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Date Tue, 3 Oct 2000 01:55:39 +0200
Subject globe_l: Temoignages francais sur les violences policieres a Prague

Rapport sur les vexations et les violences policiËres commises lors des
arrestations des 26, 27, et 29 septembre 2000 ý Prague.

Les documents ci-dessous ont ÈtÈ Ètablis le vendredi 29 septembre, aprËs
l'audition de deux ressortissants franÁais qui avaient ÈtÈ arrÍtÈs au cours
des manifestations organisÈes contre le sommet du Fond MonÈtaire
International et de la Banque Mondiale, ý Prague le 26 septembre 2000 et
rel’chÈs le vendredi 29 septembre, dans le courant de l'aprËs-midi, suite ý
l'intervention du Consulat franÁais au camp de rÈtention de Balkova.

Ces tÈmoignages ont ÈtÈ recueillis, sÈparÈment, l'un aprËs l'autre, dans le
bureau du Consul de France et en prÈsence de celui-ci. En plus des
tÈmoignages directs des deux ressortissants franÁais, nous avons pu
constater, lors de ces entretiens, ou juste aprËs, plusieurs ÈlÈments
(prÈsence d'ecchymoses sur le visage,  le torse et les jambes, boitement,
lËvres tumÈfiÈes, marques trËs nettement visibles de menottes et escarres
aux poignets,  sur une des deux personnes).

D'autres tÈmoignages ont ÈtÈ recueillis auprËs de plusieurs personnes
dÈtenues les 27 et 28 Septembre et libÈrÈs le jour mÍme ou le lendemain.
Ces divers tÈmoignages sont venus recouper  les dires des deux FranÁais.

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TÈmoignage de Jean Philippe Joseph
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(Les ÈvÈnements prÈcÈdant l'arrestation du tÈmoin, sont confirmÈs par
l'auteur de ce rapport, prÈsent sur les lieux ý ce moment lý,  non loin du
tÈmoin,  et qui a pu suivre le dÈroulement des faits jusqu'ý
l'interpellation.)

Mardi 26 septembre aprËs midi:

Jean Philippe Joseph a tout d'abord suivi la manifestation sur le cortËge
"jaune". Le cortËge est parti  de Namesti Miru en empruntant  les rues
Rumunska et Legerova jusqu'au pont de Nusle (Nuselsky Most) entiËrement
bloquÈ par d'importantes forces de police, soutenues par des canons ý eau
et des blindÈs lÈgers.

ArrivÈs ici, et aprËs avoir constatÈ qu'aucun passage vers le Centre des
CongrËs, o˜ se rÈunissaient les participants au sommet, n'Ètait possible,
les participants du cortËge jaune ont dÈcidÈ de maintenir une prÈsence en
face du pont. Les membres de l'association italienne Ya basta ! ont donc
formÈ un cordon, face aux forces de police et ont dÈcidÈ de rester lý
jusqu'ý ce que cela ne soit plus possible. Leur intention Ètant d'empÍcher
aussi longtemps que possible l'accËs au Centre des CongrËs pour y bloquer
les congressistes prÈsents.

Au bout d'une heure de prÈsence, tendue mais entiËrement pacifiste, des
rumeurs sont parvenues de violents affrontements avec la police sur un
autre cortËge qui progressait plus bas dans la vallÈe, le cortËge "bleu".

Peu aprËs parvenait l'information, que le troisiËme cortËge, le cortËge
"rose",  Ètait parvenu ý  sa destination, et tout comme le faisait le
cortËge jaune, avait dÈcidÈ de bloquer symboliquement les accËs au Centre
des CongrËs afin d'en gÍner l'entrÈe et retarder la sortie des
congressistes. Au mÍme moment, des personnes qui s'Ètaient trouvÈes sur le
cortËge rose sont arrivÈes et ont fait circuler l'information qu'ils
avaient besoin de personnes supplÈmentaires, de leur cÙtÈ,  pour pouvoir
occuper toutes les rues menant au Centre des CongrËs. Un petit groupe de
personnes, prÈsentes sur le cortËge jaune, a alors dÈcidÈ de traverser la
vallÈe et de se rendre de l'autre cÙtÈ, vers la rue Marie Cibulkova. Le
tÈmoin s'y  est rendu accompagnÈ de plusieurs franÁais, dont l'auteur du
prÈsent rapport qui a demandÈ au passage ý une observatrice lÈgale de
l'association tchËque  OPH  (ObcanskÈ Pravni Hlidky) de venir sur les lieux.

Quand nous avons traversÈ la vallÈe pour nous rendre de l'autre cÙtÈ du
pont, nous avons entendu plusieurs explosions de grenades lacrymogËnes,
ainsi que de trËs nombreuses sirËnes ( vÈhicules de police, ambulances).
L'extrÈmitÈ de la rue Jaromirova en direction de Ostricilovo Namesti Ètait
totalement coupÈe, et de lý venaient de nombreux journalistes ainsi que
quelques observateurs lÈgaux OPH, tous tÈmoins de la violence des
affrontements que se dÈroulaient au-delý entre forces de police et
manifestants.

