From
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Pascal Holenweg <holenweg@vtx.ch>
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Date
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Tue, 13 Feb 2001 04:30:32 +0100
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Subject
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globe_l: 13.2 TROUBLES Bulletin d'information de la CSSI
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TROUBLES
Bulletin d'informations de la Commission Socialiste de SolidaritÈ
Internationale
GenËve, le 25 PluviÙse 209 / 13 fÈvrier 2001
Ce bulletin paraÓt en fonction du soutien qu'il reÁoit. Merci ý celles et
ceux dont le soutien a permis la parution de ce numÈro. Pour les modalitÈs
du soutien, voir en fin de bulletin
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SOMMAIRE
1. ALERTE VIRUS
2. TUNISIE : APPEL DE LA SOCIŠTE CIVILE TUNISIENNE, COMMUNIQUŠ DE SOUTIEN
DE ATTAC-MAROC AU RAID (ATTAC-TUNISIE) ET APPEL D'AMNESTY INTERNATIONAL
3. TUNISIE : ENTRETIEN AVEC MONCEF MARZOUKI
4. LE BAIN DE SANG ALGERIEN : PETITION AUX GOUVERNEMENT FRANÁAIS
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LA CITATION DU JOUR
"Personne ne peut monter sur votre dos tant que vous vous tenez droit"
(Martin Luther King)
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1. ALERTE VIRUS
Depuis quelque temps circulent sur les listes de contre-information des
virus contenus dans des fichiers attachÈs. Ces virus portent, notamment,
les noms de fichiers suivants :
midgets.scr
sexy virgin.scr
dwarf4you.exe
emanuel exe
D'une maniËre gÈnÈrale, il convient de ne pas ouvrir de fichiers attachÈs
portant les suffixes *scr et *exe, ý moins que vous ne sachiez prÈcisÈment
ce qu'ils contiennent et d'o˜ ils vous parviennent. Quant aux fichiers
prÈcitÈs (ou ý des fichiers portant le mÍme nom avec les suffixes *.exe ou
*.bat), si vous les recevez, dÈtruisez les (avant de les ouvrir,
Èvidemment...)
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1. QUELQUES RENDEZ-VOUS
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2. TUNISIE : APPEL DE LA SOCIŠTE CIVILE TUNISIENNE, COMMUNIQUŠ DE SOUTIEN
DE ATTAC-MAROC AU RAID (ATTAC-TUNISIE) ET APPEL D'AMNESTY INTERNATIONAL
Appel des associations de la sociÈtÈ civile tunisienne
Le soir du mardi 6 fÈvrier, un imposant dispositif composÈ de diffÈrents
corps de forces de l'ordre a bouclÈ le quartier o˜ rÈside Jalel Zoghlami.
Ils ont violemment agressÈ Jalel Zoghlami ainsi que certains de ses amis
prÈsents entraÓnant une fracture au bras pour l'un d'entre eux et des
blessures pour un autre. Dans une tentative de faire avorter la grËve de la
faim mÈnÈe par Jalel Zoghlami depuis samedi dernier en rÈaction ý
l'agression sauvage dont il a ÈtÈ victime, les policiers armÈs de matraques
ont semÈ la terreur dans tout le quartier.
Face ý cela, les associations signataires du prÈsent appel condamnent avec
la plus grande fermetÈ ces violences de la police ainsi que la terreur
qu'ils ont semÈ dans tout le quartier.
Elles apellent ý la cessation de ces pratiques illÈgales et exigent la
sanction de ses auteurs.
Elles rÈitËrent l'urgence de faire respecter la libertÈ de circulation
ainsi que l'inviolabilitÈ des domiciles privÈs
Elles appellent toutes les forces dÈmocratiques ý se mobiliser pour
dÈfendre toutes les libertÈs bafouÈes et notamment la libertÈ d'expression,
d'association et de rÈunion.
Tunis le 7 fÈvrier 2001
… Association Tunisienne des Femmes DÈmocrates (ATFD)
… Ligue Tunisienne de DÈfense des Droits de l'Homme (LTDH)
… Asssociation Tunisienne des Jeunes Avocats (ATJA)
… Conseil Nationa pour les LibertÈs en Tunisie (CNLT)
… Rassemblement pour une alternative Internationale de dÈveloppement (RAID)
… ComitÈ pour le Respect des LibertÈs et des Droits de l'Homme en Tunisie
(CRLDH)
… ComitÈ de soutien aux luttes civiles et Politiques en Tunisie (CSLPT)
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Les citoyens tunisiens en danger
CommuniquÈ de l'association ATTAC MAROC
L'association Attac Maroc prend connaissance avec indignation et
consternation des nouvelles violations des droits de l'homme et des
libertÈs publiques dont sont quotidiennement victimes nos amis du RAID
tunisien, ainsi que de nombreux militants et citoyens tunisiens qui
prÈtendent seulement user de leur droit d'expression.
Nos camarades venus du Maroc ý Tunis et des autres pays du pourtour
mÈditerranÈen au mois d'octobre 2000 pour participer ý une rencontre
prÈparatoire au sommet euromÈditerranÈen de Marseille avaient pu constater
les persÈcutions dont souffraient les membres du RAID (non reconnaissance
de l'association, refus de prÍter ou louer des salles pour ses travaux,
surveillance policiËre rapprochÈe des militants et de leur domicile,
interdiction de manifestations de soutien au peuple palestinien).
