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From Jerome Gleizes <jerome.gleizes@univ-ubs.fr>
Date Tue, 18 Jul 2000 12:45:49 +0200
Subject globe_l: [Fwd: Marche des "sans" au Japon]

De: Michel ROUSSEAU <rousseau@ras.eu.org>

Les " Sans " du Japon revendiquent leurs droits !

Appel des sans-abri pour soutenir leur marche contre le chÙmage, la
prÈcaritÈ et l'exclusion.

Pour tous ceux et toutes celles qui sont en bas de l'Èchelle ! (aux "
Sans " du monde entier qui se dressent contre la pauvretÈ)
Nous sommes les sans-abri des grandes villes du Japon ; Tokyo, Nagoya,
Osaka, qui nous battons pour notre libÈration . Nous allons marcher de
Tokyo ý Okinawa de la fin juin jusqu'ý la fin juillet. 

Objectifs de notre marche sur Okinawa
PremiËrement, nous marchons parce que nous voulons rallier les
sans-abris des diffÈrentes villes que nous traversons. La rencontre avec
les sans-abris qui se rassemblent dans notre marche renforce notre
solidaritÈ.
Aujourd'hui, il existe plus de 20 000 sans-abri au Japon. La plupart
d'entre-eux se trouve dans les grandes agglomÈrations. Mais les villes
de province ne constituent plus une exception. 
Les sans-abris sont, dans la plupart des cas, des travailleurs
journaliers employÈs dans le secteur du b’timent et des travaux publics
ou des ouvriers de l'industrie sous contrat ý durÈe dÈterminÈe. Les
emplois qu'ils occupent constituent le travail prÈcaire. Depuis
certaines annÈes, les faillites des entreprises ou leur endettement ý
cause de la crise Èconomique entraÓnent une prÈcarisation accrue des
travailleurs journaliers ; certains parmi eux se retrouvent ý la rue.
Cela peut toucher tout le monde.
C'est le gouvernement qui est responsable de la prise des mesures
destinÈes ý la crÈation d' emplois, ou celles qui sont liÈes ý la
protection sociale. Mais une fois qu'on se retrouve ý la rue, on ne peut
plus bÈnÈficier de l'assurance de minima sociaux qui, en pricipe, est
garantie pour tous par la Constitution. L'aide sociale est, en rÈalitÈ,
appliquÈe au cas par cas; certaines municipalitÈs ne l'appliquent plus
aux sans-abri, mÍme s'ils sont malades ou ’gÈs, car ils sont sans
domicile fixe. L'annÈe derniËre, le gouvernement a finalement mis en
place des mesures visant ý la protection des sans-abri, mais avec une
apparente rÈticence. 
Dans ces circonstances dÈfavorables, nous, les sans-abris allons nous
rencontrer pour discuter de notre avenir et nous entraider. Pendant la
marche, nous participerons aux actions organisÈes par les associations
de soutien dans chaque ville, le resto de coeur pour les sans-abris ou
les patrouilles de nuit. Nous allons renforcer nos liens au travers de
ces actions qui ne se limiteront pas ý de simples rencontres amicales.
Cela constitue le premier but de notre marche.
DeuxiËmement, notre marche a pour but de rÈclamer la reconnaissance
sociale de l'existence des sans-abris et de leur situation actuelle. 
Au cours des derniËres annÈes, le nombre de sans-abris Ètant en hausse
d'une maniËre brutale, les mouvements revendicatifs dÈveloppÈs en
diffÈrents endroits ont abouti ý une amÈlioration de leur situation, et
ý une prise des mesures urgentes par le gouvernement. Il n'y a pas
