[<--] Indice [-->]

From Pedro <pedro@samizdat.net>
Date Wed, 10 Jan 2001 23:09:43 +0100
Subject globe_l: DAKAR 2000 : des resistances aux alternatives

DAKAR 2000 : des resistances aux alternatives

Du 11 au 17 decembre 2000 a Dakar se sont succedees deux conferences
internationales pour l'annulation de la dette et l'elaboration
d'alternatives de developpement. Ces conferences ont constitue un reel
succes, a la fois grace a une representation panafricaine unique en son
genre, a la qualite des participants des autres continents et au large
consensus trouve en matiere de strategies Nord-Sud. La premiere conference
portait sur la problematique africaine.

Elle a rassemble quelque 200 representants d'organisations de toute
l'Afrique au Sud du Sahara (provenant de 22 pays : Angola, Burkina Fasso,
Cameroun, Congo Brazzaville, Rep. Democratique du Congo, Cote d'Ivoire,
Ethiopie, Ghana, Guinee-Bissau, Kenya, Malawi, Mali, Ile Maurice,
Mozambique, Namibie, Senegal, Rep. d'Afrique du Sud, Tanzanie, Tchad, Togo,
Zambie, Zimbabwe). De nombreuses organisations des pays industrialises
(provenant de Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Etats-Unis, Espagne,
France, Grande Bretagne, Irlande, Pays-Bas, Suede, Suisse), d'Amerique
latine/Caraibes (Argentine, Bolivie, Bresil, Haiti, Nicaragua, Perou) et
d'Asie (Cambodge, Inde, Nepal, Philippines, Thailande) avaient envoye des
delegue(e)s aux deux conferences. La premiere s'est deroulee en plusieurs
phases.

Conference panafricaine

Apres l'ouverture des organisateurs (CONGAD, Jubile Sud, CADTM, CNCD), la
coalition des femmes presente son Tribunal de la dette, sous forme
theatrale. Au banc des accuses : la Banque mondiale, le FMI, les pays du G7
et les gouvernements du Sud. Accusation : crime contre l'humanite et non
assistance a personne en danger. A l'appel des victimes de la dette, toute
l'assemblee se leve. Chacun a leur tour, les accuses sont mis devant leurs
responsabilites : imposition de taux d'interets usuriers, refus du droit
d'insolvabilite malgre les consequences meurtrieres de la dette,
detournements de fonds publics, desinformation sur de pretendues " mesures
d'allegement ", complicite de pillage des ressources naturelles...

Des victimes de la dette viennent temoigner de son impact sur leur vie
quotidienne. Au terme du requisitoire, l'accusateur (joue par le juriste
senegalais Maitre El Hadji Guisse) reclame une peine sans circonstances
attenuantes: " La dette est historiquement injuste, socialement insoutenable
et juridiquement infondee ". A ce moment, la salle, formee par plusieurs
centaines de delegues, se leve pour applaudir. Les rires masquent une
emotion plus grave. Pour beaucoup des participants - en majorite d'origine
africaine - les situations qui ont ete decrites renvoient a leur vecu
quotidien. A la misere generalisee de leurs concitoyens.

Ensuite, la parole est donnee aux acteurs sociaux representes par la
coalition des artistes, des syndicats et des jeunes, puis au poete
senegalais Thierno Seydou Sall qui, accompagne d'un joueur de kora, lance
quelques rimes acides au public. Enfin, le chanteur Youssou N'Dour reaffirme
en quelques mots son soutien a l'initiative de Dakar 2000. Apres les exposes
en pleniere de Mr. Kasse (Senegal), Samir Amin (Egypte), Eric Toussaint
(Belgique) et Yash Tandon (Zimbabwe), les participants se divisent en quatre
ateliers pendant trois journees, debattant des themes : dette et education ;
dette et sante ; economie et emploi ; alternatives et strategies. Les
travaux dans ces ateliers ont permis de degager pour chaque secteur un
constat de l'impact pervers de la dette et des politiques du FMI et de la
Banque mondiale, des resistances passees et futures face a cette realite et
des alternatives a appuyer pour dessiner les bases d'un autre modele de
developpement. Un document de plusieurs dizaines de pages sera disponible
sur la question.

Le quatrieme jour voit le manifeste de Dakar 2000 adopte en pleniere. En
quelques pages, il rend compte de la perversite de la dette, pierre
angulaire d'une mondialisation exclusivement economique et financiere, et
degage toute une serie d'alternatives pour sortir l'Afrique et le Tiers
Monde de l'economie d'endettement international et elaborer les pistes d'une
autre mondialisation.

Enfin, une journee de reflexion est organisee par la coalition des jeunes.
De nouveau, les temoignages de la jeunesse africaine laisse transparaitre
les origines communes des differents problemes. Une declaration commune
sortira des debats. Strategies Nord-Sud La seconde conference se deroule
sous les auspices de la coalition Jubile Sud, en collaboration avec nombre
d'organisations du Nord, dont le CADTM et les Coalitions Jubile 2000 du
Danemark, des Pays-Bas, de Suede, des Etats Unis, etc. Tres vite, on ne
parle plus d'annulation de dette, mais de repudiation de la part du Sud et
de reparations a exiger pour la misere criminelle dans laquelle les peuples
du Tiers Monde ont ete et sont encore tenus. Le consensus se noue
naturellement. L'annee jubilaire n'etait qu'un premier pas pour les
mouvements sociaux. Dakar 2000 represente un nouveau point de depart pour
une campagne mondiale d'envergure. Des coordinations regionales ont ete
mises en place (par exemple : une coordination pour l' Afrique de l'Ouest,
une autre pour l'Afrique centrale, une troisieme pour l' Afrique australe,
etc.).

Entre deux reunions, le samedi 16 decembre, une manifestation rassemble
plusieurs milliers de personnes dans les rues de Dakar. Enormement de jeunes
et de femmes animent le cortege. Les percussions et les chants se melent aux
banderoles denoncant la tyrannie de la dette, exigeant son annulation et
l'adoption d'un modele de developpement alternatif. Comme le stipule le
manifeste de Dakar 2000, " un autre developpement signifie promouvoir et
garantir la justice sociale, l'egalite des sexes, la democratie et le
respect des droits humains. L'etendue de la pauvrete et de l'exclusion est
le resultat de l'influence nefaste de la politique du "tout au marche" et de
la recherche effrenee du profit prive qui a pousse l'Etat a abandonner la
politique visant a promouvoir l'equite et la justice sociale. " C'est pour
l'etablissement de cet autre developpement que les participants, en se
quittant, se sont engages a lutter dans leur pays et en synergie avec les
organisations du monde entier.

Plusieurs rendez-vous ont deja ete fixes pour 2001 : le sommet social
mondial de Porto Alegre en janvier, le sommet des PMA a Bruxelles en mai et
le G7 de Genes en juillet.

Manifeste : "Afrique : des resistances aux alternatives"
http://www.samizdat.net/infos


- - - 

S o l i d a r i t e  a v e c  l e s  F T P

http://www.samizdat.net/solidarite

 - -
  -



                               -

                               -

G            L            O            B           E

 - - - - - - - - - - - -

s a m i z d a t . n e t
european counter network
bureaucratie : bureaucratie@samizdat.net
messages sur la liste : globe_l@ecn.org
archives web : http://www.ecn.org/lists/globe_l
envois restreints aux abonnes
http://www.samizdat.net/infos

[<--] Indice [-->]