Notre petit groupe est remontÈ en direction de la station de mÈtro Vysehrad
et, de lý, s'est dirigÈ vers la rue Maria CibulkovÈ. ArrivÈs sur les lieux
nous avons vu que le cortËge rose, accompagnÈ d'un orchestre de samba, se
tenait en face d'un important dispositif policier. Plusieurs autres rues
menant au Centre des CongrËs avaient ÈtÈ bloquÈes par des cordons de
policiers et par des barriËres. Dans certaines de ces rues, des sittings
avaient ÈtÈ organisÈs juste en face du dispositif policier. Dans d'autres
Ètaient mis en place des "filtrages" ( des manifestants se donnant la main
afin de bloquer symboliquement la rue et empÍcher l'entrÈe du centre des
CongrËs aux congressistes). Sur aucun des lieux visitÈs je n'ai constatÈ la
moindre trace de violence, ni mÍme de vellÈitÈ de violence, le rapport de
force avec la police Ètant hautement dissuasif.

Le "blocage" du Centre des CongrËs a durÈ environ une heure, sans qu'il y
ait le moindre incident. Les sittings ou les chaÓnes de filtrage Ètant
systÈmatiquement levÈes au passage des ambulances qui entraient ou
sortaient du Centre des CongrËs, ainsi que pour laisser circuler les
simples passants ou les riverains. Seuls les membres du CongrËs Ètaient
arrÍtÈs et une discussion s'engageait avec eux, le plus souvent "bon
enfant" de la part des manifestants mais aussi des congressistes, qui
repartaient alors en attendant que cela passe.

Je me suis dÈplacÈ vers le sitting qui se trouvait dans une ruelle
adjacente ( vers Na bitovni plani), au moment o˜ le dispositif policier
s'ouvrait pour laisser sortir un dÈlÈguÈ de l'enceinte du Centre des
CongrËs. Le sitting n'a pas bougÈ et le congressiste a essayÈ de le
traverser en marchant sur les personnes assises au sol. Il Ètait accompagnÈ
par quatre policiers qui ont voulu faire dÈgager les manifestants. Ceux-ci
ont rameutÈ d'autres personnes qui sont alors venus faire un cordon en se
donnant les mains, afin de bloquer la sortie du congressiste. Un des
policiers a alors saisi sa matraque, a attrapÈ violemment un manifestant
qui se trouvait devant lui, le poussant contre la faÁade d'une maison et le
frappant. Il a aussitÙt ÈtÈ rejoint par un deuxiËme policier qui est venu
violemment ceinturer le manifestant. Les autres manifestants se sont
aussitÙt rapprochÈs ainsi que des journalistes qui ont photographiÈ
l'action. Un cri a ÈtÈ lancÈ "filmez leur numÈros". (Il est ý remarquer que
contrairement ý ce qu'il est normalement prÈvu, je n'ai pas vu de numÈro
identifiant sur les casques des policiers mais juste au-dessus de la
pochette de leur veste). Presque aussitÙt les policiers ont rel’chÈ leur
Ètreinte et sont retournÈs derriËre le dispositif policier, emmenant le
congressiste avec eux. Le sitting des manifestants a alors repris.

Vers 16 h 30, est parvenue la nouvelle que le cortËge "jaune" avait levÈ
son blocage ý l'autre extrÈmitÈ du pont et qu'il se repliait sur Namesti
Miru. L'accËs de ce cÙtÈ du Centre Ètait alors ouvert. L'action de blocage
menÈe par les manifestants "rose", n'avait plus de vÈritable efficacitÈ et
nombre de manifestants ont dÈcidÈ de se retirer, en cortËge, aprËs avoir
prÈvenu l'ensemble des personnes prÈsentes. Les groupes rÈpartis dans les
diffÈrentes rues ont ÈtÈ avertis et des manifestants ont commencÈ ý se
replier par grappes. Le groupe des FranÁais est parti ensemble.

Un peu aprËs 17 h 00, a l'angle de la rue Viktorinova, et alors que les
manifestants commenÁaient ý se replier, une premiËre charge de police a eu
lieu sans qu'il y ait eu le moindre avertissement au prÈalable et sans que
j'ai pu entendre, ni ý ce moment ni avant, l'annonce de la dispersion du
rassemblement par la police. Une grenade de gaz lacrymogËne a ÈtÈ lancÈe
sur les manifestants crÈant un petit mouvement de panique vers la rue du 5
Mai (5. Kveten).  Certains manifestants se sont arrÍtÈs dans leur course et
ont fait demi-tour. Les policiers ont alors reculÈs, retournant ý leur
position initiale. Des manifestants sont restÈs sur la rue, attendant que
les retardataires les rejoignent, les autres sont partis ý pied ou par le
tramway 18 pour se rendre sur la Place Wenceslas. J'ai accompagnÈ le groupe
qui partait en tramway.

Jean Philippe Joseph ainsi qu'un autre franÁais, Xavier Nouhliann, sont
pour leur part restÈs. Ils ont rejoint un sitting qui se trouvaient prËs de
la rue Petrova (?)

