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Date Thu, 1 Feb 2001 09:24:08 +0100
Subject globe_l: Davos : compte-rendu des evenements par Maloka

Davos : compte-rendu des ÈvÈnements


Les 21 et 22 janvier 2001 Ètait mis en place un centre de convergence ý
l'espace autogÈrÈ des Tanneries de Dijon, dans le but de permettre ý
divers-es militant-e-s de se rencontrer, de se prÈparer et de coordonner
des actions contre le World Economic Forum (WEF) de Davos. A l'appel de la
Coordination Anti-OMC de Suisse (le texte de la plate-forme est disponible
sur en ligne ý http://under.ch/davos), de nombreuses actions et
manifestations Ètaient en effet prÈvues pour empÍcher la tenue de cette
rÈunion annuelle de puissants, de "maÓtres du monde" comme ils se plaisent
ý se dÈnommer eux-mÍmes.

Ce forum trËs chic a mobilisÈ le plus impressionnant arsenal policier et
militaire qu'ait connu la Suisse depuis les mouvements ouvriers du siËcle
dernier, et a transformÈ la petite ville de Davos en vÈritable forteresse
hÈrissÈe de barbelÈs, de blindÈs et de flics armÈs jusqu'aux dents ainsi
que l'ensemble de la Suisse en vÈritable zone militaire. La rÈpression de
la contestation a ÈtÈ spectaculaire et d'une exceptionnelle intensitÈ,
marquant un pas dans la lutte du pouvoir contre la dissidence.

Comme ý l'habitude, les mÈdias institutionnels ont joyeusement occultÈ,
manipulÈ et dÈsinformÈ, prÈfÈrant la moustache de JosÈ BovÈ en pleine
campagne Èlectorale et exotique aux milliers de manifestant-e-s
anticapitalistes rassemblÈs en Suisse et aux frontiËres. Pour ceux et
celles qui n'ont pu suivre les ÈvÈnements, voici donc un condensÈ
(largement non exhaustif) de la multitude de choses qui se sont passÈes ý
Davos et alentours du 22 au 30 janvier.

Note : des actions de soutien aux personnes interpellÈes ont eu lieu dans
diverses villes d'Europe. N'hÈsitez pas ý vous organiser et ý exprimer
votre colËre, votre indignation et votre soutien lý o˜ vous Ítes ! Par
ailleurs, un journal mural sur Davos a ÈtÈ rÈalisÈ, et n'attend que d'Ítre
tÈlÈchargÈ, photocopiÈ et collÈ. Il est disponible en ligne ý
http://www.chez.com/maloka/.

Mardi 23 janvier 2001

- un bus parti de Dijon transportant une quinzaine de militant-e-s est
refoulÈ ý la frontiËre suisse, aprËs 7 heures d'immobilisation. Tou-te-s
les passager-e-s sont fouillÈ-e-s nu-e-s, les documents relatifs ý leur
identitÈ photocopiÈs et envoyÈs au MinistËre de l'IntÈrieur Suisse, leurs
numÈros de tÈlÈphone confisquÈs. Une passagËre, interdite de territoire
depuis le 15 janvier suite ý sa participation aux manifestations de Prague
contre le FMI et la Banque Mondiale en septembre 2000 (vive le fichage
international) est sÈquestrÈe dans une piËce pendant 6 heures. Un arrÍtÈ
officiel lui est donnÈ, lui expliquant qu'elle encourt 6 mois de prison et
10 000 francs suisses d'amende si elle tentait d'aller en suisse du 15 au
31 janvier. Les autres occupant-es du bus se voient signifier une
interdiction de territoire durant la durÈe Forum de Davos (heureusement,
cela ne les dÈcouragera pas pour autant). La police suisse a communiquÈ
qu'elle disposait d'une liste d'au moins 300 noms de personnes ý qui elle
interdirait catÈgoriquement l'accËs au territoire.

