[<--] Indice [-->]

From FranÁois <fb@samizdat.net>
Date Tue, 30 Jan 2001 05:10:03 +0100
Subject globe_l: Fwd: [ATTAC] INFO 206 - FIN DES LIBERTES



----------  Message transmis  ----------
Subject: [ATTAC] INFO 206 - FIN DES LIBERTES
Date: Mon, 29 Jan 2001 22:48:09 +0100
From: "Le Grain de Sable" <journal@attac.org>
To: "ATTAC DIFFUSION" <grain.de.sable@attac.org>


COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (nƒ206)
Mardi 30/01/01

Merci de faire circuler et de diffuser largement.
Le Courriel est reÁu aujourd'hui par 26 413 abonnÈs
______________________________

Ce courriel d'information a ÈtÈ mis au point par l'Èquipe de
bÈnÈvoles du Grain de sable. <journal@attac.org> <http://attac.org>

Pour vous abonner ou vous dÈsabonner <http://attac.org/listfr.htm>

Imprimer le Courriel d'information:
Format RTF http://attac.org/attacinfo/attacinfo206.zip
Format PDF http://attac.org/attacinfo/attacinfo206.pdf
____________________________________________________________

Dans ce numÈro. En bref...

1- Davos - Etat militaire.
Les manifestations qui se sont dÈroulÈs le 27 janvier ont montrÈ
comment on peut bafouer les libertÈs fondamentales des personnes.

2- Davos - Pas de dialogue avec les gueux.
Il y a des passages vÈritablement fantastiques dans cette confÈrence
vidÈo par satellite entre le Forum Social Mondial et des personnes ý
Davos. Mais nous n'en dÈvoilerons rien pour ne pas g’cher les
retransmissions que vous pourrez bientÙt voir. En tous les cas voici
un compte rendu qui vous mettra en bouche.

3- TÈmoignage de Porto Alegre.
Nous recevons chaque jour des informations du Forum social mondial qu'
il est difficile de mettre en forme. La profusion des dÈbats, des
idÈes et des Èchanges ainsi que l'implication de chacune et de chacun
dans ce qui se dÈroule, empÍche pour le moment d'avoir le recul
nÈcessaire. Voici nÈanmoins un tÈmoignage ý propos d'une rÈunion parmi
les centaines qui se dÈroulent chaque jour.

4- Vous avez rendez-vous avec ATTAC



______________________________

1- Davos - Etat militaire
____________________________________________________________

Samedi 27 janvier environ 1500 manifestants contre le World Economic
Forum n'ont pas eu la possibilitÈ de manifester. ArrÍtÈs, encerclÈs,
contenus violemment par l'armÈe et la police, leurs libertÈs de
dÈplacement, d'expression et de libre association leur ont ÈtÈ
dÈniÈes.

"Messieurs, est-il constitutionnel d'utiliser du purin contre les
manifestants?" La veille des manifestations le chef de la police des
Grisons posait la question lors d'une Èmission tÈlÈvisÈe qui
rÈunissait outre lui des experts et des paysans. Les paysans
interrogÈs lui ont rÈpondu que le purin en hiver est solide et que
d'autre part pour eux il Ètait un moyen de fertilisation. L'un d'entre
eux a ajoutÈ qu'il ne voyait pas bien le rapport entre le purin et la
mondialisation Èconomique.

La rÈgion de Davos Ètait militarisÈe depuis quelques jours. Des
centaines de kilomËtres de fils de fer barbelÈs longeaient les routes,
aux endroits stratÈgiques: ceux par lesquels les manifestants auraient
pu s'Èchapper lors des contrÙles, autour des voies ferrÈes. La
protection du WEF a entraÓnÈ un dispositif si imposant que les
habitants eux-mÍmes ont fini par s'en Èmouvoir. Les rues de Davos
quant ý elle Ètaient toutes fermÈes par des grilles de fer gardÈes. Il
y en a environ tous les 500 mËtres. La derniËre au centre de la ville,
quelques centaines de mËtres avant le palais des congrËs, est
impressionnante. Les militaires y sont particuliËrement vigilants.
Elie Wiesel, sorti du camp retranchÈ pour aller discuter avec un ami
s'est retrouvÈ bloquÈ plus de 30 minutes avec sa femme car il n'avait
pas sur lui le badge. La petite troupe qui gardait le passage barbelÈ
et grillagÈ, uniformes noirs, cagoules noires, n'a rien voulu
entendre. La presse n'est pas mieux traitÈe.

