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From wash <wash@ecn.org>
Date Tue, 25 Jul 2000 15:37:56 +0200
Subject globe_l: [Fwd: Serbie: Etat d'urgence ou Èlections? ( Monitor), 26-05-2000]

Article un peu tardif, mais donne une trËs bonne vision de l'ambiance en
Serbie...
Wash

-------- Original Message --------
Objet: Serbie: Etat d'urgence ou Èlections? ( Monitor), 26-05-2000
 Date: Wed, 14 Jun 2000 17:38:56 +0200
   De: Le Courrier des Balkans <cdb@bok.net>
    A: balkans@cru.fr

Monitor
26 mai 2000
(traduit par Persa Aligrudic)

Probablement personne, ý líexception de Slobodan Milosevic, ne savait
que líopposition serbe Ètait si dÈsarmÈe et dÈpourvue díidÈe. Bien
entendu, le prÈsident yougoslave níaurait pour rien au monde laissÈ
passer une telle occasion: donner une grande gifle ý líopposition et, de
surcroÓt, une taloche pour quíelle ne se rebiffe pas.

SERBIE: ŠTAT DíURGENCE OU ŠLECTIONS?

Par Sonja Drobac

(Ö)

A la suite des arrestations survenues lors des manifestations contre la
fermeture de Studio B, Blic et Radio Index, un militant proche du
pouvoir serbe commentait: ìCe níest pas trËs grave, cíest seulement pour
quíon sache qui est maÓtre ý bord.î Aujourdíhui, les avis sont partagÈs
sur ce que Milosevic prÈpare: soit líÈtat díurgence en Serbie, soit des
Èlections.

Selon les derniËres rumeurs Èmanant du camp socialiste, il faudrait
síattendre ý la deuxiËme variante, cíest-ý-dire ý la tenue díÈlections
locales et fÈdÈrales qui - tout porte ý le croire - se tiendraient en
octobre. Et les choses Ètant ce quíelles sont actuellement, líopposition
en Serbie et Djukanovic au MontÈnÈgro níiront pas voter, dÈnonÁant les
conditions irrÈguliËres.

Díailleurs, cette dÈmission de líopposition ne contrecarrera aucunement
les plans de líÈlite politique serbe: radicaux et socialistes imaginent
dÈjý faire seuls la course pour les places dans les assemblÈes des
villes serbes. Ils se partageront donc ces villes, quíils vont
ìsoufflerî ý líopposition.

Au niveau fÈdÈral, les socialistes du Parti populaire (SNP) de Momir et
Predrag Bulatovic obtiendront des siËges au parlement. Certains
fauteuils iront aussi, galamment, ý la Gauche yougoslave unie (JUL).
Quant aux Èlections dans les RÈpubliques, Milosevic níy pense pas, car
elles sont programmÈes pour líannÈe prochaine.

Dans le lot des rÈjouissances ý venir, on attend aussi les prÈdictions
de Seselj. Notamment, líespoir des radicaux que tous les mÈdias citÈs
dans la liste de ìVelika Srbijaî - NIN, ANEM, Glas, Blic, Danas -
cessent díexister. Seselj avait Ègalement prÈcisÈ que, ìsíils
ní[avaient] pas le choix, contre [leurs] propres souhaitsî, ils
Èlimineraient certains partis politiques ìpour sauvegarder líordre
constitutionnel et le systËme politiqueî. Ajoutons ý ce tableau la loi
annoncÈe sur le terrorisme.

Personne nía encore vu la proposition de loi, mais il níest pas
difficile de prÈvoir, par exemple, líune de ses clauses selon laquelle
toute personne soupÁonnÈe de terrorisme serait gardÈe en dÈtention pour
un temps indÈfini, au lieu des soixante-douze heures maximum actuelles,
avant que soit lancÈ líacte díaccusation.

On imagine díavance un reprÈsentant du rÈgime expliquer quíil ne
comprend pas la raison des protestations puisque la loi en vigueur est
tout simplement copiÈe sur la lÈgislature de Grande-Bretagne - mais,
lÈgËre diffÈrence, les Anglais sont confrontÈs ý líIRA, alors que
Milosevic se trouve devant des ados qui dessinent des poings sur les
murs...

La stratÈgie de Milosevic se devine donc. Mais il faut plus de
clairvoyance pour comprendre les pensÈes de líopposition. Le soir
suivant la fermeture de Studio B, 30 000 personnes Ètaient dans la rue.
Comme líÈquipe de football ìCrvena Zvezdaî fÍtait son championnat, on
comptait aussi sur ses supporters, mÍme si, ce jour-lý, ils avaient
averti le maire de Belgrade au stade Maracana: ìpourquoi venir? Nous
savons que vous allez nous roulerÖNous viendrons lorsque le rÈgime sera
dÈfinitivement renversÈ.î

Certains sont quand mÍme venus. Síensuivit immÈdiatement une lutte avec
les forces de police. Le deuxiËme jour, la police matraquait 10 000
personnesÖ Des gaz lacrymogËnes ont ÈtÈ lancÈs, ainsi que des balles en
caoutchouc. On faisait la chasse ý líhomme dans les rues de Belgrade, et
aprËs une poursuite effrÈnÈe contre les manifestants, le ìsafariî prit
fin lorsque les policiers obtinrent leur butin.