- un centre de convergence est ouvert depuis plusieurs jours ý Zurich ý la
Rote Fabrik, ancien lieu squattÈ dÈsormais lÈgalisÈ, gÈrÈ par nombre
d'associations culturelles et politiques. S'y retrouvent pour l'occasion
des militant-e-s venu-e-s de Suisse, de France, d'Allemagne, d'Italie,
d'Espagne et d'Angleterre.

Mercredi 24 janvier 2001

- de premiËres actions contre le WEF ont lieu ý Zurich : une parade
rassemblant une cinquantaine de militant-e-s chaussÈ-e-s de skis,
habillÈ-e-s en clowns, dansant et chantant dans la rue dÈfile dans le
centre de la ville.

- l'accËs ý Davos est bloquÈ par des barrages policiers. Personne ne passe,
pas mÍme les habitant-e-s de la rÈgion qui se font arrÍter et fouiller,
parfois pendant de longues heures. Un van d'Indymedia est arrÍtÈ 5km avant
Davos et refoulÈ, les mÈdias indÈpendants n'Ètant pas bien vus autour du
Forum. MÍme sort pour un bus de cuisine allemand (expulsÈ dans les heures
qui suivent) et de nombreux-ses autres. Toutes les personnes essayant de se
rendre ý Davos sont contrÙlÈes, photographiÈes et refoulÈes.

- le second recours contre l'interdiction de manifester ý Davos est
repoussÈ par la cour cantonale, qui protËge sans surprise la rÈunion des
dirigeants. Le porte-parole du WEF dÈclare qu'il n'est pas dÈmocratique de
venir manifester contre le WEF (qui est quant ý lui et comme chacun-e sait,
extrÍmement dÈmocratique). Rien qu'en annonÁant depuis de nombreux mois
qu'elle viendrait bloquer le sommet de Davos et s'opposer radicalement ý
l'existence du WEF, la coordination WOW (Wipe Out WEF), a crÈÈ une psychose
sans prÈcÈdent en suisse. Des sommes Ènormes sont mises en jeu pour assurer
la sÈcuritÈ du sommet, depuis des semaines les journaux parlent plus de la
police et des manifestations ý venir que du contenu du forum. En
consÈquence, le WEF et la police suisse font quelques faux pas mÈdiatiques
en cherchant ý se justifier.

Jeudi 25 janvier 2001

- dans le Jura suisse, une manifestation anti-Davos est organisÈe pour
protester avec humour contre l'envoi de 5 policiers du Jura suisse ý Davos
sous le slogan "pas de poulets jurassiens ý Davos". Les manifestant-e-s en
profitent pour enchaÓner la porte de la gendarmerie !

- deux actions directes sont menÈes pour empÍcher l'arrivÈe des dÈlÈguÈs du
WEF ý Davos en dÈbut d'aprËs-midi. Des autonomes mËnent quelques actions
Èclairs de barrages routiers dans Z¸rich. Un groupe de militant-e-s
effectue un cours blocage sur la route qui conduit ý l'aÈroport depuis
Zurich, pendant qu'un convoi de voitures roulant ý 20km sur l'autoroute
bloque pendant une heure et demie le seul axe routier menant ý Davos,
largement empruntÈ par les Limousines des dÈlÈguÈs, avant l'intervention
musclÈe des flics arrivÈs par voiture et par hÈlicoptËre. Quatre voitures
sont arrÍtÈes, les passagers embarquÈs. Un conducteur est menottÈ et
projetÈ ý terre aprËs que des flics l'aient menacÈ avec un revolver et
brisÈ la vitre de sa voiture. Les personnes sont rel’chÈes aprËs 3 heures
de dÈtention, contre trois cautions de 1000 francs suisses (environ 4500
francs franÁais) et doivent en outre payer une dÈpanneuse pour rÈcupÈrer la
voiture endommagÈe par les flics.

- deux camÈras vidÈo de surveillance sont dÈcouvertes devant le Centre
Social autogÈrÈ "Il Molino" ý Lugano, et sont aussitÙt dÈtruites par des
militant-e-s. La police arrive immÈdiatement et encercle le lieu,
remplaÁant leurs camÈras de surveillance sabotÈes par un contrÙle de toute
personne entrant ou sortant du b’timent.