Une nouvelle charge, beaucoup plus importante, a eu lieu et les quelques
personnes prÈsentes ý cet endroit ont ÈtÈ arrÍtÈes alors qu'elles
participaient au sitting. A aucun moment il ne leur a ÈtÈ signifiÈ les
motifs de leur arrestation. Les journalistes prÈsents ainsi que les
observateurs lÈgaux de l'association OPH ont ÈtÈ refoulÈs lors de
l'arrestation et aucun n'a pu accompagner les personnes interpellÈes.

Les personnes arrÍtÈes ont alors ÈtÈ mises dans un car de la police qui les
a conduit prËs d'un commissariat, dont Jean Philippe Joseph ne connaÓt pas
le nom. Lý, elles ont ÈtÈ descendues, et mises en rang dans la rue, les
jambes ÈcartÈes, les mains posÈes sur la paroi du car, pour qu'il soit
procÈdÈ ý une fouille corporelle. Diverses affaires leur ont ÈtÈ retirÈes.
Jean Philippe Joseph s'est vu confisquer ses lunettes. Il a demandÈ en
anglais au policier s'il pouvait les reprendre car il en avait besoin. Il a
reÁu une gifle en rÈponse.

AussitÙt aprËs la fouille au corps, les interpellÈs ont ÈtÈ remis dans le
vÈhicule et conduits au poste de police de Lohtka.

Du mardi 26 au soir au mercredi 27 au soir :

ArrivÈs au commissariat de Lohtka, les interpellÈs ont demandÈ la prÈsence
d'un avocat ou le droit pouvoir passer un coup de fil, ce qui leur a ÈtÈ
catÈgoriquement refusÈ.

Une nouvelle fouille a eu lieu au cours de laquelle, un policier a
confisquÈ ý Jean Philippe Joseph divers papiers personnels : des tickets de
mÈtro, une fiche d'hÙtel... et les a dÈtruits. Jean Philippe Joseph a
protestÈ, le policier a sorti sa matraque  a couru vers lui en la
brandissant, a fait mine de le taper et lui a criÈ "Fuck you !" plus
diverses autres insultes.

On a alors prÈsentÈ aux personnes arrÍtÈes un formulaire rÈdigÈ en tchËque
pour le leur faire signer.  Certains ont demandÈ ý ce qu'on leur traduise
le texte. Un traducteur Ètait prÈsent au poste de police et a traduit, de
faÁon imprÈcise les diffÈrents formulaires. Toutes les personnes arrÍtÈes
l'avaient ÈtÈ au mÍme endroit et dans les mÍmes circonstances, pourtant les
formulaires n'Ètaient pas les mÍmes pour tout le monde. Certains portaient
les actes d'accusation de " refus d'obÈissance aux forces de l'ordre,
rÈbellion, et injures ý agent",  d'autres non.

Jean Philippe Joseph qui possÈdait un portable qu'on ne lui avait pas
encore confisquÈ, a tÈlÈphonÈ ý un numÈro des organisateurs de la
manifestation, et a demandÈ ce qu'il fallait faire. On lui a recommandÈ de
signer l'acte, sinon les procÈdures de relaxes seraient plus compliquÈes.
Lui et plusieurs des autres personnes arrÍtÈes ont donc signÈ l'acte que la
police leur avait remis.

Les personnes arrÍtÈes ont ÈtÈ mises ý six dans des cellule de 15 mËtres
carrÈs. Jean Philippe Joseph s'est retrouvÈ en compagnie de Xavier
Noulhiann et de quatre Basques. Ils sont restÈs un total de 24 heures dans
ce commissariat sans  recevoir aucune visite ni d'un avocat, ni d'un
observateur lÈgal, ni d'un mÈdecin, ni d'aucune personne de l'extÈrieur.

Il leur a ÈtÈ donnÈ ý manger 2 fois au cours de ces vingt quatre heures,
alors que la lÈgislation tchËque prÈvoit un repas toutes les six heures. Le
repas consistait, ý chaque fois, en deux tranches de pain et quelques
rondelles de mortadelle. Beaucoup des personnes dÈtenues Ètaient
vÈgÈtariennes et ont demandÈ ý avoir la possibilitÈ d'un repas vÈgÈtarien,
comme prÈvu dans la Charte des Droits Fondamentaux et des LibertÈs. On leur
a alors  retirÈ les tranches de saucisson et ils ont dš se contenter de
deux tranches de pain.

(Dans d'autres endroits et notamment dans le centre de la police des
Ètrangers ý Olsanska les dÈtenus ont dš payer pour pouvoir manger, comme il
nous l'a ÈtÈ rapportÈ et confirmÈ par de nombreux tÈmoignages de personnes
dÈtenues.)

Le commissariat o˜ Jean Philippe Joseph se trouvait n'Ètait nullement
ÈquipÈ pour le couchage et tous ont dš dormir ý mÍme le sol sans qu'il ne
leur soit apportÈ de couvertures.

Du mercredi 27  au soir au jeudi 28 au soir :

AprËs vingt quatre heures de dÈtention dans ce lieu, les dÈtenus ont ÈtÈ
conduits au centre de police pour les Ètrangers a Olsanska, prËs de Zizkov,
centre par lequel ont transitÈ presque toutes les personnes arrÍtÈes juste
aprËs les manifestations du mardi 26, ou embarquÈes lors des diffÈrents
contrÙles qui ont eu lieu, les deux jours suivants.

