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From | "contracorriente" <vallseca@arrakis.es> |
Date | Tue, 13 Mar 2001 07:43:00 +0100 |
Subject | globe_l: une autre tentative de rÈvision du marxisme |
Contracorriente:
vallseca@arrakis.esECONOMISTE CUBAIN "DŠCOUVRE" LA GRAINE MARXISTE DE LA CONFUSION
Une nouvelle tentative rÈvisionniste: changer le rÈvolutionnaire Marx par un Marx patron d'entreprise et Èpicier.
La page web, Cuba Siglo XXI [http://www.cubaxxi.f2s.com/] diffuse, dans son numÈro III, mars 2001, un article tirÈ de la Revue Cubaine de Sciences Sociales n† 32, 2001, Ècrit par Luis Marcelo Yera, Chercheur Auxiliaire de l' Institut National de Recherches Èconomiques, dont le titre est "Repenser Marx d'un point de vue de patron d'entreprise". L'auteur a fait une dÈcouverte "sensationnelle" dans le dernier ch’pitre du premier volume du Capital de Karl Marx. En rÈalitÈ la "dÈcouverte" ne se trouve pas dans le dernier chapitre mais dans le dernier paragraphe de l'avant dernier chapitre du volume I qui dans quelques Èditions figure comme un chapitre ý part et qui parle de la tendance historique de l'accumulation capitaliste.
Luis M. Yera nous dit que "la premiËre et seule fondamentation scientifique connue du concept de propriÈtÈ sociale en Marx se trouve dans ce paragraphe" et que "puisque cette idÈe cruciale est Ècrite dans un paragraphe tellement synthÈtisÈ, Marx lui-mÍme, en pensant sšrement qu'il y aurait une autre opportunitÈ plus adÈquate pour l'Èlargit, a semÈ dans cette partie de son chef-d'oeuvre les premiËres graines de ce qui propablement un jour sera appelÈ par concensus la plus grande et plus cošteuse confusion de l'histoire". Luis M. Yera est en en train de se refÈrer au concept marxiste de la propriÈtÈ sociale.
On pourrait ne pas prendre au sÈrieux cette "dÈcouverte", nous verrons aprËs en quoi elle consiste, si au siËcle passÈ et ý la mort de Staline une conspiration silencieuse en Union SoviÈtique n'avait pas fini avec la dictadure rÈvolutionnaire du prolÈtariat. Khruchev "a dÈcouvert" l' "Etat de tout le peuple" pour remplacer la dictature du prolÈtariat et avancer vers la sociÈtÈ communiste. Nous connaissons tous aujourd'hui, et le prolÈtariat international et les plus larges masses travailleuses et exploitÈes en souffrent quotidiennement, le dÈsastre historique auquel nous a conduit la chutte de la dictature du prolÈtariat et les postÈrieures "dÈcouvertes" rÈvisionnistes du marxisme.
Comment est-ce possible, qu'ý l'heure actuelle de l'histoire, quelqu'un comme Luis M. Yera ait le culot d' afirmer que Marx a eu une Ètourderie tellement importante et de telles consÈquences historiques sur un sujet si fondamental comme celui de la propriÈtÈ sociale, que selon Yera il n'a pas expliquÈ? Nous devons avant tout signaler que la publication du volume I du Capital a constituÈ un ÈvËnement international tel qu'il a donnÈ lieu ý commenter, analyser et regarder ý la loupe ce chef-d'oeuvre de tous les angles et ý partir des plus diverses positions. Dans quelques Èditions du volume I du Capital, on publie la correspondance croisÈe entre Marx et Engels ý propos de son contenu et des commentaires qui apparaissaient dans tout le monde. Rien que la correspondance entre eux sur ce sujet occupe ý peu prËs le mÍme espace que le volume I du Capital. Plus de 130 lettres ont ÈchangÈ Marx et Engels pour commenter et approfondir sur le contenu de l'oeuvre! Dans les annÈes suivantes, ils ont reparlÈ ý maintes reprises sur les sujets de ce premier volume du Capital; et Engels, ý la mort de Marx, en tant que son exÈcuteur testementaire politique, a ÈtudiÈ et revisÈ toute l'oeuvre de Marx. Et il y a encore qui ose affirmer, comme prÈmisse fondamentale pour un nouvel essai de rÈvision du marxisme, que Marx, par oubli, a semÈ dans son oeuvre "la plus grande et la plus cošteuse confusion de l'histoire".
¿ partir de cette Ètonnante et inouÔe affirmation, tous les traÓtres ý la cause communiste peuvent reposer en paix puisque tout le monde a ÈtÈ "victime" de cette grande confusion historique de Marx.
