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From Pedro <pedro@samizdat.net>
Date Wed, 12 Jul 2000 16:30:32 +0200
Subject globe_l: Conference internationale de Durban : prise d'otage


Merck et  Bill Gates annoncent une donation de 100 millions de dollars pour
un programme d'acces aux traitements au Botswana


Les militants d'Act Up occupent, cet apres-midi, le stand du laboratoire
Merck.

Merck et  Bill Gates ont annonce une donation de 50 millions de dollars
chacun pour la mise en ¶uvre d'un programme d'acces aux traitements au
Botswana. Pour la premiere fois, un laboratoire pharmaceutique s'engagerait
directement dans la distribution d'antiretroviraux dans un pays pauvre.

Act Up saluerait cette initiative si elle ne temoignait d'une strategie
inacceptable. En effet :

1. Le geste de Merck ne sort pas de la logique caritative a laquelle
souscrivent les laboratoires pharmaceutiques depuis deux ans : on identifie
ses pauvres - ici, le Botswana - et on garde la conscience tranquille. Il
evite donc soigneusement la seule decision que les malades des pays en
developpement sont en droit d'attendre de la part des laboratoires :
l'adaptation de leurs tarifs aux capacites de paiement des pays.

2. Merck signe donc l'echec de la tentative de l'ONUSIDA d'une reflexion en
termes de prix sur l'acces aux traitements. Cette tentative prevoyait en
outre que les cinq laboratoires impliques se coordonnent pour apporter une
reponse commune et globale. Aujourd'hui, chaque laboratoire joue cavalier
seul, comme l'a deja montre il y a deux jours Boehringer-Ingelheim. Il
semble donc qu'il n'y a plus que Peter Piot dans tout Durban pour croire
encore a son initiative.

3. A l'Assemblee mondiale de la Sante, en mai dernier, le Botswana etait
l'un des pays les plus engages dans le combat pour l'acces aux medicaments
generiques. Dans ces conditions, faut-il s'etonner si ce pays a ete designe
par Merck comme le beneficiaire de sa donation ? La responsable du Programme
national de lutte contre le sida du Botswana nous confiait ce matin qu'elle
ignorait si son pays serait desormais en mesure de poursuivre sa lutte pour
les generiques. C'est ce qui s'appelle calmer des ardeurs embarrassantes, et
dessaisir un Etat de son initiative en en faisant l'otage de la charite.

4. Il importe de se demander des maintenant quels medicaments seront
employes dans la mise en ¶uvre de ce programme : des generiques, qui
permettraient pour un cošt equivalent de soigner un plus grand nombre de
malades ou de consacrer les sommes degagees a l'amelioration de la prise en
charge ? ou des produits achetes aux multinationales, comme on peut le
redouter etant donnee l'origine du don ? Dans le meme ordre d'idee, le
Botswana devra-t-il se fournir en Stocrine (Sustiva), produit par Merck ? ou
pourra-t-il lui preferer en toute liberte son generique, dont la
commercialisation est imminente ?

5. Nous l'avons verifie, l'annonce de Merck dissimule une absence de
programme - rien n'a encore ete determine ni redige. Merck est manifestement
incapable de dire quand les traitements pourront effectivement beneficier
aux malades.

Dans cette affaire, une seule chose nous rejouit sans condition : plus
personne dans la Conference ne paraÓt etre dupe des coups des laboratoires.
Ils ne temoignent en fait que de leur panique devant la montee en puissance
des produits generiques.

Durban, mercredi 12 juillet 2000

Communique de presse

Act Up Paris



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