A leur arrivÈe, les tÈmoins ont ÈtÈ effrayÈs par l'extrÍme tension qui
rÈgnait dans le lieu. Les personnes arrÍtÈes ont ÈtÈ systÈmatiquement
insultÈes, les policiers prÈsents semblaient agressifs, s'adressaient ý eux
en criant, les bousculant parfois sans mÈnagement. Une nouvelle fouille au
corps a ÈtÈ effectuÈe. Les personnes ont ÈtÈ dÈshabillÈes, ont leur a
tranchÈ les lacets de chaussure, ont leur a pris leur passeport  et/ ou
leur carte d'identitÈ, leur montre, ainsi que d'autres effets personnels (
qui ý priori leur ont ÈtÈ rendus ý la fin de leur arrestation). Il est
cependant ý noter qu'un autre ressortissant franÁais, qui Ètait entrÈ sur
le territoire tchËque sans passeport et ne possÈdait qu'une carte
d'identitÈ , s'est vu arbitrairement  confisquer celle-ci et a ÈtÈ rel’chÈ
dans les rues de Prague, ý la fin de son arrestation, sans aucun papier
d'identitÈ. Le Consulat franÁais a dš lui Ètablir un laisser-passer pour
qu'il puisse ressortir du territoire tchËque.

Dans le poste de police se trouvaient d'autres personnes dont certaines
semblaient sÈrieusement blessÈes. Il y avait un jeune Allemand, visiblement
frappÈ ý la tÍte, saignant de l'oreille, et l'air commotionnÈ. Un
ressortissant franco-israÎlien, Joshua Tzarfaty, le visage tumÈfiÈ ý divers
endroits (les yeux, les lËvres), la jambe blessÈe, et souffrant de
contusions aux cÙtes, ainsi qu'un touriste amÈricain les dents cassÈes.

D'autres ressortissants franÁais dÈtenus, eux aussi au centre de police
pour les Ètrangers, m'ont dit avoir parlÈ ý un AmÈricain du nom de Price
qui Ètait blessÈ ý la tÍte et qui affirme s'Ítre fait taper dans ce
commissariat.

De nombreux tÈmoignages Èmanants de ressortissants de diffÈrentes
nationalitÈs parlent d'une vingtaine ou d'une trentaine de personnes
enfermÈes dans une cours extÈrieure du centre de police de Olsanska o˜ ils
ont passÈ la nuit de mercredi 27 ou jeudi 28.

Jean Philippe Joseph rapporte, qu'il Ètait  interdit de parler et que dËs
que quelqu'un faisait mine de vouloir communiquer ý son voisin, un policier
se levait, s'approchait de la personne et lui criait dessus en la menaÁant
de sa matraque. Parfois, par jeu, le policier faisait mine d'abattre sa
matraque, ce qui faisait rire les autres policiers prÈsents.

Certaines personnes retenues n'ont pas eu l'autorisation d'aller aux
toilettes. Quand elles en demandaient la permission en anglais on leur
rÈpondait " No, you are wrong, you are wrong ". Ainsi un jeune manifestant,
en colËre, a dÈcidÈ d'effectuer ses besoins dans sa cellule. Les policiers
sont intervenus et l'ont conduit dans un bureau dont il est ressorti
plusieurs minutes aprËs, visiblement effrayÈ et calmÈ.

Au bout d'un moment, quelques personnes ont pu se rendre aux toilettes.
Quand les jeunes filles y allaient, les policiers se mettaient derriËre
elles et, tout en rigolant, faisaient des gestes obscËnes avec leur
matraque.

Dans ce lieu, plusieurs des personnes dÈtenues ont entendu parler de
tortures ou de sÈvices corporels . Un Allemand  aurait ÈtÈ laissÈ les pieds
et les mains attachÈs et auraient eu les doigts cassÈs. Nous n'avons pas pu
vÈrifier directement ces dires. Il faudrait donc se renseigner auprËs du
Consulat allemand en RÈpublique tchËque.

Une jeune fille amÈrico-autrichienne, de dix-sept ans, Sylvie Yolande Mach,
arrÍtÈe, mineure,  et dont ni les parents, ni le tuteur lÈgal n'ont ÈtÈ
immÈdiatement prÈvenus de l'arrestation, comme il l'est spÈcifiquement
notifiÈ dans le droit tchËque, a ÈtÈ mise sous le coup d'une inculpation de
"dÈsobÈissance, de rÈsistance et d'insulte ý agent". Prise de panique ou
cherchant ý s'Èchapper, elle a sautÈ du premier Ètage du commissariat. Elle
s'est cassÈ une jambe et un bras et est aujourd'hui ý l'hÙpital
Thomayerova. A en croire la radio tchËque, elle devra retourner en prison,
dËs sa convalescence finie.

Nuit du jeudi 28 au vendredi 29 aprËs midi.

Jean Philippe Joseph, Xavier Noulhiann, Joshua Tzarfati ainsi que d'autres
ressortissants franÁais et Ètrangers ont ÈtÈ conduits dans la nuit du jeudi
au vendredi au centre de dÈtention pour les Ètrangers de Balkova ý cÙtÈ de
Kracin, non loin de Karlovy Vary, dans le district nord de Plzen.

