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Date Thu, 1 Feb 2001 09:37:59 +0100
Subject globe_l: Autre monde - Vrac d'infos (16)

DAVOS | PORTO ALEGRE | UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE

Vrac d'infos #15 - 01/02/2001 - 07:31:00

s a m i z d a t . n e t
h a c k t i v i t   n e w s   s e r v i c e

http://www.samizdat.net/infos/hns/davos_palegre2001

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+ Manifestation contre des McDonald's ý Porto Alegre
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30/01 - En dÈbut d'aprËs-midi une centaine de dÈlÈguËs du FSM ont organisÈ
une pittoresque manifestation devant deux Ètablissement  McDonald's de
l'avenue Ipiranga, ý deux pas du PUC, lieu o˜ se dÈroule le forum. Les
manifestants, des militants d'Attac, des Ètudiants brÈsiliens, des
reprÈsentants de communautÈs agricoles, ont offert des produits biologiques
aux clients des deux restaurants, les invitants ý boycotter les produit de
la multinationale de la ´mal-bouffeª. Bien que la manifestation se
dÈroulait dans le calme et la bonne humeur, sont rapidement arrivÈs en
force des agents d'une police privÈe (au nom Èvocateur de ´Policia Totalª).
Il y a eu un peu de tension au moment o˜ ces robocop se sont emparÈs d'un
manifestant isolÈ, qu'ils ont ÈtÈ obligÈs de relacher sous l'amicale
pression de la foule...

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+JosÈ BovÈ ne sera pas expulsÈ
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30/01 - Le juge fÈdÈral Ricardo Humberto Silva Borne a concÈdÈ l'habeas
corpus a JosÈ BovÈ ý 13h30 (heure locale). La dÈcision suspend la dÈcision
d'expulsion de la police fÈdÈrale qui imposait au porte parol de la
confÈdÈration paysanne de quitter le territoire brÈsilien avant minuit le
jour mÍme. Le mouvement des sans-terres avait convoquÈ un rassemblement de
soutien en solidaritÈ avec JosÈ BovÈ au cas o˜ le juge aurait confirmÈ
l'ordre d'expulsion. Une assemblÈe du FSM s'Ètait terminÈe la veille au
soir par le slogan ´Nous sommes tous JosÈ BovȪ repris en coeur par
l'ensemble des participants. -Source: Carta

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+ La voix des sans-terre
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Joao Pedro Stedile est le prÈsident du Mouvement des travailleurs ruraux
sans-terre qui se bat depuis 1985, date de sa fondation, pour la
rÈcupÈration d'une partie des terres des grands domaines au profit des
paysans exploitÈs. Aujourd'hui, le MST engage un nouveau combat contre les
multinationales de l'agrochimie. Entretien.

- Quels sont les points d'articulation entre les luttes des paysans sans
terre du BrÈsil et les problËmes des petits agriculteurs europÈens ?

Joao Pedro Stedile - Nous avons dÈjý une organisation internationale
paysanne de lutte avec Via Campesina, dans le cadre de laquelle nous avons
beaucoup de rÈunions avec les organisations agricoles de l'Europe rÈunies
dans la CPE (ConfÈdÈration paysanne europÈenne) dont le siËge est ý
Bruxelles. Nos problËmes sont communs. Nous voulons que les gouvernements
aient une politique agricole qui mette au premier plan la souverainetÈ
alimentaire et qui garantisse aux agriculteurs des revenus dignes. Nous
sommes en faveur des subventions pour l'Europe et pour le tiers monde. Le
problËme c'est qu'actuellement seule l'Europe a des subventions. Les
organisations financiËres internationales disent qu'il faut supprimer ces
subventions. Nous, nous disons qu'il faut les maintenir pour l'Europe et en
donner aux paysans du tiers monde.

- Le mouvement des paysans sans terre se mobilise trËs fortement contre les
OGM. Quelle signification donnez-vous ý l'occupation d'une usine de la
multinationale Monsanto cette semaine dans le Rio Grande do Sul ?