longtemps que la culpabilisation des sans-abri remplacÈe peu ý peu par
la reconnaissance du fait que le systËme social actuel produit une
population dÈfavorisÈe croissante Mais les municipalitÈs continuent
d'expulser les sans-abris ý cause des plaintes de riverains qui se
multiplient ; les agressions de sans-abris par des jeunes sont observÈes
quotidiennement. Cela montre bien que la discrimination et les prÈjugÈs
contre les sans-abris persistent toujours. 
	 L'existence des sans-abris est indissociable du systËme de l'emploi
prÈcaire dans lequel travailleurs journaliers, travailleurs
intÈrimaires, travailleurs saisonniers sont exploitÈs en tant que main
d'oeuvre bon marchÈ et corvÈable ý merci. Le grand capital, qui s'Ètait
enrichi gr’ce ý ce systËme, compte une nouvelle fois faire des
travailleurs des victimes, au nom de la rationalisation ou des
restructurations : cela produit un chÙmage de masse. Restructuration,
rationalisation, mondialisation sont, en d'autres termes, des moyens
pour dÈchirer les travailleurs. Le gouvernement japonais a affirmÈ qu'il
n'y aura aucune crÈation d' emplois publics pour remÈdier au chÙmage.
Pourtant, c'est le gouvernementqui est responsable de politiques qui
produisent un chÙmage de masse. Cela revient ý dire que ce sont les
travailleurs qui rÈglent les dettes du gouvernement. Les sans-abris sont
non seulement mis hors-jeu des politiques de l'emploi et de la
protection sociale, mais encore le fait qu'ils vivent dans la rue refusÈ
par la sociÈtÈ ; les sans-abris sont chassÈs et de la rue, et de la
sociÈtÈ; cela apeut avoir des consÈquences tragiques : la mort sur le
pavÈ.
	Les sans-abris sont ainsi dÈpourvus de leurs droits fondamentaux, mÍme
du droit de vivre. Ils ne cessent donc de lutter pour leur survie ; ils
se construisent de petites cabanes, en carton ou en plastique, dans les
parcs ou sur les quais. Ils se regroupent en communautÈs o˜ on partage
le travail o˜ on se procure en commun la nourriture. Ils se battent
contre le pouvoir qui non seulement n'admet pas leurs efforts pour
survivre, mais Ègalement les expulse des lieux o˜ ils Ètaient Ètablis.
Comme ce fut stipulÈ en 1997 par l'Habitat II de Nation Unis,
l'expulsion forcÈe sans possibilitÈ de relogement est interdite au
niveau international. Nous revendiquons nos droits. Nous contestons une
sociÈtÈ qui condamne certains de ses membres au chÙmage, ý la rue,
discriminÈs, exclus, agressÈs continuellement et qui meurent comme des
chiens. Nous revendiquons notre droit ý la vie, au logement, ý l'emploi,
qui sont des droits fondamentaux.
	Nous marchons sur Okinawa, o˜ se tient le Sommet de huit des pays
"dÈveloppÈs". Les pays dÈveloppÈs pratiquent les politiques
"nÈo-libÈrales" qui font s'accroÓtre les inÈgalitÈs entre riches et
pauvres. Ce Sommet n'est qu'une sinistre cÈrÈmonie organisÈe par et pour
une petite partie du globe qui se propose de s'approprier et de
redistribuer les richesse sans aucune considÈration pour les pauvres.
Les dÈcisions politiques du Sommet touchent directement les sans-abris.
C'est pour cela que nous, les sans-abris, manifestons notre contestation
ý l'occasion du Sommet.