ArrivÈs dans le camps ils ont ÈtÈ complËtement dÈshabillÈs, on a confisquÈ
l'ensemble de leurs effets. Puis on leur a inscrit un numÈro de dÈtention ý
l'encre bleue, sur toute la longueur du bras avant de leur enfiler un
pyjama rayÈ. J'ai  pu voir, de moi-mÍme,  les numÈro inscrits ý l'encre sur
les bras des deux FranÁais qui m'ont apportÈ leur tÈmoignage.

Une telle pratique est une vÈritable insulte pour tous les TchËques, juifs,
tziganes, ou opposants au rÈgime nazi du protectorat de BohËme-Moravie qui
ont ÈtÈ dÈportÈs dans des camps de concentration, ainsi que pour tous les
autres dÈportÈs. Que ce genre de pratique se fasse, ý priori, assez
normalement dans un pays dÈmocratique, est totalement intolÈrable.

AprËs avoir ÈtÈ "marquÈs", les dÈtenus se sont fait signifier, qu'ils
Ètaient dÈsormais sous une juridiction spÈciale, qu'ils Ètaient en
"suspension de droits" et qu' ils n'avaient le droit qu'ý un coup de fil et
ý une visite toutes les trois semaines.

Puis on les a mis dans des cellules, en sÈparant les ressortissants de mÍme
nationalitÈ.

Les policiers ont de nouveau apporter un repas constituÈ de viande. Les
dÈtenus vÈgÈtariens ont demandÈ ý avoir le droit ý un repas vÈgÈtarien, ce
qui leur a ÈtÈ catÈgoriquement refusÈ. Tous les dÈtenus ont alors dÈcidÈ
d'entamer une grËve de la faim. Au bout de dix minutes, les policiers ont
retirÈ le repas ý tous les dÈtenus.

Peut Ítre pour les punir de leur grËve de la faim, les policiers ont
empÍchÈ les dÈtenus de dormir, en laissant toutes les lumiËres allumÈes et
en parlant fort toute la nuit.

MatinÈe du vendredi 29

Au petit matin les dÈtenus qui essayaient de dormir aprËs la nuit, ont ÈtÈ
brusquement rÈveillÈs par des coups que les policiers donnaient sur les
portes aux cris de "Wake up !"  et par des insultes.

En fin de matinÈe l'arrivÈe annoncÈe d'une reprÈsentation du consulat
franÁais et du consul a provoquÈ un changement d'attitude de la part des
policiers. les FranÁais ont ÈtÈ regroupÈs, on leur a redonnÈ leurs effets.

AprËs s'Ítre assurÈ de leur prÈsence, le consul a demandÈ ý repartir avec
les ressortissants franÁais et a tenu ý les ramener sur Prague. L'intention
initiale des policiers tchËques Ètait de les mettre dans un de leur car et
de les conduire ý la frontiËre tchÈco-allemande pour les y rel’cher.

Il est ý noter, que jusqu'au matin, les services consulaires n'avaient pas
la liste exacte de toutes les personnes arrÍtÈes ni leur lieu exact de
dÈtention. Aux questions de la part des autoritÈs consulaires franÁaises
les services de la police tchËque rÈpondaient qu'il Ètait impossible de
donner une liste exacte, les personnes arrÍtÈes se trouvant dans des lieux
diffÈrents. Beaucoup de personnes arrÍtÈes ont ainsi ÈtÈ identifiÈes et
localisÈes soit sur la base des dires de tÈmoins prÈsents lors des
arrestations ou des dÈtentions, soit ý la suite d'appel des familles qui
avaient ÈtÈ alertÈes par des amis prÈsents sur les lieux.  Les autoritÈs
tchËques n'ont en aucun cas facilitÈ le travail des services consulaires
Ètrangers.

A l'heure d'aujourd'hui nous ne sommes pas mÍme totalement sšrs que tous
les ressortissants Ètrangers aient ÈtÈ libÈrÈs, ni que les diffÈrents
services consulaires soient au courant de toutes les dÈtentions.

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TÈmoignage de Joshua Tzarfaty
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AprËs midi du mardi 26 septembre :

Joshua Tzarfaty est  Ètudiant en mÈdecine en IsraÎl, et a la double
nationalitÈ franco-israÍlienne. Il faisait partie de l'assistance mÈdicale
de la manifestation du mardi 26 septembre. A ce titre il portait un
brassard avec une croix rouge, ainsi qu'une autre croix rouge, fixÈe sur
son sac-pharmacie. Le brassard qu'il m'a montrÈ, Ètait clairement
reconnaissable de loin et il m'a assurÈ l'avoir mis en Èvidence sur lui,
durant toute la manifestation.

Joshua Tzarfaty est parti sur le cortËge "jaune", avec trois autres membres
de l'Èquipe mÈdicale et un docteur.  ArrivÈs au pont de Nusle, ils ont ÈtÈ
appelÈs sur un portable afin de venir en aide ý l'Èquipe mÈdicale prÈsente
sur le cortËge "bleu" qui connaissait de sÈvËres affrontements avec la
police dans le fond de la vallÈe de Nusle.

