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Date Tue, 27 Feb 2001 04:02:40 +0100
Subject globe_l: Etat-Unis- L'affaire du "Trio de Chattanooga"

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Coup montÈ dans l'affaire du trio de Chattanooga
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+ Les faits

Le 19 mai 1998, Lorenzo Komboa Ervin, Damon McGee et Mikail Musa Muhammad,
tous trois membres du Collectif Autonome Noir de Surveillance de la Police
(Black Autonomy Copwatch), ont participÈ ý l'organisation d'une
manifestation contre la brutalitÈ policiËre. Cette manifestation,
rassemblant 150 personnes, dÈnonÁait la mort, quelques jours plus tÙt, de
deux hommes noirs, Montrail Collins, le 28 avril 1998, et Kevin McCullough,
le 6 mai 1998, aux mains de la police de Chattanooga. Collins et McCullogh
sont deux victimes supplÈmentaires, parmi les 40 personnes, principalement
des noirs, de la police de Chattanooga depuis 1980. Aucun policier n'a
jamais ÈtÈ poursuivi pour ces meurtres. Comme prÈvu, la manifestation s'est
dÈroulÈe ý l'HÙtel de ville, pendant une rÈunion du conseil municipal, au
cours de laquelle Lorenzo aurait dš prendre la parole, pour exposer le
point de vue du Collectif. Or, le moment venu, Lorenzo, ancien membre du
Black Panther Party, a ÈtÈ totalement ignorÈ. Il a donc pris le microphone
et a commencÈ ý lire la dÈclaration du Collectif dÈnonÁant la brutalitÈ
policiËre. C'est alors que Lorenzo a ÈtÈ maÓtrisÈ, battu et arrÍtÈ par la
police. Damon McGee et Mikail Musa Muhammad, venus au secours de Lorenzo,
ont eux aussi, immÈdiatement, connu le mÍme sort.

Le ´Trio de Chattanoogaª a ÈtÈ accusÈ d'avoir violÈ la loi du Tennessee sur
les rÈunions lÈgales, par laquelle dÈranger une rÈunion lÈgale par les
actes ou par la parole devient un mÈfait. Le 12 janvier 2001, Lorenzo,
Damon et Mikail ont ÈtÈ reconnus coupables d'avoir interrompu une rÈunion ý
l'HÙtel de ville. Mikail Musa Muhammad a de plus ÈtÈ reconnu coupable
d'avoir rÈsistÈ ý son arrestation. Tous trois peuvent encourir une peine
allant jusqu'ý un an de prison ferme, dans un pÈnitencier fÈdÈral. La
sentence sera rendue le 26 fÈvrier.

+ Lorenzo un militant engagÈ dans sa communautÈ: Chattanooga

Le 12 janvier 2001, Lorenzo Ècrivait: ´(ä) Chattanooga, au Tennessee, est
ma ville natale. Depuis des annÈes, je suis la cible du harcËlement
policier et de leur tentative de coups montÈs, parce que je milite contre
les organisations racistes (telles que le KKK), les meurtres aux mains des
policiers et la brutalitÈ policiËre. Cela inclut les fausses accusations du
FBI et d'autres agences: poser des bombes, tirer avec une arme ý feu, voire
inciter l'agression d'un informateur fÈdÈral. Aucune de ces fausses
accusations n'a eu de suite, j'ai dÈjouÈ toutes ces tentatives jusqu'ý
maintenant et mÍme dans ce cas-ci. J'ai rÈussi ý faire tomber l'accusation
"d'incitation ý l'Èmeute" dÈposÈe par les procureurs de la ville pour
l'action de l'HÙtel de ville en 1998, qui aurait pu me faire tomber sous le
joug du "trois prises t'es mort", loi qui condamne toute personne ý
perpÈtuitÈ aprËs trois rÈcidives en excluant la remise en libertÈ
conditionnelle.