Depuis, il ne se passe pas de semaine sans que nous parvienne depuis la
Tunisie une longue liste de persÈcutions et de violations des droits de
l'homme (mise sous tutelle judiciaire de la LTDH, condamnation ý un an de
prison du Dr Moncef Marzouki, porte-parole du CNTL, condamnations rÈpÈtÈes
de maÓtre Nejib Hosni, suspendu de son droit de plaider en faveur des
victimes de la rÈpression, etc.
Le 3 fÈvrier, la violence policiËre s'est abattue sur Jalel Zoughlani,
membre fondateur du RAID et directeur de la revue Kaws el Karama : il a ÈtÈ
sauvagement agressÈ en pleine rue par un commando armÈ. Il est depuis ce
jour en grËve de la faim. Quant ý la vingtaine de personnes venues
s'enquÈrir de son Ètat de santÈ et lui manifester leur solidaritÈ, elles
ont ÈtÈ ý leur tour matraquÈes et mises en Ètat de siËge au domicile de
Jalel Zoughlani.
C'est donc manifestement au pÈril de leur vie que nos amis tunisiens
continuent de clamer haut et fort le droit des citoyens non seulement ý la
libertÈ d'expression et d'association mais aussi ý prendre en main le
prÈsent et l'avenir du pays dans le cadre de rËgles dÈmocratiques.
Travaillant main dans la main avec nos amis du RAID pour l'avËnement d'une
MÈditerranÈe dÈmocratique, sociale et solidaire, contre l'offensive
nÈo-libÈrale et ses ravages socio-Èconomiques, Attac Maroc :
- exprime toute sa solidaritÈ avec le RAID et l'ensemble des militants
victimes de la rÈpression en Tunisie
- rÈclame la remise immÈdiate du rÈcÈpissÈ de dÈpÙt des statuts du RAID
- appelle l'ensemble des associations marocaines concernÈes ý joindre leur
voix ý la nÙtre pour exiger l'arrÍt des persÈcutions dont sont victimes les
dÈfenseurs des droits de l'homme et du citoyen en Tunisie
- demande ý ce que l'instauration de l'Ètat de droit en Tunisie soit mise
en prÈalable de toutes les rencontres officielles entre la Tunisie et le
Maroc et l'ensemble des pays euromÈditerranÈens.
Association ATTAC MAROC
Le PrÈsident : Mohamed El Azizi
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APPEL D'AMNESTY INTERNATIONAL
Date: Thu, 8 Feb 2001 10:25:56 +0100
From: liste@maghreb-ddh.sgdg.org
AMNESTY INTERNATIONAL
URGENT ACTION
PUBLIC AI Index: MDE 30/007/2001
UA 36/01
7 February 2001
Fear for safety / police brutality against human rights defenders and
government critics
TUNISIA
Jalel Zoghlami
Fathi Zoghlami, brother of the above
Fathi Dbek
Salah Hnid
Abdelmoumen Belanes
Tarek Mahzaoui
Omar Mestiri, Secretary General of the Conseil National des
libertÈs en Tunisie (CNLT)
Other human rights defenders and critics of the government
At least seven people, including human rights defenders, have been
assaulted by security forces outside the home of a former prisoner of
conscience, who is currently on hunger strike. Following the assault, some
20 people took shelter in the house, where they remain for fear of leaving
while the security forces are stationed outside. Amnesty International is
concerned for their safety.
A number of people, including the seven mentioned above, were attacked and
injured by plain-clothed and uniformed security agents, who beat them with
iron bars and sticks. Fathi Dbek sustained a fracture to a bone in his
shoulder. Salah Hnid, Abdelmoumen Belanes and Tarek Mahzaoui sustained head
injuries. Jalel Zoghlami, his brother Fathi, and Omar Mestiri, Secretary
General of the Conseil National des libertÈs en Tunisie (CNLT), National
Council for Liberties in Tunisia, were kicked and beaten on the legs and
other parts of the body.
The attack took place in the evening of 6 February as former prisoner of
conscience Jalel Zoghlami returned home from hospital accompanied by a
group of human rights defenders, lawyers, former prisoners of conscience
and other friends. The security forces were waiting in large numbers
outside his house, and attacked him, his companions, and other people who
had come to show solidarity with Jalel Zoghlami.
The Security forces kept Jalel Zoghlami's house under guard the entire
night and throughout the following day. They have insisted that the more
than 20 people sheltering there, including those injured in the attack,
leave the house. However, those inside are afraid to leave while the
security forces are present outside.
This latest incident follows an attack on Jalel Zoghlami, which took place
on 3 February at around 5pm. Zoghlami was beaten by five men armed with
clubs and iron bars, who attacked him on the streets of Tunis as he was
making his way home. He managed to escape by seeking refuge at a car hire
agency. His attackers are believed to be members of the security forces.
Later that day, Zoghlami decided to go on a hunger strike to protest
against the attack and other forms of harassment against him and his
family.
BACKGROUND INFORMATION
Amnesty International is gravely concerned by this latest incident, which
takes place in the context of an unprecedented crackdown on human rights
defenders and government critics. In recent months the Tunisian authorities
have increasingly targeted of human rights defenders and anyone who has
spoken out against the deteriorating human rights situation in the country.