Ils sont descendus. Lý, ils ont pu voir de nombreuses personnes blessÈes,
qui avaient reÁu soit des coups de matraque, soit des petits pavÈs que les
policiers avaient relancÈs, en rÈponse ý ceux qu'ils avaient reÁu de la
part de certains manifestants. Certaines blessures Ètaient assez graves.
Parmi les personnes blessÈes se trouvaient des personnes non manifestantes,
des journalistes, des observateurs lÈgaux, et quelques passants.

AprËs de sÈrieux affrontements et une nouvelle charge de la police, le
cortËge bleu a ÈtÈ dispersÈ. Joshua s'est alors  rendu sur le cortËge
"rose" o˜ des affrontements venaient d'Ítre signalÈs, au moment de la
dispersion du cortËge. Il Ètait alors entre 17  et 18 heures.

Plusieurs personnes blessÈes se trouvaient lý-bas. Joshua Tzarfaty s'est
occupÈ d'elles et, ý ce moment lý,  a perdu contact avec le reste de son
groupe mÈdical.

Il a marchÈ avec l'ensemble de la manifestation rose qui se dispersait et
se dirigeait vers la Place Wenceslas.

Quand il est arrivÈ sur la place, les policiers Ètaient trËs violents
(c'Ètait juste aprËs que quelques personnes ont brisÈ les vitrines du
restaurant MacDonald qui se trouve en haut de la place, prËs du MusÈe).

Dans la confusion il a pu retrouver une personne du groupe mÈdical et
devant les mouvements de panique et la fuite des gens, ils ont dÈcidÈ de
quitter la place pour aller dans un endroit plus sšr.

Ils ont empruntÈ une petite rue, partant de la place, et ont marchÈ
calmement pour s'Èloigner. Ils ont alors entendu des sirËnes de la police
et le bruit de plusieurs cars qui s'arrÍtaient derriËre eux. Des policiers
sont descendus et ont commencÈ ý arrÍter les personnes qui se trouvaient
dans la rue. Joshua a pris peur et s'est mis ý courir dans la direction
opposÈe. Plusieurs policiers se sont mis ý courir ý sa suite. Tout en
courant Joshua criait "Red Cross, Red Cross !"


Un policier l'a rattrapÈ, l'a plaquÈ violemment sur le sol, a arrachÈ le
morceau de tissus couvert d'une croix rouge qu'il avait sur son sac et l'a
frappÈ une premiËre fois au visage. Un deuxiËme policier est arrivÈ, a
sorti une sorte de sangle ou de laniËre en cuir et lui a enserrÈ les mains
avec, suffisamment fort pour que les marques soient encore bien visibles
plusieurs jours aprËs.

Il a ÈtÈ mis dans un fourgon o˜ se trouvaient dÈjý  7 personnes
interpellÈes. Il a ÈtÈ maintenu sur le sol, face contre le plancher. Un
policier l'a frappÈ ý la tÍte. D'autres policiers sont arrivÈes, l'on
retournÈ et lui ont Ètendu les bras et les jambes. Il a alors ÈtÈ matraquÈ
sur les bras, sur les jambes, plus particuliËrement sur les articulations,
sur le torse. Un policier l'a de nouveau frappÈ ý la tÍte. Ils l'ont alors
relevÈ et ont arrachÈ ses lacets.  Un policier a dÈsignÈ sa ceinture et a
criÈ quelque chose en tchËque qu'il n'a pas compris. Le policier a alors
tranchÈ la ceinture avec un couteau. Un policier l'a de nouveau frappÈ au
ventre, puis ils l'on remis ý terre. Il a voyagÈ ainsi dans le vÈhicule et
ils sont arrivÈs dans un commissariat, dont Joshua ne connaÓt pas le nom.
Mais plusieurs tÈmoins allemands disent l'avoir vu dans la journÈe de
mercredi au commissariat de Lupacova, ý Prague 3.

Soir du mardi 26 ý nuit du mercredi 27

ArrivÈ au commissariat, Joshua a ÈtÈ mis dans un minuscule rÈduit o˜ il
n'avait pas de place.

On est venu le chercher et on lui a fait signer une dÈposition, sans lui en
avoir fait la traduction prÈalable. Ce n'est qu'aprËs, quand il a du signer
une autre dÈposition, qu'on lui a donnÈ la traduction de ce qu'il avait
alors signÈ.

A aucun moment Joshua n'a ÈtÈ informÈ des raisons exactes de son
arrestation. Il a demandÈ ý pouvoir appeler quelqu'un ou joindre les
conseillers lÈgaux de l'association OPH, on lui a refusÈ sËchement.

Un peu plus tard, on l'a emmenÈ dans une autre piËce o˜ il a ÈtÈ de nouveau
frappÈ pendant plusieurs minutes, sur le dos, le ventre, aux lËvres, puis
on l'a reconduit dans une cellule.

On lui a servi ý manger, deux tranches de pain et du saucisson. Joshua est
strictement vÈgÈtarien et a demandÈ ý avoir autre chose, on lui a donnÈ
uniquement du pain. Puis il a essayÈ de dormir sur un petit banc, mais n'a
pas pu, ý cause de la douleur.

