groupe mÈdical et devant les mouvements de panique et
> la fuite des gens, ils ont dÈcidÈ de quitter la place
> pour aller dans un endroit plus sšr.
>
> Ils ont empruntÈ une petite rue, partant de la place,
> et ont marchÈ calmement pour s'Èloigner. Ils ont alors
> entendu des sirËnes de la police et le bruit de
> plusieurs cars qui s'arrÍtaient derriËre eux. Des
> policiers sont descendus et ont commencÈ ý arrÍter les
> personnes qui se trouvaient dans la rue. Joshua a pris
> peur et s'est mis ý courir dans la direction opposÈe.
> Plusieurs policiers se sont mis ý courir ý sa suite.
> Tout en courant Joshua criait "Red Cross, Red Cross !"
>
>
> Un policier l'a rattrapÈ, l'a plaquÈ violemment sur le
> sol, a arrachÈ le morceau de tissus couvert d'une
> croix rouge qu'il avait sur son sac et l'a frappÈ une
> premiËre fois au visage.
> Un deuxiËme policier est arrivÈ, a sorti une sorte de
> sangle ou de laniËre en cuir et lui a enserrÈ les
> mains avec, suffisamment fort pour que les marques
> soient encore bien visibles plusieurs jours aprËs.
>
>  Il a ÈtÈ mis dans un fourgon o˜ se trouvaient dÈjý  7
> personnes interpellÈes. Il a ÈtÈ maintenu sur le sol,
> face contre le plancher. Un policier l'a frappÈ ý la
> tÍte. D'autres policiers sont arrivÈes, l'on retournÈ
> et lui ont Ètendu les bras et les jambes. Il a alors
> ÈtÈ matraquÈ sur les bras, sur les jambes, plus
> particuliËrement sur les articulations, sur le torse.
> Un policier l'a de nouveau frappÈ ý la tÍte. Ils l'ont
> alors relevÈ et ont arrachÈ ses lacets.  Un policier a
> dÈsignÈ sa ceinture et a criÈ quelque chose en tchËque
> qu'il n'a pas compris. Le policier a alors tranchÈ la
> ceinture avec un couteau. Un policier l'a de nouveau
> frappÈ au ventre, puis ils l'on remis ý terre. Il a
> voyagÈ ainsi dans le vÈhicule et ils sont arrivÈs dans
> un commissariat, dont Joshua ne connaÓt pas le nom.
> Mais plusieurs tÈmoins allemands disent l'avoir vu
> dans la journÈe de mercredi au commissariat de
> Lupacova, ý Prague 3.
>
> Soir du mardi 26 ý nuit du mercredi 27
>
> ArrivÈ au commissariat, Joshua a ÈtÈ mis dans un
> minuscule rÈduit o˜ il n'avait pas de place.
>
> On est venu le chercher et on lui a fait signer une
> dÈposition, sans lui en avoir fait la traduction
> prÈalable. Ce n'est qu'aprËs, quand il a du signer une
> autre dÈposition, qu'on lui a donnÈ la traduction de
> ce qu'il avait alors signÈ.
>
> A aucun moment Joshua n'a ÈtÈ informÈ des raisons
> exactes de son arrestation.
> Il a demandÈ ý pouvoir appeler quelqu'un ou joindre
> les conseillers lÈgaux de l'association OPH, on lui a
> refusÈ sËchement.
>
> Un peu plus tard, on l'a emmenÈ dans une autre piËce
> o˜ il a ÈtÈ de nouveau frappÈ pendant plusieurs
> minutes, sur le dos, le ventre, aux lËvres, puis on
> l'a reconduit dans une cellule.
>
> On lui a servi ý manger, deux tranches de pain et du
> saucisson. Joshua est strictement vÈgÈtarien et a
> demandÈ ý avoir autre chose, on lui a donnÈ uniquement
>  du pain. Puis il a essayÈ de dormir sur un petit
> banc, mais n'a pas pu, ý cause de la douleur.
>
> Joshua pense que l'acharnement des policiers ý son
> encontre Ètait dš au fait qu'il portait un sweat shirt
> bleu et que les policiers ont cru qu'il faisait parti
> du fameux cortËge "bleu" sur lequel il y a eu des
> affrontements violents avec la police.
>
> Il y a malheureusement de fortes prÈsomptions pour que
> si la police a ÈtÈ influencÈe par la couleur ce n'est
> pas par celle des vÍtements de Joshua mais bien par
> celle de sa peau.
> En effet, de nombreux tÈmoignages concordent pour
> rapporter les propos ou les attitudes racistes de
> certains policiers (ceci Ètant Ègalement rapportÈ par
> des observateurs tchËques et par le fait que les
> personnes arrÍtÈes, les plus durement traitÈes ont
> principalement ÈtÈ les ressortissants IsraÈliens et
> Grecs.)
>
> Joshua tient cependant ý prÈciser  que les policiers
> de ce commissariat n'ont pas tous ÈtÈ aussi durs avec
> lui et que deux d'entre eux ce sont mÍme montrÈs
> prÈvenants ý son Ègard, une femme lui a Ègalement
> proposÈ d'aller chercher un mÈdecin, offre que Joshua
> a dÈclinÈe.