In November 2000 the authorities closed down and took control of the office
of the Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH), Tunisian Human Rights
League, and suspended its activities. In December 2000 a spokesperson for
the Conseil National des libertÈs en Tunisie (CNLT), National Council for
Liberties in Tunisia, was sentenced to one year's imprisonment on charges
of "spreading false information" (that is for speaking out against human
rights violations) and "maintaining an unauthorized association" (that is
the CNLT). Also in December, human rights lawyer and CNLT leading member
Nejib Hosni was jailed for his work as a human rights lawyer. Other CNLT
and LTDH members, as well as members of other human rights associations,
including the Association Tunisienne des Femmes DÈmocrates (ATDF), Tunisian
Association of Democratic Women, have been ill-treated by police,
prosecuted for their human rights work, prevented from meeting in homes or
public places and threatened. Human rights lawyers and defenders continue
to be harassed and followed and their telephone lines are disconnected most
of the time.
RECOMMENDED ACTION: Please send telegrams/telexes/faxes/express/airmail
letters in French, Arabic, English or your own language:
- expressing grave concern at the attacks on Jalel Zoghlami and those
supporting him, asking the authorities to guarantee their safety;
- calling for an immediate end to such practices;
- urging the authorities to instigate a thorough, independent and impartial
investigation into this and other recent attacks, and for those responsible
to be brought justice;
- calling on the authorities to put an immediate end to the targeting of
human rights defenders and government critics;
APPEALS TO:
President
PrÈsident M. Zine El Abidine Ben Ali
PrÈsident de la RÈpublique
Palais PrÈsidentiel
Tunis
Tunisie
Fax: + 216 1 744 721
Interior Minister
M. Abdallah Kaabi
Ministre de l'IntÈrieur
MinistËre de l'IntÈrieur
Avenue Habib Bourguiba
1001 Tunis
Tunisie
Fax: + 216 1 340 888
E-mail: mint@ministeres.tn
COPIES TO:
Foreign Minister
M. Habib Ben Yahia
Ministre des Affaires EtrangËres
MinistËre des Affaires EtrangËres
Place du Gouvernement
La Kasbah, 1006 Tunis
Tunisie
Fax : + 216 1 571 314
E-mail: mae@ministeres.tn
and to diplomatic representatives of TUNISIA accredited to your country.
PLEASE SEND APPEALS IMMEDIATELY. Check with the International Secretariat,
or your section office, if sending appeals after 21 March 2001.
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3. ENTRETIEN AVEC MONCEF MARZOUKI (chef de file de líopposition tunisienne)
: ´Ben Ali est allÈ loin dans la rÈpressionª
(El Watan (Alger) 11 fÈvrier)
Moncef Marzouki aurait pu se contenter díune vie facile. MÈdecin et professeur
díuniversitÈ, il aurait pu couler des jours heureux dans sa demeure de
Sousse, la
belle ville cÙtiËre. Il aurait pu Ítre un homme ordinaire dans un pays sans
problËmes. Mais líhomme est trop portÈ sur le combat.
Son esprit libre líempÍche de ´faireª comme les autres. Depuis líarrivÈe du
gÈnÈral Ben Ali aux commandes du pays, aprËs un coup díEtat soft, Moncef
Marzouki est aux premiËres loges du front contre ´la douce dictatureª.
Líhomme fait líobjet de persÈcutions incessantes. TraÓnÈ ý plusieurs
reprises en justice, il est aussi ´un habituȪ des locaux de la dakhilia,
lý o˜ active la redoutable police politique de Mohamed Ali El Guenzouhi. Le
rÈgime est allÈ jusquíý líempÍcher de travailler ý líuniversitÈ. Il est
sous Ètroite surveillance policiËre. Son tÈlÈphone est sous Ècoute de faÁon
permanente. Et son passeport est confisquÈ. Dans cet entretien accordÈ
conjointement ý El Watan et ý El Khabar, Moncef Marzouki explique ce qui se
passe dans son pays. Le salut de la Tunisie dÈpend, selon lui, du dÈpart de
Ben Ali.
Depuis un certain temps, vous faites l'objet d'incessants harcËlements de
la part du rÈgime. Que vous reproche-t-on exactement ?
Il y a un acharnement contre tous les dÈmocrates dans ce pays. Tout le
monde a eu sa ration depuis des annÈes. Contre moi, il y a un acharnement
particulier. Je dois dire que par la force des choses je suis devenu
l'ennemi numÈro un de la dictature. Quand Ben Ali est venu, je suis l'un
des rares ý ne pas lui avoir donnÈ un chËque en blanc. J'ai dit attention :
ce qu'il fait, ce ne sont que des promesses en l'air ; il nous faut des
garanties. Ben Ali ne m'a jamais pardonnÈ d'avoir brisÈ l'image de l'Etat
de droit qu'il voulait se donner lorsque j'Ètais ý la tÍte de la Ligue
tunisienne des droits de l'homme (LTDH). J'avais dÈnoncÈ la torture contre
les islamistes et les jugements trafiquÈs. C'Ètait entre 1991 et 1994.
Ensuite, j'ai dÈfendu bec et ongles l'indÈpendance de la ligue. En 1994, je
me suis prÈsentÈ contre Ben Ali lors de l'Èlection prÈsidentielle.
Vous Ètiez, nous semble-t-il, le premier ý l'avoir fait dans l'histoire de
la TunisieÖ
Je l'ai fait symboliquement pour protester contre les mises en scËne
ridicules o˜ une personne se prÈsente aux Èlections et gagne avec des
scores de 99 %. J'avais dit que c'Ètait indigne de la Tunisie. La
prÈsentation de ma candidature avait cassÈ toute la mÈcanique. Le rÈgime
m'en a voulu aprËs parce que j'ai organisÈ la rÈsistance alors qu'on avait
tentÈ de briser la ligue.
J'ai organisÈ les gens autour du conseil de la rÈsistance dÈmocratique.
Nous avons voulu dire au pouvoir que nous avions le droit d'exister.