Joshua pense que l'acharnement des policiers ý son encontre Ètait dš au
fait qu'il portait un sweat shirt bleu et que les policiers ont cru qu'il
faisait parti du fameux cortËge "bleu" sur lequel il y a eu des
affrontements violents avec la police.

Il y a malheureusement de fortes prÈsomptions pour que si la police a ÈtÈ
influencÈe par la couleur ce n'est pas par celle des vÍtements de Joshua
mais bien par celle de sa peau. En effet, de nombreux tÈmoignages
concordent pour rapporter les propos ou les attitudes racistes de certains
policiers (ceci Ètant Ègalement rapportÈ par des observateurs tchËques et
par le fait que les personnes arrÍtÈes, les plus durement traitÈes ont
principalement ÈtÈ les ressortissants IsraÈliens et Grecs.)

Joshua tient cependant ý prÈciser  que les policiers de ce commissariat
n'ont pas tous ÈtÈ aussi durs avec lui et que deux d'entre eux ce sont mÍme
montrÈs prÈvenants ý son Ègard, une femme lui a Ègalement proposÈ d'aller
chercher un mÈdecin, offre que Joshua a dÈclinÈe.

JournÈe du jeudi 28

AprËs vingt quatre heures passÈes dans le commissariat de Lupacova, Joshua
a ÈtÈ conduit dans un autre commissariat. Lý, se trouvait une personne qui
est venue vers lui, lui a montrÈ une carte des observateurs OPH,  a un peu
parlÈ avec lui et lui a conseillÈ de signer la dÈclaration qu'on allait lui
donner. Ce qu'il a fait. (Or, aprËs sa libÈration, vendredi soir, je l'ai
accompagnÈ au Centre d'information, pour qu'il puisse y retrouver ses amis
qui l'attendaient, et raconter les conditions de sa dÈtention aux
journalistes. Or, les diffÈrents observateurs OPH qui s'y trouvaient nous
ont clairement certifiÈ qu'aucun membre de leur association n'avait pu
entrer dans les commissariats.)

AprËs un court passage dans ce commissariat il a ÈtÈ conduit au centre de
police pour les Ètrangers rue Olsanska, prËs de Zizkov o˜ se trouvaient de
nombreuses personnes arrÍtÈes. Quand il est arrivÈ et que les policiers ont
vu qu'il se tenait les cotes et qu'il boitait, l'un d'entre eux lui a donnÈ
un  coup avec sa matraque ý l'endroit douloureux, "comme par accident", en
s'excusant aprËs. Ce qui a fait rire les autres.

Joshua a ÈtÈ conduit dans un local o˜ il a ÈtÈ complËtement dÈshabillÈ, par
un policier qui a ouvert la porte une fois qu'il Ètait nu afin que les
personnes prÈsentes dans le hall puissent le voir. (Ce fait m'a ÈtÈ
rapportÈ par plusieurs autres personnes arrÍtÈes, hommes ou femmes,  qui
ont dš subir la mÍme "plaisanterie",)

On a alors procÈdÈ ý la prise de ses empreintes digitales et ý des
photographies pour l'Ètablissement d'une fiche anthropomÈtrique. Alors
qu'on prenait sa photo, plusieurs policiers se sont amusÈs ý le
photographier ý leur tour pour leur "album de famille".

Les passeports ayant ÈtÈ relevÈs et l'identitÈ des prÈvenus clairement
Ètablie, on peut se demander pourquoi la police a procÈdÈ ý l'Ètablissement
de fiches avec relevÈ des empreintes et photographie, puisqu'il est stipulÈ
dans le droit tchËque, qu'une fois l'identitÈ de la personne confirmÈe, il
ne peut Ítre fait ni relevÈ d'empreintes digitales ni photographie (article
13 section 7  de l'acte 283/ 1991 ou "PolAct") Aucune des personnes ý qui
cette mesure a ÈtÈ appliquÈe n'a pu, ý ma connaissance,  en savoir les
raisons ni obtenir de renseignements sur l'utilisation ultÈrieure de tels
documents, mÍme quand ils en ont fait la demande.


Au poste de police pour les Ètrangers, Joshua a demander ý tÈlÈphoner,
droit qui lui a  ÈtÈ refusÈ.

Nuit du jeudi 28 au vendredi 29 au matin

Joshua ainsi que d'autres personnes prÈsentes au poste de police des
Ètrangers ont ÈtÈ mises dans un car. Dans le vÈhicule se trouvait une cage
trËs Ètroite, et les policiers ont enfermÈs deux personnes ý l'intÈrieur,
juste pour rire.

A leur arrivÈe au camp de rÈtention des Ètrangers ý Balkova, ont les a mis
nus, on a confisquÈ leurs affaires, puis on leur a marquÈ un numÈro ý
l'encre sur le bras et mis un pyjama rayÈ. Durant toute cette opÈration,
les policiers riaient.

A leur arrivÈe ont leur a dit qu'ils pourraient rester lý jusqu'ý 180
jours, et qu'ils n'avaient la possibilitÈ de sortir pour se dÈgourdir les
jambes qu'une heure  toutes les 24 heures. Pourtant, quand certains ont
demander ý aller en promenade on leur a catÈgoriquement refusÈ ce droit.