Joao Pedro Stedile - Dans le cadre du nÈolibÈralisme, les multinationales
veulent imposer de nouvelles normes technologiques. Elles veulent
s'approprier la biotechnologie pour l'utiliser comme un moyen
d'exploitation. Nous sommes favorables ý la biotechnologie, mais les
recherches doivent Ítre menÈes par des entreprises publiques au service de
tous les agriculteurs. Or, les OGM ne sont qu'une partie de la
biotechnologie. Les entreprises utilisent les progrËs scientifiques pour
faire des changements au sein de la plante en introduisant un gËne
Ètranger, crÈant un nouvel organisme dont on ignore les consÈquences pour
la terre et pour la santÈ des consommateurs. Les multinationales veulent
imposer les OGM pour maintenir les agriculteurs prisonniers de cette
technologie. C'est pourquoi nous y sommes opposÈs.

Il y a dans le monde cinq ou six multinationales comme Dupont, Monsanto,
Novartis, Adventis... Partout les mouvements paysans mËnent une lutte
directe contre elles. Auparavant, nous combattions seulement les
latifundiaires. Mais maintenant nous luttons aussi contre les OGM, ce qui
nous rapproche des actions des paysans franÁais contre Novartis, contre le
maÔs transgÈnique, contre MacDonald's... Ici nous avons les mÍmes
affrontements.

- Les multinationales de l'agrochimie peuvent-elles s'attendre ý d'autres
actions ?

Joao Pedro Stedile - Ce sera une lutte permanente, continue, toujours plus
radicale, et nous ne dormirons pas tranquilles tant que nous n'aurons pas
mis Monsanto hors du pays.

- Plus que jamais la lutte des paysans sans terre est connue dans le monde
entier. On a vu un vaste courant de solidaritÈ se dÈvelopper contre
l'inique procËs intentÈ ý JosÈ Rainha. Est-ce que la situation a ÈvoluÈ
dans la lutte pour la rÈcupÈration des terres des latifundia ?

Joao Pedro Stedile  Le problËme des latifundia continue et s'aggrave. La
logique mÍme de l'accumulation du capital continue de produire une
concentration de la propriÈtÈ de la terre. Gr’ce ý l'action des paysans
sans terre, nous sommes parvenus en cinq ans ý Ùter des latifundia 10
millions d'hectares qui ont bÈnÈficiÈ ý 350 000 familles. Mais dans le mÍme
temps, par la mÍme logique du capital et de la politique du gouvernement
fÈdÈral, 1 043 grands propriÈtaires possÈdant tous plus de 20 000 hectares
chacun ont accaparÈ 20 millions d'hectares supplÈmentaires, en en rachetant
aux voisins, en utilisant de la terre publique, notamment en Amazonie. Le
problËme majeur posÈ au MST est le suivant : le nouveau modËle du
capitalisme a changÈ le type de dÈveloppement dans les pays du Tiers Monde.
Jusque dans les annÈes quatre-vingt, nous vivions dans un modËle de
dÈveloppement industriel dÈpendant. Dans ce modËle lý, les paysans ont
repris des terres aux latifundiaires et se sont donnÈs ainsi un espace pour
se dÈvelopper en tant que petits propriÈtaires et produisaient des aliments
bon marchÈ pour les ouvriers et en mÍme temps ils fournissaient une main
d'ouvre peu chËre pour l'industrie. Actuellement, avec le nÈolibÈralisme,
un nouveau modËle de dÈveloppement est en marche. Il subordonne l'Èconomie
au capital financier international et provoque des banqueroutes
industrielles. Dans ce contexte il n'y a plus de place pour les petits
paysans. Donc, en plus de l'occupation des terres, nous devons mener une
lutte contre le capital, contre le FMI, contre la Banque Mondiale, contre
les banques et contre le modËle technologique que sont les produits
transgÈniques.

- Dans ces luttes, le MST trouve-t-il des alliÈs dans le mouvement social
et politique ?

Joao Pedro Stedile  C'est lý notre dÈfi. Auparavant, pour occuper la terre
d'un latifundium, il suffisait d'organiser les paysans, mais maintenant
pour changer le modËle agricole nous devons nous mettre d'accord avec
d'autres paysans et surtout avec le mouvement social. Dans l'action contre
Monsanto, il y avait des gens venant d'au moins cinq mouvements : le MST,
le syndicat des petits agriculteurs, le mouvement des femmes rurales, les
travailleurs de l'Ènergie et le secteur pastoral de l'Eglise.

