L'insoutenable flexibilité de l'être
Nous présentons ici une série de contributions au débat pour tenter de passer d'une compréhension diffuse des enjeux à une capacité d'expression collective qui énonce le contenu général que porte le conflit actuel.
Tout d'abord une discussion entre intermittents pendant l'occupation de la Caisse des Congés Spectacles où la question de la précarité, présente dans toutes les interventions, est évoquée comme "le" problème existentiel et économique de tout un chacun. On y propose l'élargissement du "statut" des intermittents à tous les précaires. Ce point de vue, très répandu parmi les intermittents, n'est jamais reprisdans les plates-formes institutionnelles qui se cantonnent à un point de vue plus "catégoriel".
On présente ensuite deux entretiens, l'un avec Laurent Figuière de la Coordination de Lyon, l'autre avec Anita Perez, une militante de la CGT, où émergent clairement les différentes appréciations stratégiques suscitées par l'intermittence : piège pour la création selon Anita Perez qui propose, comme alternative, un retour à l'emploi à temps complet ; expression des nouvelles relations sociales et productives pour Laurent Figuière, sur lesquelles il faudrait s'appuyer pour redéfinir un statut qui supprime la précarité en conservant ses aspects positifs (mobilité, "capacité à gérer son temps, implication dans des logiques artistiques collectives, valorisation subjective, possibilité d'initiative...").
On présente aussi un document de la "Commission revenu" d'Agir ensemble contre le Chômage ! (AC !) qui analyse l'organisation actuelle du marché du travail à travers le prisme de la précarité.
On continue par une contribution qui établit un rapport entre les transformations du travail artistico- intellectuel (dont les luttes des intermittents du spectacle sont un révélateur important) et l'engagement des "signataires" contre le projet de loi Debré. Ce texte se concentre sur les impasses de la "gauche" concernant les transformations du travail (notamment du travail intellectuel) qui rejaillissent jusqu'à la critique de la "marchandisation de la culture" et de l'"exception culturelle".
On poursuit par une analyse plus philosophique de la problématique soulevée par "l'intermittence". Pour conclure enfin par un texte de 1992 distribué pendant le précédent mouvement (ces deux dernières contributions ne sont pas présentes dans l'édition imprimée de cette publication).
Mars 1997