La veille ý Zurich lors de la confÈrence internationale qui a rÈuni
800 participants, un trËs grand succËs, pour une aprËs-midi et une
soirÈe extrÍmement studieuses autour de thËmes variÈs, un photographe
de l'agence Gamma m'explique comment un barrage l'a arrÍtÈ, fouillÈ et
refoulÈ. Son crime? Avoir son matÈriel avec lui qui comprenait comme
pour toute manifestation de grosses lunettes afin de protÈger ses yeux
des gaz lacrymogËnes. ConfisquÈes! AccrÈditation, coups de tÈlÈphone
d'un attachÈ de l'ambassade suisse de Paris, rien n'y a fait. Les
militaires et la police ont le pouvoir. Les reprÈsentants de l'Ètat
suisse ne peuvent plus rien.

TÙt le matin, samedi, sept bus affrÈtÈs par ATTAC Suisse partent de
Zurich direction Davos. L'ambiance est tendue. Les informations reÁues
depuis la veille ne prÍtent pas ý l'optimisme, bus et voitures
refoulÈs ý la frontiËre, autoroute complËtement fermÈ, celui du Sud
qui vient de l'Italie. D'autres groupes choisissent de prendre le
train. Depuis la veille, des voitures privÈes et le train ont permis ý
quelques manifestants d'atteindre Davos, fouilles complËtes au
programme et dÈguisement du touriste parti pour un week-end ý la
montagne obligatoire.

AprËs deux heures de route, premier barrage ý 50 kilomËtres de Davos,
au tout dÈbut de la vallÈe juste ý la sortie de l'autoroute o˜ de loin
en loin voitures et camionnettes de police surveillaient Ètroitement
tous les dÈplacements suspects. Une auto-mitrailleuse blindÈe barre la
route, des rangs d'hommes en uniformes noirs et cagoulÈs entourent
chaque bus. Quelques dÈlÈguÈs sortent pour aller nÈgocier avec les
autoritÈs aprËs s'Ítre rendus compte qu'il nous serait impossible de
continuer notre chemin.

"J'ai reÁu l'ordre de tenir la position" dÈclare le responsable
utilisant un langage plus militaire que policier. Nous n'irons pas
plus loin. Il nous est interdit de poursuivre notre chemin alors que
tout le monde est en rËgle et que personne ne possËde avec lui un
objet pouvant s'apparenter ý une arme, mÍme pas un couteau suisse...
Nous dÈcidons alors nous aussi de tenir la position et tout le monde
descend des bus calmement, se masse sur la chaussÈe. Le ton devient
menaÁant. Le gradÈ utilise le chantage et dit qu'il peut attaquer la
compagnie de bus pour lui retirer sa licence de transporteur, il peut
aussi attaquer les chauffeurs pour retirer leur permis de conduire.

Nous renvoyons les bus pour les protÈger, qui font pÈniblement
demi-tour sur la route Ètroite engorgÈe par un embouteillage monstre
causÈ par le barrage militaire. Un rang de policiers se met en travers
de la voie, l'auto blindÈe se met en position. L'homme dont on
aperÁoit la tÍte sortir de la tourelle pointe la mitrailleuse qui se
trouve ý son sommet. Quelques hÈlicoptËres passent. L'un d'eux descend
vers nous et nous survole lentement pour nous filmer. Le ton du gradÈ
se fait plus menaÁant et nous demande de faire vite...