S'ajoute ý cela, le fait díavoir dit haut que Ben Ali doit partir en 2004.
Voilý toutes les raisons qui font que le rÈgime m'en veut. Benali croit que
j'incarne la rÈsistance dÈmocratique depuis le dÈbut de son rËgne.
DerniËrement, vous avez ÈtÈ jugÈ. C'Ètait pour quelle affaire ?
Ils m'ont jugÈ ý cause de la crÈation du Conseil national pour les libertÈs
en Tunisie (CNLT). Ce conseil nous l'avons crÈÈ en 1998 ý l'occasion du
cinquantiËme anniversaire de la DÈclaration universelle des droits de
l'homme. Et puis, parce que j'ai cassÈ un autre tabou, celui du fameux
26/26. Il s'agit d'une vaste opÈration qui consiste ý prendre dans la poche
des citoyens pour soi-disant en donner ý d'autres ý titre de solidaritÈ. En
fait, il s'agit d'un impÙt qui ne dit pas son nom, un impÙt sauvage qui
n'est pas rÈgulÈ par le Parlement. On ne sait pas ce que deviennent les
sommes d'argent rÈcoltÈes ý travers cet impÙt. C'est suspect. Les gens ont
horreur de ce 26/26. Ils se sentent rackettÈs. Ce n'est pas de la
solidaritÈ parce que celle-ci est spontanÈe et secrËte. Avec cet impÙt,
elle est rendue obligatoire. J'ai dÈnoncÈ cette opÈration. Ils m'ont montÈ
une affaire de ´diffusion de fausses nouvellesª autour de ce 26/26 et une
autre ý cause de la crÈation du CNLT. J'ai dÈjý quatre affaires en justice.
A chaque fois que le CNLT diffusait un communiquÈ, on me fabriquait une
affaire. RÈcemment, j'ai ÈtÈ condamnÈ ý une annÈe de prison ferme dont
j'attend l'exÈcution parce que j'ai refusÈ de faire appel.
Justement, pourquoi avez-vous refusÈ ?
Parce que je n'ai aucune confiance en la justice de ce pays. La dictature
marche sur deux jambes : le systËme policier et le systËme judiciaire. A
partir du moment o˜ la police dÈcide de vous dÈfÈrer devant le tribunal
vous serez inÈvitablement condamnÈ par ce qu'on appelle la justice, et ce
que moi j'appelle l'injustice organisÈe. Le mouvement dÈmocratique n'a pas
cessÈ de dÈnoncer la dÈpendance de la justice, une justice de
fonctionnaires. Ici, le dÈcor est bien fait : les avocats peuvent plaider,
le juge vous entend jusqu'ý la fin mais sort la condamnation qui Ètait dans
sa tÍte depuis le dÈbut. J'ai appris que le procureur a fait appel, sinon
ma dÈtention aurait ÈtÈ inÈvitable. Compte tenu de la rÈsistance et de
l'indignation ý l'intÈrieur et ý l'extÈrieur de la Tunisie, le pouvoir se
donne du temps pour rÈflÈchir et trouver une sortie de la crise. Le pouvoir
pourrait aussi tenter d'aggraver la peine pour que je ne fasse pas
l'exemple. Il faut que les gens continuent ý avoir peur en Tunisie et ý
jouer le rÙle d'aller aux tribunaux pour faire croire qu'il existe une
justice. En cinquante ans, jamais un opposant politique n'a ÈtÈ innocentÈ
par la justice en Tunisie.
Dans votre pays, il semble que l'opposition se concentre au milieu de la
corporation des avocatsÖ
Pas forcÈment. Moi, je ne suis pas avocat, je suis mÈdecin. Mais,
traditionnellement, le corps des avocats est trËs politisÈ. Bourguiba Ètait
avocat. De plus, les avocats activent dans le milieu des droits de l'homme.
Il y a aussi beaucoup de mÈdecins, journalistes et autres dans l'opposition.
On vous a empÍchÈ d'enseigner ý l'universitÈ de Sousse et donc de travailler
librementÖ
En dix ans de rÈsistance ý la dictature, j'ai tout vu. D'abord, on m'a fait
sortir de la LTDH au moyen d'un putsch. Ils ont interdit tous mes livres.
Ils ont forcÈ ma famille au dÈpart ý l'Ètranger, mon Èpouse n'ayant pas
supportÈ le climat d'insÈcuritÈ qui pesait sur elle. Ils ont pris mon frËre
Mohamed Ali en otage. Il a purgÈ trois peines de prison pour la simple
raison qu'il Ètait mon frËre. C'est un homme innocent. J'ai reÁu plusieurs
fois des menaces de mort. En 1994, j'ai ÈtÈ emprisonnÈ. Ensuite, ils se
sont attaquÈs ý mon travail. On m'a licenciÈ de l'universitÈ de Sousse
parce que j'ai dÈclarÈ ý la chaÓne El Jazira (Qatar) que Ben Ali devait
partir en 2004 et appliquer la Constitution. Toute la Tunisie veut que Ben
Ali s'en aille en 2004. Et lui, ý l'arrivÈe au pouvoir, avait promis d'en
finir avec la prÈsidence ý vie. Je lui ai demandÈ de tenir sa promesse et
de faire en sorte qu'en 2004 se tiennent des Èlections libres et honnÍtes
o˜ le peuple retrouve sa souverainetÈ.
Va-t-on vers un amendement de la Constitution ?