>
> JournÈe du jeudi 28
>
> AprËs vingt quatre heures passÈes dans le commissariat
> de Lupacova, Joshua a ÈtÈ conduit dans un autre
> commissariat. Lý, se trouvait une personne qui est
> venue vers lui, lui a montrÈ une carte des
> observateurs OPH,  a un peu parlÈ avec lui et lui a
> conseillÈ de signer la dÈclaration qu'on allait lui
> donner. Ce qu'il a fait.
> (Or, aprËs sa libÈration, vendredi soir, je l'ai
> accompagnÈ au Centre d'information, pour qu'il puisse
> y retrouver ses amis qui l'attendaient, et raconter
> les conditions de sa dÈtention aux journalistes. Or,
> les diffÈrents observateurs OPH qui s'y trouvaient
> nous ont clairement certifiÈ qu'aucun membre de leur
> association n'avait pu entrer dans les commissariats.)
>
> AprËs un court passage dans ce commissariat il a ÈtÈ
> conduit au centre de police pour les Ètrangers rue
> Olsanska, prËs de Zizkov o˜ se trouvaient de
> nombreuses personnes arrÍtÈes.
> Quand il est arrivÈ et que les policiers ont vu qu'il
> se tenait les cotes et qu'il boitait, l'un d'entre eux
> lui a donnÈ un  coup avec sa matraque ý l'endroit
> douloureux, "comme par accident", en s'excusant aprËs.
> Ce qui a fait rire les autres.
>
> Joshua a ÈtÈ conduit dans un local o˜ il a ÈtÈ
> complËtement dÈshabillÈ, par un policier qui a ouvert
> la porte une fois qu'il Ètait nu afin que les
> personnes prÈsentes dans le hall puissent le voir. (Ce
> fait m'a ÈtÈ rapportÈ par plusieurs autres personnes
> arrÍtÈes, hommes ou femmes,  qui ont dš subir la mÍme
> "plaisanterie",)
>
> On a alors procÈdÈ ý la prise de ses empreintes
> digitales et ý des photographies pour l'Ètablissement
> d'une fiche anthropomÈtrique. Alors qu'on prenait sa
> photo, plusieurs policiers se sont amusÈs ý le
> photographier ý leur tour pour leur "album de
> famille".
>
> Les passeports ayant ÈtÈ relevÈs et l'identitÈ des
> prÈvenus clairement Ètablie, on peut se demander
> pourquoi la police a procÈdÈ ý l'Ètablissement de
> fiches avec relevÈ des empreintes et photographie,
> puisqu'il est stipulÈ dans le droit tchËque, qu'une
> fois l'identitÈ de la personne confirmÈe, il ne peut
> Ítre fait ni relevÈ d'empreintes digitales ni
> photographie (article 13 section 7  de l'acte 283/
> 1991 ou "PolAct")
> Aucune des personnes ý qui cette mesure a ÈtÈ
> appliquÈe n'a pu, ý ma connaissance,  en savoir les
> raisons ni obtenir de renseignements sur l'utilisation
> ultÈrieure de tels documents, mÍme quand ils en ont
> fait la demande.
>
>
> Au poste de police pour les Ètrangers, Joshua a
> demander ý tÈlÈphoner, droit qui lui a  ÈtÈ refusÈ.
>
> Nuit du jeudi 28 au vendredi 29 au matin
>
> Joshua ainsi que d'autres personnes prÈsentes au poste
> de police des Ètrangers ont ÈtÈ mises dans un car.
> Dans le vÈhicule se trouvait une cage trËs Ètroite, et
> les policiers ont enfermÈs deux personnes ý
> l'intÈrieur, juste pour rire.
>
> A leur arrivÈe au camp de rÈtention des Ètrangers ý
> Balkova, ont les a mis nus, on a confisquÈ leurs
> affaires, puis on leur a marquÈ un numÈro ý l'encre
> sur le bras et mis un pyjama rayÈ. Durant toute cette
> opÈration, les policiers riaient.
>
> A leur arrivÈe ont leur a dit qu'ils pourraient rester
> lý jusqu'ý 180 jours, et qu'ils n'avaient la
> possibilitÈ de sortir pour se dÈgourdir les jambes
> qu'une heure  toutes les 24 heures. Pourtant, quand
> certains ont demander ý aller en promenade on leur a
> catÈgoriquement refusÈ ce droit.
>
> Ils ont ÈtÈ mis ý  4 dans des cellules de quinze
> mËtres carrÈs environ.
>
> Les policiers du camp ne s'adressaient aux prisonniers
> qu'en tchËque, le plus souvent en hurlant ou en
> accompagnant leurs propos de gestes vifs. Mais
> lorsqu'un dÈtenu de la cellule de Joshua a ouvert une
> fenÍtre pour communiquer avec les dÈtenus de la
> cellule voisine un garde qui ne leur parlait qu'en
> tchËque est arrivÈ et lui a intimÈ, en anglais,
> l'ordre de fermer la fenÍtre.