- une quarantaine d'activistes du WOW (Wipe Out WEF) entre dans les locaux
du siËge gouvernemental du Tessin ý Bellinzone, pour protester contre les
pratiques de la police cet aprËs-midi et contre les mesures rÈpressives
mises en place sur l'ensemble du territoire helvÈtique.

- en fin de journÈe, le van d'Indymedia est finalement autorisÈ ý rejoindre
Davos (aprËs intervention d'un avocat). Des webcams y sont installÈes. Par
la suite, le van d'Indymedia sera trËs rÈguliËrement perquisitionnÈ, des
journalistes seront arrÍtÈs puis rel’chÈs, du matÈriel dÈtÈriorÈ.

Vendredi 26 janvier 2001

- une troupe de thÈ’tre de rue (quatre hommes et une femme) est violemment
refoulÈe de Davos le matin, aprËs fouille et dÈtention d'une heure. Sur
place, la police incite les habitant-e-s ý dÈnoncer toute personne "louche"
ou tout journaliste non-accrÈditÈ. Dans les semaines prÈcÈdant le sommet,
le personnel des hÙtels a suivi des entraÓnements par la police afin de
pouvoir participer ý la rÈpression des anti-Davos.

- en dÈbut d'aprËs-midi, une cinquantaine de personnes occupe le siËge de
l'USB (Union de Banques Suisses, troisiËme groupe bancaire du pays) ý
Lugano et y dÈploie une banderole pour appeler ý la manifestation de Davos
le samedi 27 janvier.

- ý Lausanne, 80 personnes occupent Ègalement les locaux de l'USB pour
protester contre la militarisation autour de Davos et la criminalisation du
mouvement anti-WEF. Une banderole est dÈployÈe sur le b’timent pour
sensibiliser les passant-e-s sur ce qui s'est passÈ ces derniers jours, en
particulier la "rÈpression prÈventive" contre tou-te-s celles et ceux qui
cherchent ý entrer en Suisse pour manifester contre le WEF.

- ý Zurich, une action de sabotage au concentrÈ de boule-puante a lieu dans
un supermarchÈ Globus (supermagasin pour riches au cúur de Z¸rich) et a
pour effet de vider quelques Ètages de leurs clients. Plusieurs personnes
jettent des tracts en allemand devant le supermarchÈ avec comme slogan :
"Davos est inaccessible - le capitalisme est partout - sabotage !". Un peu
plus tard, un communiquÈ est diffusÈ : "A Davos, il devait y avoir une
rÈunion de "global leaders" dÈcidant de notre avenir dans la transparence.
Cette rÈunion se tient en fait dans un camp militaire retranchÈ duquel mÍme
la citoyennetÈ la plus inoffensive est bannie. Nous nous sommes attaquÈs
aujourd'hui au centre commercial de la sociÈtÈ Globus ý Zurich parce
qu'elle reprÈsente ce monde factice qu'on nous vend chaque jour et qui est
pÈrennisÈ une fois l'an ý Davos. Jusqu'ý quand ? Nous encourageons la
population ý saboter de quelque maniËre que ce soit tout ce qui l'enferme
et l'aliËne. Nous ne crËverons pas pour le profit maximal de quelques-uns.
SignÈ : les putois anticapitalistes "

- tout au long de la journÈe, de nombreux-ses manifestant-e-s
"indÈsirables" sont refoulÈ-e-s, certain-e-s figurant sur la fameuse "liste
noire" de 300 noms. A 18h, les cars et voitures du Global Action Bus
transportant une centaine de militant-e-s italien-ne-s (les "Tutte
Bianchi") sont bloquÈs ý la frontiËre, attendu-e-s par 150 flics et
carabiniers. Comme ý Prague et ý Nice, les manifestant-e-s italien-ne-s ne
sont pas les bienvenu-e-s. AprËs de veines tentatives de nÈgociation, les
manifestant-e-s essayent ý plusieurs reprises de traverser la frontiËre les
mains levÈes et se font charger par les flics. Les "invisibles" dÈcident
alors d'occuper de faÁon permanente le poste de frontiËre de Chiasso, et
appellent au blocage de la frontiËre, o˜ ils-elles vont passer la nuit.
Dans l'aprËs-midi, des militant-e-s de Suisse francophone ont bloquÈ un
poste frontiËre en solidaritÈ avec les italien-ne-s.