Probablement. La chose qui se prÈpare actuellement est l'amendement de la
Constitution et l'organisation d'un rÈfÈrendum. Le vote sera bien sšr fait
ý 99 %. Et ensuite, Ben Ali s'installera dans la prÈsidence ý vie. C'est le
projet du pouvoir. Celui de la sociÈtÈ civile est autre : plus jamais Áa !
Nous ne voulons pas de Áa. Nous voulons des Èlections libres en 2004 avec
une pluralitÈ de candidats ý la prÈsidence. Au peuple de dÈcider. Nous ne
voulons plus que ce peuple soit encore une fois humiliÈ avec un projet
bidon et avec un putsch constitutionnel.
La violation actuelle des droits et des libertÈs n'est-elle pas liÈe ý
cette volontÈ de Ben Ali de se maintenir au pouvoir ?
La rÈpression, c'est l'artillerie qui doit tout raser pour permettre ý
l'infanterie de passer. Il s'agit de faire taire la LTDH et le CNLT. Ben
Ali n'aime pas Mokhtar Trifi (prÈsident de la LTDH, ndlr) parce qu'il fait
partie des gens qui disent qu'il faut respecter la Constitution. On veut
donc organiser le rÈfÈrendum dans un terrain ´libÈrȪ o˜ il n'y a aucune
rÈsistance. Ce calcul est faux. Les procËs contre la ligue, le CNLT et
moi-mÍme ont fait un grand boum ý l'intÈrieur et ý l'extÈrieur du pays et
ont mobilisÈ les gens contre la prochaine phase. Phase qui va Èchouer.
On parle ici beaucoup de l'implication de la famille du prÈsident dans des
affaires de corruptionÖ
Deux problËmes existent dans ce pays. Le premier, la corruption.Celle-ci a
pris des proportions invraisemblables.Les Tunisiens ne supportent plus le
niveau de corruption qui leur est imposÈ. Le deuxiËme : la violation des
droits de l'homme.Tout est liÈ en fait. Si le gouvernement b’illonne la
libertÈ d'expression c'est parce qu'il a peur qu'on aborde la corruption.
Celle-ci Èvolue ý l'intÈrieur de cercles concentriques dans lesquels
beaucoup de gens sont impliquÈs.
Les menaces commencent ý peser sur l'Èconomie du pays. Quand un peuple voit
une oligarchie s'emparer des richesses du pays alors que la misËre Èvolue,
des sentiments de haine et de rÈvolte se dÈveloppent. La corruption
n'existait pas du temps de la dictature politique de Bourguiba.
Aujourd'hui, on souffre des deux. Par ailleurs, on a poussÈ les gens ý
consommer au-dessus de leurs moyens. Les citoyens achËtent par crÈdit.La
plupart sont bloquÈs ý cause de cela. L'Èconomie est fragilisÈe par une
grande consommation sans contrepartie en production. Un jour ou l'autre, ce
systËme va s'effondrer parce que les gens n'auront plus de quoi payer.
On a l'impression qu'on veut engloutir la sociÈtÈ tunisienne dans
l'opulence, le consommer facile, la vie facile, les loisirs sans fin. Comme
si líon cherchait ý Èloigner la sociÈtÈ du combat politique, dÈmocratiqueÖ
Cette stratÈgie n'a pas vraiment les moyens pour aller jusqu'au bout. Il y
a certes beaucoup d'argent, mais qui ne profite pas ý tout le monde.
Aujourd'hui, on sait que 15 % de la population vivent dans la pauvretÈ
totale. Une pauvretÈ qui progresse au milieu d'une classe moyenne laminÈe.
On voit un dÈveloppement ý la sud-amÈricaine. Un modËle qui Ètait inconnu
en Tunisie. La Tunisie est un pays modeste de classe moyenne. Le fossÈ se
creuse entre des gens corrompus riches et un peuple qui ne tient plus
Èconomiquement. On a souvent tendance ý ignorer líexistence díune crise
Èconomique en Tunisie, ý líimage de ce qui síest passÈ en IndonÈsie, un
pays qui donnait líimage de líopulence mais qui a vu son Èconomie
síeffonder comme un ch’teau de cartes.
Il paraÓt quíun courant díopposition existe au sein mÍme du RCD, le parti au
pouvoir...
Quand Bourguiba est dÈcÈdÈ, je suis allÈ faire mes condolÈances, je fus
frappÈ par líaccueil que míont rÈservÈ les bourguibiens, ils míont tÈmoignÈ
leur amitiÈ et leur estime. Je peux vous dire que les bourguibiens sont
contre le rÈgime actuel dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Le fait
que le RCD appartient ý ce rÈgime est une usurpation.
Le combat que vous menez a-t-il des relais au sein de la sociÈtÈ ?
Oui. Il y a quelques annÈes, jíÈtais un homme seul. Aujourdíhui, les gens
viennent ý ma maison et me tÈmoignent leur estime et leur appui. Cela est
dš, entre autres, ý la bonne circulation de líinformation. Pendant des
annÈes, ce pays Ètait un trou noir. Maintenant, les Tunisiens se sont
libÈrÈs gr’ce ý El Jazira, trËs regardÈe ici. Le discours de líEtat ne
passe plus. Il níy a plus de crÈdibilitÈ. Les Tunisiens attendent
líalternative que mes amis et moi espÈrons incarner.
Taoufik Ben Brik dit quíil níy plus de journalistes en Tunisie.
Partagez-vous cet avis ?