Nous avons pu faire en sorte de m'Èviter le dÈpÙt d'une accusation
criminelle lorsque l'accusation a ÈtÈ rÈduite ý ´mÈfait gÍnant la tenue
d'une rÈunion lÈgaleª. Mais mÍme cette accusation nous semble a tous deux,
inconstitutionnelle. C'est une accusation politique cherchant ý punir notre
dissidence, alors nous ne collaborerons pas avec les autoritÈs et plaider
coupable. (Note: quelques jours avant le procËs, les avocats de Damon McGee
et de Mikail Muhammad ont ÈtÈ contactÈs pour se voir offrir des "ententes"
s'ils plaidaient coupables et tÈmoignaient contre moi, mais ils ont
refusÈ).ª

+ Le dÈroulement du procËs du Trio de Chattanooga.

Tout d'abord, le procËs a ÈtÈ retardÈ 7 fois en deux ans et demie. La juge
Rebecca J. Stern a ouvertement dÈnoncÈ Lorenzo en cour, allant mÍme jusqu'ý
le traiter de ´terroristeª et de ´racisteª, car Lorenzo combattait le Ku
Klux Klan et autres groupes de fascistes blancs ! La juge Stern a mÍme ÈtÈ
jusqu'ý prÈtendre que le Collectif Autonome Noir section internationale et
d'autres groupes radicaux avaient fomentÈ une conspiration afin de
terroriser les villes ´en posant des bombes et incitant ý la violence lors
de manifestations opposant les militants anti-brutalitÈ policiËre au KKK.ª
Aussi ridicule et Orwellien que cela puisse paraÓtre, tout va en empirant
et depuis le dÈbut il Ètait Èvident que le procËs Ètait truquÈ. La juge
Stern a dÈclarÈ en cour que la loi du Tennessee sur les rÈunions lÈgales
Ètait nÈcessaire pour pouvoir arrÍter les ´criminels politiquesª tel que
Lorenzo, qui utilise les manifestations lÈgales pour ´calomnier les
reprÈsentants de la police et du gouvernement.ª

Les avocats de Lorenzo, Damon et Mikail n'ont pas eu le droit d'utiliser le
premier amendement ni la loi sur la libertÈ d'expression dans leur
plaidoyer et leur dÈfense. DËs lors une vÈritable dÈfense n'Ètait plus
possible. Ainsi, l'avocat commis d'office de Lorenzo a demandÈ ý la juge
Stern comment il Ètait censÈ mener sa dÈfense dans de telles circonstances
et la juge a rÈpondu d'un sourire !

Lorenzo Ervin a alors demandÈ ý se dÈfendre lui-mÍme, mais la juge lui a
refusÈ ce droit, pourtant inscrit dans la constitution du Tennessee et la
constitution fÈdÈrale. Elle ne voulait pas entendre la moindre objection de
la part de Lorenzo, pendant le procËs et il ne pouvait parler que par le
biais de son avocat. ´Franchement si nous avions eu un avocat de
l'extÈrieur ou un avocat radical, cette dÈcision aurait ÈtÈ amenÈe en cour
supÈrieure. Mais ces personnes faisaient partie du coup montÈ et elles
avaient donc mieux ý faire que de nous dÈfendre.ª

Bien sšr la poursuite, elle, pouvait faire ce qu'elle voulait. Elle a remis
en question le statut d'inconstitutionnalitÈ, ainsi que le droit ý la libre
expression. Les procureurs du ´Trio de Chattanoogaª Ètaient assis lý,
soufflant, mÍme lorsque les accusÈs leur demandaient d'intervenir. La
dÈfense de Lorenzo, Damon et Mikail devenait alors impossible... le tour
Ètait ainsi jouÈ... dÈvoilant une fois de plus le vÈritable visage de
l'Injustice.