- la compagnie des chemins de fer rhÈtiques et la police ont dÈcidÈ de
suspendre tous les trains pour Davos dans la journÈe du samedi 27.

Samedi 27 janvier 2001

- ý 7h, 200 activistes (suisses, franÁais-es, allemand-e-s, espagnol-e-s,
anglais-es) investissent le hall du siËge de l'OMC ý GenËve, pissent et
taguent sur les murs ("We are pissed of by the WTO so we piss on the WTO").
La faÁade est repeinte avec le slogan "Assassins, Moore aux tirants" (Mike
Moore est le prÈsident le l'OMC). Les militant-e-s font une dÈclaration sur
le rÙle de l'OMC et ses consÈquences ainsi que sur les discussions au sein
du Forum de Davos visant ý reprendre les nÈgociations de l'OMC avortÈes ý
Seattle le 30 novembre 1999.

- partis de Lugano, les 17 cars de la "Caravane du peuple de Seattle" sont
en route pour Davos, rejoints par d'autres autocars en provenance de
GenËve, de Basilea et d'ailleurs. La route en direction de Davos est
bloquÈe dans les deux sens et survolÈe par un hÈlicoptËre. Environ 600
manifestant-e-s descendent des cars avec banderoles et sound-system et
bloquent complËtement l'autoroute, causant un bouchon de plus de 15
kilomËtres. Les flics chargent, lancent des lacrymos et tirent des balles
en caoutchouc. AprËs deux heures de nÈgociations, les manifestant-e-s
obtiennent la possibilitÈ de retourner ý Zurich contre la libÈration de
l'autoroute.

- au mÍme moment, la route nationale est bloquÈe par environ 200
manifestant-e-s, qui se font Ègalement charger par les flics ý plusieurs
reprises avant de rebrousser chemin.

- environ 500 manifestant-e-s sont bloquÈ-e-s dans un train ý 50km de
Davos, ý la gare de Landquart, transformÈe en un vÈritable centre de
rÈtention pour l'occasion : flics, blindÈs, barbelÈs tous azimutsÖ Les
manifestant-e-s descendent sur les quais et bloquent toutes les voies,
demandant un train pour Davos. Face au refus prÈvisible de la police, les
manifestant-e-s exigent un train pour retourner sur Zurich. Nouveau refus
de la police. Les manifestant-e-s tentent alors de rejoindre leurs
camarades bloquÈ-e-s sur l'autoroute, ý quelques kilomËtres de lý, en
coupant ý travers les champs clÙturÈs de barbelÈs. La police les attaque
aussitÙt ý coups de balles en caoutchouc et de gaz. Les manifestant-e-s
ripostent ý coups de pierres et de bšches, abondantes dans la campagne
suisse. 15 minutes plus tard, un train est finalement affrÈtÈ pour Zurich.
ArrivÈ-e-s au niveau du blocage de l'autoroute, des militant-e-s arrÍtent
le train pour soutenir les autres manifestant-e-s. Quelques un-e-s
rejoignent l'autre cortËge, et le train repart, pour finalement arriver ý
Zurich.

- au poste frontiËre de Chiasso, la police italienne repousse au canon ý
eau les activistes bloquÈ-e-s depuis vendredi aprËs-midi, blessant un
militant. Dans l'impossibilitÈ de passer la frontiËre, les manifestant-e-s
se dirigent vers la ville de CÙme aux alentours de 12h. En tout, ý peine
une dizaine d'Italien-ne-s a pu entrer en Suisse, pour 250 refoulÈ-e-s.