Les quelques 300, 400 que nous sommes, en plein dÈsarroi, tentons une
nouvelle fois de nÈgocier; peine perdue. Il nous est interdit de nous
rÈunir, il nous est interdit de poursuivre notre chemin, il nous est
interdit d'exprimer notre opinion de maniËre publique. Nous nous
replions donc lentement vers les bus qui nous attendaient quelques
centaines de mËtres plus loin sur le parking d'une station essence.

Au mÍme moment dans une petite ville ý quelques kilomËtres de lý,
Lanqvart, le train qui relie Zurich ý Davos est bloquÈ. La ville est
encerclÈe par la police et il nous est impossible d'y pÈnÈtrer. Les
quelques 400 manifestants qui se trouvaient dans le train rÈussissent
de sortir. Ils tentent alors de manifester, tentent de bloquer
l'autoroute non loin, se font encercler par un dispositif policier qui
comprend outre les hommes en noir cagoulÈs et armÈs, une auto-blindÈe
et un engin ÈquipÈ d'un canon ý eau. Plus tard on tirera sur eux avec
des munitions spÈciales et on les dispersera ý coups de canon ý eau.

On apprend alors que la manifestation ý Davos vient de dÈbuter,
ponctuelle, ý l'heure annoncÈe: 13H30. 300 manifestants ont rÈussi ý
se regrouper en se jouant du dispositif sÈcuritaire qui a coštÈ aux
contribuables helvËtes une dizaine de millions de francs suisses.
Isabelle nous tient au courant par tÈlÈphone cellulaire. La
manifestation est calme, presque festive. Face ý eux les troupes se
massent. La neige tombe drue. Il fait un froid pinÁant et glaÁant.
D'un coup on joue du canon ý eau et on commence d'avancer pour
refouler les manifestants vers la gare. On les force de prendre le
train pour Zurich.

Oliver, un copain d'ATTAC Allemagne, et moi dÈcidons de tenter notre
chance alors que nos bus doivent rentrer sur Zurich. Nous nous
Èclipsons discrËtement et attendons que tout ceci se calme autour de
nous. Puis nous choisissons un endroit qui nous semble adÈquat, assez
loin du barrage policier pour faire du stop en espÈrant que la
circulation reprendra aprËs qu'officiellement nous ayons ÈtÈ refoulÈs.
Nous atteindrons Davos vers 17h00 non sans se faire arrÍter quelques
fois par des barrages filtrants. Un couple de davossien nous a pris
dans leur voiture parce qu'ils en avaient vraiment assez de cette
folie policiËre et du quasi-Ètat de guerre de la rÈgion depuis le
dÈbut de la rÈunion des puissants. Nous sommes ý Davos et pouvons
rencontrer les quelques personnes avec qui nous Ètions venus parler.
Plus tard dans la nuit, ý Zurich quelques actes de violence de la part
de certains des manifestants qui avait ÈtÈ refoulÈs toute la journÈe,
dommage... 121 arrestations faites par la police qui n'a pas manquÈ l'
occasion d'arrÍter les ´ meneurs ª, malheureusement pas M Smadja.
Davos a montrÈ toute la journÈe sa faiblesse, combien tout simplement
ces puissants Ètaient ridicules et en panne.

Alors que le WEF cette annÈe s'est donnÈe comme thËme "Bridging the
divide" (rÈduire la fracture) on peut s'Ètonner de voir ý  quel point
le discours, dont on dit de l'intÈrieur qu'il joue sur le pathos et le
misÈrabilisme forcenÈ: "ces pauvres pauvres", et la rÈalitÈ sont
ÈloignÈs. Le "Forum" est devenu une forteresse mÈdiÈvale sourde et
dangereuse, menaÁante et violente. Il a su, alors qu'il s'agit d'une
entreprise privÈe qui se nomme "World Economic Forum" et organise une
rÈunion privÈe, utiliser les ressources de l'Ètat et de la rÈgion en
profitant de l'armÈe et de la police. Face aux petits commerÁants de
la ville de Davos qui se plaignaient du manque ý gagner durant la
tenue de l'ÈvÈnement et de la mauvaise image de la rÈgion dÈfigurÈe
par l'Ètat de guerre dans laquelle elle se trouve, le WEF leur a
rÈtorquÈ que ce n'Ètait pas leur problËme.