+ La sÈlection des jurÈs

La faÁon dont le jury a ÈtÈ sÈlectionnÈ est une preuve flagrante de sa
corruption. Le voisin du procureur, ainsi que des amis intimes des avocats
de la poursuite ont ÈtÈ sÈlectionnÈs. Les accusÈs ont eu 13 jurÈs (dont un
supplÈant), qui Ètaient majoritairement vieux, blancs et compromis, la
plupart issus de banlieues blanches qui ne tiennent pas les Noirs
spÈcialement dans leur c¶ur. La poursuite pouvait automatiquement rayer
quatre des sept jurÈs Noirs, qui avaient rÈussi ý Ítre sÈlectionnÈs.

Les personnes noires qui faisaient partie du jury Ètaient deux ´clonesª de
Colin Powell (1), qui ont servi dans l'armÈe pendant plusieurs annÈes et
pour lesquels condamner le ´Trio de Chattanoogaª reprÈsentait un devoir
civique. L'autre personne noire Ètait une femme, dont le patron avait dÈjý
ÈtÈ porte-parole du jury lors d'un autre procËs. Celui-ci l'a littÈralement
obligÈe ý reconnaÓtre le Trio coupable. C'est ce qu'il lui rÈpÈtait tous
les soirs sur son lieu de travail durant le procËs.

+ L'agent provocateur

Le deuxiËme jour du procËs, John Cupp, le shÈrif du comtÈ, a mis en scËne
un ÈvÈnement selon lequel, un agent provocateur se serait introduit dans la
salle de cour armÈ d'un fusil et d'un sac de cartouches, un calibre 38 et
des balles 9mm. Un homme serait sorti de la salle de cour en criant qu'il
allait chercher les ´hommes de Bin Ladenª (2). Bien que cet homme ait fait
son apparition pendant la manifestation de soutien au Trio, qui avait lieu
pendant la pause, personne ne connaissait son nom. Cet agent s'est fait
appeler ´Omarª et a serrÈ plusieurs mains, dont celles du Trio, puis il est
restÈ dans les environs (certainement pour que des agents en civil puissent
le prendre en photo). Dans l'aprËs-midi, alors qu'ils retournaient en cour,
une armÈe de policiers en bloquait l'entrÈe. Ils ont averti la foule que
les personnes qui voulaient assister au procËs seraient fouillÈes, ainsi
que leurs affaires personnelles. Ils n'ont donnÈ aucune explication.

Une fois ý l'intÈrieur l'audience a finalement Ètait mise au courant de
l'incident. Un officier de police a mÍme montrÈ les balles ý Damon McGee,
la premiËre personne ý entrer dans la salle de la cour et lui a dit que
l'homme Ètait armÈ. Il a aussi dÈclarÈ ý Damon que la police avait sorti
cet homme de la salle de cour. Mais lorsque Damon lui a demandÈ pourquoi
l'homme en question n'avait pas ÈtÈ arrÍtÈ, le policier est restÈ l'air
bÍte. Puis le Trio de Chattanooga a exigÈ que leurs avocats demandent une
audience sur cet incident. La demande a ÈtÈ refusÈe et la juge a tout
simplement refusÈ d'en entendre parler.

Le lendemain, cet incident faisait la une ! Tous les mÈdias insinuaient que
le Trio avait essayÈ de s'Èchapper, de dÈranger le procËs, qu'´Omarª
faisait partie d'une conspiration et autres diffamations. Il est facile
d'imaginer, ý quel point cette campagne de salissage mÈdiatique quotidienne
a pu biaiser l'opinion des jurÈs et de la ville. C'est pourquoi le Trio a
essayÈ de faire transfÈrer, dans un premier temps, son procËs ý Knoxville.
La juge a bien sšr refusÈ le transfert ainsi que la demande en requÍte pour
vice de procÈdure.