Et pendant ce temps, les leaders de líopposition Ètaient rÈunis ý
líAssemblÈe municipale, loin des matraques. Cette image fait mal au
cúurÖ Ils ont par la suite expliquÈ leur absence en disant quíils ne
síÈtaient pas organisÈs pour venir, mais aussi quíils voulaient venir en
aide ý ceux qui, fuyant la police, Ètaient parvenus ý se rÈfugier dans
le b’timent de líassemblÈe belgradoise.

Le troisiËme jour, Vuk Draskovic est arrivÈ ý Belgrade aprËs un sÈjour
de quelques jours ý Milocer (sur le littoral montÈnÈgrin - il ne lía pas
prÈcisÈ) pour des raisons de santÈ (il lía prÈcisÈ).

Devant 5 000 personnes environ il a annoncÈ quíil se rendrait ý Moscou
le 26 ou le 29 mai avec Zoran Djindjic et Vojislav Kostunica pour une
entrevue avec le prÈsident russe Vladimir Poutine. Draskovic a Ègalement
dit avoir parlÈ avec des diplomates grecs pendant son absence de
Belgrade. Cependant, AthËnes et Moscou ont dÈmenti tout entretien avec
Draskovic. Au mÍme moment, Monitor apprenait la visite díAlexis Rondos,
conseiller de Jorgos Papandreos, chef de la diplomatie grecque, le 20
mai ý Belgrade. Et líambassadeur grec ý Belgrade, Vlasopoulos, est
appelÈ ý AthËnes pour consultation.

Finalement, líentretien tÈlÈphonique entre Draskovic et Papandreos fut
confirmÈ. Quant aux Russes, cíest Igor Ivanov, ministre des Affaires
ÈtrangËres, qui a invitÈ líopposition serbe ý Moscou.

Monitor apprend quíil est possible que la dÈlÈgation de Belgrade soit
vÈritablement reÁue par Vladimir Poutine. PriÈ de commenter la position
du Kremlin sur les ÈvÈnements en Serbie, un diplomate russe, qui a
insistÈ pour garder líanonymat, a expliquÈ quíil y avait deux courants
dans la politique officielle russe. Líun est personnifiÈ par Igor
Sergejev, ministre de la DÈfense (pro-Milosevic) et líautre menÈ par
Vladimir Poutine lui-mÍme (quíon dÈfinit comme rÈservÈ).

La source de Monitor explique que le prÈsident russe doit rencontrer
Clinton en juin, puis assister ý une rÈunion du G8, et quíen raison du
conflit en TchÈtchÈnie, une autre rencontre pour soutenir Milosevic ne
lui conviendrait nullement. Cette source ajoute: ìil níy aura pas de
changements drastiques dans la politique du Kremlin. StratÈgiquement, la
Serbie est une zone díintÈrÍt russe et le pays est reprÈsentÈ par son
pouvoir. Je pense que Poutine va se proposer comme intermÈdiaire dans
les discussions entre le  pouvoir et líopposition en Serbie.î

Et pendant que les protestations vont bon train ý Belgrade et dans
díautres villes de Serbie; pendant que, par manque díhabiletÈ, les
leaders de líopposition deviennent des ìchefs sans armÈeî, le gouvernail
est repris par le mouvement populaire ìOtporî (RÈsistance).

Ses membres vont essayer, sous la pression du rÈgime, díenregistrer leur
mouvement comme une association de citoyens mais avant tout díexercer
une pression sur líopposition pour quíelle se consolide. Et ce, en se
servant de ìleur propre exempleî.

Vendredi (26 mai, NDLR) un grand meeting de protestation est prÈvu par
Otpor devant la FacultÈ de philosophie ý Belgrade. Le patriarche
orthodoxe y est conviÈ, mais aussi les mËres des Ètudiants, qui se
tiendront devant les cordons de police.

ìTous ont les yeux fixÈs sur nous et nous proposons comme solution la
dÈsobÈissance civile. Nous seront la troisiËme partie, celle qui se
logera entre le gouvernement et líopposition. Nous allons proposer que
dix-sept leaders de líopposition entament une grËve de la faim devant
líassemblÈe municipaleî, a dÈclarÈ Branko Ilic du mouvement Otpor. ìIl
faut que nous mettions líopposition devant le fait accompli pour quíelle
se dÈcide enfin ý faire quelque choseî, ajoute Nemanja Nikolic.

Líopposition semble vraiment dÈcidÈe ý bouger. Elle a annoncÈ un meeting
pour le samedi 27 mai sous le titre ìPour Belgradeî. Seront invitÈs les
habitants de toutes les villes de Serbie. Les leaders ont promis que
cette fois-ci, ce serait diffÈrent, et quíil níy aurait pas dix-sept
orateurs pour parler de ce que tout le monde sait dÈjý.

Les Belgradois qui ont gardÈ un peu díhumour - tout en cherchant ý
savoir síils vont mourir rapidement dans une guerre civile ou trÈpasser
lentement sous la dictature - trouvent le titre du meeting ìPour
Belgradeî trËs appropriÈ, car il leur rappelle la chanson du mÍme titre
que le beau Tsigane Mitcha chante dans la scËne finale du film Ko to
tamo pjeva (ìQui chante lý-basî): ìJe voudrais, mËre chÈrie, que tout
cela ne soit quíun rÍveîÖ

(mis en forme par Emmanuelle RiviËre)
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-(Le Courrier des Balkans n'est pas responsable des opinions formulÈes
par les auteurs des textes traduits)http://bok.net/balkans/cdb@bok.net





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