Le WEF a crÈÈ un "Ètat d'exception" o˜ les droits les plus
ÈlÈmentaires n'ont plus ÈtÈ garantis aux citoyennes et citoyens venus
pacifiquement exprimer une opinion qui n'a pas l'heur de plaire ý M
Smadja. L'Ètat suisse a fait une fois de plus la dÈmonstration qu'il
vaut mieux traiter avec corrupteurs et bandits (certaines des
transnationales reprÈsentÈes au WEF sont directement impliquÈes dans
des affaires de corruption et d'Èvasions fiscales) et les dictateurs
mÍme sanguinaires qu'avec des personnes responsables, pacifiques et
souhaitant dÈfendre et utiliser leurs droits normalement garantis par
la constitution et les lois du pays. Samedi 27 janvier entre 08h00 et
20h00 la loi n'existait plus en Suisse du fait de la police, de
l'armÈe et des transnationales rÈunies.

Laurent JÈsover. RÈdacteur journal@attac.org

En France l'ambassade de Suisse peut Ítre contactÈe :
TÈl. + 33(0)1 49 55 67 00
Fax +33(0)1 45 51 34 77
Email : vertretung@par.rep.admin.ch

Des photos sont aussi en ligne (lien dËs la premiËre page)
http://attac.org/


______________________________

2- Davos - Pas de dialogue avec les gueux
____________________________________________________________

Un duplex par satellite a crÈÈ les conditions physiques d'un Èchange
verbal entre les dÈlÈguÈs du Forum Social Mondial et quelques
personnes prÈsentes ý Davos. Quatre personnes du cÙtÈ suisse, qui ý
elles seules ont plus de pouvoir que l'ensemble des participants du
Forum Social Mondial, plus encore sans doute, et une dizaine de
reprÈsentantes et reprÈsentants ý Porto Alegre se sont faits face
durant une heure trente.

Faisons dialoguer chaque partie du "divide" maintenant que le
triomphalisme de l'annÈe passÈe au WEF, chute du NASDAQ, fin de la
"nouvelle Èconomie", n'est plus de mise dans le Forum et que mÍme lý
il faut bien que la rÈalitÈ entre et chasse le trop d'idÈologie
aveugle. C'est avec l'idÈe que les mÈdias peuvent servir aussi ý
mettre en relation qu'Article Z a organisÈ un duplex entre Porto
Alegre et Davos.

Du cÙtÈ du Forum Social Mondial la rÈponse a ÈtÈ claire: dialoguons!
Il a donc permis ý ce que l'Èmission puisse avoir lieu et l'a aidÈe ý
se rÈaliser en lui donnant quelques moyens de le faire depuis Porto
Alegre. Pour le WEF: non.

Pourtant le jour mÍme, dimanche 28 janvier, recontactÈ par l'Èquipe de
production il a dš se rÈunir de nouveau afin de rÈÈvaluer sa position,
probablement car la mauvaise presse de la veille et l'attention mÍme
du Financial Times entre autre au Forum Social Mondial, pouvaient
donner matiËre ý discussion. Toujours non. L'argument avancÈ est que
le WEF ne veut pas discuter, s'il s'agit de le critiquer, en dehors du
WEF. On s'Ètonnera sans doute de l'argument et de l'attitude des
autoritÈs tÈlÈguidÈe par le WEF, la veille. Il y avait lý ý portÈe de
main et de voix assez d'opposants pour que le WEF daigne discuter et
favoriser l'expression de la contradiction et de la critique. Sans
doute comme on ne peut pas donner du canon et de l'armÈe ý Porto
Alegre, mieux vaut Èviter ces "petites gens lý" surtout quand elles ne
se limitent pas ý la contradiction mais qu'elles construisent et se
mettent d'accord sur des propositions d'alternatives.