Les conditions de la prÈcaritÈ / pauvretÈ au Japon
A la suite de la crise Èconomique des annÈes 1990, le taux de chÙmage du
Japon s'est ÈlevÈ ý 4.9% de la population active, soit 5 millions de
chÙmeurs au total. Nous assistons ý une augmentation de la population en
situation prÈcaire ; les personnes qui touchent une aide sociale
dÈpassent le million, les travailleurs journaliers, 1.5 millions, les
travailleurs en contrat prÈcaire (principalement les travailleurs ý
mi-temps), 10 millions. 
Mais les brutalitÈs rÈelles ne peuvent Ítre uniquement reprÈsentÈes par
les chiffres. Les travailleurs sont victimes d'une nÈgation de leurs
droits fondamentaux ý tous les niveaux ; des reprÈssions sont exercÈes
continuellement contre les syndicats revendicatifs ; on observe une
poussÈe du "nÈo-libÈralisme", laquelle est ignorÈe par la majoritÈ des
mÈdias qui sont rares ý la critiquer. Au Japon, la grËve est mal vue par
les consommateurs qui sont pourtant eux-mÍme des travailleurs... Le fait
que les travailleurs se battent dans le monde entier pour les droits ne
fait pas vraiment partie de leurs prÈoccupations..
Les frustrations des travailleurs rÈprimÈs sont canalisÈes vers le
nationalisme; le renforcement de l'alliance militaire entre les
Etats-Unis et le Japon, la mise en vigueur d'une lÈgislation qui dÈfinit
" Hinomaru " et " Kimigayo " comme le drapeau et l'hymne nationaux, le
durcissement du contrÙle des Ètrangers, etc... Le prÈfet actuel de Tokyo
est un nationaliste d'extrÍme droite qui n'hÈsite pas ý dÈclarer que les
Ètrangers sont ý l'origine de l'insÈcuritÈ grandissante, propos
discriminatoires qui sont largement soutenus par le grand public... Ce
prÈfet est Ègalement responsible d'une politique qui diminue la
protection sociale, qui n'Ètait pourtant dÈjý  pas suffisante. 
Dans ces conditions dÈfavorables, les personnes rÈprimÈes n'acceptent
plus une situation pourrie o˜ les frustrations sont refoulÈes vers le
nationalisme. Elles essaient d'orienter leurs revendications dans une
direction juste, c'est-ý-dire ý l'encontre du pouvoir qui les oppresse.
La lutte des " Sans " au Japon est initiÈe par les sans-abris; notre
lutte est le point de dÈpart d'une lutte contre le systËme tout entier,
en particulier cette " mondialisation " qui ne fait que creuser le fossÈ
entre les " Sans " et les riches. Nous ne pensons pas qu'une solution
aux problËmes des sans-abris au Japon se trouve dans la redistribution
de la richesse qui se traduit par l' exploitation injuste des pays du
tiers-monde. Notre existence, ý nous les pauvres, est toujours ignorÈe
sur scËne internationale des puissants, dont le Sommet des 8 est
l'expression. Nous nous manifestons pour dÈnoncer l'injustice du systËme
de redistribution inÈgale, et le monopole des richesses par les pays
riches.