- le rÈseau de communication tÈlÈphonique Swisscomm est victime d'un
sabotage visant ý perturber le bon dÈroulement du Forum de Davos. Les
c’bles du rÈseau sont coupÈs par le collectif "Sand in the Wheels".

- 14h : ý Davos mÍme, 400 manifestant-e-s sont parvenu-e-s ý franchir les
barrages policiers et avancent vers le centre ou se tient le Forum, sous
une neige battante, par - 10ƒC et malgrÈ l'interdiction de manifester. La
prÈsence policiËre est  impressionnante. A 500 mËtres du centre, les flics
ont dressÈ des grilles, gardÈes par un canon ý eau, qui tire sur les
manifestant-e-s qui refusent de se disperser (Note : les flics prÈvoyaient
d'utiliser des lances ý purin, mais les fermiers locaux ont refusÈ de les
fournir en matiËre premiËre !). TrËs vite, les manifestant-e-s sont
reconduit-e-s ý la gare par la police et doivent repartir pour Zurich.

- simultanÈment ý Berne, environ 150/200 personnes manifestent et bloquent
la circulation en s'asseyant sur un des ponts qui enjambe l'Aar. Des
militant-e-s jettent des pierres et des bouteilles sur les flics prÈsents
et leurs vÈhicules. La manifestation est improvisÈe par la Coordination
Anti-OMC suite ý la dÈcision prise hier par la compagnie (privÈe) des
Chemins de fer rhÈtiques de supprimer le trafic ferroviaire vers Davos.
Deux personnes se font embarquer par les flics.

- tous les diffÈrents cortËges sont repartis pour Zurich, o˜ un nouveau
rendez-vous a ÈtÈ fixÈ. Le train bloquÈ ý Landquart arrive ý Zurich vers
17h15, mais s'arrÍte avant la gare centrale et refuse d'emmener les
manifestant-e-s plus loin. Un cortËge rythmÈ par une "battucada"
rÈvolutionnaire se met alors en marche vers le centre de Zurich, mais est
systÈmatiquement attaquÈ par les flics ý l'approche du centre-ville. Sur le
chemin, des chantiers fournissent aux manifestant-e-s des barres de fer et
autres projectiles. Il y a un parfum d'Èmeute dans l'air. Les vitrines de
banques, de multinationales et les voitures de luxe jonchant le parcours
sont mÈthodiquement dÈtruites. RassemblÈs sur une place, les autres
cortËges se font Ègalement agresser par la police. A 19h, les diffÈrents
groupes de manifestant-e-s parviennent finalement ý se rejoindre ý la gare
centrale autour du camion sono qui envoie des kilowatts de techno-jungle
anticapitaliste sur la ville. La gare est encerclÈe par les flics. Ultra
violents, ceux-ci chargent ý la moindre pause de la manifestation, pour
d'empÍcher ý tout prix la foule de se rendre jusqu'au prÈcieux centre-ville
de Z¸rich (cible que se donnent chaque annÈe les autonomes zurichois lors
des manifs du 1er mai). A plusieurs reprises, les manifestant-e-s tentent
d'installer le camion sono ý un endroit pour faire une "Radical Rave", mais
les attaques systÈmatiques de la police les en empÍchent. Les affrontements
entre flics et manifestant-e-s continuent de plus belle. Le camion sono
anime la manif pendant que des barricades s'ÈlËvent et qu'un train servant
de rempart ý des policiers vole en Èclats. Des voitures et des poubelles
sont en feu, des pierres et des pavÈs rÈpondent aux gaz lacrymogËnes,
canons ý eau et balles en caoutchouc tirÈes en continu, ý hauteur de tÍte.
Plusieurs personnes sont blessÈes, notamment au visage, et doivent Ítre
emmenÈes ý l'hÙpital. Pendant 2 heures, les combats font rage.