Il níy a plus de presse en Tunisie. En AlgÈrie, on tue les journalistes. Et
en Tunisie la presse est morte. De plus, il níy a plus de justice
indÈpendante, plus de partis politiques. Il níy a que des rÈsistants et un
Etat totalitaire. La premiËre victime du totalitarisme fut la presse. Nous
avons une presse qui nous fait honte. Ce ne sont pas des journalistes qui
Ècrivent mais des gueux, des maffieux de líÈcrit. En culture, il níy a
rien. Il níy a pas de culture sans libertÈ. LíUnion des Ècrivains est
devenue une association fantÙme. Les livres qui tentent de ramener un tant
soit peu de libertÈ sont systÈmatiquement censurÈs... Cíest dramatique : la
dictature a dÈtruit les fondements moraux, spirituels et institutionnels
díun peuple moderne et vivant.
Níavez-vous pas líimpression que Ben Ali jouit díune complicitÈ
internationale ?
Ben Ali joue sur la lutte contre líislamisme, le libÈralisme Èconomique et
líappui ý IsraÎl. Aujourdíhui, les choses bougent. Tout le monde se rend
compte que Ben Ali est allÈ loin dans la rÈpression et quíil faut que cela
change. Quand je discute avec les ambassadeurs et quand je peux me dÈplacer
ý líÈtranger, je sens quíon se pose beaucoup de questions sur la capacitÈ
du rÈgime ý tenir le pays. La politique de rÈpression tous azimuts et la
corruption sont des ÈlÈments díinstabilitÈ majeurs du pays. Cette situation
níarrange pas les partenaires de la Tunisie. RÈcemment, jíai reÁu le
passeport de la libertÈ du Parlement europÈen. Je considËre cela comme un
geste fort de cette institution ý líadresse de Ben Ali dont la politique
níest plus apprÈciÈe. Jíaurai aimÈ que ce passeport me soit donnÈ par le
Parlement tunisien, le vrai Parlement. JíespËre quíun jour, ce sera le cas.
Avez-vous vraiment la force díaller jusquíau bout dans ce combat ? Un
combat bien difficile puisque le rÈgime tend ý vouloir affamer les
opposants, ý leur couper les vivresÖ
Sur le plan personnel, je vis dans le cauchemar depuis dix ans. Quand vous
níavez pas de travail, de tÈlÈphone, pas de famille, cela est difficile ý
supporter. Le pouvoir níÈlimine pas les opposants physiquement, mais il
essaie de le faire socialement. Et cela se fait díune maniËre organisÈe. Je
crois que les rÈgimes naissent et síeffondrent díabord dans les esprits. Le
rÈgime dÈmocratique est dÈjý lý. Il est dans les cúurs et les esprits. La
dictature níest plus lý. Elle est dÈjý morte dans les cúurs et les esprits.
Au dÈbut des annÈes 1990, le rÈgime avait des racines. Maintenant, il níen
a plus (Ö). Dans les dix prochaines annÈes, la Tunisie sera un pays
dÈmocratique qui respectera les droits de líhomme.
Par FayÁal Metaoui et Slimane Hammiche
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4. LE BAIN DE SANG ALGERIEN : PETITION AUX GOUVERNEMENT FRANÁAIS
LA LETTRE OUVERTE ˆ HUBERT VEDRINE EST UNE PETITION OUVERTE ˆ SIGNATURE
Les premiers signataires de cette lettre (parue dans "Le Monde" datÈ du 9
fÈvrier) souhaitent obtenir le plus grand nombre de signatures possible au
bas de leur texte pour les envoyer a differents ministeres franÁais au fur
et a mesure et les remettre fin mars a la commission des droits de l'homme
puisqu'il est question de la commission d'enquete et de rapporteurs
speciaux de l'ONU.
Pour signer la lettre, envoyer un message en ce sens (ou, par fax, la
lettre signÈe) ý :
algeria-watch@gmx.net
http://www.algeria-watch.org
Fax: 00 49 30 627 098 53
Lettre ouverte au gouvernement franÁais
M. VÈdrine et le bain de sang en AlgÈrie
La visite en AlgÈrie du chef de la diplomatie franÁaise le 13 fÈvrier 2001,
mÍme si elle ne porte sans doute que sur des questions d'ordre
international, ne manque pas de prendre une signification particuliËre dans
le contexte actuel. Ce voyage, qui suit de prËs celui de deux autres
ministres franÁais - la secrÈtaire d'Štat au tourisme et le ministre de
l'IntÈrieur - suscite de nombreuses interrogations.
L'AlgÈrie est depuis neuf ans le thÈ’tre d'une guerre effroyable et de
violations massives des droits humains : des milliers de personnes ont ÈtÈ
enlevÈes et sont portÈes disparues ; la torture est pratiquÈe de maniËre
systÈmatique par les forces de sÈcuritÈ ; des massacres ý grande Èchelle
officiellement attribuÈs aux groupes armÈs islamistes sont perpÈtrÈs ý
l'encontre de populations civiles. Cette guerre aurait dÈjý fait 200 000
morts et on compterait selon les sources 10 000 ý 20 000 disparus. PrËs
d'un demi-million de personnes ont fui le pays et, ý l'intÈrieur, l'exode
massif provoquÈ par l'insÈcuritÈ et les dÈplacements forcÈs de population,
sont encore plus importants. De nombreux tÈmoignages ont permis d'Ètablir
qu'une grande partie de ces violations Ètait le fait des forces de
sÈcuritÈ. Par ailleurs, les populations civiles ne sont pas protÈgÈes, les
responsables de ces crimes ne sont pas poursuivis et aucune enquÍte
judiciaire sÈrieuse n'a jamais ÈtÈ diligentÈe.