Gr’ce ý une Èglise protestante le duplex a tout de mÍme pu Ítre
organisÈ dans un endroit un peu ý l'Ècart du centre de la ville de
Davos. L'Èquipe de production qui travaillait depuis des semaines ý
prendre des contacts a rÈussi ý obtenir de quelques participants du
WEF leur accord ý titre personnel. Les refus en sÈrie sont aussi
dÈmonstratifs.

Le FMI et la Banque mondiale tout d'abord, l'OMC ensuite. Pascal Lamy
a dÈclinÈ l'offre sous le prÈtexte d'un conflit de date. Du cÙtÈ des
multinationales Bill Gates, Jean Marie Messier, bien d'autres ont
refusÈ de participer. Jeffrey Sachs qui avait acceptÈ de prendre part
ý cette Èmission d'une durÈe de une heure trente, est arrivÈ au dÈbut
du duplex ý 19H30 et est reparti ý 19H45 car il avait rendez-vous ý
20H00. La liaison satellite ayant eu du retard... personne en dehors
des quelques personnes (beaucoup de journalistes) prÈsents ý Davos
n'ont pu entendre son dialogue avec les dÈlÈguÈs du FSM qui n'aurait
durÈ que quelques minutes: juste assez selon lui sans doute pour
comprendre et Ècouter, discuter et Èchanger...

Sans dÈvoiler le contenu de l'Èmission dont vous pourrez voir les
retransmissions, sur Arte Vendredi soir en particulier, sur le site
internet www.madmundo.tv cette semaine, et ailleurs, je rÈsumerai
l'attitude des uns et des autres prÈsents ý Davos. Pour George Soros
qui se dÈfinit comme spÈculateur, ce qu'il est, les consÈquences
nÈgatives sont bien rÈelles mais il n'a pas l'air de se sentir
concernÈ, le vÈritable responsable c'est en fait la spÈculation, pas
le spÈculateur. Pour Nj–rd Edlund (porte-parole de ABB multinationale
prÈsente dans 100 pays et employant plus de 150 000 personnes) il faut
crÈer les conditions Èconomiques, sociales et environnementales
favorables ý tous mais il ne sait pas comment... il en sent le besoin
et l'envie sans donner d'autres ÈlÈments que son humanitÈ sans doute
rÈelle et son souci de dÈveloppement sans doute sincËre. Pour John
Ruggie (secrÈtariat gÈnÈral de l'ONU) il faut Ètablir un dialogue
critique avec les multinationales qui prendrait avant tout la forme de
la diplomatie feutrÈe et de la politesse anglo-saxonne (il juge contre
productif la colËre de cette femme argentine qui accuse nommÈment les
´ gens de Davos ª et le systËme de la dette des enfants qui meurent
par dizaine de milliers dans le monde chaque jour). Pour Marc
Molloch-Brown n'existe pas de salut en dehors de l'Èconomie libÈrale
et de son avatar la mondialisation, parce comme elle est ouverte elle
crÈe de la croissance et que la croissance rÈsorbe la pauvretÈ. L'UNDP
publie des chiffres nous dit-il, ils montrent le besoin de croissance
selon lui ; pas un mot comme redistribution dans sa bouche.

Ils Ètaient tous venus sans note, sans papier, sans donnÈe, sans
proposition, ils Ètaient tous venus pour Ècouter les dolÈances de ce
peuple dont on leur a dit sans doute qu'il existait, par curiositÈ
´ ce qu'ils sont violents ª aura ÈtÈ leur conclusion une fois le lien
satellite terminÈ. Pas un ne se posera une question o˜ ne proposera d'
aller plus loin.), sans cravate pour M Ruggie car il faut savoir
rester simple (mais avec de superbes boutons de manchette invisibles ý
la camÈra), sans autre langue de dialogue que l'anglais, sans idÈe
mais avec une infinie bontÈ et une once de paternalisme.