>
> Au repas on leur a servi de la viande. Les dÈtenus
> vÈgÈtariens, dont Joshua, ont demandÈ ý avoir autre
> chose, mais les policiers n'ont pas voulu. Ils ont
> alors dÈcidÈ de faire la grËve de la faim. Quand les
> policiers ont vu qu'ils refusaient de manger ils ont
> retirÈ les plats aprËs dix minutes et n'ont rien donnÈ
> d'autre.
>
> Durant toute la nuit on les a empÍchÈ de dormir, les
> lumiËres sont restÈes allumÈes, les policiers de garde
> criaient.
>
> Au matin, lorsque les policiers ont vu que personne
> n'avait mangÈ, ils ont rÈveillÈ les dÈtenus qui
> essayaient de dormir, en criant et en tapant sur les
> portes. Ils sont entrÈs dans les cellules et les ont
> secouÈ en criant "no sleep, no sleep".
>
> Quand le consul de France est arrivÈ ils ont ÈtÈ
> regroupÈs, puis on leur a rendu leurs effets
> personnels. On leur a Ègalement rendu leur passeport
> sur lequel a ÈtÈ mis un visa d'expulsion, expirant ý
> 24 ou 48 heures, suivant les personnes.
>
> Joshua n'a personnellement vu personne se faire taper
> dans le camp de Balkova mais il a entendu dire qu'un
> Allemand y avait ÈtÈ battu.
>
>
>
>
>
> A cÙtÈ de ses deux tÈmoignages j'ai pu recueillir
> d'autres informations Èmanant de plusieurs autres
> personnes interpellÈes ou dÈtenues.
>
>
> la plupart concernent l'absence totale d'information
> tant au niveau des droits des dÈtenus, qu'au niveau
> des raisons motivant les arrestation.
>
> Plusieurs cas manifestes d'arrestation arbitraire sont
> Ègalement ý dÈplorer.
>
> Deux FranÁais, Aude et Boris, ont ainsi ÈtÈ arrÍtÈs,
> le mercredi 27 au matin, en dehors de toute
> manifestation, ou de tout rassemblement ý caractËre
> dangereux, alors qu'ils marchaient en compagnie
> d'autres Ètrangers sur le Pont Charles. AprËs
> l'arrivÈe de deux vÈhicules de la police et un
> contrÙle d'identitÈ, ils ont ÈtÈ arrÍtÈs et conduits
> au poste de police pour les Ètrangers rue Olsanska,
> sans qu'on leur ait notifiÈ les raisons de leur
> interpellation, ni ý ce moment, ni par la suite.
>
> J'ai moi-mÍme eu ý subir un contrÙle d'identitÈ,
> durant la journÈe du jeudi 28, ý un arrÍt de tramway,
> loin du centre, en dehors de tous les lieux de
> rassemblements, o˜ des points de rencontres, alors
> qu'il n'y avait aucune manifestation, que la sÈcuritÈ
> des biens et des personnes ne pouvait en aucun cas
> Ítre menacÈe et que rien ne pouvait motiver mon
> contrÙle, ni dans mon attitude, ni dans mon
> "accoutrement" (critËre trop souvent choisi par les
> forces de l'ordre tchËques, ainsi que malheureusement
> celui de "sale gueule"). La seule raison pouvant
> expliquer ce contrÙle d'envergure (puisque pas moins
> de six policiers ont ÈtÈ requis) est que je me
> trouvais avec quelques FranÁais et que nous parlions
> en franÁais
> Un contrÙle des passeports a ÈtÈ effectuÈ, donnant
> lieu ý l'Ètablissement d'une fiche. Aucune copie n'a
> ÈtÈ donnÈ aux personnes interpellÈes, aucune
> justification du contrÙle n'a ÈtÈ fournie, mÍme aprËs
> demande express en tchËque. Aucun renseignement sur
> l'utilisation et le devenir de ces fiches n'a ÈtÈ
> transmis aux personnes interpellÈes.
>
> Plusieurs autres tÈmoignages font Ètat d'injures, de
> brusqueries, et de vexations de toutes sortes
> (empÍchement de dormir , dÈtenus dÈshabillÈs en face
> de tÈmoins, gestes ou propos obscËnes ou racistes,
> intimidations, ...) de conditions de dÈtention
> dÈplorables ( couchage ý mÍme le sol sans aucune
> couverture, enfermements ý plusieurs dans des espaces
> rÈduits, pose de menottes, absence de mÈdecin ou
> d'assistance mÈdicale pour les personnes blessÈes,
> distribution de nourriture uniquement contre
> paiement,...)
>
> Dans presque tous les cas il a ÈtÈ impossible aux
> personnes arrÍtÈes de voir un avocat ou de donner un
> coup de fil.
>
>
> Rapport Ètabli d'aprËs tÈmoignages, par Bertrand
> Schmitt, ý Prague, le 30 septembre 2000.
>
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