- Le fait que l'Etat du Rio Grande do Sul soit dirigÈ par la gauche
crÈe-t-il une situation plus favorable ý toutes ces actions ?

Joao Pedro Stedile  C'est une contribution trËs importante qui nous aide ý
avancer. Le pouvoir exÈcutif agit en alliance avec nous. Mais il ne faut
pas se faire d'illusions : le pouvoir du capital est trËs grand dans les
entreprises, la terre, les moyens de communication et dans le pouvoir
lÈgislatif. MalgrÈ tout cela le secrÈtaire ý l'Agriculture (ministre au
niveau de l'Etat - NDLR) a une position trËs correcte. Il assume les thËses
des paysans dans la lutte contre les produits transgÈniques, contre l'OMC
et pour la dÈfense d'un nouveau modËle agricole.

Entretien rÈalisÈ par Jean-Paul PiÈrot
L'humanitÈ - 30 Janvier 2001

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+ Porto Alegre en janvier 2002
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L'annonce de la tenue d' un prochain Forum Social Mondial ý Porto Alegre en
janvier 2002 a ÈtÈ faite lors de la sÈance de clÙture du 30 janvier au
matin. Avant que la foule ne se mette ý scander "Le peuple uni, jamais ne
peut Ítre vaincu", les tÈmoignages de participants venus de tous pays se
sont succÈdÈ.

Les Africaines ont chantÈ leur espoir, les Asiatiques ont criÈ leur colËre
et une dÈlÈgation de trois jeunes ont prÈsentÈ la pierre gravÈe qu'ils
avaient apportÈe; l' un est palestinien, le second jordanien, le troisiËme
israÈlien. Ensemble ils revendiquent la paix de trois peuples sur un mÍme
territoire. La salle s' est levÈe pour leur faire une ovation appuyÈe. La
sÈance s'est terminÈe avec le dÈploiement sur la scËne d'une Ènorme
banderolle indiquant.

"Nous sommes tous des JosÈ BovÈ" . Il est certain que ce premier Forum a
marquÈ le dÈbut de la construction d'un autre monde possible et nÈcessaire.

MichËle Dessenne, Les PÈnÈlopes

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+ De la prÈsence ý l¼intÈgration
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Au Forum Social Mondial, la profusion des ateliers, la consistance des
plÈniËres, l aura des tÈmoignages, les prises de position des
parlementaires, ont permis des accords, des crÈations de rÈseaux
transnationaux, des propositions fortes. Tout ce qui sort de l enceinte de
cette universitÈ de Porto Alegre, o˜ plus de 4500 dÈlÈguÈ-es et 1500
journalistes Ètaient prÈsents,  participe de la construction d un autre
monde. Hormis la Marche mondiale, plus de 60 groupes de femmes ou
fÈministes, majoritairement latino-amÈricains, ont organisÈ, tout au long
du forum, des ateliers sur l Èconomie, les violences, mais aussi sur des
rÈflexions et stratÈgies d action ý mettre en oeuvre au niveau
international. A la session de clÙture, la plupart des discours Ètaient
fÈminisÈs, certaines dÈclarations intÈgraient la lutte contre le sexisme
comme garant de la diversitÈ, et enfin, les fÈministes ont ÈlevÈ leur voix
et ont ÈtÈ applaudies ý gorge chaude. Gageons que leurs apports auront ÈtÈ
entendus par les autres mouvements sociaux et intÈgrÈs comme ÈlÈments d
analyse incontournables pour la lutte contre la mondialisation neo-libÈrale.

Joelle Palmieri ‚ Les PÈnÈlopes

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+ Un plan de dÈveloppement
pour les initiatives des femmes
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Helena Bonuma, fÈministe de vieille date et dÈputÈe PT pour son premier
mandat, dix-huitiËme femme Èlue au Parlement du Gouvernement du Rio Grande
del Sul  depuis la fin de la dictature militaire, est la porte-parole d¼un
projet de gestion des ressources pour les femmes.