On demande ý M Soros quel est le volume des Èchanges sur les marchÈs
financiers et quel est le nombre d'enfants qui meurent chaque jour. Il
ne sait pas... "sšrement plusieurs milliards pour ce qui concerne les
marchÈs, et plusieurs millions pour les enfants". M Stedile (MST) ý
Porto Alegre propose de redonner la terre ý ceux qui la travaillent,
de permettre l'accËs de la production locale aux marchÈs locaux
bloquÈs par les transnationales. M Ruggie donne un exemple qui doit
Èdifier le brave paysan en lui disant qu'il se trouve ý Davos, petit
village d'un pays, la Suisse, qui il y a encore cent ans Ètait avant
tout rural. Son Èconomie aujourd'hui est florissante. En ne rÈsistant
pas aux forces du marchÈ veut-il sans doute expliquer, il a su faire
la transition avec succËs. La Suisse a su tirer partie de la
mondialisation, pourquoi pas les paysans du BrÈsil sous-entend-il. Il
est vrai que le BrÈsil n'est pas encore un paradis fiscal qui protËge
tous les trafics et permet tous les crimes financiers, oublie M
Ruggie. Bernard Cassen demande alors aux quatre prÈsents de faire une
pÈtition de demandant la mise en place de la Taxe Tobin, l'
interdiction des paradis fiscaux, l'annulation totale et sans
condition de la dette des pays du Tiers-monde et de la faire signer ý
l'intÈrieur du WEF. Peine perdue, rÈpond Georges Soros, personne elle
ne rÈcoltera aucune signature.

L'anecdote que vous ne verrez pas puisqu'elle se dÈroulait dans la
salle a ÈtÈ le regard de dÈsarroi, bref, et de panique de MM Ruggie et
Molloch-Brown lorsqu'on a proposÈ concrËtement que l'ONU s'engage
officiellement a demandÈ l'annulation totale de la dette du Tiers
Monde sans condition ainsi que la rÈvocation du Global Compact.
L'assistant se lËve, plonge entre les deux et Èchange quelques
phrases. On a l'air satisfait. L'UNDP rÈpond que l'ONU n'est pas
engagÈe lý-dedans mais que ce sont les pays, que ceux-ci proposent un
allËgement ý certains s'ils se conforment ý quelques rËgles: pour lui
le bon fonctionnement de l'Èducation et de la santÈ.

Comme l'avait dÈclarÈ Walden Bello au dÈbut nous vivons dans deux
rÈalitÈs diffÈrentes qui n'ont rien d'autre en commun que ce lien
satellite aujourd'hui. Il prÈcise que pour rÈsoudre les problËmes de
la planËte il suffirait sans doute de mettre dans une fusÈe toutes les
personnes prÈsentes ý Davos et de les envoyer dans l'espace.

Laurent JÈsover, public attentif ý Davos lors du duplex. RÈdacteur
journal@attac.org
Des photos sont en ligne sur le site Internet


______________________________

3 - Un tÈmoignage de Porto Alegre
____________________________________________________________

26 janvier 2001, une journÈe bien pleine.

Cette fois, nous sommes dedans jusqu'aux neurones, confÈrences ce
matin ý 8h30, ateliers l'aprËs midi ý 14h et rÈunion d'organisation ý
20h.

Le matin, nous avons le choix entre 4 confÈrences, l'aprËs midi, entre
une centaine d'ateliers. Ce matin, j'ai choisi une confÈrence sur la
SociÈtÈ Civile prÈsidÈe par FranÁois HOUTART (Belgique)

Je vous livre ici les idÈes qui m'ont le plus touchÈe, les
intervenants Ètaient vraiment excellents. (quelle chance d'Ítre lý !)

-  FranÁois HOUTART : attention quand on parle de la SociÈtÈ Civile de
ne pas faire d'angÈlisme ; la SociÈtÈ Civile disons bourgeoise, mÍme
lorsqu'elle dÈnonce les abus du nÈolibÈralisme, mÈnage le systËme et
agit parfois pour amoindrir les Etats.