De plus en plus d'ÈlÈments accrÈditent l'hypothËse d'une implication au
plus haut niveau des autoritÈs dans les massacres et les disparitions
forcÈes. Deux livres parus en octobre 2000 et fÈvrier 2001 font ainsi Ètat
de graves accusations ý l'encontre du commandement de l'armÈe. Le premier,
Qui a tuÈ ý Bentalha ?, dont l'auteur, Nesroulah Yous, est un rescapÈ de
l'un des plus monstrueux carnages de l'ÈtÈ 1997, relate en dÈtail les
circonstances de cette tuerie. MalgrÈ la prÈsence ý proximitÈ d'unitÈs de
l'armÈe, celles-ci ne sont pas intervenues pour neutraliser les assaillants
et protÈger la population. De nombreux indices montrent que ce massacre n'a
pu avoir lieu sans l'implication active d'une partie des forces de sÈcuritÈ.
Dans le second tÈmoignage, celui de Habib SouaÔdia, il s'agit cette fois de
preuves directes et prÈcises de cette implication. Cet ancien officier des
forces spÈciales, engagÈ de 1992 ý 1995 dans la lutte anti-terroriste,
dÈcrit dans son livre, La sale guerre, les mÈthodes employÈes par l'armÈe
dans ce qui se rÈvËle Ítre une vÈritable stratÈgie de la terreur : rafles,
ratissages, tortures et exÈcutions sommaires de prÈsumÈs islamistes voire
de simples civils, massacres de villageois attribuÈs ensuite aux groupes
armÈs&
Avec ces tÈmoignages, l'hypothËse d'une implication de la haute hiÈrarchie
de l'armÈe dans des crimes contre l'humanitÈ et dans l'entretien de la
terreur islamiste est suffisamment ÈtayÈe pour que l'exigence d'une
commission d'enquÍte internationale, rejetÈe depuis des annÈes par la
communautÈ internationale, ne soit plus discutable. Car il est pour le
moins fallacieux de ne pas reconnaÓtre des faits Ètablis par de si nombreux
tÈmoignages, sous prÈtexte qu'il n'existe pas de preuve juridique. Comment
fournir, en effet, des preuves en l'absence d'enquÍte crÈdible ? Et comment
engager une enquÍte indÈpendante et impartiale dans un Štat de non-droit ?
De ce point de vue, le cas algÈrien n'a rien de spÈcifique, et il y a lieu
de lui appliquer les mÍmes principes du droit international que ceux qui
ont ÈtÈ mobilisÈs contre d'autres dictatures de ce type (Chili, Argentine,
Salvador, Guatemala, Serbie, etc...)
Comme pour ces pays, la dÈmocratie et l'Štat de droit ne seront possibles
en AlgÈrie que si l'on arrive ý une solution politique du conflit, passant
par un dialogue selon des rËgles clairement Ètablies, n'excluant aucun des
courants politiques qui rejettent la violence. Les diffÈrentes dÈmarches
adoptÈes par le pouvoir algÈrien, dont la derniËre en date est la ´
concorde civile ª, au lieu de rÈpondre ý cette exigence, ont ajoutÈ ý la
confusion et ý l'opacitÈ, entretenu les tensions et la violence et consacrÈ
l'impunitÈ.
Face ý cette situation d'une gravitÈ extrÍme, les habituelles condamnations
frileuses de la violence et les dÈclarations d'ordre gÈnÈral sur le respect
des droits de l'homme ne sont plus de mise. Il ne suffit pas aujourd'hui de
se contenter de ´ pressions diplomatiques feutrÈes ª, il faut de faÁon
impÈrative arrÍter le bain de sang. Et pour cela obtenir le ch’timent pÈnal
de ceux, quels qu'ils soient, qui en sont responsables.
Le gouvernement franÁais n'a-t-il pas trop longtemps soutenu la politique
algÈrienne, qui, sous couvert de lutte anti-terroriste, n'est rien d'autre
que l'Èradication, tant politique que physique, de toute opposition, se
traduisant dans les faits par l'extermination de populations civiles ? La
France a jouÈ un rÙle dÈcisif dans la mise en place de la machine de guerre
en AlgÈrie : non seulement elle s'est engagÈe en 1994, au moment des
pourparlers sur la dette extÈrieure, pour que celle-ci soit allÈgÈe et
rÈÈchelonnÈe (notamment au niveau du Club de Paris, de Rome et du FMI),
permettant ainsi, en l'absence de conditionnalitÈs politiques, de financer
la ´ guerre totale ª ; mais elle a Ègalement fourni des armes sophistiquÈes
ý l'AlgÈrie et formÈ des officiers aux techniques de la guerre
Èlectronique, ainsi que des troupes d'Èlite pour les interventions rapides,
celles-la mÍme qui seraient impliquÈes, selon Habib SouaÔdia, dans les
tueries et les exactions les plus terribles.
Par ailleurs, la signature en janvier dernier entre l'Union europÈenne et
l'AlgÈrie, d'une convention relative ý la lutte anti-terroriste, avant mÍme
que n'ait abouti la nÈgociation d'un accord d'association englobant le
respect des droits de l'homme et la promotion des principes dÈmocratiques,
montre bien que l'AlgÈrie continue de bÈnÈficier d'un traitement
spÈcifique, en contradiction avec les principes de la DÈclaration de
Barcelone.