- les flics parviennent ý arrÍter une cinquantaine de personnes, dont les 6
individus s'occupant de la sono, qui est endommagÈe par la mÍme occasion.
MontÈes dans un tramway pour rejoindre la Rote Fabrik (centre de
convergence), quelques 80 autres personnes sont arbitrairement arrÍtÈes et
menottÈes par la police qui stoppe le wagon. En tout, 121 personnes de
nationalitÈs diverses sont interpellÈes, sans aucun flagrant dÈlit, mais
cependant accusÈes de "participation ý une manifestation interdite".

- 6 manifestants doivent Ítre transportÈs ý l'hÙpital. Un passant est
sÈrieusement blessÈ ý l'úil, un autre homme hospitalisÈ ý cause d'une
commotion et d'un úil gonflÈ, un autre encore gravement coupÈ ý la jambe (ý
une artËre) et ayant perdu beaucoup de sang. Un homme a plusieurs coupures
sur le visage aprËs avoir reÁu des balles en caoutchouc en pleine figure,
d'autres ont des blessures causÈes par des flics sectionnant sans
mÈnagement leurs menottes plastiques ou ont ÈtÈ salement matraquÈs par des
policiers. Par ailleurs, 3 policiers auraient ÈtÈ blessÈs pendant les
affrontements.

- la manifestation est finalement et dÈfinitivement dispersÈe par les flics
vers 23h. L'accËs ý la Rote Fabrik est menacÈ toute la nuit par la police,
et des groupes fascistes traÓnent aux alentours, ý l'affšt de militant-e-s
isolÈ-e-s.

Dimanche 28 janvier 2001

- la situation reste tendue ý Zurich. Les flics sont partout, et seulement
28 manifestant-e-s ont ÈtÈ libÈrÈ-e-s. Aucune nouvelle de tous les autres,
la police restant totalement opaque ý ce sujet.

- 4 personnes sont toujours hospitalisÈes suite aux agressions de la police
samedi soir.

- la presse suisse fait ses gros titres des ÈvÈnements de Davos et Zurich.
Cependant, on y trouve d'inhabituelles condamnations de la prÈsence
policiËre, et plus gÈnÈralement une indignation face au couvre-feu
militaire qu'a connu la Suisse en cette semaine un peu particuliËre.
Politiciens de gauche et journalistes sont d'accord pour dire que c'Ètait
"un peu trop", et semblent ainsi exceptionnellement Èpargner quelque peu
les manifestant-e-s radicaux et radicales de leur habituel vomis. Quelques
titres : "la police comme dans une dictature" (dans Sonntagsblick, le
journal de droite zurichois !), "l'esprit de Davos a ÈtouffÈ dans les gaz
lacrymogËnes", "la police a empiÈtÈ sur les droits fondamentaux" (dans
Sonntagszeitung), ainsi que "les anti-Davos ont gagnÈ. MalgrÈ la police"
(dans Dimanche.ch). Contrairement a ce qui s'est passÈ pour Nice, on ne met
pas l'accent sur d'irresponsables casseurs et casseuses, mais bel et bien
sur l'enjeu politique de ces manifestations.

Lundi 29 janvier 2001

- ý Lausanne vers 16h, 30 ý 40 personnes se rÈunissent devant un McDonald's
auquel est accrochÈe une banderole et dont l'entrÈe est bloquÈe pendant
environ 20 minutes, pour rÈclamer la suppression du Forum Economique
Mondial et la libÈration de tou-te-s les personnes dÈtenues suite aux
manifestations de Z¸rich. Des tracts sont distribuÈs aux passant-e-s.
L'action est organisÈe par la Coordination Anti-OMC LÙzanne.

- environ 200 personnes manifestent ý GenËve pour protester contre la
rÈpression par les autoritÈs suisses des opposant-e-s au WEF, puis occupent
le siËge du DÈpartement de justice et police de GenËve et rÈclament que les
autoritÈs rendent public le lieu de dÈtention des personnes arrÍtÈes et
leur libÈration. AprËs avoir appris par le bureau anti-rÈpression de WOW ý
Zurich que ces personnes se trouvaient bien encore ý Zurich et que leur
libÈration Ètait annoncÈe pour ce soir, les manifestant-e-s quittent les
lieux.