Appel aux camarades du monde entier
Nous connaissons dÈjý les consÈquences de la "mondialisation" qui est
justifiÈe par l'idÈologie "nÈolibÈrale". Celle-ci s'incarne dans les
politiques de l'ALENA et de l'AMI dont l'exÈcutif est constituÈ de
l'OMC, le FMI, l'OCDE, la Banque mondiale et la Banque du dÈveloppement
des pays asiatiques.
Les capitaux, comme le cancer, pÈnËtrent dans les structures Èconomiques
et culturelles au niveau local. Les rÈsistances contre ces forces qui
dÈtruisent les bases Èconomiques et culturelles locales se cristallisent
en une sacralisation de l'identitÈ nationale et une renforcement du
pouvoir Ètatique; les gouvernements profitent de la "crise de
l'Etat-Nation " pour renforcer leur pouvoir. On peut observer des
situations identiques dans de nombreux pays.
Nous devons prendre une initiative populaire qui se batte contre la
"mondialisation" effrÈnÈe des capitaux. La "mondialisation" actuelle est
une mondialisation des capitaux qui est basÈe sur l'idÈologie
"nÈo-libÈrale". Pour y rÈsister, il faut crÈer un rÈsau solidaire
rassemblant tous les peuples. Nous, les sans-abris du Japon, et mÍme si
notre dÈmarche intervient avec un peu de retard, voulons y participer
pour manifester notre solidaritÈ avec les " Sans " du monde entier.
Etant donnÈ que la pÈnÈtration des capitaux, qui provoque le
dÈveloppement des inÈgalitÈs ainsi qu'un nivellement culturel, dÈtruit
les bases de la vie des peuples de mÍme que l'environnement partout dans
le monde, au " Nord " comme au " Sud ", il est tout naturel que le
mouvement converge vers un but commun au niveau international.
	Nous revendiquons:
?un amÈnagement du systËme social pour un "dÈveloppement durable /
tenable"
?une rÈforme qui limite la spÈculation des capitaux
Å une annulation de la dette extÈrieures des pays pauvres
?le respect des droits fondamentaux des individus en situation prÈcaire
ainsi que des minoritÈs ethniques
?la reconnaissance du droit au logement des pauvres
?l'abolition du pouvoir centralisÈ autoritaire et l'affirmation de la
dÈcentralisation
?une dÈmocratisation politique et Èconomique
?la maÓtrise de la guerre par la crÈation de l'entente entre les peuples
?un accËs pour tous ý l'information, aux savoirs et aux techniques
	Au premier rang de nos revendications, nous demandons le respect de
l'initiative populaire qui est le seul moyen / garant de notre
participation sociale. Notre lutte ne s'arrÍtera pas tant que ce mÈpris
ý notre encontre, cette exploitation de la population, utilisÈe comme
une chose jetable, par un gouvernement profiteur n'auront pas disparu.
Nous participerons ý des discussions constructives afin de rÈaliser une
sociÈtÈ juste et Ègalitaire.
	Nous nous manifestons pour montrer notre rÈsistance au pouvoir qui
essaie de nous mettre dans l'ombre. Nous faison appel au soutien de
notre mouvement des "Sans" au Japon, pays rÈpressif. Nous voulons
partager vos expÈriences et votre force, vous les " Sans " du monde
entier. Il faut avant tout que les "Sans" se manifestent. Nous dÈclarons
que nous marcherons avec les "Sans" du monde entier en allant jusqu'au
bout de notre marche sur Okinawa.
	Depuis le 19Ëme siÈcle, le Japon et les Etats-Unis ne cessent
d'exploiter la terres et les hommes ý Okinawa, et il est trËs symbolique
que le Sommet des 8 soit organisÈ en ce lieu. Nous ne devons plus jamais
permettre ý ces gouvernements exploiteurs de faire comme bon leur
semble. 
	Vous qui sympathisez avec notre cause,
Vous les "Sans" du monde entier,
	Rejoignez-nous dans notre marche / combat ! 
	Revendiquons ensemble contre la domination mondiale qui pousse les
personnes en situation prÈcaire ý la pauvretÈ et ý la rue, qui dÈtruit
leur existence et bafoue leurs droits.
	Marchons ensemble pour un meilleur avenir des "Sans" !
	En toute solidaritÈ !

Notre itinÈraire
le 24 juin, dÈpart de Shibuya---le 26, arrivÈe ý Yokohama---le 27,
Fujisawa---le 28, Chigasaki---le 29, Odawara---le 30, Shizuoka---le 3
juillet, Nagoya---le 4, Kyoto---le 5 , Takatuki---le 9, Osaka---le 10,
Amagasaki---le 12, Kobe---le 13, Hiroshima---le 14, Kokura---le 15,
Hakata---le 16, arrivÈe ý Naha (Okinawa) ---le 24, dÈpart de Naha---le
29, arrivÈe ý Shibuya

Il y aura peut-Ítre des changements dans l'itinÈraire ; pour les
dÈtails, contactez Kuroiwa (tÈlÈphone ci-dessous).

Nous appellons aux soutiens individuels et des associatifs dans nos
actions. Pour nous soutenir, contactez l'adresse ci-dessous.

Bureau d'organisation de la Marche contre le chÙmage et l'exclusion :
Les " Sans " revendiquent leurs droits! 
Nojiren(Association pour le droit ý la vie et au logement ý Shibuya)
150-0011
Tokyo Shibuya-ku Higashi 1-27-8-202
Tel& Fax: +81-3-5406-5254
Tel (Kuroiwa): 090-8493-5559 (portable)
E-mail: nojiren@ha.bekkoame.ne.jp
soit inabana@mito.ipc.ibaraki.ac.jp (en franÁais)




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