Fruit du travail de huit ans d¼Èlaboration fait par un collectif
d¼associations des femmes de la ville, ce projet part du constat que les
femmes sont toujours les plus menacÈes par la prÈcaritÈ, la violence, la
discrimination, malgrÈ leur prÈsence active dans les prises de dÈcision du
Plan  de DÈvÈloppement Economique du SecrÈtariat de l¼Industrie et du
Commerce (PDE/SMIC). Il est donc necessaire de prÈvoir un appui spÈcifique
aux initiatives Èconomiques de genre, basÈ sur la mise en place d¼un budget
permanent du  PDE/SMIC,  la crÈation d¼un crÈdit pour les femmes, la mise
en place d¼espaces de commercialisation, de lieux de formation et d¼Èchange
de pratiques.

Selon Helena, „C¼est seulement par la mise en place d¼une politique
publique intÈgrÈe de faÁon constitutionnelle et permanente ý la politique
de la ville, qu¼il est possible de construire une autonomie solidaire pour
les femmes de la rÈgion mÈtropolitaine¾. En effet, il ne faut pas oublier
qu¼aujourd¼hui les femmes qui assurent seules la survie quotidienne de la
famille, reprÈsentent le tiers de l¼ensemble des familles de Porto Alegre.

Marina Galimberti, Les PÈnÈlopes


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+ La folle ÈquipÈe des manifestants
genevois en route vers Davos
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Il est 6h00. GenËve s¼Èveille. Il fait nuit, il pleut, il n'y a pas un
chat. Et pourtant... nous sommes environ 150 ý conveger vers la Place
Neuve, des silhouettes noires, un peu fatiguÈes mais grandement motivÈes.
Parmi nous deux dÈputÈs de l¼AdG sont du voyage. Notre destination: Davos.
Nous parcourrons 900 km sans y parvenir jamais.

Dans la ville dÈserte et silencieuse, notre convoi composÈ d¼un car, de
voitures et de plusieurs minibus, tous bardÈs de banderoles, s¼Èbranle en
direction du siËge de l¼OMC. Une premiËre halte, le temps d¼uriner sur la
faÁade et de rappeler le lieu du prochain sommet de l¼institution: le
Qatar, pays o˜ la dÈmocratie n¼existe pas. Le prochain arrÍt est prÈvu
devant le siËge de NestlÈ ý Vevey. La majoritÈ du groupe dÈcide de laisser
tomber les bavardages pour se rendre au plus vite sur les lieux de
l'action. En liaison permanente avec les autres groupes de manifestants
nous savions que le monde s¼arrÍtait ý Landquart et ce qui s¼y passait. Les
manifestants y sont bloquÈ, interdits de monter ý Davos, et se sont fait
charger par les flics genevois qui ont utilisÈs les gros moyens: canons ý
eau, gaz lacrymogËnes et balles en caoutchouc. Vers 13h30, nous Ètions ý 35
km de landquart. Notre convoi alors sur l¼A3 longeant le Wallensee,
commence ý ralentir. AprËs avoir roulÈ un quart d¼heure ý 40 km/h et en
klaxonnant, nous nous retrouvons face ý un barrage de policiers saint
gallois prÍts ý user de lacrymogËnes. L¼autoroute fut dËs lors bloquÈe, et
ce durant plus d¼une heure, ce qui devait Ítre particuliËrement dÈsagrÈable
pour les occupants des centaines de voitures qui derriËre nous Ètaient
immobilisÈes dans les nombreux tunnels que nous venions de traverser. Assis
en cercle ou les mains en l¼air, des slogans comme "ý ceux qui veulent
dominer le monde, le monde rÈpond rÈsistance" Ètaient joyeusement rÈpÈtÈs
sous l¼Ègide d¼Anne-CÈcile, ÈgÈrie de la gauche genevoise. Un hÈlicoptËre
militaire s¼immobilisa au-dessus de nos tÍtes pendant que des policiers
relevaient le numÈro des plaques d¼immatriculation et nous prenaient en
photo. S¼ensuivirent des nÈgociations qui aboutirent ý nous faire quitter
l¼autoroute et ý nous diligenter ý vitesse d¼escargot sur la nationale,
bloquÈe ý son tour. Au vu des gestes obscËnes des conducteurs arrÍtÈs, je
crains que nous n¼ayons creusÈ, ce jour-lý, un peu plus le "r–stigraben".