Mais, en rentrant dans l'Ècrit de Marx nous pouvons voir, le situant dans le contexte de toute son oeuvre et sans l'isoler comme fait Yera, qu'il a juste dit, et trËs clairement, ce qu'il devait dire, et dont l'actualitÈ est aujourd'hui d'une grande valeur comme toute l'oeuvre de Marx, du Marx rÈvolutionnaire, du Marx de la dictature du prolÈtariat. Et si besoin Ètait de donner une quelconque explication sur la propriÈtÈ sociale, Marx le fait de faÁon accablante dans le paragraphe suivant que Luis M. Yera a extrait et isolÈ, et que nous citons ci-dessus: "La transformation de la propriÈtÈ privÈe, disperse et basÈe sur le travail personnel de l'individu, en propriÈtÈ privÈe capitaliste fut, naturellement, un processus beaucoup plus lent, plus dur et plus difficile que la transformation de la propriÈtÈ capitaliste -qui en rÈalitÈ repose dÈjý sur des mÈthodes sociales de production- en propriÈtÈ sociale. Lý-bas, il s'agissait de l'expropriation de la masse du peuple par quelques usurpateurs; ici, de l'expropriation de quelques usurpateurs par la masse du peuple."
Et maintenant nous citons le Manifeste Communiste que, tel que nous le verrons, Luis M. Yera a oubliÈ: "Les progres de l' industrie, dont l'agent aveugle et passif c'est la bourgeoisie, font que l'isolement des ouvriers par la concurrence remplace son union rÈvolutionnaire par l'association. C'est pour celý, qu'au fur et ý mesure que la grande industrie avance, la bourgeoisie sent bouger sous ses pieds le terrain sur lequel elle produit et s'approprie de ce qui a ÈtÈ produit. La bourgeoisie produit, avant tout, ses propres fossoyeurs, sa ruine et le triomphe du prolÈtariat sont Ègalement inÈvitables. De toutes les classes qui s'opposent ý la bourgeoisie il n'y qu'une seule classe consÈquemment rÈvoluctionnaire: le prolÈtariat. Le reste des classes agonisent et pÈrissent avec la grande industrie, le prolÈtariat est son produit le plus authentique".
Plus loin, dans son article Luis M. Yera parle du plan commun du prolÈtariat sur la production pour mettre fin ý l'anarchie et aux convultions pÈriodiques de la production capitaliste, mais il insiste, avec une emphase spÈciale, que Marx "a laissÈ la piste (°sic!) que tout ce qui arrive d'important en matiËre d'organisation dans les systËmes productifs uniques des grandes corporations capitalistes, ne peut Ítre Ètranger ý la science ouverte marxiste", et il ajoute "aussi ouverte que la physique ou la chimie". Dire que TOUT ce qui arrive d'important en matiËre d'organisation dans le systËme productif capitaliste ne peut pas Ítre Ètranger ý la science ouverte du marxisme est un essai grossier de canaliser la science marxiste par la voie du capitalisme, puisque la pluplart des choses qui arrivent en matiËre d'organisation dans les entreprises capitalistes ont pour objet d'obtenir la plus-value maximale, le bÈnÈfice maximum et de perpÈtuer et approfondir l'esclavitude du travail salariÈ, et la division sociale du travail manuel et intellectuel et par consÈquent des classes sociales.
S'il s'agit de parler d'efficience dans le travail, nous allons alors sortir du terrain neutre et thÈorique pour rentrer dans le terrain des classees et des faits historiques concrets. L'efficience dans la production, pour l'essentiel, peut Ítre prolÈtaire ou bien bourgeoise. Quant ý l'efficience prolÈtaire dans la production, nous en connaissons beaucoup d'exemples, entre autres deux qui sont historiques: la reconstruction totale et complËte du pays, de son economie et de tout dans la dÈcennie des annÈes 20 et dÈbut des annÈes 30, aprËs que la guerre civile et l'intervention impÈrialiste aient rasÈ le pays des Soviets. Quant ý l'efficience prolÈtaire dans la production, nous avons l'exemple du prolÈtariat rÈvolutionnaire soviÈtique quand il avait le pouvoir en mains et il a donnÈ une impulsion formidable ý la production de guerre, dans les pires conditions que l'on puisse imaginer pendant l'agression fasciste de l'Allemagne nazi contre l'URSS. Et voulez-vous une plus grande efficience prolÈtarienne dans la production et dans le travail en gÈnÈral que celui donnÈ par les travailleurs soviÈtiques en reconstruissant de haut en bas un pays brulÈ et dinamitÈ par les hordes nazis et qui fut en peu d'annÈes un exemple et un espoir pour les travailleurs de tout le monde?