La SociÈtÈ Civile populaire (je rÈsume et simplifie, forcÈment)
cherche des alternatives, conquiert de nouveaux espaces publics.

Enfin, les ONG d'assistance (entre guillemets) sont importantes car
l'Ítre humain doit manger, se loger, Èduquer ses enfants... s'il est
restreint ý sa dimension biologique, il ne peut pas atteindre sa
dimension biographique, construire Sa vie.

-  Un FrËre, le FrËre BETTO, brÈsilien, nous a parlÈ avec justesse de
spiritualitÈ. Je porte trois gÈnÈrations d'anticlÈricalisme et
pourtant il m'a convaincue de l'insuffisance du respect et de la prise
en compte de la spiritualitÈ du peuple par les mouvements de gauche
(ce phÈnomËne parait international) Apres une critique acerbe et fine
du nÈolibÈralisme, il nous a demandÈ de comprendre la
 dÈ-historisation ª actuelle : la culture nÈolibÈrale est ICI ET
MAINTENANT, brouille le passÈ, le prÈsent et l'avenir. Nous devons
nous rÈapproprier le concept de temps pour Ètablir des projets. Enfin,
il a insistÈ sur la nÈcessitÈ de mieux lier les projets sociaux avec
la subjectivitÈ de nos sphËres privÈes.

-  Mary CASTRO, sociologue brÈsilienne nous a parlÈ des migrations,
avec un regret : seuls deux ateliers sur les 400 prÈvus en quatre
jours traiteront de l'immigration. C'est pourtant un sujet essentiel
touchant aux droits de l'Homme ; il faut bien constater la frÈquente
faiblesse des mouvements de gauche sur ce sujet (en partie parce
qu'ils s'effraient des mouvements xÈnophobes) Les migrations
s'intensifient de faÁon spectaculaire ; par exemple, de 1980 ý 1991,
le nombre de mexicains vivant aux USA est passÈ de 2 ý 10 millions. Le
migrant, l'Ètranger, subit une discrimination, il est vulnÈrable, il
est surveillÈ, il subit l'arbitraire ; nous devons l'aider ý faire
respecter ses droits humains. Mary CASTRO nous propose en particulier
de protester contre la nouvelle loi sur l'immigration en Espagne et
d'agir pour que la convention sur les droits des migrants, signÈe par
seulement 20 pays ý l'ONU, soit dÈfendue.

-  Enfin, pendant les Èchanges de questions/rÈponses, FranÁois HOUTART
a posÈ avec conviction l'impossibilitÈ aujourd'hui d'un dialogue
DAVOS/PORTO ALEGRE pour transformer la sociÈtÈ car le rapport de
forces est trop inÈgal. Construisons un autre rapport de force avant
d'accepter un dialogue qui autrement, n'est qu'illusion.

Muriel Joly


______________________________

4- Vous avez rendez-vous avec ATTAC
____________________________________________________________

D'ici au prochain numÈro du Courriel d'information voici quelques
rendez-vous d'ATTAC et de ses groupes locaux auxquels vous pouvez
participer. Pour plus d'information, n'hÈsitez pas ý consulter notre
calendrier <http://attac.org/rdv/>

Mardi: PORTO ALEGRE - LYON - VAULX EN VELIN - LA VERRIERE

Mercredi : CAEN - PARIS 11 - VENISSIEUX

Jeudi : ILE D'OLERON - STRASBOURG - MARSEILLE - PARIS 14 - BORDEAUX -
MONTLUCON - TOULON - VILLEFRANCHE SUR SOANE

Vendredi : STRASBOURG - ALBI - PARIS 19 - MONTREUIL

-------------------------------------------------------


                               -

                               -

G            L            O            B           E

 - - - - - - - - - - - -

s a m i z d a t . n e t
european counter network
bureaucratie : bureaucratie@samizdat.net
messages sur la liste : globe_l@ecn.org
archives web : http://www.ecn.org/lists/globe_l
envois restreints aux abonnes
http://www.samizdat.net/infos

[<--] Indice [-->]