Tous les embranchements menant ý l¼autoroute furent bloquÈs: on avait
manifestement dÈcidÈ de nous faire voir du pays, ce qui ne manqua pas de
piquant en ce jour de carnaval. ¿ l¼approche de Z¸rich, quelle ne fut pas
notre surprise de voir le restoroute Mac Donald¼s fermÈ, gardÈ par des
policiers revÍtant l¼uniforme genevois et des chiens! "Encore une fois
l¼Èconomie a achetÈ la puissance de frappe" lance ThÈo, informaticien, pour
qui c'est la premiËre "grande manif". Pour lui c'est clair, c'est carrÈment
un "coup d'Etat", les flics nous amËnent - lentement - jusqu'ý Z¸rich,
"alors que nous avions le droit d'aller protester: je voulais exprimer ma
haine verbalement. Il n'y que le pognon qui compte! Le forum sert ý acheter
les politiques. On a pourtant une voix ý faire entendre!".

Une fois ý Z¸rich, tout se passa trËs vite. De maniËre chaotique,
anarchique. La tension Ètait Ènorme. La pression policiËre surtout. Le
discours mÈdiatique aussi. Des centaines de manifestants arrivaient en mÍme
temps, avanÁant d¼un pas dÈcidÈ, se protÈgeant avec des cagoules, des
Ècharpes et autres masques. "Le dÈcor, l'habillement des manifestants, leur
vision nÈgative de l'avenir, tout cela m¼a fait pensÈ ý Mad Max" dira Yann,
un des participants genevois. Et les dÈg’ts matÈriels? "C¼est une sorte de
blasphËme. Quelques containners et voitures bršlÈs, ce n'est rien. Ceux qui
trouvent cela scandaleux feraient mieux de rÈflÈchir aux dÈg’ts que fait
l¼Èconomie ý grande Èchelle". Ce qui est frappant c'est le cÙtÈ festif de
l'Èmeute: "un peu comme le 1er aošt quand on se retrouve autour d'un feu"
ajoute Yann. Pour ThÈo, le vandalisme lui-mÍme est un fÈtichisme, "un
matÈrialisme pourri liÈ ý l¼argent". "Tu viens pour oublier" lance encore
Yann. "Ma plus belle Èmeute" dira JÈrÙme, photographe indÈpendant (voir
ci-dessous). Vers 21h00, la manifestation ayant ÈtÈ rÈprimÈe, les genevois
retournaient chez eux.

Durant la soirÈe, 120 manifestants seront interpellÈs dont une grande
partie sur le chemin de la Rote Fabrik, et ceci de maniËre arbitraire. Les
derniers seront rel’chÈs lundi soir.

Christiane

RÈpublique
http://www.republique.ch
mademoiselle-c@republique.ch

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+ Ma plus belle Èmeute
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Le photographe semi-professionnel (ou semi-amateur) de rÈpublique.ch a ÈtÈ
gazÈ pendant les Èmeutes zurichoises, il nous livre ici son tÈmoignage.

Je descends du car, je rejoins la foule bigarrÈe des manifestants qui se
dirige vers le centre. On sent une tension, je me persuade que Áa va
chauffer. 300m ý peine plus loin, on passe devant une entrÈe de la gare
gardÈe par un cordon de flic. ImmÈdiatement les ÈchauffourÈes commencent.
Bris de vitrines, cailloux sur les flics. Je m'approche au premier rang
pour prendre une photo, tout ý coup les flics tirent ! Enorme panique. En
un quart de seconde je me retourne en me baissant et recule de 5m en
arriËre. Je me retrouve nez-ý-nez avec un barbu gisant par terre l'oeil en
sang et paniquÈ. Il s'est pris une balle en caoutchouc. Je lui demande si
Áa va, il ne rÈpond pas, il ne parle peut Ítre pas le franÁais. Un mini-bus
des manifestants passe ý cÙtÈ. Je l'arrÍte en tambourinant sur la vitre :
"un blessÈ ! un blessÈ ! prenez le blessÈ !" Le type comprend vite, on
charge le blessÈ dans le coffre. Zut j'aurais pu prendre une photo
spectaculaire lorsque j'Ètais au-dessus du blessÈ, la vendre ý Keystone.