***Les faits dont nous venons de parler, ne sont que quelques exemples dans
cette affaire, qui mÈriterait un livre ý elle seule. ***

Comme dans toute les causes qui opposent les forces de l'ordre aux
militants organisÈs contre la brutalitÈ policiËre et le racisme, on ne
s'Ètonne plus des aberrations, machinations, falsifications, etc. du
systËme d'INjustice. Mais ici la cas s'alourdit, car il se passe au
Tennessee, dans le Sud des Štats-Unis, berceau du racisme, car les accusÈs
sont Noirs, car ce sont des activistes connus et reconnus, de longue date,
car leur engagement et inÈbranlable et que par consÈquent leur cause Ètait
perdue d'avance. Encore moins Ètonnant, quand on sait que le Ku Klux Klan
est nÈ dans l'Est du Tennessee ! Peine de mort, policiers meurtriers,
racisme, pauvretÈ, les Ètats du Sud sont rÈvÈlateurs de la situation
actuelle dans ce pays, qui rÈsout ses problËmes sociaux par la rÈpression
et l'emprisonnement systÈmatiques (3 millions de personnes sont derriËre
les barreaux actuellement aux Štats, chiffre du gouvernement des
Štats-Unis) !

Soutenons le Trio de Chattanooga !!!

+ Que peut-on faire ?

Il y a en ce moment un boycotte touristique du parc national du Great Smoky
Mountain prËs de Chattanooga. Ce boycotte est soutenu par le COBP. Le parc
a dÈjý perdu plus de 10 % de ses revenus annuels en 2000.

Vous pouvez aussi envoyer des lettres et/ou emails au gouverneur du
Tennessee lui demandant la clÈmence pour les trois hommes.

Email: dsundquist@mail.state.tn.us

Adresse:
Don Sundquist, Governor of the State of Tennessee
511 Union StreetNashville, TN USA  37243-0607

Vous pouvez aussi contribuer au Fond de dÈfense LÈgale des 3 de Chattanooga
en envoyant vos mandats ý l'ordre de BANCO (Black Autonomy Network of
Community Organizers, fondÈ par Damon et Lorenzo en 1999) avec une note
indiquant que vous faites un don au Fond de DÈfense Legal (Legal defense
fund.) ý: P.O. Box 19962, Kalamazoo, MI, USA 49019.

Pour plus de renseignements du cas du Trio de Chattanooga, vous pouvez
consulter le site web: http://sf.indymedia.org/lke.php. Pour plus de
renseignements en franÁais ou espagnol, consulter le site web de COBP:
http://www.tao.ca/~cobp

CitoyenNEs OpposÈEs ý la BrutalitÈ PoliciËre
seahorse@odyssee.net

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(1) Le GÈnÈral Colin Powell a ÈtÈ un soldat professionnel pendant 35 ans.
Au cours de cette pÈriode il a occupÈ plusieurs fonctions de commandement
et de gestion. Lors de sa derniËre affectation, qui allait de oct. '89 ý
sept. '93, il a ÈtÈ le douziËme PrÈsident de l'Štat-Major, la plus haute
fonction du ministËre de la DÈfense des Štats-Unis. Il a supervisÈ
plusieurs opÈrations militaires y compris l'opÈration "TempÍte de dÈsert"
lors de la guerre de Golfe en 1991. En janvier 2001, le prÈsident George W.
Bush a nommÈ Colon Powell au poste de secrÈtaire d'Ètat.

(2) Osama Bin Laden est un multimillionnaire saoudien exilÈ accusÈ par le
gouvernement des Štats-Unis de complot dans les bombardements de deux
ambassades amÈricains en Afrique: ý Nairobi, au Kenya et ý Dar es Salaam,
en Tanzanie. Les deux bombardements ont eu lieu le 7 aošt, 1998 et ont
rÈsultÈ en 224 personnes mortes, y compris 12 amÈricains. Son organisation
terroriste internationale, Al Qaeda, a ÈtÈ fondÈ en 1989 et a pour but de
contrer les gouvernements non-islamiques avec de la force et violence.
Osama bin Laden habite en Afghanistan sous la protection du rÈgime Taliban
pur et dur.









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