- alors que tou-te-s les militant-e-s suisses ont ÈtÈ libÈrÈ-e-s, il reste
au moins une cinquantaine de personnes retenues par les autoritÈs, toutes
de nationalitÈ ÈtrangËre, bien que quasiment aucune information ne soit
disponible ý leur sujet. Contrairement ý ce qui avait ÈtÈ dÈclarÈ, elles
n'ont pas ÈtÈ libÈrÈes lundi soir, et risquent d'Ítre expulsÈes du
territoire mardi. Certains individus sortant de garde-ý-vue tÈmoignent de
"torture blanche" : musique techno et radio ý fort volume la nuit pour
empÍcher les prisonnier-e-s de dormir, refus des flics de donner du papier
WC, entre autres pressions physiques et psychologiques.

Mardi 30 janvier 2001

- les dernier-e-s dÈtenu-e-s sont finalement rel’chÈ-e-s vers 11h,
raccompagnÈ-es ý la frontiËre et expulsÈs du territoire, aprËs plus de 70
heures d'emprisonnement. Seule une quÈbÈcoise n'est pas libÈrÈe, la police
suisse voulant l'expulser directement au Canada. Quelques personnes se
mobilisent et envoient des fax de protestation. Elle est enfin rel’chÈe
dans la soirÈe.

Ailleurs qu'en Suisse, de nombreuses actions de soutien ont Ègalement eu lieu :

Outre un concert de soutien, des militant-e-s grenoblois-es ont organisÈ
diverses actions thÈ’trales autour de Davos, comme la TantatÈlÈ, animation
ayant sÈvi en plein centre ville de Grenoble entre le 20 janvier et la date
fatidique de mobilisation. Il s'agissait d'une tente dans laquelle les
passant-e-s pouvaient visionner des documentaires et boire du thÈ. Cette
tente Ètait un pseudo Office de tourisme (petits drapeaux suisses, enseigne
"Office de tourisme de Davos") mais lorsque l'on s'approchait, on
constatait des drapeaux Adieu Davos, un cercueil confectionnÈ pour
l'enterrement du capitalisme contenant des documents sur le kapitalisme et
le nÈolibÈralisme. Il Ètait Ègalement possible d'y faire une pÍche ý la
ligne dans une cuve de mazout et de participer ý d'autres amusements.

Vendredi 26 janvier 2001, une action de thÈ’tre de rue pour appeler aux
manifestations de Davos a eu lieu sur le marchÈ de Foix, en France. A 17h,
c'est ý Toulouse qu'une manifestation rassemblant une trentaine de
personnes a eu lieu pour dÈnoncer la rÈpression de la SNCF ý l'encontre des
opÈrations trains-gratuits menÈes au moment de Nice les 6, 7 et 8 dÈcembre
2000 et appeler ý aller manifester ý Davos contre le WEF. Les
manifestant-e-s ont fait une dÈambulation silencieuse et thÈ’trale dans la
gare, mimant la rÈpression subie ý l'occasion de Nice. Une centaine
d'affiche fut collÈe dans la gare et 2000 tracts "bienvenue ý la SNCF" sur
Nice et Davos distribuÈs.