Non, dÈcidÈment je ne serais jamais un photographe professionnel. Et la
manif repart, j'ai pris du retard, je rejoint en h’te la tÍte. Je me
retrouve ý l'intÈrieur d'un grand arrÍt de tram. Au bout, des Èmeutiers se
battent avec les flics ý moins de 10m d'eux, ils se font asperger par une
auto-pompe. DerriËre, et lý o˜ je me trouve, c'est le chaos. Au moins 100
personnes sont en train de tout casser. Le feu est mis aux journaux, j'en
profite pour me rÈchauffer les mains. DÈtonations. Je vois des mecs courir.
Je me met ý courir aussi. Des types s'interposent en disant "halt!"
"stop!". Je me dis alors : "Oui c'est ridicule de s'enfuir ainsi". Je
m'arrÍte, me retourne, et me met aussi ý crier "stop!" en levant les bras.
Soudain je ne peux plus respirer, les yeux me bršlent: les gaz ! Je repart
en courant, je ne peux plus respirer, je me dis "cette fois je vais peut
Ítre y passer!".

J'ai l'impression que mes yeux sont crevÈs, je les ouvre ý peine de temps
en temps. Dire que j'ai laissÈ mes lunettes de ski dans le car ! Je me
retrouve avec le gros des manifestants, je m'arrÍte, de toute faÁon je ne
peux plus courir, je me dis que lý je vais sans doute pouvoir respirer ý
nouveau. Nouvelles dÈtonations, cris dans la foule. J'entrouve les yeux, je
ne vois qu'une fumÈe blanche ý mes pieds. Merde ! Je pars, les yeux fermÈs,
c'est la foule qui me guide. Je n'arrive toujours pas ý respirer. Je vois
des dizaines de personnes qui se prÈcipitent dans un escalier. J'hÈsite ý
les suivre, et si c'Ètait un cul de sac ? Non, je continue, la foule se
fait moins dense, je me retrouve presque seul. Je dois maintenant choisir.
Soit suivre la foule paniquÈe qui chemine sur un trottoir en contrebas,
soit passer devant un cordon de flics. Je choisis cette derniËre
possibilitÈ, je ne suis plus en Ètat de me traÓner dans une foule, et je
veux Èviter sa peur panique. Je passe devant les flics, je n'arrive pas ý
les voir bien. J'arrive ý prendre quelques bouffÈes d'oxygËne, je me dis
que si il n'y a pas de nouvelles salves je vais m'en tirer.

Enfin je me retrouve dans un endroit plus calme, en compagnie de
manifestants pacifiques morts de trouille. Ils me regardent d'une drÙle de
faÁon, il faut dire que je dois avoir une de ces gueules. J'ai les yeux
ÈclatÈs, le nez qui coule, aussi essoufflÈ qu'aprËs un 3000m. Avec tout Áa,
j'ai oubliÈ de prendre des photos. Une demi-heure plus tard ayant repris
tous mes esprits, je me retrouve dans le quartier derriËre la gare o˜ nous
ont repoussÈ les flics. Lý l'Èmeute devient un fÍte. Des barricades sont
dressÈes, le feu est un peu partout. Le camion de la manif explique par
haut-parleur et en plusieurs langues qu'il ne faut rien casser dans ce
quartier populaire, que les riches ne vivent pas ici. Mais il y des
voitures de prix, Porche, BMW, elles sont cassÈes, retournÈes, et mises en
feu. De toute faÁon les pauvres n'ont pas de voiture. A certaines fenÍtres,
des rÈsidents semblent assez heureux de ces ÈvÈnements. J'aime l'Èmeute,
c'est pour moi la plus belle des fÍtes. Ceux qui n'en n'ont jamais vÈcu ne
peuvent s'imaginer quel sentiment de libertÈ et de bonheur on ressent
pendant de tels ÈvÈnements. Il faut dire que sur ce coup c'Ètaient des
Èmeutiers professionnels, de Zurich, d'Allemagne, d'Italie, et d'Espagne.

JÈrÙme

RÈpublique
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