Ils ont ÈtÈ mis ý  4 dans des cellules de quinze mËtres carrÈs environ.

Les policiers du camp ne s'adressaient aux prisonniers qu'en tchËque, le
plus souvent en hurlant ou en accompagnant leurs propos de gestes vifs.
Mais lorsqu'un dÈtenu de la cellule de Joshua a ouvert une fenÍtre pour
communiquer avec les dÈtenus de la cellule voisine un garde qui ne leur
parlait qu'en tchËque est arrivÈ et lui a intimÈ, en anglais, l'ordre de
fermer la fenÍtre.

Au repas on leur a servi de la viande. Les dÈtenus vÈgÈtariens, dont
Joshua, ont demandÈ ý avoir autre chose, mais les policiers n'ont pas
voulu. Ils ont alors dÈcidÈ de faire la grËve de la faim. Quand les
policiers ont vu qu'ils refusaient de manger ils ont retirÈ les plats aprËs
dix minutes et n'ont rien donnÈ d'autre.

Durant toute la nuit on les a empÍchÈ de dormir, les lumiËres sont restÈes
allumÈes, les policiers de garde criaient.

Au matin, lorsque les policiers ont vu que personne n'avait mangÈ, ils ont
rÈveillÈ les dÈtenus qui essayaient de dormir, en criant et en tapant sur
les portes. Ils sont entrÈs dans les cellules et les ont secouÈ en criant
"no sleep, no sleep".

Quand le consul de France est arrivÈ ils ont ÈtÈ regroupÈs, puis on leur a
rendu leurs effets personnels. On leur a Ègalement rendu leur passeport sur
lequel a ÈtÈ mis un visa d'expulsion, expirant ý 24 ou 48 heures, suivant
les personnes.

Joshua n'a personnellement vu personne se faire taper dans le camp de
Balkova mais il a entendu dire qu'un Allemand y avait ÈtÈ battu.

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D'autres informations
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A cÙtÈ de ses deux tÈmoignages j'ai pu recueillir d'autres informations
Èmanant de plusieurs autres personnes interpellÈes ou dÈtenues.

la plupart concernent l'absence totale d'information tant au niveau des
droits des dÈtenus, qu'au niveau des raisons motivant les arrestation.

Plusieurs cas manifestes d'arrestation arbitraire sont Ègalement ý dÈplorer.

Deux FranÁais, Aude et Boris, ont ainsi ÈtÈ arrÍtÈs, le mercredi 27 au
matin, en dehors de toute manifestation, ou de tout rassemblement ý
caractËre dangereux, alors qu'ils marchaient en compagnie d'autres
Ètrangers sur le Pont Charles. AprËs l'arrivÈe de deux vÈhicules de la
police et un contrÙle d'identitÈ, ils ont ÈtÈ arrÍtÈs et conduits au poste
de police pour les Ètrangers rue Olsanska, sans qu'on leur ait notifiÈ les
raisons de leur interpellation, ni ý ce moment, ni par la suite.

J'ai moi-mÍme eu ý subir un contrÙle d'identitÈ, durant la journÈe du jeudi
28, ý un arrÍt de tramway, loin du centre, en dehors de tous les lieux de
rassemblements, o˜ des points de rencontres, alors qu'il n'y avait aucune
manifestation, que la sÈcuritÈ des biens et des personnes ne pouvait en
aucun cas Ítre menacÈe et que rien ne pouvait motiver mon contrÙle, ni dans
mon attitude, ni dans mon "accoutrement" (critËre trop souvent choisi par
les forces de l'ordre tchËques, ainsi que malheureusement celui de "sale
gueule"). La seule raison pouvant expliquer ce contrÙle d'envergure
(puisque pas moins de six policiers ont ÈtÈ requis) est que je me trouvais
avec quelques FranÁais et que nous parlions en franÁais Un contrÙle des
passeports a ÈtÈ effectuÈ, donnant lieu ý l'Ètablissement d'une fiche.
Aucune copie n'a ÈtÈ donnÈ aux personnes interpellÈes, aucune justification
du contrÙle n'a ÈtÈ fournie, mÍme aprËs demande express en tchËque. Aucun
renseignement sur l'utilisation et le devenir de ces fiches n'a ÈtÈ
transmis aux personnes interpellÈes.

Plusieurs autres tÈmoignages font Ètat d'injures, de brusqueries, et de
vexations de toutes sortes (empÍchement de dormir , dÈtenus dÈshabillÈs en
face de tÈmoins, gestes ou propos obscËnes ou racistes, intimidations, ...)
de conditions de dÈtention dÈplorables ( couchage ý mÍme le sol sans aucune
couverture, enfermements ý plusieurs dans des espaces rÈduits, pose de
menottes, absence de mÈdecin ou d'assistance mÈdicale pour les personnes
blessÈes, distribution de nourriture uniquement contre paiement,...)

Dans presque tous les cas il a ÈtÈ impossible aux personnes arrÍtÈes de
voir un avocat ou de donner un coup de fil.

Rapport Ètabli d'aprËs tÈmoignages, par Bertrand Schmitt, ý Prague, le 30
septembre 2000.





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