Samedi 27 janvier 2001 s'est tenu une action de thÈ’tre de rue visant ý
informer les passant-e-s sur le Forum de Davos et ses mÈfaits sur le marchÈ
de St-Girons, en AriËge, France. A St-Etienne, environ 150 personnes se
sont rassemblÈes sur une place du centre-ville derriËre une banderole
"contre le capitalisme et ses institutions", distribuant des tracts dans
une ambiance festive. La manifestation s'est poursuivie au squat autogÈrÈ
IZMIR, o˜ fut organisÈ un apÈro avec diverses informations sur Davos et des
projections vidÈos sur des luttes anticapitalistes. Au BrÈsil Ègalement, en
marge du Forum Social Mondial de Porte Alegre, s'est dÈroulÈ une
manifestation en solidaritÈ avec les opposant-e-s au WEF de Davos. Le
cortËge s'est rendu en particulier devant les locaux de la VARIG, une
entreprise de Rio Grande prÈsente au forum Èconomique, sans oublier un
passage obligÈ devant les McDonald's et les banques. Enfin, entre 5000 et
7000 manifestant-e-s ont dÈfilÈ dans les rues de Madrid ý l'appel du
Movimiento de resistencia global, en solidaritÈ avec les manifestant-e-s de
Davos et pour dÈnoncer les nouvelles lois anti-immigration mises en place
en Espagne. La manifestation s'est dÈroulÈe sous haute surveillance
policiËre, les forces de l'ordre contrÙlant ý tour de bras dËs la sortie
des stations de MÈtro et une cinquantaine de vÈhicules se tenant ý
proximitÈ du cortËge. Quelques incidents et actions de dÈsobÈissance par
les "white monkeys" ont ponctuÈ cette manifestation qui s'est terminÈ en
grosse fÍte de rue.

Lundi 29 janvier 2001, le consulat de Suisse ý Lyon a ÈtÈ occupÈ par un
groupe d'une trentaine de personnes vers 15h, pour la immÈdiate de toutes
les personnes interpellÈes lors des Èmeutes de samedi ý Zurich et dÈnoncer
la violente rÈpression dont font l'objet les opposant-e-s au WEF. Une
banderole a ÈtÈ dÈployÈe devant le b’timent, sur laquelle on pouvait lire :
"Hiver 2001 : Chaos ý Davos - Pas de forum pour les tyrans - Luge des
classes contre le Forum Economique Mondial" et des tracts distribuÈs. AprËs
deux heures de palabres avec les personnes du consulat, peu conciliantes,
les murs ont ÈtÈ taguÈs, recouverts de quelques slogans anticapitalistes et
anti-WEF. Par la suite, des communiquÈs ont ÈtÈ envoyÈs au MinistËre de
l'IntÈrieur suisse ainsi qu'ý l'ambassade suisse ý Paris.

Le Centre social occupÈ autogÈrÈ Forte Prenestino
(http://www.forteprenestino.net) a appellÈ ý un sit-in devant l'ambassade
de Suisse ý Rome, mardi 30 janvier, pour protester contre la rÈpression des
manifestations de Zurich et contre le bouclage des frontiËres dont ses
militant-e-s ont ÈtÈ particuliËrement les cibles.

Mercredi 31 janvier 2001 au matin, une action de protestation contre la
rÈpression des anti-WEF par le gouvernement suisse s'est dÈroulÈe ý
Helsinki, en Finlande. A l'appel de Friends of the Earth et Ya Basta, un
groupe de militant-e-s finlandais-es a chantÈ des slogans devant
l'ambassade de Suisse et remis un message de protestation ý l'ambassadeur,
appelant le gouvernement suisse ý enquÍter sur l'attitude de la police lors
des manifestations anti-WEF.

A Berne, un appel ý manifester contre l'Etat policier a ÈtÈ lancÈ. Le
rendez-vous est fixÈ le 3 fÈvrier 2001 ý 14 heures, prËs de la gare de
Berne.

Ce compte-rendu des ÈvÈnements de contestation du World Economic Forum
provient notamment de nombreuses brËves et articles publiÈ-e-s sur Internet
par Hacktivist News Service
(http://www.samizdat.net/infos/hns/davos_palegre2001) et Indymedia
(http://france.indymedia.org & http://davos.indymedia.org). Pour plus
d'infos sur le WEF et sa contestation, consulter Ègalement le site de la
Coordination Anti-OMC : http://under.ch/davos.

rÈzÙ-maloka
http://www.chez.com/maloka
maloka@chez.com





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