Alors qu'en France un large dÈbat s'est enfin amorcÈ au sein de l'opinion
au sujet de la torture systÈmatique durant la guerre de libÈration
algÈrienne, Ètablissant la responsabilitÈ des plus hautes sphËres
politiques franÁaises de l'Èpoque qui l'avaient cautionnÈe comme mesure de
´ rÈtablissement de l'ordre public ª, aujourd'hui, cette mÍme classe
politique cautionne les plus graves violations des droits humains sur la
terre algÈrienne.
Jusqu'ý prÈsent, l'administration et la diplomatie franÁaises ont jouÈ un
rÙle actif et militant pour empÍcher toute condamnation de l'AlgÈrie et
s'opposer ý l'envoi de rapporteurs spÈciaux. Nous sommes ý la veille de
l'ouverture de la prochaine session de la commission des droits de l'homme
des Nations Unies. Au vu de l'ampleur et de la gravitÈ des faits, l'AlgÈrie
devrait non seulement Ítre sÈvËrement condamnÈe, mais des rapporteurs de
l'ONU sur les droits de l'homme devraient impÈrativement y Ítre dÈpÍchÈs.
Les deux livres publiÈs ý La DÈcouverte ne sont qu'un des ÈlÈments d'un
lourd dossier, largement documentÈ par des rapports et tÈmoignages
accablants accumulÈs depuis des annÈes. Pour ne citer que des affaires
concernant directement l'Union europÈenne, l'implication des services
algÈriens est suffisamment ÈtayÈe par de nombreux tÈmoignages et analyses
(enlËvement des fonctionnaires du consulat franÁais ý Alger ; assassinats
des moines de Tibehirine, des sept marins italiens, de Mgr Claverie ;
rÈvÈlations de la justice britannique sur l'implication des services
algÈriens dans des actions terroristes en Europe ; procËs controversÈs en
France des prÈsumÈs terroristes islamistes, etc.) pour que l'on s'interroge
sur le silence et la passivitÈ des autoritÈs des Štats membres.
Le voyage du ministre franÁais des Affaires ÈtrangËres ý la veille de la
session de la commission des droits de l'homme risque de servir encore une
fois ý cautionner un rÈgime coupable des plus graves crimes, ý Ètouffer les
efforts de tous ceux qui se battent pour que la vÈritÈ Èclate enfin et que
paix et justice soient faites en AlgÈrie. Alors mÍme que les autoritÈs
algÈriennes crient ý l'ingÈrence lorsqu'il s'agit de leur demander de
respecter leurs engagements en matiËre de respect des droits de l'homme,
elles n'hÈsitent pas ý utiliser l'aide et le soutien de leurs partenaires
Ètrangers pour imposer leur politique d'Èradication et de dÈni du droit.
Nous tenons ý interpeller avec fermetÈ le gouvernement franÁais pour lui
dire que nous sommes nombreux, en AlgÈrie, en France et en Europe, ý
considÈrer que sa politique algÈrienne ne relËve plus de relations
ordinaires entre deux Štats, mais d'une vÈritable complicitÈ de crimes
contre l'humanitÈ.
Signataires :
Lahouari Addi (Sociologue, Professeur ý l'universitÈ de Lyon)
Jugurtha Ait-Ahmed (journaliste, Suisse),
Larbi Alili (chercheur universitaire, Pays Bas)
Morsel Alkesibi (membre d'amnesty international et educateur chez
l'organisation CARRITAS et militant politique)
Rabha Attaf (journaliste, France)
Pierre Bourdieu (professeur au CollËge de France)
FranÁois Burgat (CNRS, France)
Nacera Dutour (Collectif des familles de disparus, France)
FranÁois GËze (directeur gÈnÈral des Šditions La DÈcouverte, France)
Ahmed Hanifi (Formateur, France)
Ali Haouchine (politologue, MontrÈal)
Mohamed Harbi (historien, France)
Pascal Holenweg (Commission socialiste de solidaritÈ internationale, GenËve)
Anne Joubert (VÈritÈ et justice pour l'AlgÈrie, France)
Alain Joxe (directeur d'Ètudes ý l'EHESS, France)
Jeanne Kervyn (sociologue, Belgique)
Julien Lachaud (Etudiant, Bordeaux 3)
Ahmed Manai (journaliste, France)
Gema Martin-MuÒoz (professeur ý l'universitÈ autonome de Madrid
Zine Mazri (ingÈnieur projet multimÈdia)
Salima Mellah (journaliste, Allemagne)
VÈronique Nahoum-Grappe (ingÈnieur de recherche ý l'EHESS, France)
Werner Ruf (professeur de sciences politiques ý l'universitÈ de Kassel,
Allemagne)
Khaled Satour (chargÈ de cours ý l'ESC de Grenoble)
Fatiha Talahite (chercheur au CNRS, France)
Brahim Taouti (avocat)
TUNISIE 2000 groupe de travail pour les DDH en Tunisie
Pierre Vidal-Naquet (directeur d'Ètudes ý l'EHESS, France)
Tassadit Yacine-Titouh (maÓtre de confÈrences ý l'EHESS, France)
Nesroulah Yous (VÈritÈ et justice pour l'AlgÈrie, France)
Les premiers signataires de cette lettre (parue dans "Le Monde" datÈ du 9
fÈvrier) souhaitent obtenir le plus grand nombre de signatures possible au
bas de leur texte pour les envoyer a differents ministeres franÁais au fur
et a mesure et les remettre fin mars a la commission des droits de l'homme
puisqu'il est question de la commission d'enquete et de rapporteurs
speciaux de l'ONU.
Pour signer la lettre, envoyer un message en ce sens (ou, par fax, la
lettre signÈe) ý :
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