Dans son article Luis M. Yera continue de dÈvelopper une ligne economiste et techocrate, typiquement capitaliste, de laquelle nous avons dÈjý connu des essais pratiques et son Èchec, comme ce fut l'application dans la Yugoslavie de Tito du systËme de coopÈratives et de compÈtition entre elles, suivant le systËme capitaliste. ¿ la fin de son court article nous trouvons des dÈlicatesses rÈvisionnistes comme celle-ci: "les collectifs producteurs rentrent dans un nouveau systËme, o˜ en n'Ètant plus salariÈs, ils vivent rÈllement de ce qu'ils produisent et vendent". Si chaque collectif doit vendre ce qu'il produit pour vivre rÈellement, celý veut dire qu'il y des marchÈs et des marchandises et par consÈquents des salariÈs qui laissent une plus-value pour ce qui ne font pas de travail productif, qui sont nombreux. Ou bien cette autre: "A mon avis il est indispensable de crÈer les conditions nÈcessaires pour la compÈtitivitÈ du systËme patronal socialiste" (on comprends entre collectifs de producteurs) Sans commentaires. Ou le bouquet final de son article: "La solution au problËme posÈ en relation avec le concept de propriÈtÈ sociale (la solution d'inventer un Marx patron d'entreprise et Èpicier) est indispensable pour la viabilitÈ mÍme du socialisme et par consÈquent pour disposer d'une rÈelle alternative au nÈolibÈralisme". L'auteur de l'article maifeste trËs clairement sa conception du socialisme, qui n'est pas une alternative au capitalisme (nous l'avons suspectÈ depuis un bon moment), mais une tentative de renter en competition avec le mal dit "modËle nÈolibÈral", en rÈalitÈ l'actuel impÈrialisme, sans mettre en cause le systËme capitaliste. Quelque chose d'absurde.
Cette ligne porte, entre autres, ý perpÈtuer un Štat qui dans la conception marxiste c'est la dictature rÈvolutionnaire du prolÈtariat, en tant que pÈriode politique de transition qui correspond ý la pÈriode de la transformation rÈvolutionnaire de la sociÈtÈ capitaliste en sociÈtÈ communiste. Au fait nous rappelons que cette idÈe de la dictature du prolÈtariat Ètait pour LÈnine, comme pour Marx, la seule question de principes de la pensÈe marxiste rÈvolutionnaire.
A la chutte de la dictature du prolÈtariat en Union SoviÈtique, suivit l'Etat "de tout le peuple" de Khruchev dont l'object, surtout dans l'esprit et l'intention de ses dirigents, Ètait de perpÈtuer sa domination sur le peuple travailleur soviÈtique. On n'avanÁait absoluement pas vers le communisme, tel que l'histoire l'a dÈmontrÈ. Cet Štat lý, en rÈalitÈ, nous pourrrions de qualifier, et nous l'avons ainsi fait dans les annÈes 70, d'Štat socialiste petit bourgeois, ou pas si petit que Áa, en voie de restauration du capitalisme, tel que celý arriva. Gorbatchov finalement a fait une autre "dÈcouverte": il a considÈrÈ que la Nouvelle Politique Economique (NEP) de LÈnine, dans les annÈes 20, n'Ètait nullement un pas en arriËre obligÈ pour pouvoir donner ý manger aux ouvriers des usines, vu le manque de ravitallement des villes, comme l'avait dit LÈnine. Celui-ci avait toujours affirmÈ qu'il s'agissait d'une concession capitaliste aux paysans pour qu'une partie de leurs produits puisse aller au marchÈ, mais que le rÈgimen soviÈtique n'en souffrirait pas, puisque le pouvoir se trouvait fortement en mains du prolÈtariat rÈvolutionnaire. Mais pour Gorbatchov, en faussant LÈnine, la NEP Ètait l'essence du socialisme... un socialisme qui, il faut bien le dire, Ètait dÈjý rentrÈ dans la voie du capitalisme. Aujourd'hui, parait-il, Gorbatcheev va Ítre nommÈ conseiller du prÈsident Putin.
En tant que communistes nous ne pouvons pas oublier Marx, ni permettre qu'on le dÈforme, et ne nous pouvons pas oublier non plus les leÁons de l'histoire.
COMUNISTES de CATALUNYA
Le 8 mars 2001
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